13 mars 2014

La blonde explosive (1957) de Frank Tashlin

Titre original : « Will Success Spoil Rock Hunter? »

La blonde explosiveRockwell Hunter écrit des publicités pour une agence. Insatisfait de sa position, il ambitionne de monter dans l’échelle sociale. Cette possibilité va s’offrir à lui : un hasard va lui permettre de convaincre une grande star hollywoodienne de faire la publicité d’un rouge à lèvres… Après le succès de La Blonde et moi (The Girl Can’t Help it), Frank Tashlin récidive avec un peu moins de bonheur. La blonde explosive est bien une comédie totalement farfelue mais elle paraît sur tous les plans plutôt en deçà du film qui l’a précédée. Le plus intéressant chez Tashlin est son côté débridé, il sait laisser partir les situations un peu dans tous les sens pour mettre en avant le burlesque, n’hésitant pas à se moquer de tout, comme en témoigne le générique (où Tony Randall doit lui-même faire la musique du logo de la Fox). La jeune et plantureuse Jayne Mansfield joue avec son physique et se livre à une satire de Marilyn Monroe ; hélas pour elle, son excellente composition dans ce film la cantonnera définitivement aux rôles de blondes idiotes (1). Tony Randall fait également une belle prestation même si les variations dans son jeu sont parfois un peu marquées. Les seconds rôles sont plus fades, Henry Jones étant particulièrement exaspérant et Betsy Drake inexistante ; le meilleur vient finalement des « vétérans » : Joan Blondell et John Williams. Sur le fond, le film nous fait une (gentille) satire du monde de la publicité et critique l’ambition pour mieux faire l’apologie de la classe moyenne un peu appuyée. On pourra remarquer les attaques contre la télévision qui était à cette époque la bête noire d’Hollywood. Sans être vraiment enthousiasmante, La blonde explosive est une amusante comédie.
Elle: 2 étoiles
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Tony Randall, Jayne Mansfield, Betsy Drake, Joan Blondell, John Williams, Henry Jones
Voir la fiche du film et la filmographie de Frank Tashlin sur le site IMDB.
Voir les autres films de Frank Tashlin chroniqués sur ce blog…

Pour un avis plus enthousisaste, lire la présentation de Frédéric Mercier sur DVDClassik

Remarques :
* Groucho Marx fait une apparition surprise (rappelons que Frank Tashlin a travaillé sur le scénario de Une nuit à Casablanca en 1946).
* Le film est l’adaptation d’une pièce de Broadway signée George Axelrod dans laquelle jouait Jayne Mansfield (avec Orson Bean et Walter Mathau).
* Le nom du personnage jouée par Jayne Mansfield est Rita Marlowe, une contraction de Rita Hayworth, Jean Harlow et Marilyn Monroe.

(1) Dans la vraie vie, Jayne Mansfield était loin d’être une idiote : elle a fait des études universitaires, disait avoir un Q.I. de 163, parlait cinq langues et jouait du violon et du piano classique.

9 mars 2014

Trop de maris (1940) de Wesley Ruggles

Titre original : « Too Many Husbands »

Trop de marisQuelques mois après que son mari Bill ait été déclaré mort, perdu en mer, Vicky s’est remariée avec son associé et meilleur ami Henry. Or, un beau matin, Bill réapparaît : il était resté bloqué sur une petite île déserte. Vicky se retrouve alors avec deux maris. Lequel va-t-elle choisir ? … Adapté d’une pièce de Somerset Maugham jouée à Broadway en 1919, Too Many Husbands est une comédie de type screwball qui s’amuse avec le concept de polygamie : après avoir été catastrophée du caractère insoluble de sa situation, Vicky se rend compte qu’elle est au centre de toutes les attentions et décide de profiter de la situation. Si la comédie est plaisante et ne génère pas l’ennui, elle ne s’envole vraiment à aucun moment, l’ensemble restant assez sage. Certes, la censure est passée par là, réduisant sans doute le propos, mais l’écriture manque indéniablement de brillance. Deux mois après ce Too Many Husbands de la Columbia, RKO a sorti le merveilleux My Favorite Wife de Garson Kanin, qui est la situation exactement inverse (un homme avec deux épouses) pour un résultat autrement plus réussi.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Jean Arthur, Fred MacMurray, Melvyn Douglas, Harry Davenport
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Remarques :
* Deux fins ont été tournées (Jean Arthur choisissant l’un ou l’autre des deux maris) et plus de 10 000 questionnaires furent distribués à des audiences-tests pour savoir qu’elle était celle qui remportait le plus d’adhésion (un procédé si souvent utilisé à Hollywood mais dont on n’est pas obligé de penser que du bien…)
* L’histoire est une variation du poème Enoch Arden de Lord Tennyson, poème déjà adapté par D.W. Griffith : Enoch Arden Part 1 et Enoch Arden Part 2 (1911), puis une nouvelle fois en moyen métrage, Enoch Arden (1915) avec Lilian Gish et Alfred Paget

Remake :
Tout le plaisir est pour moi (Three for the show) de H.C. Potter (1955) avec Betty Grable et Jack Lemmon.

14 février 2014

If You Could Only Cook (1935) de William A. Seiter

Titre français parfois utilisé : « La Fiancée imprévue »

If You Could Only CookAlors qu’il est à quelques jours de conclure un mariage mondain qui ne l’enchante guère, un jeune magnat de l’automobile va sur un banc pour mieux réfléchir. Là, il rencontre une jeune femme qui cherche du travail et lui propose de passer pour son mari afin qu’ils puissent postuler à un poste de cuisinière et de majordome… Basée sur une histoire de F. Hugh Herbert, If You Could Only Cook est une comédie screwball assez peu connue mais néanmoins assez brillante. Elle est même à classer parmi les meilleures du genre. Les situations sont originales et bien amenées et les dialogues assez enlevés. Il faut également souligner la présence de deux excellents seconds rôles, deux personnages plutôt interlopes mais au grand coeur, assez finement écrits. Sur le fond, à l’instar de It happened one night, on retrouve le rapprochement d’un homme et une femme venant chacun d’une des extrémités de l’échelle sociale, donc la présence cette grande perméabilité entre les classes If You Could Only Cook (le grand rêve américain) qui caractérise tant de screwball comedies. La jeune femme (interprétée avec beaucoup de pétulance par Jean Arthur) symbolise toute la force vitale de l’Amérique alors que la femme de la haute société n’est qu’une intrigante. Et toujours, cette présence forte du mariage, véritable « ciment » de la reconstruction d’une société meurtrie par la Dépression. If You Could Only Cook est très amusant.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Herbert Marshall, Jean Arthur, Leo Carrillo, Lionel Stander
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Voir les livres sur les comédies Screwball

Remarques :
* Pour capitaliser sur le succès de It happened one night (1934), Harry Cohn le patron de Columbia décida de sortir le film en Angleterre en tant que film produit et réalisé par Frank Capra… Il n’en était rien, bien entendu. Furieux, Capra attaqua Harry Cohn en justice et ce n’est que lorsque ce dernier promit au réalisateur d’acheter les droits de You can’t take it with you, que Capra voulait tourner à tout prix, que les choses se calmèrent.
If You Could Only Cook
* Le film a bien, semble t-il, connu une petite distribution en France à l’époque sous le titre La Fiancée imprévue (distribué par la compagnie de production Osso si l’on en croit l’affiche ci-contre).

* Le film n’est pas très facile à voir mais il figure sur le peu couteux DVD Icons of Screwball Comedy vol.1. Précisons toutefois qu’il s’agit d’un DVD zone 1 et que les seuls sous-titres disponibles sont en anglais. Il n’est, à ce jour, pas disponible en DVD zone 2.

1 février 2014

La Vie facile (1937) de Mitchell Leisen

Titre original : « Easy Living »

Vie facileUn magnat de la finance reproche à son fils et à sa femme leurs dépenses somptuaires. Il se saisit d’un manteau de vison que sa femme vient d’acheter et le jette par la fenêtre. Le couteux manteau tombe sur la tête de la jeune Mary Smith qui se rend comme chaque matin à son travail… La Vie facile est l’une des comédies les plus emblématiques du genre appelé screwball (comédies américaines des années 30 et 40). S’il est réalisé par Mitchell Leisen, il a été écrit par Preston Sturges qui deviendra réalisateur peu après. Le film porte ainsi la marque de ses deux géniteurs. Le scénario est admirablement bien écrit, son déroulement repose sur une belle succession de quiproquos. L’ensemble est d’autant plus vif que les dialogues sont le plus souvent très rapides. Une seule scène est un peu surprenante car un peu exagérée, celle du restaurant Automat, dans la pure tradition slapstick (comique burlesque du muet) ; si l’on connait l’attirance de Sturges pour ce type d’humour (comme on peut le voir en début de film), il semble pourtant que cette scène de l’Automat soit en réalité l’oeuvre de Leisen… Sur le fond, La Vie facile est un portrait satirique de la haute société chargé, comme la plupart des comédies screwball, d’une part de rêve américain avec notamment cette perméabilité totale entre riches et pauvres. Jean Arthur est délicieuse, Edward Arnold tonitruant à souhait. Ray Milland est incontestablement plus terne. Dans les seconds rôles, il faut saluer la superbe prestation de Luis Alberni en obséquieux, mais plutôt malin, directeur d’hôtel de luxe. Assez loufoque, La Vie facile est bien l’une des meilleures comédies du genre screwball.
Elle:
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Jean Arthur, Edward Arnold, Ray Milland, Luis Alberni, Franklin Pangborn
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Remarque :
La chanson Easy Living, que l’on connait notamment par Billie Holiday (enregistré le 1/06/1937 soit 3 mois avant la sortie du film) ou encore Ella Fitzgerald (avec Joe Pass en 1986), a été composée pour le film par Ralph Rainger et Leo Robin.

Homonyme :
Easy Living de Jacques Tourneur (1949) avec Victor Mature et Lucille Ball (ne n’est pas un remake)

22 décembre 2013

God Bless America (2011) de Bobcat Goldthwait

God Bless AmericaIrrité par son entourage immédiat et atterré devant la bêtise de la télévision, un quarantenaire prend son arme pour éliminer physiquement certaines personnes, symboles à ses yeux de l’abrutissement général. Il est rejoint par une adolescente de seize ans avec laquelle il fait équipe… Bob Goldthwait, qui a écrit et réalisé God Bless America, vient du stand-up où il excellait dans l’humour noir. Il n’est donc pas surprenant que son film soit particulièrement irrévérencieux. C’est souvent une bonne chose mais cela ne suffit pas. Si l’intention de l’auteur est de provoquer une réflexion sur la direction que prend notre société, les pistes qu’il nous propose sont tout de même assez limitées. D’une part, il se focalise essentiellement sur l’impact de la télévision-poubelle et, d’autre part, il part dans un peu tous les sens : à la manière de l’humour stand-up, il tire sur tout ce qui bouge (au propre comme au figuré), s’en prenant à tous ceux qui ne pensent pas comme lui, que ce soit sur des sujets importants ou très anodins. Autre probable héritage du stand-up, son film repose plus sur des monologues joliment tournés avec des phrases-choc que sur de vrais dialogues suivis. Certains passages sont vraiment amusants mais, au final, avec ses héros qui règlent les problèmes en sortant leurs flingues, God Bless America est plutôt une simple comédie défouloir qui surfe sur la fascination des armes.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Joel Murray, Tara Lynne Barr
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6 décembre 2013

Livre : La Comédie Screwball hollywoodienne 1934-1945

« Sexe, amour et idéaux démocratiques » par Grégoire Halbout

La Comédie Screwball hollywoodienne 1934-1945 de Grégoire Halbout De toute l’histoire du cinéma hollywoodien, l’explosion de la comédie américaine dite « Screwball » entre 1934 et 1945 est l’une des plus fascinantes qui soient. Elle est fascinante par l’ampleur et la rapidité de son succès populaire, par sa nouveauté, par son inventivité et sa liberté de ton malgré la censure. Elle a permis à l’Hollywood vacillant du début des années trente de cimenter son rétablissement. Ces quelque dix années nous ont fourni les plus grandes comédies américaines.

C’est une étude approfondie de ce phénomène que l’universitaire Grégoire Halbout nous offre ici, la première étude en langue française sur le sujet avec une telle profondeur. Son approche est méthodique. Dans un premier temps, il cherche à dresser une carte d’identité du genre, en identifiant les répétitions et les stéréotypes narratifs. Pour ce faire, il prend appui sur l’étude minutieuse du contenu de quarante films, ce qui constitue un échantillon particulièrement étoffé puisqu’on y trouve largement tous les films les plus influents (on peut estimer la totalité de la production de comédies screwball à environ 150 en dix ans).

Dans un deuxième temps, Grégoire Halbout se penche sur l’influence de la censure sur les contenus. En effet, la période de l’instauration du Code Hays coïncide étrangement avec celle des premières comédies screwball. En se basant sur les correspondances (courriers) entre le comité de censure PCA et les studios, l’auteur peut décrire en détail la façon dont cette influence s’exerçait. Il nous montre ensuite comment les auteurs parvinrent à développer un style subtil et allusif pour contourner les interdictions. Cette partie est assez passionnante.

Dans une non moins intéressante troisième partie, l’auteur analyse la façon dont la comédie screwball s’inscrit dans son époque de renouveau économique et œuvre à la consolidation d’un idéal : le « rêve de la réussite dans une société forte et ouverte qui promet à chacun une part légitime du bonheur ». Il montre comment la comédie screwball peut ainsi être vu comme « une relecture du contrat social à travers la fictionnalisation de l’intimité », aboutissant à « une émergence du privé dans la sphère publique ».

La Comédie Screwball hollywoodienne est une étude brillante de ce genre qui a tant marqué le développement du cinéma et dont l’influence se ressent jusqu’à aujourd’hui dans les comédies.
( Editions Artois Presses Université 2013, 423 pages, 28 € )
Voir sur le site de l’éditeur…
Voir sur Amazon…

Quelques grands réalisateurs de comédies screwball : Frank Capra, George Cukor, Tay Garnett, Howard Hawks, Garson Kanin, Gregory La Cava, Mitchell Leisen, Ernst Lubitsch, Leo McCarey, Preston Sturges, W.S. Van Dyke, Billy Wilder.

En couverture : Katharine Hepburn et Cary Grant posant pour une photo promotionnelle du film Holiday (1938) de George Cukor.

27 novembre 2013

Les grands ducs (1996) de Patrice Leconte

Les grands ducsTrois comédiens refusant de prendre leur retraite parviennent à se faire engager pour jouer dans une comédie de boulevard dont le producteur est au bord de la faillite. La troupe part en tournée en province… Il faut faire preuve de bonne volonté et laisser son côté « bon public » prendre le dessus pour apprécier au moins un peu Les grands ducs. Le scénario ne présentant aucune originalité, cette comédie de Patrice Leconte repose entièrement sur le trio formé par Philippe Noiret, Jean-Pierre Marielle et Jean Rochefort qui ont tendance à jouer la surenchère et à se déchaîner en roue libre. Catherine Jacob interprète une star hystérique et charge également beaucoup la barque. Quant au personnage joué par Michel Blanc, il est préférable de ne pas en parler. Tout l’humour repose sur la démesure.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Jean-Pierre Marielle, Philippe Noiret, Jean Rochefort, Catherine Jacob, Michel Blanc, Clotilde Courau
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18 novembre 2013

Chérie, je me sens rajeunir (1952) de Howard Hawks

Titre original : « Monkey Business »

Chérie, je me sens rajeunirBarbany Fulton est un chimiste totalement accaparé par ses recherches en cours : trouver un élixir de jouvence. Heureusement, sa femme Edwina est compréhensive. Il n’hésite pas à tester une formule qu’il pense être la bonne sur lui-même… Monkey Business, alias Chérie, je me sens rajeunir, est une excellente comédie qui joue avec les différences entre le monde des adultes et le monde de l’enfance : que se passerait-il si nous nous comportions comme des enfants, de façon inconséquente, en nous affranchissant de toutes les conventions sociales ? Le plus amusant est lorsque le choc de ces deux mondes est frontal, comme dans la scène du conseil d’administration. Le déroulement du scénario est rendu assez brillant par le fait qu’il nous est dévoilé un élément capital que les personnages ignorent (le distributeur d’eau) ; nous pouvons donc anticiper, nous réjouir à l’avance. Cary Grant et Ginger Rogers sont parfaits, très justes, sans en faire trop, et les seconds rôles sont parfaitement tenus : Charles Coburn est comme toujours savoureux, Marilyn Monroe joue le rôle d’une ravissante idiote, une secrétaire qui arrive très tôt au bureau « parce son patron lui a reproché sa mauvaise ponctuation ». Monkey Business est une excellente comédie, à peine en deçà des très grandes comédies d’Howard Hawks.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Cary Grant, Ginger Rogers, Charles Coburn, Marilyn Monroe, Hugh Marlowe
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Remarques :
* Le scénario de Chérie, je me sens rajeunir est basé sur une histoire écrite par Harry Segall. L’adaptation est signée Ben Hecht, Charles Lederer et I.A.L. Diamond, soit trois maitres de la comédie.
* Le nom du personnage joué par Marilyn Monroe est Lois Laurel, soit le nom de la fille de Stan Laurel. C’est certainement un hommage d’Howard Hawks à ce grand comique (à noter que la scène de la bataille de peintures est typique de la technique dite le slow burn  de Laurel & Hardy).
* La voix-off parlant à Cary Grant durant le générique de début est celle d’Howard Hawks.
* Le titre complet du film est Howard Hawks’ Monkey Business (est-ce pour éviter la confusion avec le film des Marx Brothers ?) Le titre prévu initialement était Darling I Am Growing Younger, formulation qui a été reprise pour créer le titre français.
* 10 ans auparavant, Ginger Rogers avait déjà joué le rôle d’une fillette dans l’excellent The Major and the minor de Billy Wilder.

Homonyme (mais sans autre point commun que le nom) :
Monkey Business (Monnaie de singe) de Norman McLeod (1931) avec les Marx Brothers.

24 septembre 2013

Starbuck (2011) de Ken Scott

StarbuckAlors qu’il va être père, un quarantenaire particulièrement inconséquent apprend qu’il est le géniteur de 533 enfants : une vingtaine d’années auparavant, sous le pseudonyme Starbuck, il avait donné à de très nombreuses reprises son sperme à une clinique afin d’avoir de l’argent de poche. Ces enfants se sont constitués en association et demandent que le nom de leur père leur soit révélé… Reprenant un thème qui a fait débat en Amérique du Nord (où il y a un vide juridique sur l’anonymat des donneurs qui peuvent être rémunérés), le québécois Ken Scott fait une comédie assez originale mais qui n’est pas hélas sans défaut. On peut regretter tout d’abord que les personnages soient si typés, à commencer par le personnage principal dont le coté adolescent attardé est vraiment très appuyé, et aussi qu’une si bonne idée de départ n’engendre qu’un développement conventionnel et gentillet, pétri de bons sentiments. S’il ne fait pas dans la subtilité, le film a toutefois quelques bons moments d’humour, notamment dans les dialogues de Starbuck avec son ami avocat. Le film a connu un très grand succès.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Patrick Huard, Julie LeBreton, Antoine Bertrand
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Remarques :
* Starbuck est le nom d’un taureau canadien champion de l’insémination artificielle.
* A la suite du grand succès du film, Starbuck va avoir un remake américain :
Delivery Man de Ken Scott avec Vince Vaughn (sortie prévue en novembre 2013).

20 septembre 2013

La Vie privée de Sherlock Holmes (1970) de Billy Wilder

Titre original : « The Private Life of Sherlock Holmes »

La vie privée de Sherlock HolmesCinquante ans après la mort du Docteur Watson, certains de ses documents restés secrets sont dévoilés. Ils promettent de nous faire connaitre la vraie nature de Sherlock Holmes. Nous les suivons dans deux aventures… Face à l’échec commercial de ses deux derniers films (1) et au puritanisme de la critique américaine, Billy Wilder décide de tourner son film suivant en Europe. Avec La Vie privée de Sherlock Holmes, il s’attaque à un mythe très britannique. Toutefois, en grand amateur des écrits de Conan Doyle, il retourne le mythe de Sherlock Holmes mais ne le détruit pas. Certes, le détective est devenu prisonnier de son image publique par la popularité des récits du Docteur Watson, certes il est trop souvent dominé par les évènements, mais le personnage est suffisamment humain et humaniste pour rester attachant. Largement amputé par les studios (sur les quatre aventures, seules deux seront conservées dans la version commercialisée), le film n’en est pas moins remarquable, d’une mise en scène parfaite de simplicité et d’une réalisation sans faille. L’humour est toujours présent, souvent en petites touches, parfois plus truculent (comme cette scène où Watson se retrouve à danser avec des danseurs russes au lieu de danseuses !) Les parties coupées semblent hélas être perdues à jamais. On se prend à rêver qu’elles puissent être un jour retrouvées afin de voir, enfin, la version complète de La Vie privée de Sherlock Holmes.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Robert Stephens, Colin Blakely, Geneviève Page, Christopher Lee
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Remarques :
* La première aventure coupée prenait place dans un bateau qui ramenait Holmes et Watson d’Istanbul où ils avaient enquêté dans un harem. Fatigué, Holmes laissait Watson résoudre le cas de la mort étrange de jeunes mariés à sa place, Watson endossant l’habit de Holmes.
* La seconde aventure coupée concernait le cas étrange d’un chinois retrouvé mort dans une pièce où tous les meubles étaient cloués au plafond. Cette affaire était en réalité montée de toutes pièces par Watson pour tenter d’éloigner son ami de la drogue.
* Une scène coupée importante expliquait pourquoi Holmes était si mal à l’aise avec les femmes. Pendant dans la partie écossaise, un flashback nous montrait comment le jeune étudiant Holmes avait été écoeuré de voir que la fille dont il était secrètement amoureux avait accepté d’être l’enjeu d’une tombola.

(1) Embrasse-moi idiot (Kiss Me Stupid, 1964) et La grande combine (The Fortune Cookie, 1966)