8 mars 2015

Le Labyrinthe de Pan (2006) de Guillermo del Toro

Titre original : « El laberinto del fauno »

Le labyrinthe de PanDans l’Espagne de 1944, Carmen, récemment remariée, s’installe avec sa fille Ofélia chez son nouvel époux, un brutal capitaine de l’armée franquiste qui traque les Résistants. La fillette découvre près de la maison un labyrinthe gardé par une étrange créature magique qui lui révèle qu’elle est une princesse disparue et qu’elle doit affronter trois épreuves pour rejoindre son royaume… Le labyrinthe de Pan est un film assez étonnant car il réussit à combiner dans un même film deux histoires totalement différentes, deux mondes parallèles : le monde réel, celui d’un capitaine fasciste brutal, dénué d’humanité, et le monde fantastique, celui que s’invente la fillette pour échapper au premier, peuplé de fées et de faunes malicieux. Tout pourrait opposer ces deux mondes antinomiques mais Guillermo del Toro réussit l’impossible de créer un ensemble cohérent. Le monde réel déteint sur le monde imaginaire qui prend souvent des allures inquiétantes. A noter que ce n’est pas un film pour enfants, certaines scènes (du monde réel) sont franchement insoutenables. La mise en scène de Guillermo del Toro est superbe, très fluide. La photographie est très belle et les décors fantastiques font preuve d’une très grande inventivité, les effets spéciaux sont parfaitement utilisés. Avant Le labyrinthe de Pan, le réalisateur espagnol avait surtout réalisé des films d’action. Il a donc surpris tout le monde avec ce film qui est une belle allégorie de la lutte contre la barbarie, pour la liberté.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Ivana Baquero, Sergi López, Maribel Verdú, Doug Jones, Ariadna Gil
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Ivana Baquero dans Le labyrinthe de Pan de Guillermo del Toro
Ivana Baquero dans Le Labyrinthe de Pan de Guillermo del Toro

23 février 2015

Zelig (1983) de Woody Allen

ZeligLe film Zelig se présente comme un (faux) reportage sur un étrange phénomène qui est intervenu à la fin des années 20. Un homme du nom de Leonard Zelig est apparu en diverses circonstances en transformant son apparence et sa personnalité en fonction des personnes qu’il côtoyait : noir au milieu de noirs, parlant comme un docteur au milieu de docteurs. Un véritable homme-caméléon… Zelig est unique en son genre dans la filmographie de Woody Allen. La prouesse technique d’avoir recréé de toutes pièces des archives d’époque parfaitement crédibles a certainement fait passer au second plan le propos de Woody Allen sur le thème de l’identité et du rapport à autrui. Son homme-caméléon désire se fondre dans la masse pour être aimé et, ce faisant, il abandonne son libre-arbitre pour le suivisme ce qui le précipite dans les bras du fascisme. De plus, c’est le premier film où il évoque ouvertement l’antisémitisme, même si c’est de façon très humoristique. Il y a en effet beaucoup d’humour dans les textes mais cela va très vite et arrive sans crier gare. Zelig est bien plus qu’un film atypique.
Elle: 3 étoiles
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Woody Allen, Mia Farrow
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zelig de Woody Allen

Remarques :
* Contrairement à ce que l’on peut lire ici et là, il n’y a que très peu d’incrustations animées dans Zelig (trois ou quatre d’après Woody Allen lui-même). Toutes les scènes ont en fait été recréées et tournées en utilisant du matériel d’époque, trafiquant l’obturateur pour avoir de belles sautes de film et rayant légèrement la pellicule à la main et lui faisant subir divers mauvais traitements. En revanche, il y a beaucoup d’incrustations sur photographie (tel l’exemple ci-dessus) faites à la main, au ciseau.

* Personnes réelles jouant leur propre rôle et interviewées dans les scènes actuelles : le psychanalyste Bruno Bettelheim, les écrivains Susan Sontag et Saul Bellow, le critique littéraire Irving Howe, l’historien John Morton Blum.

* Liste des personnes réelles apparaissant dans les images d’actualité (photos fixes ou animées) : Max Amann, Josephine Baker, Clara Bow, Fanny Brice, Wilhelm Brückner, James Cagney, Al Capone, Charlie Chaplin, Calvin Coolidge, Marion Davies, Sepp Dietrich, Joe DiMaggio, Marie Dressler, F. Scott Fitzgerald, Lou Gehrig, Joseph Goebbels, Hermann Göring, Harold ‘Red’ Grange, William Randolph Hearst, Rudolf Hess, Adolf Hitler, Bobby Jones, Robert Ley, Charles Lindbergh, Carole Lombard, Adolphe Menjou, Tom Mix, Pope Pius XI, Dolores del Río, Billy Rose, Babe Ruth, Julius Schaub, Gregor Strasser, Julius Streicher, Franz von Epp, Franz Pfeffer von Salomon, Jimmy Walker, and Claire Windsor (liste fournie par IMDB).

3 avril 2014

Millénium : Les hommes qui n’aimaient pas les femmes (2011) de David Fincher

Titre original : « The Girl with the Dragon Tattoo »

Millénium: Les hommes qui n'aimaient pas les femmesAffaibli par une affaire où il est accusé de diffamation, un journaliste est contacté par un riche industriel pour faire une enquête sur la disparition de sa nièce vingt cinq auparavant. Il pense qu’elle a été assassinée par un membre de sa propre famille… Le roman de Stieg Larsson, Millenium, véritable phénomène planétaire avec ses 65 millions d’exemplaires vendus, avait déjà été adapté à l’écran par le suédois Niels Arden Oplev en 2009 avant cette version américaine. David Fincher est un cinéaste assez difficile à cerner mais l’on pouvait craindre que le réalisateur multiplie les effets et appuie sur les aspects les plus sordides de l’histoire, mais il n’en est rien. Il est parvenu à trouver un bel équilibre en restant très proche du roman et à bien restituer cette ambiance nordique si particulière sans affaiblir la critique sociale sous-jacente et la présence d’un certain fascisme malsain. L’image est assez belle avec ses couleurs désaturées, la caméra est fluide, le rythme est rapide. Voilà donc un bon thriller qui repose, il est vrai, sur un excellent scénario.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Daniel Craig, Rooney Mara, Christopher Plummer, Stellan Skarsgård
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Autre adaptation :
Millénium de Niels Arden Oplev (2009) avec Michael Nyqvist et Noomi Rapace.

3 octobre 2012

Porco Rosso (1992) de Hayao Miyazaki

Titre original : « Kurenai no buta »

Porco RossoAncien pilote de la guerre 14-18, Porco est devenu chasseur de primes et combat les pirates dans l’Adriatique à bord de son hydravion entièrement peint de rouge. Noble au grand cœur, il a le visage d’un cochon, à la suite, pense-t-on d’un sort qui lui a été jeté. Pendant ce temps, le fascisme s’installe… C’est avec Porco Rosso que l’on a découvert Hayao Miyazaki en Europe et ce fut un véritable choc. Ce film présentait en effet un niveau de qualité que l’on n’avait jamais vu dans un dessin animé. La beauté des images, la simplicité et la pureté du graphisme, le soin apporté dans les décors jusque dans les petits détails, le naturel des personnages, le découpage très cinématographique, la profondeur de l’histoire, sa dimension romantique, tous ces éléments concourent à donner cette impression de perfection et d’être en présence d’un véritable créateur. Passionné d’aviation et de Saint-Exupéry, Hayao Miyazaki a écrit lui-même cette histoire empreinte d’une grande noblesse de caractère où pointent une certaine nostalgie et une indéniable poésie. Même si Miyazaki nous a depuis offert de grands films, Porco Rosso reste parmi ses tous meilleurs.
Elle: 4 étoiles
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Shûichirô Moriyama, Tokiko Katô, Sanshi Katsura
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Remarques :
* Porco Rosso était au départ un projet de moyen métrage (45 minutes) prévu pour être diffusé dans les avions de la Japan Airlines qui a produit le film.
* Un comic-book en 4 volumes reprenant le découpage exact du film a été publié au Japon (Tokuma Shoten Publishing, 1992) ; il a été traduit et édité en France (Glénat, 1995).
* Présenté et primé au Festival d’Annecy en 1993, le film n’est sorti en France qu’en juin 1995. C’est Jean Reno qui prête sa voix à Porco Rosso dans la version française. Le film n’a pas connu immédiatement le succès en France, les critiques restant souvent méfiants.