18 août 2016

Absolutely Anything (2015) de Terry Jones

Absolutely AnythingLancée en 1972 pour explorer les confins du système solaire et porter un message pacifique, la sonde Pioneer 10 est capturée par des créatures extraterrestres, représentants d’un groupement de civilisations très avancées. Pour savoir s’il faut détruire la Terre ou pas, ils décident de donner des super pouvoirs à un humain-test et observer s’il les utilise pour faire le bien ou pour faire le mal. Le tirage au sort désigne un professeur célibataire qui vit avec son chien… Ecrit et réalisé par l’ex-Monty Python Terry Jones, Absolutely Anything est une amusante comédie à l’humour très british. Le début a un petit air de Guide du Routard Galactique (de Douglas Adams) pour évoluer ensuite vers un humour nonsense qui joue beaucoup avec le sens des mots : la formulation approximative des vœux entraine souvent des effets inattendus. Simon Pegg est très bien mais le personnage le plus réussi est celui-ci du chien, habilement utilisé et merveilleusement doublé par Robin Williams (qui n’a hélas pu voir la sortie du film, c’est son dernier film). Les seconds rôles manquent sans doute de consistance. Le personnage de l’américain est par exemple loin d’être aussi pittoresque que celui d’Un poisson nommé Wanda même s’il permet le même type d’humour sur le décalage anglais / américain. L’ensemble est tout de même assez réussi même s’il laisse l’impression qu’il aurait pu l’être encore plus. Cela fait du bien de retrouver l’humour Monty Python.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Simon Pegg, Kate Beckinsale, Rob Riggle, Robin Williams
Voir la fiche du film et la filmographie de Terry Jones sur le site IMDB.

Voir les autres films de Terry Jones chroniqués sur ce blog…

Absolutely anything
Simon Pegg et Kate Beckinsale dans Absolutely Anything de Terry Jones.

Absolutely anything
Le chien Mojo (prénommé Dennis dans le film) et Simon Pegg dans Absolutely Anything de Terry Jones.

Remarques :
* Le film réunit cinq ex-Monty Python qui font les voix des aliens : John Cleese (le chef), Terry Gilliam (l’alien méchant), Eric Idle (Salubrious Gat), Terry Jones (l’alien scientifique), Michael Palin (le gentil alien) (le sixième Monty Python, Graham Chapman, est décédé en 1989). Terry Jones a déclaré que ce serait certainement la dernière fois qu’ils apparaissent ensemble. Terry Jones fait également une courte apparition (le conducteur de la camionnette qui renverse le vélo de Neil).

* Pour l’idée de départ, Terry Jones dit s’être inspiré de la nouvelle de H.G. Wells L’homme qui pouvait accomplir des miracles. Cette nouvelle a été portée à l’écran par le producteur anglais Alexander Korda en 1936 sous le titre The Man Who Could Work Miracles avec Roland Young.

* Le dernier contact avec Pioneer 10 date de 2003. Une tentative de contact a été faite en 2006. La sonde n’a pas répondu. Elle continue néanmoins sa course qui devrait lui permettre d’atteindre Aldébaran dans deux millions d’années (à noter dans son agenda…)

12 septembre 2015

La Guerre des cerveaux (1968) de Byron Haskin

Titre original : « The Power »

La Guerre des cerveauxDans un futur proche, un petit groupe de chercheurs étudient la résistance à la douleur et son influence éventuelle sur le cerveau. Lorsque l’un d’eux pointe du doigt que l’un des chercheurs a des capacités mentales très développées, il est mystérieusement assassiné… A la base, le film de science-fiction La Guerre des cerveaux soulève une question intéressante : si les capacités du cerveau humain évoluent, peut-on envisager qu’il parviendra un jour à influencer celui de ses congénères pour le soumettre à ses volontés ? Quelles seraient les implications de ce type de pouvoir ? Comment se comporterait dans notre monde d’aujourd’hui un humain qui aurait sauté des centaines de générations ? Hélas, Byron Haskin délaisse la pure prospective pour développer essentiellement un film à suspense où le héro ne fait que rechercher le coupable au péril de sa vie, un film dans un esprit assez hitchcockien. Le réalisateur semble d’ailleurs assumer cette filiation puisqu’il fait un hommage assez voyant au réalisateur anglais avec une scène dans un manège de chevaux de bois devenu incontrôlable. Certains critiques ont vu en cette histoire une manifestation de la paranoïa anticommuniste américaine ; pourquoi pas, tous les films sur le contrôle des esprits peuvent être vus ainsi mais cela ne me semble pas être le but premier ici. La Guerre des cerveaux se regarde sans ennui car la réalisation est soignée et le déroulement de l’histoire bien rythmé. On notera la musique de Miklós Rózsa avec une présence originale de son cymbalum.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: George Hamilton, Suzanne Pleshette, Richard Carlson, Yvonne De Carlo, Michael Rennie

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The Power
George Hamilton et Suzanne Pleshette dans La Guerre des cerveaux de Byron Haskin

Remarques :
* The Power est l’adaptation d’un roman de Frank M. Robinson qui est également connu pour avoir écrit La Tour infernale (à ma connaissance, aucun lien de parenté avec l’écrivain de science-fiction Kim Stanley Robinson).
* Byron Haskin est un réalisateur connu pour L’île au trésor (1950) et La Guerre des mondes (1953).
* La Guerre des cerveaux est produit par George Pal.

20 août 2015

Bruce tout-puissant (2003) de Tom Shadyac

Titre original : « Bruce Almighty »

Bruce tout-puissantBruce travaille pour une petite chaine de télévision locale à Buffalo, NY. et rêve de présenter le journal télévisé. Hélas, son tempérament fantasque l’en empêche. Il accuse Dieu de le haïr et de ne jamais accéder à ses demandes. Dieu répond et donne à Bruce des pouvoirs illimités… A la base de Bruce tout-puissant, on trouve une question philosophique d’une profondeur assez vertigineuse : Que faire d’un pouvoir divin ? Cette question nous emmène normalement beaucoup plus loin, jusqu’à la recherche d’une définition du Divin. Le film de Tom Shadyac soulève quelques points intéressants : après avoir utilisé ses nouveaux pouvoirs à de fins personnelles limitées (rendre son chien propre, soulever les jupes des filles, ridiculiser son concurrent, etc.), Bruce se heurte ensuite à leur utilisation de façon plus large, la réponse aux prières de ses gens notamment. Hélas, après une mise en place particulièrement longue et laborieuse (on pourra d’ailleurs sauter les vingt premières minutes sans ne rien perdre), le film n’utilise son sujet que pour déboucher sur une banale comédie romantique. Le meilleur finalement est encore du côté de l’humour avec le jeu assez exubérant de Jim Carrey.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Jim Carrey, Morgan Freeman, Jennifer Aniston, Philip Baker Hall, Steve Carell
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Bruce Almighty
Rina Fernandez et le facétieux Jim Carrey dans Bruce tout-puissant de Tom Shadyac.

Remarques :
* Anecdote : le numéro de téléphone donné pour appeler Dieu a dû être changé dans la version vidéo car le numéro initialement donné était en activité dans certains états. Leurs possesseurs ont reçu un déluge d’appels de personnes qui voulaient parler à Dieu…
(Le cinéma a un pouvoir de persuasion vraiment étonnant !)
* Le film a eu une suite : Evan tout-puissant (Evan Almighty) du même Tom Shadyac (2007) avec Steve Carrell et Morgan Freeman.

21 mai 2015

La machine à tuer les méchants (1952) de Roberto Rossellini

Titre original : « La macchina ammazzacattivi »

La Machine à tuer les méchantsDans un petit village au sud de Naples, le photographe Celestino offre l’hospitalité à un vieil homme pour la nuit. Celui-ci lui donne un étrange pouvoir qui lui permettra de combattre le mal : il suffit qu’il prenne en photo la photographie d’un « méchant » pour que celui-ci succombe instantanément en se figeant dans la position de la photo… La Machine à tuer les méchants est un film inattendu dans la filmographie de Roberto Rossellini. Il a tourné cette comédie en 1948, c’est-à-dire juste après Allemagne Année Zéro, mais sans la terminer. Ce sont ses assistants qui l’achèveront en 1951. C’est un mélange de comédie italienne et de néo-réalisme, assez heureux puisque l’ensemble est assez amusant. Bien entendu, nous sommes ici sur un registre bien plus léger mais on pourra noter qu’il y a une réflexion sur le Bien et le Mal, sur l’emplacement de la limite entre les deux et même sur la puissance de Dieu. Donc si l’on regarde bien, il y a là le départ d’une réflexion philosophique qui peut s’inscrire dans celles de François d’Assise ou de Stromboli. Mais le plus visible est bien entendu l’humour et les scénaristes ont eu d’excellentes trouvailles. Il a beaucoup de vie : on crie, on magouille, on s’interpelle, c’est un petit village haut en couleur. Les acteurs sont non-professionnels. La Machine à tuer les méchants est une comédie amusante et intéressante même si, bien entendu, le film n’est pas représentatif de l’oeuvre de Rossellini.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Gennaro Pisano, William Tubbs
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Ma machine à tuer les méchants
Gennaro Pisano est le photographe dans La Machine à tuer les méchants de Roberto Rossellini

 

21 mars 2015

Looper (2012) de Rian Johnson

LooperKansas 2044. Un homme se tient au bord d’un champ de maïs. Il regarde sa montre et pointe son arme devant lui dans le vide… Quand on n’est pas prévenu, la première scène de Looper est une très grosse surprise. Ecrit et réalisé par le presque quarantenaire Rian Johnson, ce film de science-fiction est une variation originale et inattendue sur le thème du voyage dans le temps. Il en exploite assez élégamment les paradoxes, prend des libertés avec la logique (mais la logique est bien entendu assez malléable en matière de paradoxes temporels) et laisse la fin ouverte à interprétation(s). L’ensemble n’est pas sans humour, notamment grâce à certains personnages secondaires.  La réalisation est plutôt élégante, elle aussi, utilisant les effets spéciaux à bon escient et sans excès. L’acteur Joseph Gordon-Levitt a accepté de modifier son apparence et son jeu pour ressembler à un jeune Bruce Willis.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Joseph Gordon-Levitt, Bruce Willis, Emily Blunt, Paul Dano, Noah Segan, Jeff Daniels
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Looper
Joseph Gordon-Levitt méconnaisable en Bruce Willis jeune dans Looper de Rian Johnson

Looper
Face à face… Bruce Willis et Joseph Gordon-Levitt dans Looper de Rian Johnson