5 juillet 2015

L’homme qui en savait trop (1956) de Alfred Hitchcock

Titre original : « The Man Who Knew Too Much »

L'homme qui en savait tropEn visite touristique au Maroc, le docteur Ben McKenna, sa femme Jo et son fils Hank font la connaissance fortuite d’un français dans un car. Le lendemain, alors qu’ils visitent les souks en compagnie d’un couple d’anglais, ils assistent à l’assassinat d’un arabe qui vient mourir dans les bras du docteur. Celui-ci reconnait alors le français de la veille qui lui glisse quelques mots à l’oreille à propos d’un attentat… Hitchcock avait déjà porté L’homme qui en savait trop à l’écran dans sa période anglaise en 1934. Beaucoup de détails changent mais le fond de l’histoire reste le même. Cette version américaine est plus policée, « plus professionnelle » dit le réalisateur, plus hollywoodienne c’est certain. Elle est peu convaincante tout d’abord : dans toute la partie marocaine, Hitchcock ne parvient pas à une bonne symbiose entre l’humour et la tension naissante, et les incrustations (transparences) grossières perturbent notre attention. De plus, le propos s’égare dans les relations de ce couple apparemment parfait (où la femme s’est, on le comprend, entièrement sacrifiée pour son mari), digressions qui n’apportent que peu. Hormis, la scène de la mort du français qui est une réussite, l’ensemble n’est pas vraiment prenant. Mais, là où le génie d’Hitchcock est ensuite manifeste, c’est dans l’utilisation de la musique, la chanson Que sera sera et surtout la tension créée lors de la séquence du concert à l’Albert Hall dont la perfection est ici encore bien plus grande que dans la version précédente : 12 minutes sans dialogue (mais avec un cri) et son célèbre coup de cymbales tant attendu. Cette séquence fait partie des plus remarquables de l’histoire du cinéma.
Elle: 4 étoiles
Lui : 3 étoiles

Acteurs: James Stewart, Doris Day, Brenda de Banzie, Bernard Miles, Daniel Gélin
Voir la fiche du film et la filmographie de Alfred Hitchcock sur le site IMDB.

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Remarques :
* Hitchcock cameo : de dos, à gauche de l’écran, lorsque Doris Day et James Stewart regardent les acrobates.

* La chanson Que sera, sera (que l’on peut trouver assez horripilante…) a été écrite par Jay Livingston et Ray Evans peu avant qu’Alfred Hitchcock ne leur demande une chanson pour le film. Elle est chantée par Doris Day elle-même qui s’est laissée convaincre de l’enregistrer ensuite. La chanson est devenue le plus gros succès de l’actrice/chanteuse. Jay Livingston a reconnu avoir lu la phrase Que sera sera dans le film de Mankiewicz La Comtesse aux pieds nus : lorsque Rossano Brazzi montre à Ava Gardner sa maison, celle-ci remarque cette inscription qui est la devise de sa famille.

* Le morceau joué à l’Albert Hall a été composé pour le film est arrangé par Bernard Hermann que l’on voit diriger l’orchestre.

* Dans ses entretiens avec Hitchcock, François Truffaut remarque (à juste titre car c’est indéniable) que le joueur de cymbales ressemble à Hitchcock. Celui-ci répond que c’est involontaire…

L'homme qui en savait trop (1956)
Le joueur de cymbales de L’homme qui en savait trop (1956) de Alfred Hitchcock.
On notera le regard-caméra (ce n’est pas une photo publicitaire, il s’agit d’une image du film) : Hitchcock peut dire ce qu’il veut, il est manifeste qu’il s’est projeté dans ce personnage… « Vous l’attendez, vous allez l’avoir votre coup de cymbales! »

L'homme qui en savait trop (1956)
Doris Day et James Stewart dans L’homme qui en savait trop (1956) de Alfred Hitchcock.
L’une des fameuses incrustations grossières d’Hitchcock. On remarquera avec amusement que les ombres ne sont même pas cohérentes : Doris Day et James Stewart reçoivent leur « soleil » de face alors que dans la scène en arrière plan, le soleil vient de la gauche
.

L'homme qui en savait trop (1956)
(de g. à d.) Bernard Miles, Christopher Olsen, Brenda de Banzie, Doris Day et James Stewart dans L’homme qui en savait trop (1956) de Alfred Hitchcock

L'homme qui en savait trop
Daniel Gélin (au sol) et James Stewart dans L’homme qui en savait trop (1956) de Alfred Hitchcock.

4 juillet 2015

Ames perdues (1977) de Dino Risi

Titre original : « Anima persa »

Âmes perduesLe jeune Tino arrive à Venise pour étudier la peinture. Il réside chez sa tante Elisa qui vit dans une grande demeure avec son mari Fabio, un homme rigide qui a une grande emprise sur elle. Rapidement, Tino se rend compte qu’il y a une autre personne dans la maison et il va peu à peu découvrir un étrange secret… A partir du milieu des années soixante dix, le « roi de la comédie italienne » Dino Risi semble chercher un statut plus respectable, notamment avec des adaptations littéraires comme c’est le cas pour cet Ames perdues basé pour le roman homonyme de Giovanni Arpino. Si le réalisateur ne semble pas parfaitement à son aise dans ce genre de drame psychologique (certains critiques parlent même « d’incertitude stylistique »), il sait créer une atmosphère très particulière et insolite. Ses personnages vivent dans un univers hors du temps d’où suinte une certaine angoisse : « Je commence à m’effacer » nous dit une Catherine Deneuve diaphane dans une maison où la plupart des pièces sont inutilisées. Ces grandes demeures de Venise forment un univers à l’abandon, dont les habitants ne se montrent jamais ; un lent processus de décomposition auquel répond la solitude noire et profonde d’un homme qui ne peut communiquer. Son acteur fétiche Vittorio Gassman est idéal pour ce type de rôle particulièrement schizophrénique et Catherine Deneuve (évidemment doublée en italien) est d’une grande beauté fragile. Ames perdues est un film assez noir que l’on peut considérer dans la lignée de Parfum de femme (1974).
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Vittorio Gassman, Catherine Deneuve, Danilo Mattei
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Ames perdues
Danilo Mattei dans Âmes perdues de Dino Risi

Ames perdues
Catherine Deneuve dans Âmes perdues de Dino Risi

Ames perdues
Vittorio Gassman dans Âmes perdues de Dino Risi

 

3 juillet 2015

Berlin, la cité des millions (1925) de Adolf Trotz

Titre original : Die Stadt der Millionen

Die Stadt der Millionen(Film muet) Ce documentaire optimiste sur la ville de Berlin a été tourné à une époque où l’Allemagne se redressait : la page de l’Après-guerre marqué par la crise et l’hyperinflation était tournée et le moment était venu de retrouver une certaine joie de vivre. Berlin est ainsi montrée comme une ville foisonnante, riche de sa diversité autant économique que culturelle où la course effrénée des automobiles marque l’entrée de la ville dans la modernité. Le film met en avant les vertus du travail mais aussi celles des loisirs. La réalisation est soignée avec de beaux effets (fractionnement d’écran, surimpression). Hormis toutes les scènes « actuelles », le film illustre plusieurs moments d’Histoire par de petites mises en scènes en costumes et montre même une brève vision du Berlin de l’an 2000, Metropolis avant l’heure. Dans le domaine du cinéma, on y voit brièvement les studios de l’UFA et la façade d’un grand cinéma projetant Le Dernier des hommes de Murnau (1924). Berlin, la cité des millions est un documentaire à la fois intéressant et d’une indéniable valeur historique. Deux ans plus tard, Walter Ruttmann réalisera un autre documentaire sur Berlin, plus connu celui-là : Berlin, symphonie d’une grande ville (1927).
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs:
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Berlin, la cité des millions
Images extraites de Die Stadt der Millionen de Adolf Trotz (1925)

Berlin, la cité des millions

2 juillet 2015

Les yeux sans visage (1960) de Georges Franju

Les yeux sans visagePour reconstruire le visage de sa fille défigurée par un accident de voiture, le docteur Genessier kidnappe des jeunes femmes afin de pratiquer une greffe de visage… Les yeux sans visage est le deuxième long métrage de Georges Franju, après plus d’une douzaine de courts métrages réalisés sur dix ans. Il est considéré aujourd’hui comme l’un des classiques du film d’épouvante, un genre quasiment absent du cinéma français de l’époque. Tout l’art de Georges Franju est d’avoir mêlé un réalisme assez terrifiant (la scène de l’opération est particulièrement difficile à regarder) avec une certaine poésie apportée principalement par le personnage de la fille du chirurgien, au visage de cire, aérienne, d’une fragilité fantomatique. Cette alliance de contraires crée une étrange attirance, un envoutement qui contribue à faire des Yeux sans visage un film assez unique bien que perturbant. Il a été très mal reçu par la critique au moment de sa sortie.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Pierre Brasseur, Alida Valli, Edith Scob, Claude Brasseur
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Les Yeux sans visage
Edith Scob dans Les yeux sans visage de Georges Franju

Remarques :
* Les yeux sans visage est basé sur un roman de Jean Redon, adapté par lui-même, Boileau-Narcejac et Claude Sautet (qui est également assistant-réalisateur).
* Georges Franju est, rappelons-le, le cofondateur de la Cinémathèque Française.

1 juillet 2015

Pacific Rim (2013) de Guillermo del Toro

Pacific RimPour combattre des créatures monstrueuses extraterrestres surgies du fond du Pacifique, les humains ont mis au point des gigantesques robots contrôlés simultanément par deux pilotes mis en symbiose parfaite par une connexion neuronale. Mais les créatures semblent adapter leurs attaques et l’apocalypse semble imminente… Guillermo del Toro est un réalisateur-scénariste dont on a pu apprécier le talent pour mettre en scène le fantastique dans des films comme L’échine du Diable ou Le Labyrinthe de Pan. Il a aussi fait des films d’action plus simples et Pacific Rim fait indéniablement partie de cette catégorie. Le film se situe dans la droite ligne des films fantastiques japonais où des créatures géantes venaient écrabouiller les villes laissant les minuscules humains désemparés. Le scénario est peu développé et accumule les clichés. Mais ce n’est pas par la profondeur de ses personnages que le film cherche à attirer les foules, c’est par ses combats titanesques et spectaculaires. J’avoue ne pas être un grand amateur de ces combats que je trouve un peu confus et répétitifs et il était donc fatal que le film m’ennuie plutôt. Le budget a été aussi titanesque que ses créatures et le film a connu un succès suffisant pour qu’une suite soit prévue pour 2017.
Elle:
Lui : 1 étoile

Acteurs: Charlie Hunnam, Diego Klattenhoff, Idris Elba, Rinko Kikuchi
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