8 septembre 2014

Les Amitiés particulières (1964) de Jean Delannoy

Les amitiés particulièresDans la France des années 1920, Georges de Sarre, âgé de 14 ans, entre dans un pensionnat catholique tenu avec grande fermeté par des Frères jésuites. Il est attiré par le jeune Alexandre, plus jeune que lui, et les deux enfants développent une relation qui va au-delà de l’amitié…
Le roman de Roger Peyrefitte, Les Amitiés particulières, qui fit scandale à sa sortie en 1943, avait tout de suite intéressé Jean Delannoy  mais le cinéaste dût attendre 1963 pour avoir enfin les moyens de l’adapter. Le sujet ne doit plus choquer grand monde aujourd’hui : l’amitié entre ces deux enfants, qui prend la forme d’un amour platonique (billets doux et quelques petits baisers furtifs), est traitée avec beaucoup de tact et de délicatesse par Jean Delannoy et le scénariste Jean Aurenche. En revanche, le jeu des acteurs reste très figé, en total contraste avec l’émoi sentimental de ces adolescents ; il rend le film un peu ennuyeux, hélas.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Francis Lacombrade, Didier Haudepin, Louis Seigner, Michel Bouquet
Voir la fiche du film et la filmographie de Jean Delannoy sur le site IMDB.

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Remarques :
* La productrice Christine Gouze-Rénal n’avait accepté de produire Les Amitiés particulières qu’à la condition expresse que le scénario soit accepté par la commission de pré-censure. Cet accord fut obtenu avec même les félicitations de la commission pour le tact avec lequel ce sujet délicat était traité. La polémique commença toutefois avant même la sortie du film notamment avec un article de François Mauriac, scandalisé, dans Le Figaro Littéraire ce qui lui valut une réponse restée célèbre de Roger Peyrefitte dans la revue Arts (avril et mai 1964). Sous la pression de l’Office catholique du film, le film fut, à sa sortie, interdit au moins de 18 ans, interdiction qui sera levée quelques années plus tard. Il semble que ce qui gênait l’Eglise n’était pas tant la peinture de l’amitié si particulière entre deux adolescents mais plutôt par la démonstration de la totale mainmise des jésuites sur l’éducation des enfants et leur incapacité à empêcher le pire.

* Si Les Amitiés particulières est l’unique prestation de Francis Lacombrade, Didier Haudepin aura une carrière cinématographique bien remplie : IMDB le crédite de 42 films en tant qu’acteur, 3 films en tant que réalisateur, 8 films en tant que producteur. A noter qu’il est le frère aîné de Sabine Haudepin.

Les Amitiés particulièresDidier Haudepin et Francis Lacombrade dans Les Amitiés particulières de Jean Delannoy.

11 août 2013

Dimanche d’août (1950) de Luciano Emmer

Titre original : « Domenica d’agosto »

Dimanche d'aoûtPar un dimanche ensoleillé d’août 1949, les habitants de Rome se rendent en masse vers la plage d’Ostie. Nous suivons certains d’entre eux : une famille nombreuse, un veuf accompagné de sa petite fille et de sa nouvelle compagne, un groupe d’adolescents à vélo, une jeune fille qui se laisse emmener dans une luxueuse voiture, un jeune policier amoureux d’une bonne, etc. … Dimanche d’août est le premier long métrage de Luciano Emmer qui n’avait auparavant réalisé que des courts métrages documentaires d’art. L’idée de base a été écrite par Sergio Amidei, scénariste (entre autres) de Rome, ville ouverte de Rossellini. Dimanche d’août s’inscrit pleinement dans le courant du néoréalisme italien, il nous immerge dans cet univers populaire romain de l’Après-guerre, un monde plein de vie où l’amour reprend ses droits alors que les restes de la guerre sont toujours bien présents, une redécouverte de l’insouciance en quelque sorte. Plutôt que de nous les faire suivre l’une après l’autre, Luciano Emmer a préféré entremêler plusieurs petites histoires, nous faisant sauter de l’une à l’autre. Ce procédé narratif, aujourd’hui bien connu, était à l’époque extrêmement original. Il donne en tous cas encore plus de vie et de rythme à l’ensemble. Sous jacent, le contexte social est bien là car la hiérarchie des classes est reproduite au bord de l’eau : il y a la plage privée et la plage publique. Dimanche d'août S’il n’y a pas d’acteurs de premier plan, on remarque que la jeune Anna Baldini a beaucoup de présence (on pourrait la décrire physiquement comme une Ingrid Bergman très jeune). Assez étonnamment, ce sera son seul film. Et le film marque la première apparition à l’écran dans un rôle un tant soit peu important du jeune Marcello Mastroianni (25 ans). Dimanche d’août est un film humaniste, plein de vie et haut en couleur, qui se double d’un témoignage sur l’Italie de l’Après-guerre, un monde où chacun, à sa façon, oeuvre pour atteindre une vie meilleure.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Anna Baldini, Vera Carmi, Emilio Cigoli, Marcello Mastroianni, Massimo Serato
Voir la fiche du film et la filmographie de Luciano Emmer sur le site IMDB.

Remarques :
*  Dimanche d’août a été post-synchronisé en studio. C’est ainsi que Marcello Mastroianni est doublé par Alberto Sordi.
* L’assistant-réalisateur Giulio Macchi a démissionné après une semaine de tournage, accusant le réalisateur Luciano Emmer de n’avoir aucune compétence technique. Il fut remplacé par le jeune Francesco Rosi (Dimanche d’août est son troisième film comme assistant).
* A sa sortie, le film a été malmené par la Critique italienne. De son côté, le Centre Catholique du Cinéma (Centro Cattolico Cinematografico) a dénoncé son « exhibitionnisme dégoûtant ».

20 mars 2012

Bright Star (2009) de Jane Campion

Bright StarLe film de Jane Campion dépeint la rencontre et  la liaison amoureuse non consommée du poète romantique anglais John Keats avec sa voisine Fanny Brawne. Bright Star est le titre d’un des poèmes qu’il lui a dédié. Ils étaient tous deux très jeunes et bien entendu peu connus puisque le talent de Keats ne fut reconnu qu’après sa mort… Jane Campion sait éviter tout le maniérisme des films biographiques (« biopics ») ou même des films historiques. Elle traite cette histoire d’amour avec beaucoup de délicatesse et laisse s’exprimer toute l’innocence de leur relation. Elle parvient même à apporter une touche de modernité en dotant son héroïne d’un certain caractère. L’image, très belle, contribue à cette impression de délicate beauté qui se dégage du film.
Elle: 4 étoiles
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Abbie Cornish, Ben Whishaw, Paul Schneider, Kerry Fox
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14 février 2012

Une éducation (2009) de Lone Scherfig

Titre original : « An Education »

Une éducationA Londres, dans les années soixante, une jeune fille de 16 ans rencontre un homme bien plus âgé qu’elle. Il lui fait découvrir beaucoup de choses. Avec lui, elle a l’impression de commencer à vivre… Une éducation est l’adaptation d’un essai autobiographique de Lynn Barber, journaliste au Sunday Times. L’histoire n’est guère originale en elle-même mais le traitement qu’en fait Lone Scherfig sauve totalement le film de la banalité : la réalisatrice danoise fait preuve de beaucoup de délicatesse et recrée l’atmosphère de ces années-là avec une justesse dénuée d’ostentation. L’autre atout du film est l’actrice Carey Mulligan qui apporte beaucoup de sensibilité avec un subtil mélange de fragilité et de diffuses aspirations. Elle fait montre également de beaucoup de charme, un charme discret et sa transformation en clone d’Audrey Hepburn en milieu de film est absolument stupéfiante. Il faut aussi mentionner la belle prestation de Peter Sarsgaard. Une éducation est un film délicat, juste et subtil.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Carey Mulligan, Peter Sarsgaard, Alfred Molina, Dominic Cooper, Emma Thompson, Olivia Williams, Rosamund Pike
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Remarques :
C’est le premier grand rôle au cinéma de Carey Mulligan mais elle avait précédemment tenu un rôle de jeune fille dans Orgueil et préjugés de Joe Wright (2005).