Noël 1970, dans un d’un pensionnat privé et sélect pour garçons proche de Boston. Un professeur de civilisations et cultures antiques, strict et grincheux, est obligé de chaperonner une poignée d’élèves qui n’ont nulle part où aller pendant les vacances. Rapidement, il ne reste qu’un seul élève, Angus, aussi doué qu’insubordonné… Winter Break est un film américain réalisé par Alexander Payne. Il en a eu l’idée de départ en voyant Merlusse, un film peu connu de Marcel Pagnol (1935, avec Henri Poupon dans le rôle principal). Il s’agit d’un récit d’apprentissage avec cette rencontre imprévue de deux caractères opposés. Alexander Payne parvient bien à manier l’humour teinté d’une certaine amertume, un bel équilibre entre la comédie et un regard critique sur l’Amérique au tournant des années soixante-dix. On peut toutefois reprocher au film d’être un peu trop long, une impression que l’on commence à avoir à mi-parcours et alimenté par le côté très prévisible des évènements. Les deux acteurs principaux donnent une belle interprétation, ce qui rend leurs personnages assez forts. Bon accueil de la critique et du public. Elle: Lui :
Pour se faire pardonner, Paulette promet à sa fille Linda, 8 ans, de cuisiner du poulet aux poivrons, comme le faisait son père, mort quand Linda était bébé. Mais à cause d’une grève générale, il n’est pas facile de trouver un poulet… Linda veut du poulet ! est un film d’animation français écrit et réalisé par l’italienne Chiara Malta et le français Sébastien Laudenbach. Ce n’est pas tant par son histoire que ce film mérite d’être remarqué (adultes idiots, enfants capricieux, le scénario mise trop sur son insolence et tombe dans la facilité) mais plutôt par son dessin, approximativement crayonné ce qui donne un indéniable style à l’ensemble. Cela rappelle La Jeune fille sans mains (2016) de Sébastien Laudenbach, sans toutefois arriver à la même beauté esthétique. Très bon accueil de la critique. Elle: – Lui :
Titre original : « Kingdom of the Planet of the Apes »
Plusieurs générations après le règne de César, les singes ont définitivement pris le pouvoir. Les humains ont régressé à l’état sauvage et vivent en retrait. Alors qu’un nouveau chef tyrannique construit peu à peu son empire, un jeune singe entreprend un périlleux voyage qui l’amènera à questionner tout ce qu’il sait du passé… La Planète des singes : Le Nouveau Royaume est un film de science-fiction américain réalisé par Wes Ball. Il s’agit de la suite de La Planète des singes : Suprématie (2017), devenant ainsi le quatrième film du redémarrage (reboot) de la série cinématographique adaptée du roman de Pierre Boulle. L’action se situe 300 ans après l’opus précédent (mais toujours bien avant l’époque du premier film de 1968). Le scénario a de sérieux problèmes de cohérence et, sur ce plan, toute la seconde partie n’est pas vraiment remarquable. L’épilogue, chargé d’ouvrir la voie vers une suite, est bâclé. Malgré ces faiblesses de scénario et une certaine lenteur du récit, on ne s’ennuie pas une seconde grâce à deux personnages forts : le singe Noa, qui offre un beau mélange d’intelligence et de candeur, très humain dans ses expressions, et la jeune fille intrépide Nova qui, bien que très formatée, est attachante. De façon sous-jacente, les thèmes du racisme et de la difficulté du vivre ensemble sont une fois de plus abordés. Celui de la religion l’est également mais les scénaristes ont été plus frileux de s’aventurer très loin sur ce terrain. Bonne réalisation, sans excès d’effets et qui utilise bien les beaux paysages de l’Australie où le film a été tourné. L’ensemble est réussi. La critique a fait la fine bouche mais le film a connu un succès en salles. Elle: – Lui :
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Owen Teague dans La Planète des singes : Le Nouveau Royaume (Kingdom of the Planet of the Apes) de Wes Ball.Freya Allan dans La Planète des singes : Le Nouveau Royaume (Kingdom of the Planet of the Apes) de Wes Ball.La Planète des singes : Le Nouveau Royaume (Kingdom of the Planet of the Apes) de Wes Ball.
L’adolescent Ulzii vit avec sa mère, son frère et sa sœur dans le quartier des yourtes à Oulan-Bator, capitale de la Mongolie. Elève brillant, il a l’opportunité de participer à un concours de physique qui lui permettrait d’obtenir une bourse et de quitter son milieu défavorisé. Mais comment réussir quand il doit subvenir aux besoins de sa famille en plein cœur de l’hiver alors que sa mère est repartie à la campagne pour trouver un travail ? Si seulement je pouvais hiberner est un film mongol, le premier long métrage de la réalisatrice Zoljargal Purevdash. C’est un récit assez touchant qui évite tout effet de misérabilisme tout en montrant un visage de la Mongolie d’aujourd’hui, très inégale dans son développement (la moitié de la population vit dans des yourtes). La réalisatrice inscrit son film dans la tradition néoréaliste et cite Le Voleur de Bicyclette (Vittorio De Sica, 1948) comme inspiration. L’histoire reste positive : malgré les conditions de vie rendues plus épouvantables par la rigueur du climat, le récit ouvre un avenir certainement meilleur à son personnage principal. La réalisatrice montre une belle maitrise dans la réalisation. Un film plein d’intérêt mais hélas peu distribué. Elle: Lui :
Pologne, 1943. Le commandant d’Auschwitz, Rudolf Höss, et sa femme Hedwig s’efforcent de construire une vie de rêve pour leur famille dans une maison avec jardin et piscine juste à côté du camp… La Zone d’intérêt est un film britannico-polono-américain écrit et réalisé par le britannique Jonathan Glazer, librement adapté du roman du même nom de Martin Amis paru en 2014. Ce récit une approche inédite (et surprenante) de la Shoah puisqu’il nous montre la vie de famille de ce commandant et la ténacité de sa femme d’offrir à sa famille un cadre idéal à l’épanouissement. Le regard porté est presque clinique : comment l’humain et l’inhumain peuvent ainsi se retrouver dans la même personne ? La caméra ne pénètre à aucun moment dans le camp, nous assistons juste brièvement à deux ou trois réunions de travail à la recherche de l’efficacité dans l’extermination. L’abominable est invisible mais il est très présent, ne serait-ce que par le son, des cris, des coups de feu et le grondement permanent des fours crématoires. La scène finale (où Höss cherche à se faire vomir sans y parvenir) reste un peu ambigüe, à l’image toutefois de la réalité et de l’attitude de Höss durant le procès de Nuremberg. Elle: Lui :
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Remarque : * L’expression « zone d’intérêt » était utilisée par les nazis pour décrire le périmètre de 40 kilomètres carrés entourant le camp de concentration d’Auschwitz. Dans cette zone protégée vivaient les militaires allemands.
La Zone d’intérêt (The Zone of Interest) de Jonathan Glazer.La Zone d’intérêt (The Zone of Interest) de Jonathan Glazer.
Dans un village sans histoire, une maison de rêve en pleine nature est à vendre. Pour Simon et Adelaïde, à l’étroit dans leur appartement parisien avec leurs deux enfants, c’est l’occasion idéale de faire le grand saut et de quitter l’enfer de la ville. Mais le rêve se transforme rapidement en cauchemar quand ils réalisent que leurs si sympathiques voisins utilisent leur jardin comme terrain de chasse… Chasse gardée est un film français réalisé par Antonin Fourlon et Frédéric Forestier. Le premier des deux a écrit cette comédie pendant le confinement qu’il a passé avec ses deux enfants en bas âge, dans soixante mètres carrés à Paris. Il a réussi à trouver un bon équilibre dans l’humour, sachant dépasser la simple opposition Paris/province. Malgré les personnages caricaturés à outrance et un humour plutôt corrosif, il n’y a aucune méchanceté dans l’humour. Les dialogues sont souvent brillants et certaines scènes (le banquet !) sont mémorables. Bonnes prestations d’acteurs, Camille Lou est remarquable. Très amusant. Elle: – Lui :
Priscilla n’a que 14 ans lorsqu’elle fait la connaissance d’Elvis Presley alors qu’il fait son service militaire en Allemagne mais ce ne sera que trois ans plus tard qu’il la rappellera pour l’inviter chez lui à Graceland… Priscilla est un film américain écrit et réalisé par Sofia Coppola. Il s’agit d’un biopic sur Priscilla Presley, épouse d’Elvis Presley, basé sur ses mémoires parues en 1985, Elvis and Me. Le film est sorti quelques mois après Elvis de Baz Luhrmann (qui présentait le King comme une victime de son manager). Le film de Sofia Coppola est totalement différent et s’attache à présenter Priscilla Presley comme une victime d’un mari manipulateur (et un peu crétin). Ce n’est pas vraiment un portrait de jeune femme car finalement on ne saura que peu de choses d’elle. A mes yeux, le film manque de substance et j’avoue avoir sauté de nombreux passages. Bonne interprétation. Très bon accueil de la critique. Elle: – Lui :
Remarque : • La différence (un peu grotesque) de tailles entre les deux acteurs (1m96 vs 1m55) est un choix de la réalisatrice et ne correspond pas à la réalité.
Jacob Elordi et Cailee Spaeny dans Priscilla de Sofia Coppola.
Victime d’un complot, le jeune Edmond Dantès est arrêté le jour de son mariage pour un crime qu’il n’a pas commis. Après quatorze ans de détention au château d’If, il parvient à s’évader. Devenu immensément riche grâce à un secret de son voisin de cellule, il revient sous l’identité du comte de Monte-Cristo… Le Comte de Monte-Cristo est un film français écrit et réalisé par Alexandre de La Patellière et Matthieu Delaporte (tous deux scénaristes des Trois Mousquetaires en 2023). Le roman d’Alexandre Dumas avait déjà été porté à l’écran, grand et petit, de nombreuses fois, mais la dernière version cinématographique vraiment notable remontait à 70 ans. La richesse du roman oblige à tailler à la serpe pour en faire un film de trois heures et, sur ce plan, le travail des scénaristes-réalisateurs est assez remarquable : ils ont beaucoup enlevé et modifié, certes, mais sans dénaturer l’histoire. Il manque toutefois un certain panache, Pierre Niney manque de présence et ses manœuvres paraissent souvent plus laborieuses que brillantes. De même, certains personnages (telle Haydée) sont bien plus fades que dans le roman mais les seconds rôles sont généralement bien tenus. La réalisation a bénéficié d’un budget conséquent et les réalisateurs ont fait preuve d’une indéniable maitrise pour créer un grand spectacle. En revanche, la musique (style « épique ») est horrible, lourde et ridicule. Gros succès en salles. Elle: – Lui :
Pierre Niney dans Le Comte de Monte-Cristo de Alexandre de La Patellière & Matthieu Delaporte.
Adaptations les plus notables; les plus remarquées étant les deux versions de Robert Vernay de 1943 et 1954 (pour une liste complète voir ici): * 1915-1917 :Le Comte de Monte-Cristo (France) en six parties découpées en 15 épisodes, un « roman-cinéma » réalisé par Henri Pouctal pour Le Film d’Art et sorti en 1918. Le film ressort en 1923 en version raccourcie de trois heures. * 1922 : Monte Cristo (USA) par Emmett J. Flynn avec John Gilbert. * 1929 : Monte-Cristo (France) par Henri Fescourt avec Jean Angelo (3h45 en deux parties). * 1943 : Le Comte de Monte-Cristo (France) par Robert Vernay avec Pierre Richard-Willm (en 2 parties) * 1954 : Le Comte de Monte-Cristo (France) par Robert Vernay avec Jean Marais (en 2 parties). * 1961 : Le Comte de Monte-Cristo (France) par Claude Autant-Lara avec Louis Jourdan. * 1968 : Sous le signe de Monte-Cristo (France) par André Hunebelle avec Paul Barge. * 1979 : Le Comte de Monte-Cristo (TV, France), mini-série (4 × 90 min) de Denys de La Patellière avec Jacques Weber * 1998 : Le Comte de Monte-Cristo (TV, France), mini-série (4 × 100 min) de Josée Dayan avec Gérard Depardieu * 2024 : Le Comte de Monte-Cristo (France) par Matthieu Delaporte et Alexandre de La Patellière avec Pierre Niney.
François Martin et Alice Bouvier-Sauvage s’apprêtent à annoncer leur mariage à leurs deux familles réunies pour l’occasion. Un monde les sépare : le père de François est concessionnaire automobile tandis que le père d’Alice possède une immense propriété viticole. Les enfants offrent à leurs parents un cadeau original : des test ADN pour découvrir ses origines… Cocorico est un film français écrit et réalisé par Julien Hervé, son premier long métrage. Si l’idée de base du scénario peut sembler originale, le récit rejoint rapidement le type « confrontation de deux mondes différents ». Dès lors, l’humour se montre assez facile et finit par reposer uniquement sur le jeu des acteurs principaux. Cet humour qui raille les préjugés n’est pas toujours des plus fins ; il faut bien entendu prendre tout cela au second degré mais cela n’empêche pas des moments assez consternants… Elle: – Lui :
Remarques : * Rappelons que les tests ADN sont illégaux en France et ne fonctionnent que par rapprochements dans une base de données. Les résultats dépendent donc de la taille de cette base de données. * Ancien des Guignols de Canal+, Julien Hervé était précédemment scénariste, notamment de la série Les Tuches.
Didier Bourdon, Sylvie Testud, Christian Clavier et Marianne Denicourt dans Cocorico de Julien Hervé.
Pour préparer son nouveau rôle, une actrice célèbre vient rencontrer celle qu’elle va incarner à l’écran, une femme dont la vie sentimentale avait enflammé la presse à scandale vingt ans plus tôt en tombant amoureuse d’un garçon de treize ans… May December est un film américain réalisé par Todd Haynes. L’histoire est très librement inspirée par l’affaire Mary Kay Letourneau, survenue en 1997 aux Etats-Unis. Mais, l’affaire en elle-même n’est pas le sujet du film : il s’agit plutôt de la rencontre de deux femmes et la relation qui s’installe entre elles est complexe et ambigüe. Notre sympathie à l’un des deux personnages au début du film va peu à peu s’estomper pour se reporter sur l’autre personnage. L’histoire est habilement construite et cette relation est particulièrement originale et complexe. Excellente prestation de Julianne Moore (dirigée pour la cinquième fois par Todd Haynes) et de Natalie Portman. Elle: Lui :