5 décembre 2014

L’ultime razzia (1956) de Stanley Kubrick

Titre original : « The Killing »

L'ultime razziaRécemment sorti de prison, Johnny Clay a mis au point le braquage d’un hippodrome pour mettre la main sur l’argent des paris. Il s’est allié le concours de quelques complices aux motivations très diverses pour mettre en oeuvre son plan très précis. Le jour du braquage arrive… Troisième long métrage de Stanley Kubrick, The Killing est son premier film majeur. Il s’agit d’un film noir. Si le sujet peut être qualifié de classique, un braquage, le traitement ne l’est absolument pas. C’est la construction qui frappe en premier les esprits : au lieu d’un récit chronologique, Kubrick mêle présent et flash-back, fait des retours en arrière pour décrire le parcours de chacun le jour du braquage (1). L'ultime razziaCette construction, un peu déroutante au début, apporte une vraie richesse à une histoire simple qui en ressort magnifiée. Le facteur humain et quelques objets ou détails mineurs sont mis en avant, ile seront les grains de sable. Dénué de tout maniérisme et d’effets inutiles, parfaitement dosé et équilibré, The Killing montre une grande maitrise de la part d’un réalisateur de 28 ans.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Sterling Hayden, Marie Windsor, Elisha Cook Jr., Jay C. Flippen
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Remarque :
* Stanley Kubrick rend hommage à la tradition du film noir en prenant de nombreux acteurs habitués du genre et des séries B dans les rôles secondaires, et comme acteur principal, Sterling Hayden, le héros de Quand la ville dort (Asphalt Jungle) de John Huston (1950).

(1) Quentin Tarantino a mentionné la construction de The Killing comme source d’inspiration pour Reservoir Dogs.

The Killing de Stanley Kubrick (1956)

24 mars 2014

Gun Crazy (1950) de Joseph H. Lewis

Autre Titre  : « Deadly Is the Female »
Titre français : « Le Démon des armes »

Gun Crazy: Le démon des armesDès son plus jeune âge, Barton a été attiré par les armes. Lorsqu’il va rencontrer la jeune Annie, elle aussi tireuse hors pair, sa vie va basculer et ils vont enchainer les holdups… Produit et mis sur pied par les King Brothers, Gun Crazy est basé sur une histoire de MacKinlay Kantor parue dans un quotidien et réécrite par Dalton Trumbo (1). Cette histoire préfigure des films comme Bonnie & Clyde (1967) d’Arthur Penn ou Badlands (1973) de Malick, fuite en avant d’un jeune couple qui se livre aux braquages pour assouvir ses rêves. Sur le plan de la forme, le film préfigure par certains aspects la Nouvelle Vague avec  ses décors naturels et notamment avec sa scène la plus célèbre, un hold-up filmé en un seul plan-séquence de presque 4 minutes depuis l’intérieur de la voiture du couple. C’est un plan très surprenant. On comprend que Truffaut et Godard se soient pris de passion pour ce film (2). Gun Crazy est un film très différent, assez à part dans le genre du film noir (3). C’est finalement surtout une histoire d’amour, celle d’un jeune couple qui aspire à s’établir et à mener une vie normale, un amour fou qui les aveugle et les précipite dans un trou sans fin. Le personnage de la jeune femme est assez fascinant par son mélange d’ingénuité et de dureté qui le rend assez inoubliable. Le film est très fortement connoté sexuellement même si la censure a été particulièrement vigilante. Sa carrière commerciale a été courte à l’époque mais il a acquis un tout autre statut par la suite : aujourd’hui, c’est souvent le premier titre qui vient à l’esprit pour citer un exemple de film de série B exceptionnel et remarquable.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Peggy Cummins, John Dall
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Remarques :
* Le film vient d’être réédité en DVD (1 Blue-ray + 1 normal) incorporé dans un superbe livre de 220 pages signé Eddie Muller qui relate toute la genèse du projet et la réalisation, une gestation assez mouvementée. Le livre est passionnant, fort bien documenté et on ne peut que saluer ce si bel ensemble (même si on peut regretter que le prix soit un peu élevé)… (Voir…) C’est une édition limitée, semble t-il.

Gun Crazy: Le démon des armes* A sa sortie, United Artists a affublé le film du titre ridicule Deadly Is the Female et habillé l’héroïne sur l’affiche d’une robe du soir noire (costume réglementaire de la femme fatale mais qui ne correspond absolument pas à son genre dans le film). Le film a retrouvé son titre original, Gun Crazy, par la suite.

(1) L’excellent scénariste Dalton Trumbo figure au générique sous un pseudonyme car, victime du maccarthysme, il était alors sur liste noire.

(2) En regardant Gun Crazy, Il est difficile de ne pas penser à A bout de Souffle ou à Pierrot le Fou que Godard tournera une décennie plus tard.

(3) Pour s’en convaincre, il suffit de le comparer à They Live by Night, que Nicholas Ray a tourné peu avant, qui met également en scène un couple de braqueurs : un très beau film mais beaucoup plus classique dans son traitement.

9 janvier 2014

Drive (2011) de Nicolas Winding Refn

DriveLe jour, il est un brillant cascadeur pour le cinéma. La nuit, il conduit avec grande expertise gangsters et autres cambrioleurs. Mais après avoir fait connaissance avec sa jolie voisine, il va être entrainé dans une histoire qui risque de mal se terminer… Les cinq premières minutes de Drive sont particulièrement réussies, un magistral jeu du chat et de la souris, pratiquement sans une parole ce qui renforce son impact. Le reste du film est loin d’être aussi prenant mais il est indéniable que le danois Nicolas Winding Refn possède un style qui lui est propre qui repose sur une mise en scène et un montage particulièrement maitrisés. Sous une apparence extérieure très stylisée et faite pour plaire, le fond de l’histoire est hélas d’un intérêt bien moindre. Nicolas Winding Refn exploite largement le charme et le charisme de son acteur principal, taciturne à l’excès, créant ainsi de très forts contrastes lors de poussées de violence sauvage inattendues. Le film a été très largement louangé par le public et par la presse…
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Ryan Gosling, Carey Mulligan, Bryan Cranston, Albert Brooks, Oscar Isaac
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Remarque :
* Le prix de la mise en scène à Cannes a été décerné à Nicolas Winding Refn pour ce film.

6 novembre 2012

Bons baisers… à lundi (1974) de Michel Audiard

Bons baisers... à lundiTrois voleurs à la manque projettent de braquer une réception mondaine mais se trompent d’étage. Ils tombent chez un producteur évoluant dans le show business. Le braquage est mal parti et les choses vont aller de mal en pis… Bons baisers… à lundi est le dernier film de Michel Audiard en tant que réalisateur et aussi l’un des moins connus et l’un des moins bien considérés. Certes, on sent une certaine légèreté dans la réalisation mais le film reste fameux grâce à ses dialogues. Les évènements s’enchainent de la façon la plus improbable qui soit pour arriver à des situations parfaitement ubuesques. Il faut accepter cet illogisme pour profiter pleinement de cet humour par l’absurde. Jean Carmet, Bernard Blier et Maria Pacôme forment un joli trio et se renvoient la balle dans de belles envolées verbales. Les seconds rôles sont, eux aussi, hauts en couleur pour notre plus grand plaisir. Il y a bien quelques passages à vide mais aussi de d’excellents passages. L’humour l’emporte et Bons baisers… à lundi nous fait passer un bon moment grâce à son illogisme et ses dialogues savoureux.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Jean Carmet, Bernard Blier, Maria Pacôme, Evelyne Buyle, Jacques Canselier, Jean-Jacques Moreau, Julien Guiomar, Michel Bouquet
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10 octobre 2012

Un flic (1972) de Jean-Pierre Melville

Un flicDans une station balnéaire désertée en plein hiver, quatre malfaiteurs attaquent une banque. A Paris, le commissaire Coleman enquête sur un futur convoyage de drogue en train… Un flic est le dernier film de Jean-Pierre Melville. Il n’a pas la perfection de ses plus grands films mais on y retrouve les thèmes forts de son univers de flics et de truands. Le flic, incarné une fois de plus par Delon, est atypique, capable même d’éprouver de la compassion pour ceux qu’il traque. La scène d’ouverture est très réussie mais on ne peut en dire autant hélas du second braquage, celui du train, montré en temps réel. Pourtant bien imaginée, cette scène est vraiment très longue, manque plutôt d’intensité et on se demande pourquoi Melville a choisi d’utiliser des maquettes si grossières pour les plans généraux. Toutes les petites touches, ces marques brillantes de l’univers Melvillien, ne parviennent à élever le film qui va probablement trop loin dans l’épure. Melville fut très affecté par son manque de succès. Le réalisateur succombera à une crise cardiaque l’année suivante. Il n’avait que 55 ans.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Alain Delon, Richard Crenna, Catherine Deneuve, Paul Crauchet
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Homonyme :
Un flic de Maurice de Canonge (1947) avec Lucien Coëdel et Suzy Carrier.

10 mars 2012

Le braqueur – la dernière course (2010) de Benjamin Heisenberg

Titre original : « Der Räuber »

Le braqueur - la dernière courseA sa sortie de prison, Johann Rettenberger continue de s’entraîner longuement à la course de fond et gagne haut la main le marathon de Vienne. Il braque aussi des banques… Film allemand, Le braqueur – la dernière course est librement adapté d’un roman de Martin Priz basé sur une histoire vraie. Le film est assez original de par son atmosphère et son traitement. Le personnage du braqueur est assez étonnant, taciturne et totalement impénétrable, il semble agir comme un robot, sans âme ni sentiment. Pourquoi braque t-il des banques ? Il semble avoir une motivation profonde mais on ne la connaitra pas, hélas, à part n’avoir qu’un but : courir. Nous n’aurons pas plus d’indices sur son passé. Nous restons en surface. Dès lors, le film peut paraître un peu lassant et répétitif… On profitera toutefois de quelques belles prises de vue pendant les courses ; celles où on le suit dans un dédale de couloirs sont étonnantes.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Andreas Lust, Franziska Weisz, Markus Schleinzer
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