9 juin 2011

L’introuvable rentre chez lui (1945) de Richard Thorpe

Titre original : « The thin man goes home »

L'introuvable rentre chez luiLui :
C’est le cinquième film de la série des Thin Man (L’introuvable en français), enquêtes policières résolues avec brio par le détective mondain Nick Charles et sa femme Nora, personnages créés par Dashiell Hammett. Pour L’introuvable rentre chez lui, Richard Thorpe remplace W.S. Van Dyke, récemment décédé ; Robert Riskin et Harry Kurnitz écrivent une histoire assez brillante tout à fait dans l’esprit de la série. William Powell joue toujours avec son apparente désinvolture pour résoudre sans en avoir l’air une affaire bien mystérieuse. Myrna Loy, plus charmante que jamais, a cette fois un rôle bien plus important que dans les autres films de la série, sur le plan de l’intrigue mais aussi et surtout de l’humour. Le film est très bien équilibré et très plaisant. Il est assez étonnant de voir comment la série des Thin Man parvient à garder un bon niveau de qualité au fil de ses suites.
Note : 3 étoiles

Acteurs: William Powell, Myrna Loy, Anne Revere, Harry Davenport
Voir la fiche du film et la filmographie de Richard Thorpe sur le site IMDB.

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Remarques :
L’introuvable rentre chez lui est le seul film de la série où Nick Charles n’abuse pas de boissons alcoolisées. Réalisé pendant la guerre, le film devait refléter le rationnement assez strict sur l’alcool alors en vigueur. Donc, Nick Charles a toujours sa flasque mais elle est, cette fois, remplie de cidre.

La série des Thin Man :
1. L’introuvable (The Thin Man) de W.S. Van Dyke (1934)
2. Nick, gentleman détective (After the Thin Man) de W.S. Van Dyke (1936)
3. Nick joue et gagne (Another Thin Man) de W.S. Van Dyke (1939)
4. L’ombre de l’introuvable (Shadow of the Thin Man) de W.S. Van Dyke (1941)
5. L’introuvable rentre chez lui (The Thin Man Goes Home) de Richard Thorpe (1945)
6. Meurtre en musique (Song of the Thin Man) de Edward Buzzell (1947)

7 juin 2011

Jane Eyre (1943) de Robert Stevenson

Titre original : « Jane Eyre »

Jane EyreLui :
Le roman de Charlotte Brontë a certes été porté plusieurs fois à l’écran mais la version de Stevenson reste sans doute la plus intéressante malgré une inévitable compression du texte original. Dans l’Angleterre du début du XIXe siècle, Jane Eyre est une jeune orpheline qui a connu l’extrême rigueur des écoles de charité. Devenue adulte, elle se fait embaucher comme gouvernante dans la vaste demeure de l’énigmatique Edward Rochester… On ne sera sans doute pas étonné que la trame scénaristique soit très forte (1) mais la transposition en images l’est tout autant. On s’interroge toujours sur le rôle exact tenu par Orson Welles (2). Il est à peu près certain qu’il a été beaucoup plus qu’un acteur de Jane Eyre tant le climat, la demeure, le mystère autour de Rochester évoque son univers de prédilection. Orson Welles est en tout cas l’acteur idéal pour exprimer toute l’ambiguïté, la stature, la complexité de son personnage et Joan Fontaine, pleine de retenue, est toujours parfaite dans les grands rôles romanesque. Il en résulte un film très fort qui simplifie sans trahir l’œuvre originale.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Orson Welles, Joan Fontaine, Margaret O’Brien, Peggy Ann Garner, John Sutton
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Remarques :
(1) A noter que l’un des deux coscénaristes est Aldous Huxley. L’auteur du Meilleur des Mondes a effectivement travaillé pour le cinéma à partir de 1940.
(2) Une chose est sûre : la Fox a proposé à Orson Welles d’apparaître au générique en tant de producteur mais Welles refusa.

5 juin 2011

Elle (1979) de Blake Edwards

Titre original : « 10 »

ElleLui :
A 42 ans, George Webber est en pleine crise de la quarantaine. Il a beau être riche et célèbre, rouler en Rolls décapotable, il envie son voisin plus jeune dont la vie ressemble à une orgie permanente. En voiture, il croise le regard d’une jeune mariée qu’il considère comme la plus belle fille qu’il ait jamais vue. Il devient obsédé par elle… Cette comédie de Blake Edwards mêle assez habilement l’humour pur et la comédie dramatique chargée d’une certaine mélancolie. Ce sont toutefois les scènes d’humour pur qui sont les plus réussies, elles rattrapent un scénario qui serait passablement ennuyeux sans elles. Le film fut un énorme succès commercial pour d’autres raisons, essentiellement centrées sur la plastique irréprochable de la jeune actrice Bo Derek, courant sur la plage en maillot de bain.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Dudley Moore, Julie Andrews, Bo Derek, Robert Webber
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Remarques :
* C’est ce film qui lança la pratique machiste de noter les femmes de 0 à 10. En réalité, dans le film, c’est le psychanalyste qui demande à George Webber combien il donnerait sur une échelle de 0 à 10 à la jeune mariée qu’il a aperçue, ce à quoi il répond : « onze ».
* Le film donna une nouvelle vie au Boléro de Ravel (la jeune femme ne veut faire l’amour que sur le Boléro de Ravel).
* On ne peut pas dire que Bo Derek ait eu ensuite une grande carrière d’actrice. Il faut préciser qu’elle a essentiellement tourné sous la direction de son mari, John Derek, réalisateur sans talent. Le couple s’est couvert de ridicule, dont le summum fut probablement le film Bolero (1984).
* Un remake est prévu pour 2011… (MAJ: le projet n’a semble t-il pas abouti).

4 juin 2011

Caught in the rain (1914) de Charles Chaplin

Titre français : « Charlot et la somnambule »

Caught in the RainLui :
(Court métrage de 11mn) Caught in the Rain est le premier film dont Chaplin signe seul le scénario et la réalisation. Il se déroule en trois temps : 1) Dans un parc, Charlot fait des avances à une femme mariée sous les yeux du mari. 2) Dans le hall de son hôtel, Charlot passablement ivre, conte fleurette aux clientes et a bien du mal à monter l’escalier. 3) Après s’être trompé de chambre, Charlot se couche enfin mais la voisine d’en face est somnambule et vient dans sa chambre… Chaplin enchaîne ici plusieurs situations qu’il connaît bien, à la fois par son expérience de la scène en Angleterre (le mondain ivre) et par ses quelques films précédents (le parc, les erreurs de chambres). C’est dans le numéro du mondain ivre qu’il excelle, c’est assez phénoménal ce qu’il arrive à faire avec un simple escalier : on ne peut pas dire qu’il arrive à le monter au premier essai ! Le film n’est pas très novateur mais fut un succès. Chaplin aura ainsi de plus en plus les mains libres pour faire exactement les films qu’il souhaite.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Charles Chaplin, Mack Swain, Alice Davenport
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4 juin 2011

Twenty minutes of love (1914) de Charles Chaplin et Joseph Maddern

Titre français : « Charlot et le chronomètre »

Twenty Minutes of LoveLui :
(Court métrage de 11mn) Après avoir tourné une douzaine de films de qualité inégale sous la direction de Mack Sennett, Henry Lehrman, Mabel Normand et George Nichols, Chaplin obtient enfin le droit d’écrire un scénario et de le réaliser… enfin de le coréaliser seulement car Mack Sennett tient à garder le contrôle. Twenty Minutes of Love Le résultat est une assez bonne comédie reposant sur une base simple mais très bien exploitée avec un bon enchaînement de gags. Chaplin a son costume complet et interprète le rôle d’un empêcheur de tourner en rond. Twenty Minutes of Love fait penser à In the Park que Chaplin tournera pour Essanay l’année suivante, pour lequel il reviendra tourner au même endroit.
Note : 2 étoiles

Acteurs: Charles Chaplin, Minta Durfee, Edgar Kennedy
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3 juin 2011

L’homme de la plaine (1955) d’ Anthony Mann

Titre original : « The man from Laramie »

L'homme de la plaineLui :
Will Lockhart, un ancien capitaine de l’armée, arrive dans une petite ville du Nouveau-Mexique à la tête d’un convoi de marchandises destinées au magasin local. Mais il vient aussi pour rechercher un trafiquant d’armes, l’assassin indirect de son jeune frère… L’homme de la plaine est tiré d’une histoire parue dans le Saturday Evening Post, adaptée par Philip Yordan. L’histoire est forte avec une belle caractérisation des personnages et une remarquable mise en situation. Anthony Mann a déclaré qu’il avait traité cette histoire comme une libre interprétation du Roi LearL’homme de la plaine est effectivement un drame shakespearien par ce personnage du père et de ses trois fils (1). Anthony Mann tourne pour la première fois en Cinémascope, utilisant parfaitement ce nouveau format. James Stewart apporte beaucoup par son interprétation à la fois sobre et puissante, très authentique. Ce qui est remarquable dans L’homme de la plaine, c’est qu’il n’y a rien de superflu, rien n’est trop appuyé, tout est parfaitement à sa place. On touche là la quintessence du genre.
Note : 5 étoiles

Acteurs: James Stewart, Arthur Kennedy, Donald Crisp, Cathy O’Donnell, Alex Nicol
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Remarques :
L’homme de la plaine est le cinquième et ultime western d’Anthony Mann avec James Stewart. Ces cinq westerns sont parmi les plus beaux du genre.
Winchester ‘73 (1950) Winchester 73
Bend of the river (1952) Les affameurs
The Naked Spur (1953) L’appât
The Far Country (1955) Je suis un aventurier
The Man from Laramie (1955) L’homme de la plaine

(1) Jacques Lourcelles résume admirablement le drame de L’homme de la plaine :
« Dave est le fils réel qu’il regrette d’avoir, Hansbro est le fils de substitution (fils adoptif) dans lequel il place de chimériques espoirs, Lockhart est le fils idéal qu’il aurait souhaité et qu’il n’aura jamais, proche de lui par le caractère et l’obstination. » Tout le film est là…

2 juin 2011

Le caporal épinglé (1962) de Jean Renoir

Le caporal épingléLui :
Dans un camp de prisonniers allemand de 1940, trois amis se retrouvent. L’un deux n’a qu’une idée en tête : s’évader… Adapatation des mémoires d’un prisonnier de guerre signées Jacques Perret, Le caporal épinglé a souvent été présenté comme un remake de La Grande Illusion. A tort, car si le lieu est plus ou moins le même, le propos est tout autre. La Grande Illusion traitait des différences de classes et plus particulièrement d’une noblesse à l’agonie qui tentait de se placer au dessus des guerres. Dans Le caporal épinglé, le propos est centré sur l’individu et, s’il est question d’une noblesse, c’est plutôt celle de l’esprit. Renoir place également l’amitié au-dessus de tout, c’est elle qui peut nous pousser à lutter et à vivre comme des hommes. L’amitié et aussi l’amour, par l’intermédiaire de cette jeune fille qui « aime les hommes qui ne sont pas des esclaves ». Le caporal épinglé fut le dernier long métrage de Jean Renoir.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Jean-Pierre Cassel, Claude Brasseur, Claude Rich, Jacques Jouanneau, Guy Bedos
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1 juin 2011

À l’origine (2009) de Xavier Giannoli

À l'origineLui :
Dans le nord de la France, un escroc solitaire se fait passer pour un chef de chantier venu relancer la construction d’une autoroute. Très rapidement, la nouvelle de son arrivée se répand et fait renaître l’espoir dans cette petite ville touchée par l’isolement et le chômage. Alors qu’au départ il était surtout pressé d’empocher les dessous de table qui s’offraient à lui, l’escroc va peu à peu se laisser gagner par ce grand projet qu’il a relancé malgré lui… Aussi incroyable qu’elle puisse paraître, l’histoire de A l’origine est inspirée d’un fait divers authentique, certes ici plutôt idéalisé et fortement romancé. Xavier Giannoli parvient à donner une dimension autre qu’anecdotique à son film. Plus que l’arnaque en elle-même, c’est la personnalité de l’escroc qui l’intéresse. Il tente donc d’expliquer par quel processus cet imposteur en est venu à changer de but. A l’origine est aussi la peinture d’un grand et bel élan collectif.
Note : 3 étoiles

Acteurs: François Cluzet, Emmanuelle Devos, Gérard Depardieu, Soko, Vincent Rottiers
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Remarques :
Dans la réalité, la tromperie a duré douze jours en mars 1997. Philippe Berre a embauché une équipe et réalisé des travaux mais n’est pas intervenu sur le chantier de l’autoroute elle-même (l’A28 dans la Sarthe, dont les travaux n’ont repris qu’en 2004). Il a été condamné à cinq ans de prison pour cette escroquerie. Début 2010, il a cherché à rencontrer Xavier Giannoli. Il est actuellement à nouveau en prison pour une autre usurpation d’identité. Il est décrit comme un personnage très énigmatique dans ses motivations.