21 décembre 2016

Capitaine sans peur (1951) de Raoul Walsh

Titre original : « Captain Horatio Hornblower »

Capitaine sans peurEn 1807, alors que l’Angleterre est en guerre contre Napoléon, le Capitaine Horatio Hornblower appareille pour une destination secrète connue de lui seul. Après sept mois de navigation, son navire de guerre arrive près des côtes mexicaines, côté Pacifique. Le capitaine est proche de son but mais les évènements vont se précipiter… L’écrivain britannique C.S. Forester (également auteur de L’Odyssée de l’African Queen) a imaginé les aventures du Capitaine Hornblower pour en faire une dizaine de romans publiés entre 1937 et 1966. Capitaine sans peur est l’adaptation des trois premiers volumes de cette saga. Sous la direction de Raoul Walsh, c’est un film d’aventures maritimes de fort belle facture qui se déroule presque entièrement en mer. Le spectateur a l’impression d’être à bord tant la vie sur ces navires est bien recréée (en studio). Gregory Peck compose un héros assez inhabituel, raide et imperturbable, ne montrant aucune émotion, mais doté d’une belle présence. Les scènes de batailles navales sont assez réalistes et prenantes. L’ensemble forme un très bon divertissement. Le film fut un succès, le plus gros succès de l’année 1951 pour la Warner.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Gregory Peck, Virginia Mayo, Robert Beatty, James Robertson Justice
Voir la fiche du film et la filmographie de Raoul Walsh sur le site IMDB.

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Remarques :
* La ville de Nantes a étrangement comme un petit air méditerranéen… En fait, les scènes d’extérieurs ont été tournées à Villefranche-sur-Mer et à l’entour.
* C.S. Forester ne cite aucun personnage réel comme source d’inspiration pour son Capitaine Hornblower. Certains pensent à Thomas Cochrane (1775-1860), surnommé « le loup des mers ».

Captain Horatio Hornblower
Robert Beatty et Gregory Peck dans Capitaine sans peur de Raoul Walsh.

Captain Horatio Hornblower
Scène de bataille navale dans Capitaine sans peur de Raoul Walsh.

Captain Horatio Hornblower
Gregory Peck et Virginia Mayo dans Capitaine sans peur de Raoul Walsh.

9 juin 2015

L’invincible Armada (1937) de William K. Howard

Titre original : « Fire Over England »

L'invincible ArmadaA la fin du XVIe siècle, les relations entre l’Angleterre et l’Espagne, alors la nation la plus puissante du monde, sont proches de la rupture. La Reine Elizabeth I s’inquiète de la menace que la puissante marine de guerre espagnole fait peser sur ses côtes. La flotte anglaise serait bien trop faible pour pouvoir résister… Basé sur un roman de A.E.W. Mason, le film anglais Fire Over England retrace l’une des pages les plus glorieuses de l’Histoire de l’Angleterre. C’est aussi, en 1937 où l’Europe ressent la menace nazie, un moyen de rappeler la force de la Nation et la grandeur de se battre pour idéal de liberté et contre l’obscurantisme. Cette production d’Alexander Korda est d’une indéniable qualité, que ce soit dans ses décors soignés, sa mise en scène précise ou ses beaux mouvements de caméra de James Wong Howe. Mais le plus remarquable est certainement la qualité de l’interprétation avec le couple Vivien Leigh et Laurence Olivier (qui marque le début de l’idylle entre les deux acteurs), Raymond Massey ou encore Flora Robson, impériale dans son rôle de reine…
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Flora Robson, Raymond Massey, Leslie Banks, Laurence Olivier, Vivien Leigh, James Mason
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Remarque :
* La légende veut que c’est en regardant Vivien Leigh dans Fire over England que Myron Selznick (frère de David O. Selznick) a vu en elle l’actrice idéale pour interpréter Scarlet O’Hara dans Autant en emporte le vent.

Fire over England
Vivien Leigh et Laurence Olivier dans L’invincible Armada de William K. Howard

Fire over England
Flora Robson en Reine Elizabeth I dans L’invincible Armada de William K. Howard.
A noter que l’actrice retrouvera le même rôle trois ans plus tard dans L’Aigle des mers de Michael Curtiz (1940).

Fire over England
Assez difficile à reconnaitre : le jeune James Mason dans un petit rôle dans L’invincible Armada de William K. Howard (il ne figure pas au générique initial)

16 septembre 2014

L’Aigle des mers (1940) de Michael Curtiz

Titre original : « The Sea Hawk »

L'aigle des mers1585. Le roi Philippe II d’Espagne projette d’envahir l’Angleterre dont la flotte est affaiblie par le manque de moyens. Seuls des pirates comme Geoffrey Thorpe, secrètement soutenus par la reine Elizabeth, peuvent harceler les navires espagnols. Thorpe attaque et capture le navire transportant l’ambassadeur espagnol et sa nièce Dona Maria…
Cinq ans après le flamboyant Capitaine Blood, Michael Curtiz met à nouveau en scène l’univers des pirates avec la même réussite. L’Aigle des mers permet de retrouver Errol Flynn en pirate au grand coeur mais, cette fois, l’humour et la légèreté laissent la place à une certaine gravité. Il est impossible de ne pas faire le parallèle avec le danger de la menace hitlérienne qui pesait alors sur l’Europe et le discours final vibrant de la reine Elizabeth contre les tyrans prend ainsi une tonalité très actuelle. L’action et l’aventure sont bien entendu très présentes dans cette production au budget généreux, la grande scène d’abordage au début du film reste l’une des plus spectaculaires du genre. Le romantisme est réduit comme pour mieux mettre en valeur le courage individuel. Avec sa belle image en noir et blanc (qui permet à Curtiz de projeter ces grandes ombres qu’il affectionne tant) et la puissante musique d’Erich Wolfgang Korngold, L’Aigle des mers est un spectacle assez enthousiasmant.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Errol Flynn, Brenda Marshall, Claude Rains, Donald Crisp, Flora Robson, Alan Hale, Henry Daniell
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Remarques :
* Le projet initial était d’adapter à nouveau le roman de Rafael Sabatini, The Sea Hawk, en réutilisant largement des extraits de la version muette de 1924. Dans cette optique, le choix du noir et blanc était impératif. Le projet prit de l’ampleur avec l’écriture par Seton I. Miller et Howard Koch d’une histoire qui s’inspire de la vie de Sir Francis Drake et du groupe des Sea Dogs dont les actes de pirateries enrichissaient la couronne d’Angleterre.

* Le personnage du traître, Lord Wolfingham, est une invention des scénaristes. Il semble toutefois basé sur Lord Francis Walsingham, proche conseiller de la reine Elizabeth, qui n’avait pourtant rien d’un traître et qui a, bien au contraire, toujours servi sa reine et son pays avec ardeur.

* Le film utilise des plans de L’Aigle des mers (Frank Lloyd, 1924) pour les scènes dans la jungle de Panama et de David Copperfield (Cukor, 1935) pour le trajet en fiacre de Dona Maria (l’image ayant été assombrie pour masquer le fait que le fiacre est trop moderne pour l’époque). Les costumes de La vie privée d’Elisabeth d’Angleterre (Curtiz, 1939) ont été largement réutilisés.

* A sa ressortie en 1947, le film fut amputé de 18 minutes et cette version de 108 minutes a été largement diffusée. La version complète de 126 minutes est à nouveau visible aujourd’hui.

Flora Robson et Errol Flynn dans L’Aigle des mers (The Sea Hawk) de Michael Curtiz.

Homonyme :
L’aigle des mers (The Sea Hawk) de Frank Lloyd (1924) avec Wallace Beery et Milton Sills. Adaptation du roman de Rafael Sabatini, l’histoire est différente de la version de Curtiz qui n’est pas basée sur ce roman.

27 juillet 2012

La bataille de Midway (1942) de John Ford

Titre original : « The battle of Midway »

La bataille de Midway(Court métrage de 18 minutes) Ayant appris par ses relations dans la marine que les japonais allaient attaquer les îles Midway(1)(2), John Ford se rend sur l’île pour filmer la bataille. The Battle of Midway est donc ainsi tout d’abord un documentaire historique de tout premier ordre : tous les plans montrés sont réels et John Ford fut même blessé au bras gauche par un éclat d’obus lors du tournage. Mais le film est plus que cela car Ford y insuffle un grand souffle épique empreint de patriotisme. Il désire montrer aux mères américaines comment le pays commençait à répondre coup pour coup (3). Il supervise le montage fait par Robert Parrish dans le plus grand secret pour éviter que l’armée ne se saisisse de la pellicule. Ce montage est assez puissant, parsemé de nombreuses images fortes (comme ce drapeau flottant devant un rideau de fumée noire) et de plans qui nous placent au cœur de la bataille (4). Il met en avant les hommes, héros ordinaires qui pourraient être nos voisins. Pour éviter tout problème, il accorde un temps égal aux différents corps des armées et John Ford a le trait de génie d’ajouter un plan du Major James Roosevelt, fils du président, saluant les cercueils des tués au combat (en réalité, il n’était pas présent à Midway). Lorsque que le film lui fut projeté, le président Roosevelt déclara : « Je veux que toutes les mères des Etats Unis voient ce film ! ». On en tira 500 copies et le film obtint un Oscar.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: (voix) Henry Fonda
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(1) Les américains venaient de casser le code japonais et étaient donc au courant en grande partie du plan d’attaque japonais.

(2) Les îles Midway sont un atoll de 6 km2 situé au beau milieu de l’océan Pacifique et appartenant aux Etats Unis d’Amérique. Le 5 juin 1942, les japonais lancent une attaque très importante sur Midway. Les américains la repoussent en infligeant aux japonais de lourdes pettes en hommes et en matériel. En mettant fin à la suprématie de la flotte japonaise, cette bataille marquera un tournant dans la guerre du Pacifique et dans la Seconde Guerre mondiale.

(3) C’est ainsi qu’il aurait défini le but du film à Robert Parrish.

(4) A noter que le montage utilise beaucoup de répétitions de plans pour générer l’idée de force importante en marche (défilé, décollage d’avions, etc.)

Homonyme (ou presque) :
La bataille de Midway (The battle of Midway) de Jack Smight (1976) avec Charlton Heston et Henry Fonda
Midway de Roland Emmerich (2019).

13 mai 2012

Barbe-Noire le pirate (1952) de Raoul Walsh

Titre original : « Blackbeard, the pirate »

Barbe-Noire le pirateDans les Caraïbes, le pirate Barbe Noire est poursuivi par Sir Henry Morgan, ancien flibustier reconverti. Le jeune Edward Maynard cherche à prouver que Morgan est toujours dans la piraterie… Le scénario de Barbe-Noire le pirate est plutôt complexe sur les relations entre les personnages mais, hélas, il manque d’équilibre. Conformément au titre, le personnage majeur de ce film est le truculent Barbe Noire : il est le plus intelligent, rusé et malin, parfaitement amoral mais plein d’humour. Il est interprété de façon très démonstrative par Robert Newton qui éclipse un peu tous les autres acteurs. Le justicier Maynard paraît comparativement bien fade. Linda Darnell a, comme toujours, une forte présence à l’écran, apportant une belle touche de sensualité, mais son rôle reste hélas limité. Barbe-Noire le pirate est un film souvent bien mal considéré. Certes, il n’est pas à classer parmi les grands films de Raoul Walsh mais il reste plaisant à regarder : un divertissement haut en couleur.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Robert Newton, Linda Darnell, William Bendix, Keith Andes, Torin Thatcher
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Remarque :
Les personnages sont réels. Mais dans la réalité, Sir Henry Morgan est mort alors que Barbe Noire n’avait que 8 ans. Il n’a donc jamais pourchassé le célèbre pirate.

26 octobre 2011

Ben-Hur: A tale of the Christ (1925) de Fred Niblo

Ben-Hur: A Tale of the ChristBen-Hur: A Tale of the Christ est la deuxième des trois adaptations du roman de Lew Wallace. Ben-Hur raconte l’extraordinaire épopée d’un jeune juif au premier siècle de notre ère. A la même époque, Jésus fait naître un grand espoir parmi le peuple opprimé brutalement par les Romains… La toute jeune M.G.M. prenait un risque important avec cette coûteuse superproduction. Le tournage fut difficile : commencé en Italie (troublée à l’époque par la montée de Mussolini) sous la direction de Charles Brabin, il fut repris en main par Fred Niblo et fini à Hollywood. Le film est porté par un grand souffle épique avec deux grandes scènes d’anthologie : la bataille navale (qui est d’ailleurs bien plus réussie que dans la version de 1959, c’est même l’une des meilleures batailles filmées de toute l’histoire du cinéma) Ben-Hur: A Tale of the Christ et bien entendu la course de chars, sauvage et poignante. Toutes les scènes de foule sont impressionnantes, mais d’autres scènes sont très fortes, tel ce face à face entre Ben-Hur et Messala avant la course. Quelques scènes sont en couleurs, un procédé expérimental à deux couches (vert et rouge, pas de bleu) qui demandait un très fort éclairage. Grand film commercial, Ben-Hur: A Tale of the Christ fut un grand succès, l’un des plus importants de la décennie. Cette version muette est supérieure en bien des points à la version parlante de 1959.
Elle:
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Ramon Novarro, Francis X. Bushman, May McAvoy, Betty Bronson, Claire McDowell, Kathleen Key
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Remarques :
Ben-Hur: A Tale of the Christ * La bataille navale fut tournée en Italie par B. Reeves Eason. Lorsque les vents rabattirent la fumée de l’incendie d’un bateau sur un autre, les figurants pris de panique sautèrent tous dans l’eau (la scène a d’ailleurs été gardée pour le film). Or, beaucoup de figurants avaient menti sur le fait de savoir nager. La catastrophe fut évitée de justesse…

* La M.G.M. a choisi de ne jamais montrer le Christ pour lui donner une présence plus spirituelle que charnelle. Nous voyons son bras, mais pas son corps. Dans la (courte) scène de la cène, un personnage s’est assis juste devant la table pour nous bloquer la vue !

Ben-Hur: A Tale of the Christ* Pour la course de chars, la MGM a utilisé 42 caméras, postées à des endroits différents. La course a été terrible : aucune mort de cascadeurs, heureusement, mais plusieurs chevaux sont morts (notamment dans le violent accident dans le virage). Tout Hollywood s’est porté volontaire pour faire de la figuration dans cette scène, la liste est impressionnante : John Barrymore, Lionel Barrymore, Clarence Brown, Gary Cooper, Joan Crawford, Marion Davies, Douglas Fairbanks, George Fitzmaurice, Clark Gable, Janet Gaynor, John Gilbert, Dorothy Gish, Lillian Gish, Samuel Goldwyn (!!), Sid Grauman (oui le Grauman du Grauman Theater Ben-Hur: A Tale of the Christqui avait acheté fort cher une exclusivité de diffusion), Rupert Julian, Harold Lloyd, Carole Lombard, Myrna Loy, Colleen Moore, Mary Pickford, Fay Wray… pour ne citer que les plus connus. A part Myrna Loy qui joue une esclave visible dans une tribune, il est impossible de repérer des visages connus parmi tout ce monde. Clark Gable serait un garde romain (d’autres sources parlent d’un personnage dans la foule).

* Le tournage mouvementé de Ben-Hur est raconté dans l’excellent livre de Kevin Brownlow sur le cinéma muet : La Parade est passée…

* Les trois versions de Ben-Hur :
Ben-Hur de Sidney Olcott (1907) avec Herman Rottger et William S. Hart
Ben-Hur: A Tale of the Christ de Fred Niblo (1925) avec Ramon Navarro
Ben-Hur de William Wyler (1959) avec Charlton Heston