Passionné de voile, Jean-Paul traverse une passe difficile. Criblé de dettes, sombrant dans l’alcoolisme et s’éloignant des siens, il décide de reprendre sa vie en main. Il s’inscrit à Virtual Regatta, la course virtuelle du Vendée Globe mais se met dans les conditions d’un vrai skipper en s’isolant pendant 3 mois sur son bateau dans son jardin… La Vallée des fous est un film français co-écrit et réalisé par Xavier Beauvois. L’idée de base a le mérite d’être originale mais il est difficile d’y croire. Le scénario manque singulièrement de substance. La mise en place paraît interminable et la suite de l’histoire est très prévisible. Jean-Paul Rouve fait une assez bonne prestation mais ne parvient pas à donner de dimension supplémentaire à son personnage. L’accueil critique fut mitigé. Elle: Lui :
En ce 31 juillet, jour des grands départs sur les routes, Juliette Delors (Carole Laure) prend la voiture pour rejoindre son ami dont elle est sans nouvelles. De son côté, Albert retire son véhicule non révisé du garage, pressé d’arriver à sa location en bord de mer avec sa famille et des copains… Asphalte est un film français écrit par Jean-Pierre Petrolacci et réalisé par Denis Amar. C’est un premier long métrage. Il s’agit d’un film choral (même si le mot n’était pas encore employé à l’époque) qui nous montre à l’envi les conséquences des accidents de la route : des vies détruites ou brisées, une surcharge de travail pour les chirurgiens et pour les casses automobiles. Nous suivons en parallèle plusieurs histoires qui ne se rejoignent pas, celle mettant en scène Carole Laure étant la plus longuement décrite et la plus intrigante. Hélas, il y a des passages bien faibles, le réalisateur faisant notamment quelques incursions peu réussies dans le bizarre. Les scènes d’accident, réglées par Rémy Julienne, sont courtes mais spectaculaires. Une curiosité (plutôt rare d’ailleurs). Elle: – Lui :
Carole Laure et Jean Yanne dans Asphalte de Denis Amar.
Homonymes : Asphalte (Asphalt), film allemand de Joe May sorti en 1929 Asphalte, film français d’Hervé Bromberger, sorti en 1959 Asphalte, court métrage de Pierre Meunier, sorti en 2005 Asphalte, film français de Samuel Benchetrit, sorti en 2015.
Comme chaque dimanche de cette année 1912, un peintre septuagénaire veuf accueille son fils Gonzague, rangé et un peu terne, avec sa femme et ses enfants dans sa grande maison à la campagne. Ce jour-là, Irène, la sœur de Gonzague, arrive à l’improviste. Jeune femme moderne et pleine de vie, elle vient bousculer le paisible rituel, remettant même en question les choix artistiques de son père… Un dimanche à la campagne est un film français réalisé par Bertrand Tavernier. Il a écrit cette adaptation du roman de Pierre Bost, Monsieur Ladmiral va bientôt mourir, avec sa femme, Colo Tavernier. C’est le récit d’une journée ordinaire, avec ses discussions banales et ses distractions futiles, où il ne se passe finalement rien mais ce récit laisse transparaître une vision, une philosophie pourrait-on dire, sur la vie, notamment pour le vieux peintre qui se sent au crépuscule de sa vie. Ses deux enfants ont donné des directions très différentes à leur vie, presque opposées. Il ressent finalement sa solitude, son besoin de s’effacer. Un peu aigri, il aurait aimé vivre comme sa fille. Visuellement, le film est très beau avec une photographie très picturale. Bertrand Tavernier voulait retrouver certaines des qualités de netteté et de couleurs des autochromes des frères Lumière, manière pour lui de ne pas copier les peintres impressionnistes (1). Et il y a ces superbes travellings qui magnifient les scènes. Les mouvements de caméra paraissent toujours fluides. Un très beau film. Elle: Lui :
Remarque : * La voix-off du narrateur est celle de Bertrand Tavernier. * C’est hélas sur ce film que s’achèvent les Mémoires interrompus de Bertrand Tavernier (Institut Lumière / Actes Sud 2024). * Le photographe de plateau pour ce film fut Robert Doisneau.
(1) Bertrand Tavernier et son directeur de la photographie, Bruno de Keyser, se mirent en tête de supprimer le bain de blanchiment de la pellicule (qui a pour effet de supprimer l’argent de la pellicule) : les couleurs sont ainsi magnifiées et l’image garde une grande profondeur de champ, tout à l’opposé du flou des peintres impressionnistes. Cela n’empêchera pas *tous* les critiques de parler de l’influence des impressionnistes sur la photographie du film… « À croire qu’ils n’ont jamais regardé une toile de Renoir, Degas ou de Monet » s’agace le réalisateur dans ses mémoires.
Louis Ducreux et Sabine Azéma dans Un dimanche à la campagne de Bertrand Tavernier.
Juin 1944, la France est toujours sous l’Occupation allemande. L’écrivain Robert Antelme, membre de la Résistance, est arrêté. Sa jeune épouse Marguerite Duras (Mélanie Thierry), écrivaine et résistante, est tiraillée par l’angoisse de ne pas avoir de ses nouvelles et sa liaison secrète avec son camarade Dionys (Benjamin Biolay). Elle rencontre un agent français (Benoît Magimel) travaillant à la Gestapo… La Douleur est un film français réalisé par Emmanuel Finkiel. Il s’agit de l’adaptation du récit autobiographique homonyme écrit par Marguerite Duras en 1985 d’après ses cahiers rédigés pendant la guerre. Le film en reprend les deux premiers chapitres, le premier relatant l’attente du retour de son mari déporté et le second relatant sa relation ambiguë avec un agent français de la Gestapo afin d’obtenir des informations sur son mari. Emmanuel Finkiel réussit une belle adaptation car il parvient à restituer la force du texte, à conserver sa nature littéraire et à utiliser judicieusement des effets de flous et de profondeur de champ pour exprimer des sentiments. L’interprétation de Mélanie Thierry est puissante, l’actrice est de toutes les scènes et sonne toujours très juste. Un très beau film qui a été justement bien apprécié par la critique. Elle: Lui :
Mélanie Thierry dans La Douleur de Emmanuel Finkiel.Benoît Magimel et Mélanie Thierry dans La Douleur de Emmanuel Finkiel.Benjamin Biolay et Mélanie Thierry dans La Douleur de Emmanuel Finkiel.
Il fait bon vivre à Angevine. Le maire du village préserve de toutes les mauvaises nouvelles et de tous les périls. Mais il ne peut rien faire pour retenir sa fille Marie qui rêve de découvrir le monde et qui vient de s’inscrire à un concours de beauté. Elle est remarquée par un milliardaire américain divorcé depuis peu… Les Caprices de Marie est un film français réalisé par Philippe de Broca. Il en a écrit le scénario avec son habituel compère, Daniel Boulanger qui signe les dialogues. L’idée de départ était bonne mais hélas l’humour ne fonctionne pas bien et cette comédie paraît bien artificielle tant les personnages sont typés et les éclats des acteurs semblent trop souvent forcés. Nous ne sommes plus dans le farfelu et on ne peut que ressentir une certaine lourdeur… Le meilleur est dans la description presque onirique du petit village et la mise en place des rapports entre les personnages. Le film met en valeur Marthe Keller, charmante ingénue que Philippe de Broca nous avait fait découvrir dans Le diable par la queue (1968) et qui était devenue sa compagne. Dans ce tohu-bohu, parfois même vacarme, seul son personnage et celui interprété par Philippe Noiret paraissent bien dosés. Elle: – Lui :
Au sein du pôle psychiatrique Paris centre, des soignants bricoleurs vont au domicile de quelques patients soudain démunis face à un problème domestique, un appareil en panne, etc. Ils sont quatre ou cinq et interviennent deux par deux. Ils se sont appelés « l’orchestre »… La Machine à écrire et autres sources de tracas est le troisième volet du triptyque de Nicolas Philibert consacré au monde psychiatrique, après Sur l’Adamant (2023) et Averroès et Rosa Parks (2024). Contrairement aux précédents films, nous sommes cette fois chez les patients. Nicolas Philibert a eu l’idée de cette approche après avoir appris par hasard l’existence de cet « orchestre » pendant le tournage de Sur l’Adamant. Le film est beaucoup plus court (1h15) mais apporte une note plus intimiste. On retrouve avec plaisir certains patients des premiers volets. Un peu moins riche mais toujours aussi intéressant. Elle: Lui :
Totone, 18 ans, passe le plus clair de son temps à boire des bières et écumer les bals du Jura avec sa bande de potes. Mais à la mort de son père veuf, il doit s’occuper de sa petite sœur de 7 ans et trouver un moyen de gagner sa vie. Il se met alors en tête de fabriquer le meilleur comté de la région… Vingt dieux est un film dramatique français réalisé par Louise Courvoisier qui signe là son premier long métrage. La réalisatrice a grandi dans le Jura. Pour écrire son film, elle dit d’être inspirée des gens qui l’ont entourée durant sa jeunesse. Elle dresse un portrait un peu rugueux, mais aussi empreint de tendresse, du monde rural de sa région et nous livre au passage les secrets de la fabrication du comté. Le film n’est pas sans longueurs, les dialogues restent basiques, certains éléments de scénario paraissent faciles mais l’ensemble donne une impression d’authenticité. Tous les comédiens du film sont non-professionnels, ils viennent du monde agricole de la région. Le film a été très bien reçu par la critique et plutôt bien par le public. Elle: Lui :
Le truand solitaire Toni Véronèse déclenche une guerre des gangs pour s’attaquer aux frères Pérez qui règnent sur le monde de la pègre… Le Bar du téléphone est un film policier français réalisé par Claude Barrois. Le scénario, écrit par l’auteur de romans policiers Claude Néron, est basé sur la tuerie du Bar du Téléphone (1) en la transposant de Marseille à Paris. Claude Barrois est visiblement inspiré par Jean-Pierre Melville et son personnage principal, formidablement campé par Daniel Duval, peut évoquer Le Samouraï. Bien écrit, le récit ne laisse aucun temps mort dans son déroulement et les personnages sont solidement mis en place. L’interprétation des seconds rôles montre de petites faiblesses mais le professionnalisme des acteurs sauve la mise. A noter, les débuts de Christophe Lambert et de Richard Anconina. Un bon polar. Assez bizarrement, le film n’eut que peu de succès et reste aujourd’hui méconnu. Elle: – Lui :
Remarque : • Le Bar du téléphone est le second long métrage de Claude Barrois, ancien monteur de Claude Lelouch et de Philippe Labro. Il n’y eut pas de troisième.
(1) La sanglante tuerie du Bar du Téléphone reste à ce jour inexpliquée. Olivier Marchal s’en inspirera 40 ans plus tard pour son film Bronx (2020). En outre, l’évènement figure dans le film La French (2014) de Cédric Gimenez.
Valentine Monnier et Daniel Duval dans Le Bar du téléphone de Claude Barrois.Christophe Lambert et Richard Anconina dans Le Bar du téléphone de Claude Barrois.
Antoine n’a jamais travaillé. Il a été élevé par son très riche grand-père chatelain dans le culte du moindre effort. À la mort de ce dernier, la fortune a fondu. Antoine utilise alors son charme pour vivre aux crochets de riches personnes, souvent en séduisant leurs femmes. Ses aventures l’emmènent de Paris à Rome, puis Londres et à nouveau Paris… Un monsieur de compagnie est un film franco-italien écrit et réalisé par Philippe de Broca, d’après un roman d’André Couteaux. Dans la filmographie du réalisateur, il vient après deux gros succès avec Jean-Paul Belmondo (Cartouche et L’Homme de Rio) tout en s’inscrivant plutôt dans la lignée de ses plus modestes trois premiers films (Les Jeux de l’amour, Le Farceur et L’Amant de cinq jours). Jean-Pierre Cassel est en effet ici dans un personnage très proche de ses trois premiers. Filmé dans l’esprit de la Nouvelle Vague, cet éloge de la paresse est farfelu, avec des personnages hauts en couleur et des situations très variées. L’écriture est assez remarquable, le récit est bien rythmé et la fin vraiment réussie. La musique est de Georges Delerue et la photographie de Raoul Coutard. Même s’il n’est pas à la hauteur des meilleurs de Philippe de Broca, le film a beaucoup de charme. Elle: – Lui :
Quand il quitte l’orphelinat qui l’abritait depuis sa naissance, Bernie Noël est âgé de trente ans. Il n’a qu’un seul but : connaître ses origines. Commence alors un parcours semé d’embûches pour ce garçon névrosé et déconnecté du monde réel… Bernie est un film français réalisé par Albert Dupontel. C’est son premier long métrage. Il en co-écrit le scénario avec Gilles Laurent. Le moins que l’on puisse dire est que le film bouscule toutes les conventions et ne ressemble à nul autre. Albert Dupontel n’hésite pas à aller jusqu’à l’outrance et le mauvais goût, son personnage fait irruption dans la vie réelle comme un chien dans un jeu de quilles. C’est un massacre. Si certains moments peuvent déranger, le film offre des scènes assez mémorables et délirantes. Excellente interprétation. Un film vraiment déjanté. Elle: – Lui :