Joan, Alice et Rebecca sont trois amies qui vivent l’amour de manière différente. Joan annonce à Victor qu’elle ne l’aime plus, et celui-ci se tue en voiture après avoir trop bu. Alice s’est habituée à Eric mais n’en est pas amoureuse, tandis que celui-ci la trompe avec Rebecca. Mais l’amour et le hasard réservent des surprises… Trois amies est un film français réalisé par Emmanuel Mouret. Il en a écrit le scénario avec Carmen Leroi. Le cinéaste traite une nouvelle fois des circonvolutions de l’amour et de ses corollaires mais sa vision s’étoffe et gagne de la profondeur film après film. Si l’on détecte toujours l’influence de Rohmer, il a développé un style qui lui est propre. Cela se sent dans le contenu mais aussi dans la mise en scène, sa maitrise des plans est assez remarquable. Il y a une bonne dose de fraîcheur dans cet ensemble mais aussi une certaine gravité, car il y est aussi question aussi du deuil, de la culpabilité, de la duplicité. L’interprétation est naturelle, semblant parfois spontanée. Un très beau film. Elle: Lui :
En 1973, le jeune Donald Trump rencontre dans un restaurant new-yorkais l’avocat Roy Cohn, célèbre pour avoir poursuivi en justice le couple Rosenberg à l’époque du maccarthisme. Trump se plaignant de l’enquête menée par le gouvernement contre son père, grand promoteur immobilier, Cohn accepte de les défendre… The Apprentice est un film américain réalisé par le réalisateur irano-danois Ali Abbas, son quatrième long métrage. Il raconte l’ascension de Donald Trump dans les années soixante-dix et quatre-vingt, notamment ses années d’apprentissage auprès de Roy Cohn, avocat qui a débuté comme impitoyable procureur pendant la chasse aux sorcières initiée par le sénateur McCarthy. L’avocat lui a inculqué sa doctrine basée sur trois règles de base : 1) toujours attaquer ; 2) ne rien reconnaitre et nier tout en bloc ; 3) revendiquer la victoire et ne jamais reconnaitre la défaite. Le projet de ce film a été initié en 2018, lors du premier mandat de Donald Trump, pour ne sortir qu’en 2024 peu avant sa réélection, malgré les pressions et de multiples menaces de procès. Le récit est particulièrement édifiant et les interprétations de Sebastian Stan et de Jeremy Strong sont de tout premier ordre. Elle: Lui :
Max Linder, la première star internationale de cinéma, fut pendant deux décades vénéré en France, dans toute l’Europe et à Hollywood. Pionnier du burlesque muet, il fut le mentor de Charlie Chaplin, avant de mourir prématurément en 1925… Vie et morts de Max Linder est un film documentaire polonais d’Edward Porembny. Max Linder a échappé miraculeusement à la mort à cinq reprises mais, à l’apogée de sa carrière, il s’est suicidé avec sa femme en 1925. C’est ce que ce film essaie de nous raconter mais, hélas, la forme occulte totalement le propos. Réalisé à l’aide d’intelligence artificielle, ce documentaire prend l’esthétique des films muets (plus exactement ceux de la décennie 1910). Il utilise largement des extraits des courts métrages de Max Linder en faisant parler les personnages et en prolongeant parfois ces extraits avec des acteurs. En outre, ont été ajoutées des scènes où des personnages, joués par des acteurs incrustés dans un décor d’époque, racontent face caméra certains évènements. Le résultat n’est hélas pas une réussite : d’une part, faire parler des films muets renforcent leur aspect vieillot et les rend peu attrayants et même ridicules ; d’autre part, on passe plus de temps à tenter de reconnaitre les vraies images d’époque qu’à écouter le récit. Belle tentative, certes, mais hélas peu convaincante. Elle: – Lui :
L’ascension du chanteur britannique Robbie Williams : devenu une star dans les années 1990 avec le Boy Band Take That, il a plongé dans la drogue avant de retrouver le succès à partir de 1997… Better Man est un film australien réalisé par Michael Gracey. C’est un biopic assez classique sur l’ascension d’une star. Sa grande originalité, la plus visible en tous cas, est d’avoir représenté le chanteur sous les traits d’un singe. C’est le chanteur lui-même qui aurait émis l’idée : « J’ai été un singe effronté (cheeky monkey) toute ma vie » justifie-t-il. L’intégration (motion capture sur l’acteur Jonno Davies) est parfaite et l’on s’habitue très rapidement au personnage. Sans cela, le film aurait été sans doute plus ennuyeux encore. Je dois avouer que l’histoire en elle-même ne m’a pas passionné mais elle aura certainement plus d’attraits pour les fans du chanteur. Certaines scènes sont proches d’un clip et peuvent être assez spectaculaires, telle celle filmée en plein Londres. Malgré de bonnes critiques et un bon accueil du public, le film a été un (très) gros échec commercial. Elle: – Lui :
En 1916, Sarah Bernhardt doit subir une opération de la jambe. À l’hôpital, elle reçoit la visite de Sacha Guitry qui a rompu depuis des années avec son père, l’acteur Lucien Guitry. Sarah lui raconte les raisons de cette rupture, que Sacha ignore totalement, liées à sa propre rupture d’avec Lucien Guitry en 1896… Sarah Bernhardt, la divine est un film français réalisé par Guillaume Nicloux. Il en a écrit le scénario avec Nathalie Leuthreau. C’est le premier film français consacré à Sarah Bernhardt (1) ce qui a de quoi étonner quand on songe à son immense notoriété et à son statut de mythe. Le récit n’est pas centré sur sa carrière proprement-dite ; il était en effet impossible pour le cinéaste de la montrer au travail (2). Il dresse en revanche le portrait d’une femme très libre, toujours prompte à soutenir des causes qu’elle juge justes, consciente que sa notoriété peut avoir une grande influence (3). Le récit donne aussi (et surtout) une grande place à ses relations tumultueuses avec le grand amour de sa vie, l’acteur Lucien Guitry (le père de Sacha Guitry) dont la notoriété égalait presque la sienne. Le film bénéficie d’une interprétation remarquable, celle de Sandrine Kiberlain bien-entendu mais aussi celle de Laurent Lafitte et de la plupart des seconds rôles. Comme pour tout film historique, une bonne partie de la critique a dégainé le vocable « académique » pour le juger hâtivement. Il faut au contraire saluer la démarche du réalisateur qui a su éviter les facilités d’un modernisme racoleur. Son film est très intéressant. Elle: – Lui :
(1) Le seul précédent est un film anglais de Richard Fleisher The Incredible Sarah (1976) avec Glenda Jackson dans le rôle principal, un film généralement considéré comme n,’ayant peu de qualités. Le film n’est d’ailleurs pas sorti en France. (2) Quelle actrice aurait pu prétendre restituer le jeu de Sarah Bernhardt ? De plus, son jeu était très emphatique, déclamatoire, avec des modulations dans la voix, ce qui est aux antipodes de nos goûts d’aujourd’hui (ce style de jeu est passé de mode vers la fin de sa vie). Sarah Bernhardt a fait des tournées triomphales dans le mode entier, jouant en français devant un public incapable de comprendre un mot de cette langue (un peu comme pouvons écouter des opéras en allemand ou en italien aujourd’hui). (3) Toutefois, l’étonnante scène où Sarah Bernhardt suscite l’engagement de Zola dans l’affaire Dreyfus est, semble-t-il, basée sur une hypothèse non vérifiée (lire ici et là). En revanche, qu’elle se soit fâchée avec son fils, fervent anti-Dreyfusard, et qu’elle ait pris publiquement parti pour Dreyfus est exact.
Sandrine Kiberlain et Amira Casar (au centre) dans Sarah Bernhardt, la divine de Guillaume Nicloux.
Titre original : « Francis Ford Coppola’s Megalopolis: A Fable »
Dans un New York en partie dévasté et devenu New Rome, l’architecte visionnaire et idéaliste César Catilina entre en conflit avec le maire très conservateur Franklyn Cicero qui ne cherche qu’à préserver les privilèges. La fille du maire, la jet-setteuse Julia Cicero, tombe amoureuse de César Catilina. Elle est tiraillée entre les deux hommes et devra découvrir ce qui est le meilleur pour l’avenir de l’humain… Megalopolis est un film américain écrit et réalisé par Francis Ford Coppola. Le cinéaste, âgé de 85 ans, concrétise enfin un projet auquel il pense depuis plus de quarante ans. Il s’agit d’un conte allégorique, un péplum futuriste assez grandiose dans sa mise en scène, d’une grande force esthétique, puissant. Sur le fond, c’est avant tout une ode à la créativité et aux utopies, à la capacité des visionnaires à ré-imaginer le monde. Il fustige tout ce qui peut se mettre en travers de leur chemin : les manœuvres politiciennes, la cupidité, le désir de paraître, le populisme. On peut reprocher au film un certain manque de clarté dans le récit, probablement dû à l’indéniable surcharge d’allégories et de références (cinématographiques et historiques). De plus, certaines scènes paraissent là uniquement pour le spectacle visuel (du moins est-ce l’impression à la première vision). S’il n’est pas sans défaut, Megalopolis séduit néanmoins par sa qualité d’œuvre unique et créatrice ; Coppola a entièrement financé son film, engloutissant une bonne partie de son patrimoine personnel. S’il s’agit de son ultime réalisation, il aura terminé sa carrière en beauté. Il a dérouté la critique et le public, ce qui est normal. C’est dommage que le film ne soit pas mieux perçu. Peut-être qu’avec le temps… Elle: – Lui :
Adam Driver dans Megalopolis (Francis Ford Coppola’s Megalopolis: A Fable) de Francis Ford Coppola.Nathalie Emmanuel dans Megalopolis (Francis Ford Coppola’s Megalopolis: A Fable) de Francis Ford Coppola.Aubrey Plaza dans Megalopolis (Francis Ford Coppola’s Megalopolis: A Fable) de Francis Ford Coppola.
États-Unis, état de Géorgie. Alors que sa femme subit une grossesse à risque proche de son terme, Justin Kemp est appelé comme juré dans une affaire d’homicide. Dès l’exposé des faits, le jeune mari et futur père de famille se retrouve aux prises d’un grave dilemme moral… Juré n° 2 est un film de procès américain écrit par Jonathan Abrams et réalisé par Clint Eastwood. A l’âge de 94 ans, il nous offre son 42e film. Si l’on peut trouver quelques similitudes avec Douze hommes en colère de Sidney Lumet, il se place sur un terrain différent. L’histoire met en relief les faiblesses de la justice et traduit l’état d’esprit assez désabusé de Clint Eastwood vis-à-vis des institutions et aussi un idéalisme naïf (s’il suffisait de regarder un accusé droit dans les yeux pour savoir s’il ment ou pas, les choses seraient certainement plus simples !) La réalisation est d’un beau classicisme et l’ensemble est très prenant. Le film n’a pas fait d’étincelles aux États-Unis, c’est en France qu’il a le mieux marché. Elle: – Lui :
Hiver 1598. La flotte coréenne, dirigée par l’amiral Yi Sun-shin et alliée à la flotte chinoise, bloque la retraite d’une partie de l’armée de l’envahisseur japonais réfugiée sur une île de la côte sud-est de la Corée… Noryang, l’affrontement est un film sud-coréen coécrit et réalisé par Kim Han-min. Il retrace l’histoire de la bataille navale de No Ryang, la dernière bataille de la guerre d’Imjin qui a opposé la Corée de la dynastie Chosŏn et la Chine de la dynastie Ming à l’Empire japonais de Hideyoshi Toyotomi de 1592 à 1598. Le film est dernier volet d’une trilogie sur Yi Sun-shin, après L’Amiral (2014) et Hansan (2022) (films que je n’ai pas vus). Ces films historiques connurent un très grand succès en Corée mais se révèlent un peu difficiles lorsque l’on connait mal l’histoire de ce pays. L’ensemble est assez confus pour un occidental et le fait d’être incapable d’identifier visuellement un coréen, d’un chinois ou d’un japonais n’arrange rien. J’avoue avoir passé une bonne partie du film à (tenter de) deviner qui était qui. Pour dire les choses plus crûment : je n’ai rien compris. Il a fallu que je me documente après coup pour faire la lumière. Bien que nocturne, la bataille navale, qui occupe toute la seconde moitié du film de 2h30, est reconstituée de façon grandiose : le nombre de bateaux est impressionnant et j’ai été très surpris par leur manœuvrabilité et par les fameux bateaux-tortues qui jouèrent un rôle décisif dans la réalité. Les combats sont également très réalistes, la reconstitution est grandiose. Le film n’est pas sorti en salles en France. Elle: – Lui :
Conseil : Lire cette page Wikipedia sur la bataille de No Ryang avant de voir le film.
Noryang: L’Affrontement (Noryang: Jugeumui Bada) de Kim Han-min.
La trilogie de Yi Sun-sin : L’Amiral (2014) de Kim Han-min ; Hansan : La Bataille du dragon (2022) de Kim Han-min ; Noryang : L’Affrontement final (2023) de Kim Han-min.
En 1942, un cargo à l’équipage norvégien fait partie d’un convoi allié de navires civils chargé de ravitailler la Russie. Malgré la retraite de l’escorte à la suite d’une attaque et l’éparpillement du convoi, le capitaine décide de poursuivre sa route. Désormais isolé, le cargo va devoir effectuer voyage périlleux dans des eaux les plus hostiles qui soient… The Arctic Convoy est un film norvégien réalisé par Henrik Martin Dahlsbakken. Le scénario s’appuie sur l’histoire du Convoi PQ 17 qui a relié l’Islande à la Russie en juillet 1942. Le seul personnage féminin du film est inspiré de Fern Blodgett Sunde, qui fut la première femme canadienne à servir comme opératrice radio pendant la guerre et décorée pour ces faits. Le film a le mérite de mettre en lumière des évènements peu connus qui furent la principale contribution de la Norvège à la victoire des Alliés lors de la Seconde Guerre mondiale (1). Le déroulement du scénario peut paraître classique mais le film nous immerge parfaitement à bord de ce cargo. Il constitue un hommage à ces hommes qui ont risqué et souvent perdu leur vie dans ces convois. Hormis en Suède et en Norvège, le film est peu sorti en salles. Elle: – Lui :
(1) Un texte de fin nous explique : « Sur les quelque 30 000 Norvégiens qui ont été appelés à rejoindre la marine marchande, plus de 4 000 sont morts au cours du conflit. Ces civils représentent la principale contribution de la Norvège à la victoire des Alliés. »
Anders Baasmo dans The Arctic Convoy (Konvoi) de Henrik Martin Dahlsbakken.Heidi Ruud Ellingsen, Tobias Santelmann et Anders Baasmo dans The Arctic Convoy (Konvoi) de Henrik Martin Dahlsbakken.
À la mort de son père, la vie heureuse et marginale de Grace Pudel, collectionneuse d’escargots et passionnée de lecture, vole en éclats. Arrachée à son frère jumeau Gilbert, elle atterrit dans une famille d’accueil à l’autre bout du pays. Elle continue de correspondre avec son frère placé dans une autre famille à plus de mille kilomètres… Mémoires d’un escargot est un film d’animation australien pour adultes réalisé par Adam Elliot. C’est son second long métrage après Mary et Max (2009) et quelques courts et moyens métrages dont l’oscarisé Harvie Kumpet (2004). Il est réalisé avec la technique de la pâte à modeler (stop motion). Il est plutôt destiné aux adultes car le propos est assez sombre. Les personnages sont originaux, plutôt marginaux (ou, plus exactement, non conventionnels), avec de grands yeux tristes et tout un tas de petites manies qui leur donnent de l’épaisseur. L’histoire en elle-même est une chronique douce-amère de l’enfance et du passage à l’âge adulte. L’accumulation de souffrances peut paraître excessive, l’ensemble est très noir, les lueurs positives étant assez rares. Elle: – Lui :
Remarque : • Le réalisateur a décidé de ne réaliser que 9 films : 3 courts métrages, 3 moyens métrages et 3 longs métrages. Il n’en a plus que deux à faire sur les neuf.
Mémoires d’un escargot (Memoir of a Snail) de Adam Elliot.