10 février 2012

Son altesse royale (1929) de Lewis R. Foster

Titre original : « Double whoopee »

Son altesse royale(Muet, 18 minutes) Laurel et Hardy sont engagés comme portier et valet de pied dans un grand hôtel qui attend la visite d’un prince… Assez classique, Double Whoopee comporte de bons gags et deux particularités : d’une part, un personnage de prince qui évoque furieusement Erich von Stroheim (interprété par John Peters, alias Hans Joby, qui a été le double de Stroheim et qui a donc une parfaite connaissance de ses tics et mimiques) et, d’autre part, l’apparition remarquée de Jean Harlow (17 ans) en petite tenue après que sa robe ne soit malencontreusement (!) restée coincée dans la portière du taxi. Bien rythmé, Double Whoopee est plutôt réussi. Laurel et Hardy sont alors dans leur meilleure période.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Stan Laurel, Oliver Hardy, Jean Harlow, Charlie Hall
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10 février 2012

La bataille du siècle (1927) de Clyde Bruckman

Titre original : « The battle of the century »

La bataille du siècle(Muet 19 minutes) Avec Oliver Hardy comme manager, Stan Laurel affronte un boxeur féroce sur un ring. Le lendemain, les deux compères provoquent une gigantesque bataille de tartes à la crème…
Pendant longtemps, on ne connaissait que la seconde moitié de The Battle of the Century. La première bobine a récemment été retrouvée. Le match de boxe du début ne tient pas toutes ses promesses, il est plutôt décevant. En revanche, la bataille de tartes à la crème est très réussie, surtout dans son enchainement, avec cette façon hilarante d’impliquer de plus en plus de personnes. Rapidement, ce sont des dizaines (centaines ?) de personnes qui y participent. Plus de 3000 tartes à la crème furent utilisées. C’est l’un des premiers films de Laurel et Hardy qui établissent leur style inimitable, avec notamment leur fameuse technique du slow burn (1).
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Stan Laurel, Oliver Hardy, Noah Young, Charlie Hall, Lou Costello
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Remarques :
* Henry Miller aurait décrit The Battle of the Century comme étant le film comique le plus réussi jamais tourné.
* Durant le match de boxe, le comptage interrompu plusieurs fois par l’arbitre fait allusion à un combat réel entre Gene Tunney et Jack Dempsey qui avait fait polémique à l’époque.
* Lou Costello (du duo Abbott et Costello) fait ici l’une de ses premières apparitions à l’écran. C’est l’un des spectateurs tout près du ring.

* Roland Lacourbe le souligne dans son excellent livre sur Laurel et Hardy : « Contrairement à ce que le public a coutume de croire, les vraies batailles de tartes à la crème sont relativement rares dans l’histoire du cinéma. William K. Everson, qui s’est chargé de les compter, prétend qu’on les compte… sur les doigts d’une seule main!
Behind the Screen (1916) de Chaplin
The Battle of the Century (1927) de Laurel & Hardy
The Keystone Hotel (1935) de Ralph Staub
In the Sweet Pie and Pie (1941) avec les 3 Stooges
The Great Race (1965) de Blake Edward. »
(Nota : cette liste n’est sans doute pas, ou plus, complète mais l’idée est là.)

(1) Le comique slapstick  des années 10, popularisé notamment par la Keystone, reposait sur une avalanche de gags laissant peu de répit au spectateur. Hal Roach fera tout en revanche pour ralentir afin de laisser aux spectateurs le temps d’absorber les gags et cela deviendra une marque de fabrique pour Laurel & Hardy. Dans Battle of the Century, les protagonistes ne cherchent pas à s’enfuir où à riposter avant leur adversaire… Non, ils attendent avec résignation les projectiles. Le lanceur prend ainsi tout son temps pour viser (l’affiche ci-dessus illustre bien ce principe). Cette lenteur renforce le comique de la situation. Les américains, qui aiment bien mettre un nom sur tout, ont appelé cela la technique du slow burn (=combustion lente).

The battle of the century

9 février 2012

La nouvelle Babylone (1929) de Grigori Kozintsev et Leonid Trauberg

Titre original : « Novyy Vavilon »

La nouvelle BabyloneEn 1870, la population acclame les soldats qui partent se battre contre les prussiens. A Paris, la vie continue. Louise, une jeune vendeuse du grand magasin Nouvelle Babylone, est invitée au bal par son patron. Mais la fête est interrompue par l’annonce de la défaite. Il faut défendre Paris et une souscription populaire est lancée pour acheter des canons. Quand l’armée capitule et cherche à reprendre ces canons sur la butte Montmartre, cela provoque une insurrection… La nouvelle Babylone est un film russe de la fin du muet, l’un des très rares films qui évoquent la Commune de Paris de 1871. C’est un film assez étonnant, souvent exubérant. Les deux réalisateurs font une grande utilisation du mouvement : les scènes de liesse, de danses, de fête sont tourbillonnantes, frénétiques, excessives même. Les scènes montrant l’ardeur au travail sous la Commune sont superbes (telle cette lavandière qui éclabousse largement tout autour d’elle). Ces scènes de grande agitation contrastent avec des scènes plus calmes, parfois statiques même. Le montage est assez remarquable, les réalisateurs juxtaposent des scènes qui semblent au final former un kaléidoscope énivrant. Le jeu des acteurs peut paraître parfois outré. Sur le plan du contenu, le film ne fait pas un récit vraiment chronologique mais reprend quelques temps forts. L’accent est bien entendu mis sur l’opposition de classes. Chostakovitch (alors âgé de 23 ans) composa sa première musique de film pour La nouvelle Babylone, musique dans laquelle il reprend divers airs révolutionnaires français qu’il mêle à un thème d’Offenbach.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Yelena Kuzmina, David Gutman, Pyotr Sobolevsky
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Remarques :
Grigori Kozintsev et Leonid Trauberg ont fondé à Leningrad en 1921 le collectif d’avant-garde théâtral FEKS (La Fabrique de l’Acteur Excentrique) qui s’étendit rapidement au cinéma où il tint un rôle important. En 1921, ils avaient 16 et 19 ans.

Versions :
La version la plus complète est actuellement celle durant 1h33, restaurée en 2004 avec la musique de Chostakovitch. Il existe également une version de 1h15 (version allemande du début des années 80), version tronquée avec réintégration de chutes de montage, accompagnée d’une musique au piano.

4 février 2012

Bien faire et ne rien dire (1926) de Leo McCarey

Titre original : « Mum’s the word »

Mum's the Word(Court métrage muet de 24 minutes) Une femme qui vient se remarier cache à son nouveau mari qu’elle a un grand fils de trente ans. Lorsque celui-ci vient lui rendre une visite impromptue, elle le fait passer pour le nouveau valet de chambre… Réalisé par Leo Mc Carey, Mum’s the Word met en scène Charley Chase, cet excellent comique des années vingt, hélas un peu trop oublié aujourd’hui. La première partie avec notamment une scène de rasage plutôt acrobatique est assez classique mais la seconde est très réussie avec un humour assez subtil jouant avec un couloir et des passages incessants d’une chambre à l’autre. A noter également une variante amusante du gag du miroir de Max Linder (à l’époque, les Marx Brothers n’avaient pas encore tourné la leur) (1).
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Charley Chase, Virginia Pearson, Martha Sleeper, Anders Randolf
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Remarque :
En anglais, Mum’s the Word est une expression qui signifie « motus et bouche cousue ».

(1) Le gag du miroir, qui consiste à ce qu’un personnage mime exactement les gestes de l’autre pour lui faire croire qu’il est devant un miroir, est apparu pour la première fois à l’écran dans Sept ans de Malheur  (1921) de Max Linder (ce n’est pas lui qui l’a inventé toutefois, il semble que ce gag était apparu en premier à Broadway). Les Marx Brothers en feront une scène très célèbre de La Soupe aux canards (1933) qui sera également réalisé par Leo McCarey. Charley Chase l’avait précédemment tourné dans Sittin’ Pretty en 1924. Ici, la variante consiste à être derrière un rideau-store qui laisse passer les ombres chinoises. Le but est inversé : faire croire à quelqu’un que la personne qu’il a vu passer est en fait son ombre.

Mum's the word

27 janvier 2012

On a gaffé (1928) de Leo McCarey

Titre original : « We Faw Down »

On a gafféLaurel et Hardy sont mariés. Pour aller faire une partie de poker en ville, ils doivent mentir à leurs femmes…
We Faw Down (On a gaffé) n’est pas le plus original des courts métrages de Laurel & Hardy. L’histoire est très classique et son développement n’offre guère de surprise. Le plus amusant est sans doute la façon dont Laurel joue avec son visage. Sorti fin 1928, le film n’est pas totalement muet : un disque Vitaphone était joué pendant la projection pour assurer musique et bruitages. Il y a par exemple des effets de musique et le rire des acteurs est parfaitement synchronisé. Le film préfigure le futur Sons of the desert.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Stan Laurel, Oliver Hardy, Vivien Oakland, Bess Flowers, Kay Deslys
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22 janvier 2012

La Roue (1922) d’ Abel Gance

La Roue - affiche de Fernand Léger(Film muet de 4h22) Lors d’une catastrophe ferroviaire, le mécanicien Sisif recueille à l’insu de tous une petite fille seule, Norma, pour faire une petite sœur à son fils. Quinze ans plus tard, tous deux ont grandi, persuadés d’être frère et sœur. Ils vivent gaiement au milieu des rails et des locomotives… La Roue fait certainement partie des cinq ou six films les plus marquants de l’Histoire du cinéma. Son ampleur, son intensité, son caractère novateur frappèrent les esprits, influencèrent de nombreux cinéastes. Plus que tout autre, il symbolise l’Avant-Garde de ce début des années vingt.

En 1919, tout auréolé du succès de J’accuse, Abel Gance est à 30 ans le cinéaste européen le plus encensé. Il met en chantier un grand projet auquel il consacrera trois années entières : débuté en décembre 1919, le film ne sera projeté pour la première fois qu’en décembre 1922. La Roue est une grande histoire tragique qui reste à jamais marquée par la propre tragédie qui touchait Abel Gance au même moment (1). Il en a écrit lui-même le scénario.

La Roue Le film est novateur en premier par son contenu : La Roue est certes un mélodrame, mais un mélodrame très psychologique centré principalement sur un personnage et qui semble pénétrer les tréfonds de l’âme (comme Pabst le fera ensuite). C’est à l’époque totalement nouveau. Il est très réaliste dans sa description de la vie des cheminots. Au lieu d’être tourné en studio, le film est tourné en très grande partie en extérieurs : Abel Gance et son équipe ont occupé plusieurs mois une petite maison construite La Roueau beau milieu des rails de la gare Saint-Roch à Nice, avec des guetteurs pour prévenir de l’arrivée des trains. La seconde partie est tournée au col de Voza, à deux mille mètres d’altitude. Il y a aussi l’importance des objets, notamment ces locomotives qui deviennent des personnages à part entière. Abel Gance utilise le monde des trains (fumées, rails, machines) et les façonne (compositions, surimpressions) de manière lyrique pour exprimer des sentiments.

La RoueLe film est également novateur dans sa forme : Abel Gance veut tout essayer, il multiplie les effets visuels, les plans, adopte un montage étonnamment riche, rapide et précis, formidablement rythmé, il utilise les caches pour centrer l’attention, les gros plans pour exprimer des sentiments. L’acteur Séverin-Mars est étonnant de force, il a un visage qui dégage beaucoup d’intensité. L’acteur est hélas mort juste à la fin du tournage.

La Roue - affiche de Fernand LégerL’affiche est signée Fernand Léger. A sa sortie, La Roue fut acclamé par beaucoup, vilipendé par d’autres mais, indéniablement, le film a marqué les esprits, influencé des cinéastes majeurs comme Eisenstein, Kurosawa, Pabst et beaucoup d’autres ensuite. Comme Cocteau l’a bien résumé : « Il y a le cinéma d’avant et d’après La Roue comme il y a la peinture d’avant et d’après Picasso ».
Elle:
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Séverin-Mars, Ivy Close, Gabriel de Gravone, Pierre Magnier, Georges Térof
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Versions :
La Roue - affiche de Fernand LégerA) La première projection de La Roue fut étalée sur trois jours, les jeudi 14, 21 et 28 décembre 1922 dans la très grande salle du Gaumont-Palace (6 000 places) Place Clichy à Paris. Le film faisait alors 32 bobines soit environ 8 heures. Arthur Honegger avait composé une musique pour cette version, l’un des morceaux est resté connu sous le nom « Pacific 231 ».
B) A la demande des distributeurs, Abel Gance réduit son film de 32 à 12 bobines soit près de 3 heures. C’est cette version qui sera la plus largement vue en Europe et de par le monde.
C) Une version encore plus réduite est faite par les distributeurs anglais eux-mêmes : 7 à 8 bobines soit moins de 2 heures. Ce massacre enlèvera tout attrait au film qui n’aura que peu de succès en Angleterre et explique son absence de sortie aux Etats-Unis. Une version (différente?) de 8 bobines a été utilisée pour une ressortie en 1928.
D) Différentes restaurations ont été tentées dans les années 90 dont celle de la Cinémathèque Française réalisée par Marie Epstein.
E) Une restauration a été menée dans les années 2006-2008 par David Shepard et Eric Lange de Lobster films : c’est la version 12 bobines augmentée de fragments d’une copie teintée plus complète pour totaliser 4h22, soit l’équivalent de 20 bobines. Cette version n’est hélas pas disponible sous forme de DVD en France. En revanche, le DVD est disponible aux Etats-Unis, magnifique version éditée par Flicker Alley (zone 0 donc lisible sur tous les lecteurs, tous les intertitres sont en anglais, pas de sous-titres).
F) Restauration d’une version de 6h53 par la Fondation Jérôme Seydoux-Pathé, en partenariat avec la Cinémathèque française et la Cinémathèque suisse, à partir du négatif, de nombreuses copies et du scénario original d’Abel Gance. Cette version, très proche de la version complète, a été montrée pour la première fois dans le cadre du Festival Lumière 2019, les 19 et 20 octobre 2019, avec l’Orchestre National de Lyon sous la direction de Frank Strobel (lire sur le site du Festival Lumière).

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Notes:
(1) Abel Gance vivait alors avec Ida Danis. La jeune femme avait été touchée par l’épidémie de grippe espagnole du printemps 1919 et sa maladie avait évolué en tuberculose. Abel Gance choisit Nice comme lieu de tournage car le climat était bon pour Ida. Quand les médecins avancèrent que l’altitude pourrait la faire guérir, Abel Gance modifia son scénario pour y introduire un accident et placer toute la fin de son histoire dans le Massif du Mont Blanc. Ida mourut le 9 avril alors qu’Abel Gance venait de terminer le tournage du film et en commençait le montage.

Abel Gance a dédié La Roue à Ida Danis. Cette dédicace est émouvante :
« Ida chérie, certes je te dédie La Roue que j’ai exécuté presque en sacrifice tous les jours de ton martyre. Commencé avec ton premier jour de maladie, je l’ai terminé le jour de ta mort. Une fois de plus, « la pointe de la Sagesse s’est retournée contre la sage » ; il est vraiment stupéfiant de voir cette coïncidence, cette transposition de ma Fatalité que je tirais du néant, à ma fatalité propre. » (Extrait de son livre Prisme)

Le titre initial La Rose du rail  fut changé par Abel Gance en La Roue, titre beaucoup plus noir qui fait là aussi écho à la propre tragédie d’Abel Gance. Ce titre est expliqué assez tôt dans le film par une citation de Kipling :
La tragédie de Sisif va commencer car « il est sur la Roue des choses, enchaîné à la Roue de la vie, toujours, de désespoir en désespoir. » (Kipling)
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Remake :
La Roue de André Haguet et Maurice Delbez (1956) avec Jean Servais, Claude Laydu et Catherine Anouilh, remake non vu mais qui semble bien inutile.

21 janvier 2012

Pollard blagueur (1921) de Charley Chase

Titre original : « What a whopper! »

Pollard blagueurHarry ‘Snub’ Pollard est un acteur comique d’origine australienne qui a débuté chez Essanay (1), avant d’être le faire-valoir d’Harold Lloyd (série des Lonesome Luke), époque où il adopte sa moustache si caractéristique. En 1919, il décide de tenter sa chance en solo. Il tourne alors environ 150 films courts sur 8-10 ans… Pollard blagueur (What a whopper!) est présenté par Serge Bromberg comme son meilleur film. L’histoire repose sur le thème assez classique du mensonge marital : au lieu d’aller à la pêche comme annoncé à sa femme, Pollard a passé son temps à écluser des bières. Il doit passer aux bains turcs pour se remettre en forme, achète un poisson chez le poissonnier avant de raconter une histoire abracadabrante à sa femme… Le passage dans les bains turcs rappelle quelque peu The Cure de Chaplin avec un masseur passablement énergique. Le reste est sans surprise, manquant de gags un tant soit peu originaux. A noter que c’est Charley Chase (sous son vrai nom Charles Parrott) qui est derrière la caméra : l’acteur a en effet dirigé 157 films, dont de nombreux Snub Pollard. (muet, 13 minutes)
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: ‘Snub’ Pollard
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Remarques :
Il existe également un Harry Pollard, réalisateur de films dans les années dix et vingt (aucun lien de parenté).

(1) Par exemple, dans By the Sea de Chaplin, il est le vendeur de glaces. C’est son second film (sa filmographie complète totalise 535 films!)

8 janvier 2012

La proie du vent (1927) de René Clair

La proie du ventPris dans une tempête au dessus d’une immense forêt slovène, un aviateur est contraint de faire un atterrissage hasardeux dans le parc d’un château isolé. Blessé, il est recueilli et soigné par la comtesse Elisabeth et son beau-frère. Peu à peu, il s’éprend de sa bienfaitrice. Mais un évènement va troubler l’idylle naissante… La proie du vent est le cinquième film de René Clair. Avec cette adaptation d’un roman d’Armand Mercier, il semble s’écarter un peu de l’avant-garde pour réaliser un film qui semble plus classique ou peut-être plus commercial. L’histoire en elle-même n’est pas très forte, c’est le traitement qu’en fait René Clair qui donne au film son intérêt. Charles Vanel en amoureux est ici à contre-emploi, puisqu’à cette époque il était spécialiste des rôles de durs. L’anglaise Lillian Hall-Davis (la comtesse) est une très belle actrice, bien mise en valeur par ce film (1). René Clair utilise habilement les objets : par exemple, pour exprimer le désarroi de son héros, au lieu de faire un gros plan sur son visage, il fait un gros plan sur ses mains qui triturent la lettre qu’il vient de lire ; ou encore, il parvient à exprimer le désir de l’aviateur au moyen d’une cigarette. La poursuite en voiture est très bien rythmée, assez haletante. Egalement très intéressante est la scène où Vanel laisse vagabonder son imagination : La proie du vent nous voyons ce qu’il pense (avec un très beau plan graphique de la chambre de la comtesse derrière un immense rideau, superbe image). Malgré tout cela, La proie du vent n’est pas à classer parmi les meilleurs films de René Clair, en grande partie à cause de la faiblesse de son scénario. Le film a été récemment restauré avec les teintes d’origine avec une musique de jazz plutôt dissociée du film.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Charles Vanel, Sandra Milovanoff, Jean Murat, Lillian Hall-Davis, Jim Gérald
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Remarques :
Lillian Hall-Davis jouera ensuite pour Hitchcock mais sa carrière sera courte, l’actrice souffrant de neurasthénie. Lillian Hall-Davis se suicidera en 1933 à l’âge de 35 ans.

4 janvier 2012

Vive la liberté (1929) de Leo McCarey

Titre original : « Liberty »

Vive la liberté(Muet, 20 minutes) Evadés de prison, Laurel et Hardy tentent de trouver un endroit tranquille pour échanger leur pantalon. Ils finissent par se retrouver sur les poutrelles en haut d’un building en construction alors que l’un des deux a un crabe dans son pantalon… Liberty est l’un des derniers films muets de Laurel et Hardy. Les gags sont nombreux, assez simples mais efficaces. Toute la seconde partie en haut du building est assez effrayante (sur grand écran, on en a le cœur retourné). Cela évoque bien entendu certains films d’Harold Llyod, comme Safety Last ou  Feet First qui sera tourné l’année suivante non loin de là (1). Stan Laurel fait des choses étonnantes, ses jambes flageolantes dansent une gigue ahurissante. Liberty est assez remarquable dans la filmographie de Laurel et Hardy.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Stan Laurel, Oliver Hardy, James Finlayson, Jean Harlow
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Remarques :
* La jeune femme qui arrive pour monter dans le taxi avec son mari est jouée par une jeune débutante de 18 ans : Jean Harlow.
Vive la liberté * Les scènes de hauteur ont été filmées en haut du Western Costume Building, 939 S. Broadway (voir l’emplacement exact avec Google Maps). C’est un immeuble de 10 étages sur lequel ils avaient construit un châssis de poutrelles, ce qui les mettait les acteurs à environ 50 mètres du sol. L’église que l’on voit en arrière-plan est St. Joseph, 218 East 12th, église qui fut détruite par incendie en 1983 et reconstruite différemment.
Note : A partir de la vue Google Maps, en tournant la tête d’un quart de tour à gauche, on peut voir un immeuble beige clair marqué Anjac Fashion qui est l’immeuble Western Pacific du film ; l’immeuble marron sur le trottoir d’en face est celui où il y avait la grosse publicité lumineuse Sunday Examiner.

(1) Certaines scènes de Feet First ont été tournées juste en face : dans les scènes de la partie basse de l’ascension, on voit clairement l’enseigne United Artists qui est l’immeuble d’à côté du Western Costume. Cela signifierait que ces scènes du film d’Harold LLoyd ont probablement été tournées sur le toit du bâtiment en triangle visible en contrebas de la photo ci-dessus (ce bâtiment est aujourd’hui détruit). La partie basse de l’ascension de Safety Last! a également été tournée de cet endroit alors que la partie haute de l’ascension du même film a été également tournée en haut du Western Costume building.

25 décembre 2011

Laurel et Hardy constructeurs (1928) de Clyde Bruckman et Leo McCarey

Titre original : « The Finishing Touch »

Laurel et Hardy constructeurs(Muet, 25 minutes) Laurel et Hardy doivent finir de construire une maison en un jour. Le chantier est situé juste à côté d’un hôpital, un policier les surveille et vérifie qu’ils ne font pas trop de bruit… .The Finishing Touch jouent avec de nombreuses variations de gags autour de la construction, avec de belles utilisations de planches, de clous et autres instruments contondants. Le rythme est excellent, il n’y a aucun temps mort avec, comme toujours, une belle chute. A noter, un personnage assez surprenant d’infirmière cogneuse.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Stan Laurel, Oliver Hardy, Dorothy Coburn, Edgar Kennedy
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