19 octobre 2014

La Femme du dimanche (1975) de Luigi Comencini

Titre original : « La donna della domenica »

La femme du dimancheA Turin, le commissaire Santamaria (Marcello Mastroianni) enquête sur le meurtre d’un architecte poseur et obsédé sexuel. Ses recherches le mènent directement à interroger des membres de la haute bourgeoisie de la ville, notamment Massimo Campi (Jean-Louis Trintignant) riche bourgeois homosexuel et son amie Anna Carla Dosio (Jacqueline Bisset) la jeune femme oisive d’un riche industriel… L’adaptation de ce best-seller de Carlo Fruttero et Franco Lucentini a été écrite par le fameux duo Age et Scarpelli. Certes, La Femme du dimanche n’est pas un des films majeurs de Luigi Comencini mais il constitue une intéressante tentative de mêler intrigue policière et analyse sociale. La femme du dimanche Alors que ses producteurs le pressaient d’en faire un film policier grand public, Comencini a su, en filigrane, mettre en évidence les rapports de classe dans une ville, Turin, où il y a environ 700 000 siciliens, les pauvres, et 300 000 turinois, les riches (1). Avec tant de talents réunis, on peut se demander pourquoi le film n’est au final pas plus convaincant. Peut-être est-ce du à la dose d’humour introduite qui nous pousse à ne pas prendre tout cela très au sérieux. De ce fait, La Femme du dimanche manque quelque peu de force mais son contenu assez subtil le rend intéressant.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Marcello Mastroianni, Jacqueline Bisset, Jean-Louis Trintignant, Aldo Reggiani
Voir la fiche du film et la filmographie de Luigi Comencini sur le site IMDB.
Voir les autres films de Luigi Comencini chroniqués sur ce blog…
Voir les livres sur Luigi Comencini

Remarque :
* La musique est d’Ennio Morricone.

(1) Ces chiffres sont donnés par Jean-Louis Trintignant dans une interview télévisée à propos du film. (Voir…)

La Femme du dimanche (La donna della domenica)Jean-Louis Trintignant et Jacqueline Bisset dans La Femme du dimanche (La donna della domenica) de Luigi Comencini.

21 février 2014

Amour (2012) de Michael Haneke

AmourOctogénaires et professeurs de musique à la retraite, Georges et Anne vivent ensemble dans leur appartement parisien. Victime d’un accident vasculaire, Anne revient de l’hôpital paralysée du côté droit… Sur le sujet, ô combien délicat, de la fin de vie quand elle se déroule dans les pires conditions qui soient, Michael Haneke reste de façon assez surprenante au seul niveau de la description. Il décrit avec minutie et sans fard cette terrifiante descente, avec une grande justesse aussi, par exemple quand il s’agit de montrer comment la compassion, qui n’est en fait que de la culpabilité, de la fille se révèle être plus une gêne qu’un secours. Mais hélas, Haneke ne cherche pas à apporter une dimension supplémentaire comme l’aurait fait par exemple un Bergman et au final la vision de son film est simplement terriblement éprouvante. Oui, le sujet est difficile à traiter : on peut même se demander si la question de savoir comment gérer une telle situation ne serait-elle pas trop personnelle pour être traitée ? Qui pourrait prétendre donner des leçons en la matière ? Personnellement, je ne vois pas ce qu’un tel film apporte, à part un plaisir quasi masochiste à recevoir ainsi de façon frontale la terrible vision d’une situation que tout le monde redoute. Vu le succès du film, je veux bien croire qu’une dimension m’aurait échappé mais, après avoir consciencieusement lu certaines analyses et critiques positives, je ne l’ai pas encore trouvée.
Elle:
Lui : 1 étoile

Acteurs: Jean-Louis Trintignant, Emmanuelle Riva, Isabelle Huppert
Voir la fiche du film et la filmographie de Michael Haneke sur le site IMDB.

Voir les autres films de Michael Haneke chroniqués sur ce blog…

Voir les livres sur Michael Haneke

Remarques :
* Palme d’Or à Cannes en 2012.
* Quand Jean-Louis Trintignant a lu le scénario pour la première fois, il a refusé le rôle et dit à Haneke : « Je suis content de l’avoir lu parce que, ça, c’est un film que je n’irai pas voir. » Ce n’est que grâce à l’insistance du réalisateur et de la productrice qu’il a finalement accepté. L’acteur n’avait rien tourné au cinéma depuis 2003 (un petit rôle dans Janis et John de Samuel Benchetrit) et auparavant Ceux qui m’aiment prendront le train de Patrice Chéreau en 1998.
* Le pianiste est interprété par Alexandre Tharaud en personne, magnifique pianiste (dont les CD sont tous un régal).

15 juillet 2012

Si douces, si perverses (1969) de Umberto Lenzi

Titre original : « Così dolce… così perversa »

Si douces, si perversesJean est un industriel parisien dont le mariage s’est affadi rapidement. Lorsque qu’une jeune femme emménage dans l’appartement situé juste au-dessus de celui du couple, il est intrigué et rapidement attiré par elle… Umberto Lenzi est un réalisateur italien qui a tourné de nombreux films de second ordre dans des genres très différents. Avec un titre très racoleur tel que Si douces, si perverses, il ne fait nul doute que nous sommes en plein dans le genre giallo (1) mais ce film-ci bénéficie à priori d’un bon casting. Il s’agit d’un film policier dont l’intrigue est fortement inspirée de Les Diaboliques (1955) de Clouzot (2). L’histoire n’est pas très bien traitée, le climat créé n’est pas très fort ; il ne faut surtout pas chercher à deviner ce qui va suivre car on y arrive un peu trop facilement. Le film utilise le charme de Carroll Baker et d’Erika Blanc avec tenues courtes (nous sommes en 69) et déshabillés vaporeux. On peut se demander ce que Trintignant (affublé d’un grand coup de soleil pendant tout le film) est venu faire ici. Le film n’est pas déplaisant en soi mais franchement anodin.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Carroll Baker, Jean-Louis Trintignant, Erika Blanc, Horst Frank
Voir la fiche du film et la filmographie de Umberto Lenzi sur le site IMDB.

Remarque :
Impossible d’avoir une version sans doublage : dans la version française, nous avons la voix de Trintignant mais les deux femmes sont doublées. Dans la version italienne, Trintignant et Caroll Baker sont doublés (sans compter que Horst Frank est allemand !)

(1) Le giallo est un genre cinématographique, essentiellement italien, qui eut son heure de gloire dans les années soixante et soixante-dix. Ce sont le plus souvent des films policiers teintés d’un peu d’érotisme avec parfois une dose d’horreur (« giallo » en italien signifie « jaune » et fait référence à la couverture d’une collection de romans policiers publiée par les éditions Mondadori).

(2) Il faut noter que Les Diaboliques est basé sur un roman de Boileau et Narcejac « Celle qui n’était plus », roman dont Alfred Hitchcock avait tenté d’acheter les droits. Or Umberto Lenzi tente ici de reproduire (entre autres) l’ambiance et la tension des films d’Hitchcock.

7 novembre 2011

L’argent des autres (1978) de Christian de Chalonge

L'argent des autresLe fondé de pouvoir d’une grande banque est licencié à la suite d’un scandale financier. Ce cadre assez naïf n’était en rien responsable mais on lui fait porter le chapeau… Christian de Chalonge et Pierre Dumayet ont écrit le scénario de L’argent des autres, adaptant un livre de Nancy Markham. L’histoire est plus ou moins inspirée du scandale de la Garantie Foncière (en 1971 sous Pompidou, scandale qui a eu de fortes répercutions politiques). C’est Jean-Louis Trintignant qui joue le candide égaré dans l’affairisme des dirigeants de sa banque. L’ensemble est hélas trop manichéen pour convaincre vraiment ou même seulement intriguer ; les personnages sont de vraies caricatures vivantes. L’univers qui se voudrait kafkaïen manque de force et, dès lors, certains effets faciles sautent aux yeux. Catherine Deneuve a un rôle étonnamment insignifiant. L’argent des autres déçoit donc. On remarquera une scène dans un cabinet de recrutement futuriste, du moins à l’époque car, dans ce domaine, la réalité a maintenant dépassé la fiction.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Jean-Louis Trintignant, Michel Serrault, Catherine Deneuve, Claude Brasseur, Juliet Berto
Voir la fiche du film et la filmographie de Christian de Chalonge sur le site IMDB.

Voir les autres films de Christian de Chalonge chroniqués sur ce blog…

Remarques :
Le titre vient probablement de la célèbre citation d’Alexandre Dumas fils : « Les affaires, c’est bien simple: c’est l’argent des autres. »

12 octobre 2011

La banquière (1980) de Francis Girod

La banquièreFille de petits commerçants parisiens, Emma Eckhert réussit une fulgurante ascension dans le domaine de la finance en prônant l’épargne populaire. Elle va se heurter aux milieux politico-financiers… La banquière est inspiré du parcours de Marthe Hanau dans les années 1920. C’est un portrait édulcoré (1) ajoutant un caractère altruiste qui permet à Romy Schneider de briller dans ce rôle. Elle s’y montre belle et impériale donnant au film toute sa dimension. La reconstitution de Francis Girod est luxueuse et soignée. La liste des acteurs de premier plan dans les seconds rôles est impressionnante… Hélas, La banquière apparaît comme empesé par son ampleur, sage et conventionnel, finalement un peu ennuyeux.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Romy Schneider, Claude Brasseur, Jean-Claude Brialy, Marie-France Pisier, Jean Carmet, Jean-Louis Trintignant, Jacques Fabbri, Daniel Mesguich, Daniel Auteuil, Thierry Lhermitte
Voir la fiche du film et la filmographie de Francis Girod sur le site IMDB.

Remarques :
(1) La véritable Marthe Hanau était bien moins philanthrope : elle a escroqué des milliers de petits épargnants. Sa spécialité était de conseiller l’achat d’actions de sociétés fictives dont elle faisait monter artificiellement les cours à l’aide de son journal La Gazette du franc (fondé en 1925). Elle mit en place une escroquerie de type « chaîne de Ponzi » (payer de forts intérêts aux anciens souscripteurs avec l’argent apporté par les nouveaux). Le système s’écroula en 1928, éclaboussant les milieux politiques du Cartel des gauches qui l’avaient soutenue. Elle fut arrêtée, libérée après avoir soudoyé des hommes politiques, puis arrêtée de nouveau. Condamnée à trois ans de prison ferme, elle s’est suicidée en 1935.

20 août 2011

Les biches (1968) de Claude Chabrol

Les bichesUne riche et oisive bourgeoise séduit une jeune fille, artiste de rue rencontrée à Paris. Elle l’emmène dans sa villa de Saint-Tropez… Indéniablement, Les biches est un film qui a quelque peu vieilli : ce qui choquait profondément en 1968, les rapports ambigus, l’homosexualité sous-jacente, ne provoque plus le même effet aujourd’hui. Il reste une peinture assez acerbe d’une bourgeoisie très huppée, une peinture aux couleurs d’oisiveté, de vacuité et de bêtise, et aussi un certain regard sur la fascination de l’argent. Stéphane Audran a le pouvoir donné par l’aisance financière. Elle règne sur son petit monde où se sont incrustés deux insupportables bouffons, deux parfaits imbéciles qui se donnent des airs d’intellectuels. Jean-Louis Trintignant est l’élément extérieur, perturbateur, un homme-objet qu’il joue de façon effacée. Mais le personnage le plus complexe est celui de la jeune fille interprétée par Jacqueline Sassard, un personnage qui se fond dans le décor, tel un caméléon, allant jusqu’à phagocyter son milieu. Les biches n’a pas la force de La Femme Infidèle que Chabrol tournera peu après mais il le préfigure.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Stéphane Audran, Jean-Louis Trintignant, Jacqueline Sassard, Henri Attal, Dominique Zardi
Voir la fiche du film et la filmographie de Claude Chabrol sur le site IMDB.

Voir les autres films de Claude Chabrol chroniqués sur ce blog…