4 novembre 2011

The killer inside me (2010) de Michael Winterbottom

The Killer Inside MeDans le Texas des années cinquante, le jeune adjoint au sheriff Lou Ford est chargé d’expulser une prostituée qui vend ses charmes un peu en dehors de la ville. Il va l’utiliser pour assouvir une vieille vengeance… The Killer Inside Me est un film noir adapté d’un roman de Jim Thompson. Le climat créé par Michael Winterbottom est assez remarquable. Il repose beaucoup sur son acteur principal, Casey Affleck, qui porte tout le film sur ses épaules : son apparence extérieure, juvénile et avenante (et quelle voix !), contraste très fortement avec la noirceur de son intérieur, un être destructeur à l’extrême. La placidité du récit est interrompue par des soudaines montées de violence dans deux scènes rendues passablement dures par leur intensité et leur caractère cru. Malgré les justifications données par le réalisateur (1), on peut y voir une volonté de choquer ou une certaine complaisance. L’ensemble n’est pas moins très prenant. La fin est assez étonnante. A noter également un superbe générique de début, très graphique. The Killer Inside Me séduit par son personnage central fort et une atmosphère tout en contrastes.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Casey Affleck, Kate Hudson, Jessica Alba, Ned Beatty, Elias Koteas, Tom Bower, Simon Baker
Voir la fiche du film et la filmographie de Michael Winterbottom sur le site IMDB.
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(1) Le réalisateur justifie sa démarche en disant qu’il est préférable de d’exacerber la violence pour provoquer un rejet plutôt que de la banaliser en l’édulcorant.

Précédente adaptation (que Michael Winterbottom dit ne pas avoir vue) :
The Killer Inside Me (Ordure de flic) de Burt Kennedy (1976) avec Stacy Keach.

5 octobre 2011

Le cambrioleur (1957) de Paul Wendkos

Titre original : « The burglar »

Le cambrioleurUn cambrioleur parvient avec ses complices à subtiliser un collier de grande valeur. Malheureusement pour lui, il a été vu par deux policiers en patrouille. Le cambrioleur préfère donc se cacher et d’attendre avant de revendre le collier mais ses complices sont plus impatients… Le cambrioleur est un film noir adapté d’un roman de David Goodis qui en a écrit lui-même l’adaptation. C’est le premier long métrage de Paul Wendkos. Grand admirateur d’Orson Welles, il en reprend l’audace : très inventif dans ses plans de caméra, parfois jusqu’à l’excès mais le plus souvent de façon fort réussie, il étonna la critique et même Columbia qui le prit sous contrat. Il fignola lui-même le montage, ce qui lui prit une année ; le résultat montre une certaine perfection. Le scénario, en revanche, est assez faible, l’histoire tournant rapidement en rond. A noter la belle interprétation de Dan Duryea et même de la jeune Jayne Mansfield : un personnage assez éloigné des rôles de plantureuse idiote dans lesquels elle sera ensuite cantonnée. Le cambrioleur reste assez peu connu, il est pourtant très inventif et original dans sa forme. Les films suivants de Paul Wendkos ne furent pas hélas au niveau de cet étonnant premier essai.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Dan Duryea, Jayne Mansfield, Martha Vickers, Peter Capell, Mickey Shaughnessy
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Remake :
Le Casse d’Henri Verneuil (1971) avec Jean-Paul Belmondo.

21 septembre 2011

La femme aux cigarettes (1948) de Jean Negulesco

Titre original : « Road House »

La femme aux cigarettesLily est embauchée comme chanteuse par le propriétaire du bar-bowling d’une petite ville, contre l’avis du gérant. Lily est une femme affranchie qui sait tenir tête aux deux hommes qui sont attirés par son caractère indépendant et par son charme… A partir d’un scénario précédemment refusé par trois réalisateurs et à la demande de Darryl F. Zanuck de faire un film simple avec de l’action et du charme, Jean Negulesco a réalisé un fort beau film, reposant sur une atmosphère tendue et des rapports entre les personnages qui ne demandent qu’à exploser. Les trois rôles principaux sont remarquablement tenus avec une mention spéciale à Ida Lupino qui montre beaucoup de présence et de charme (1) et à Richard Widmark, qui reprend brillamment le type de rôle un peu pervers qui l’avait fait remarquer l’année précédente dans son premier film (2). Pas assez connu, La femme aux cigarettes est un beau film noir qui mérite d’être découvert.

4 étoiles

Acteurs: Ida Lupino, Cornel Wilde, Richard Widmark, Celeste Holm
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(1) Ida Lupino interprète elle-même ses chansons, notamment le très beau « One for my Baby (and one more for the road) » et le non moins beau « Again ».
(2) Le Carrefour de la Mort (Kiss of death, 1947) d’henry Hathaway avec Victor Mature et Brian Donlevy. Richard Widmark est là dans son premier rôle à l’écran.

Homonyme :
Road House (Bar routier, 1989) de Rowdy Herrington avec Patrick Swayze.

 

11 août 2011

Sur la trace du crime (1954) de Roy Rowland

Titre original : « Rogue cop »

Sur la trace du crimeUn policier corrompu tente de convaincre son frère policier d’accepter un pot de vin. Il agit ainsi sur ordre d’un truand qui n’hésite pas à tuer. Il espère ainsi pouvoir sauver son frère… Ce film noir a beau avoir été tourné très rapidement, il n’en est pas moins très bien fait et d’un bon classicisme. Sur la trace du crime est assez direct et efficace, les rapports entre les personnages sont dénués de toute dimension romanesque. Il est aussi un peu désillusionné quant à la capacité de la police à contrer la pègre. L’histoire est particulièrement solide, elle est aussi très prenante bien qu’il soit difficile de s’identifier au héros du film. Les seconds rôles ne manquent pas d’attraits, ils sont bien définis et même parfois originaux. Même s’il se situe quelque peu en deçà,  Sur la trace du crime est dans la veine des meilleurs films noirs des années cinquante.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Robert Taylor, Janet Leigh, George Raft, Steve Forrest, Anne Francis
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Remarques :
Sur la trace du crime est adapté d’un roman de William P. McGivern dont plusieurs histoires ont été portées au grand écran. L’année précédente, c’était ainsi le cas pour Big Heat de Fritz Lang. Les deux histoires comportent d’ailleurs quelques points communs tout en étant bien différentes. A noter que dans les deux cas, c’est le même scénariste qui a écrit l’adaptation : Sydney Boehm.

10 juin 2011

Du plomb pour l’inspecteur (1954) de Richard Quine

Titre original : « Pushover »

Du plomb pour l'inspecteurLui :
Pour piéger de l’auteur d’un hold-up meurtrier, la police surveille sa maitresse. Un inspecteur est chargé de séduire la jeune femme… Pushover (titre traduit sans grande subtilité par Du plomb pour l’inspecteur) a été conçu par Columbia pour lancer la jeune Kim Novak, alors âgée de 21 ans, comme une nouvelle Marylin (1). Si l’on peut trouver le type d’histoire assez conventionnel, le scénario est en réalité assez subtil car il ne s’agit pas vraiment du schéma classique de la femme fatale. S’il y en a un qui exerce sa fatale attraction, c’est l’argent et la femme n’est finalement qu’une jeune oie blanche, victime elle aussi. Mais Pushover est surtout remarquable par sa construction : peu de scènes d’action (une au début et une à la fin) et une belle importance donnée à la surveillance, des scènes de planque soulignées par une tension habilement distillée tout au long du film. La construction est un modèle du genre, elle s’appuie sur une grande vraisemblance. On notera également une musique assez présente qui contribue à l’atmosphère du film.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Fred MacMurray, Philip Carey, Kim Novak, Dorothy Malone
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Du plomb pour l'inspecteur (1) Columbia avait bêtement laissé passer l’original : Harry Cohn avait choisi de ne pas renouveler le contrat de six mois de Marylin Monroe en 1948… A noter que, par une amusante coïncidence, le vrai prénom de Kim Novak est Marylin.

Remarques:
Le titre original peut être interprété de différentes façons car Pushover signifie ‘faire tomber’ mais c’est aussi un mot d’argot désignant quelque chose de facile, qui tombe tout cuit dans le bec, et aussi une femme qui se laisse facilement pigeonner. Le titre français Du plomb pour l’inspecteur est loin d’offrir cette subtilité et, de plus, dévoile bêtement la fin du film.

Par facilité, le film a été (trop) souvent comparé à Double Indemnity. Ce genre de comparaison ne peut être que négatif. Si on peut remarquer une certaine similitude dans le personnage d’un homme qui se laisse écarter du droit chemin (interprété par Fred MacMurray dans les deux cas), les constructions des deux films n’ont rien en commun. Le fond du propos est assez différent également.

6 décembre 2008

Baby Boy Frankie (1961) de Allen Baron

Titre original : « Blast of silence »

Baby Boy FrankieFrankie Bono est un homme solitaire. Frankie Bono est un tueur à gages. Il arrive à New York la veille de Noël pour prendre commande d’un contrat… Blast of Silence est (du moins, était) une rareté, un film noir écrit, réalisé et interprété par Allen Baron dont c’est la première réalisation (1). Il aura fallu attendre 45 ans pour que le film sorte en France. Le film n’est pas sans défaut mais se révèle assez étonnant, héritier des films noirs des années 50 et préfigurant ceux des années 60 et même 70. C’est Allen Baron qui joue lui-même le rôle principal d’un tueur à gages qui vient exécuter un contrat à New York. La grosse originalité de Baby Boy Frankie est d’avoir une voix-off tout au long du film, sorte de voix intérieure du tueur qui se parle à lui-même. Cette voix, grave et chaleureuse (bien qu’il ne soit pas au générique, on sait maintenant qu’il s’agit de Lionel Stander), donne une certaine humanité à ce tueur à gages alors qu’il prépare son mauvais coup. Le climat est assez lourd mais sans excès, fataliste et mélancolique surtout,  filmé en décors réels dans le New York nocturne ou en plein jour dans des rues désertes et froides (nous sommes à la veille de Noël). Vu avec le recul, Baby Boy Frankie apparaît comme un précurseur, il semble préfigurer de nombreux films, Le Samouraï de Melville s’il n’y en avait qu’un à citer.
Note : 3 eacute;toiles

Acteurs: Allen Baron, Molly McCarthy, Larry Tucker
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Baby Boy FrankieRobert De Niro dans un film de Scorsese ? Non, Allen Baron dans son propre film : Baby Boy Frankie (1961)

Remarques :
* La voix-off est celle de Lionel Stander (le gangster de Cul-de-sac). Il ne figure pas au générique.
* Merrill S. Brody est à la fois directeur de la photographie, caméraman et producteur.
* Martin Scorsese, qui a vu Blast of Silence à sortie alors qu’il était étudiant, en a souvent parlé comme un film qui l’a marqué.

(1) Allen Baron tournera ensuite essentiellement des séries TV.