16 septembre 2024

Les Seins de glace (1974) de Georges Lautner

Les Seins de glaceEn plein hiver, un écrivain (Claude Brasseur) cherche l’inspiration sur une plage de la Côte d’Azur. Il y rencontre une jeune femme mystérieuse (Mireille Darc) qui lui fait penser à l’héroïne de son roman. Il entreprend la conquête de cette jeune femme étrange qui semble protégée par un puissant avocat (Alain Delon)…
Les Seins de glace est un film français réalisé par Georges Lautner, directement inspiré du roman de Richard Matheson Someone Is Bleeding, paru en 1953 (ce fût le premier roman publié de l’auteur de Je suis une légende). Il s’agit d’un suspense policier, genre inhabituel pour le cinéaste. L’intrigue repose surtout sur le personnage impénétrable interprété par Mireille Darc, qui s’écartait ainsi des rôles légers auxquels elle était habituée. Alain Delon, ici également producteur, désirait apporter une nouvelle dimension à l’actrice. Claude Brasseur a le rôle principal masculin, il est de presque toutes les scènes alors que le personnage interprété par Alain Delon est au second plan mais rendu assez fort par un jeu très sobre. L’histoire est troublante sans n’être jamais ni angoissante ni magnétique. Le déroulement du scénario n’est pas parfait, nous dévoilant des indices beaucoup trop tôt. Le film manque de puissance mais se laisse regarder sans déplaisir.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Alain Delon, Mireille Darc, Claude Brasseur, Emilio Messina, André Falcon
Voir la fiche du film et la filmographie de Georges Lautner sur le site IMDB.

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Mireille Darc, Claude Brasseur et Alain Delon dans Les Seins de glace de Georges Lautner.
Alain Delon et Mireille Darc dans Les Seins de glace de Georges Lautner.

13 septembre 2024

France société anonyme (1974) de Alain Corneau

France société anonymeEn 2222, un ancien trafiquant de drogue est sorti quelques instants de sa cryogénisation pour qu’il raconte son histoire. Il était dans les années 1970 le plus gros pourvoyeur d’héroïne jusqu’à ce qu’une multinationale américaine arrive pour faire légaliser les drogues en France et mettre la main sur un marché juteux…
France société anonyme est le premier long métrage d’Alain Corneau qui avait alors trente ans. Il en a écrit le scénario avec Jean-Claude Carrière. Il s’agit d’un pamphlet politique qui apparaît aujourd’hui très marqué années 70. C’est une critique débridée du capitalisme et de l’impérialisme américain qui avance l’idée que le gouvernement français pourrait légaliser toutes les drogues afin d’abêtir la population et mieux la contrôler, tout ce complot étant ourdi par le capitalisme américain. L’idée est pour le moins originale et aurait pu être intéressante en pure politique fiction mais hélas le développement ne dépasse pas le niveau le plus simple. Filmé avec visiblement peu de moyens, dans deux ou trois décors (vides) style quartiers sordides, avec quelques scènes provocantes de nudité et un discours assez primaire. Rien n’est crédible, à commencer par le pauvre Michel Bouquet en grand trafiquant… puis en leader du « Front des Toxicomanes révolutionnaires » (mouvement qui refuse la légalisation et réclame la « défonce libre »). A sa sortie, certains critiques avaient louangé le film, surtout pour son propos anti-impérialiste. Alain Corneau a fait heureusement beaucoup mieux dès son deuxième film Police Python 357, deux ans plus tard.
Elle:
Lui : 1 étoile

Acteurs: Michel Bouquet, Allyn Ann McLerie, Roland Dubillard, Michel Vitold, Yves Afonso, Ann Zacharias, Daniel Ceccaldi
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Michel Bouquet dans France société anonyme de Alain Corneau.

8 septembre 2024

La Gueule de l’autre (1979) de Pierre Tchernia

La Gueule de l'autreLors de sa campagne électorale, un homme politique (Michel Serrault) prend peur à l’annonce d’un tueur évadé qui avait promis, dix ans auparavant, de se venger de ceux qui l’ont abandonné et laissé condamner. Son fidèle conseiller (Jean Poiret) engage un sosie, un acteur raté, pour prendre sa place…
La Gueule de l’autre est un film français écrit par Jean Poiret et réalisé par Pierre Tchernia. Il s’agit d’une comédie qui parodie les hommes politiques. La satire n’est jamais très mordante et le ton reste bon enfant. Il y a quelques scènes savoureuses : le débat politique télévisé, le meeting en play-back, le repas mondain. En dehors de ces scènes, qui auraient pu être des sketches, l’histoire traîne en longueurs et en lourdeurs, malgré la présence de bons seconds rôles (Bernadette Lafond, Michel Blanc) hélas sous-employés.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Jean Poiret, Michel Serrault, Curd Jürgens, Georges Géret, Roger Carel, Michel Blanc, Dominique Lavanant, Bernadette Lafont
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Roger Carel et Michel Serrault et Curd Jürgens dans La Gueule de l’autre de Pierre Tchernia.

27 juillet 2024

On l’appelait Milady (1974) de Richard Lester

Titre original : « The Four Musketeers »

On l'appelait Milady (The Four Musketeers)Après l’affaire des Ferrets de la reine, Milady de Winter est décidée à prendre sa revanche en faisant enlever Constance Bonacieux dont D’Artagnan est amoureux. Soutenue par le comte de Rochefort, qui part porter secours aux assiégés de La Rochelle, elle s’engage à participer à l’assassinat du duc de Buckingham…
On l’appelait Milady est un film américain réalisé par Richard Lester, suite directe du film Les Trois Mousquetaires du même réalisateur sorti l’année précédente. Les deux parties ont été tournées simultanément puisque l’idée de départ était de ne faire qu’un seul film. L’esprit reste donc le même : le ton est à la comédie et au burlesque. Le prestigieux casting est bien entendu aussi le même, avec une mise en valeur de Faye Dunaway dans le rôle de Milady, aussi charmante qu’impitoyable. Le fait que le tournage se soit déroulé en Espagne est plus visible car les scènes d’extérieur sont plus nombreuses et cela ne ressemble en rien à la France. Rien n’est très crédible mais l’ensemble est divertissant.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Oliver Reed, Faye Dunaway, Raquel Welch, Richard Chamberlain, Michael York, Frank Finlay, Christopher Lee, Geraldine Chaplin, Jean-Pierre Cassel, Roy Kinnear, Michael Gothard, Nicole Calfan, Simon Ward, Charlton Heston
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Faye Dunaway et Simon Ward dans On l’appelait Milady (The Four Musketeers) de Richard Lester.

Versions chroniquées sur ce blog :
1921: The Three Musketeers de Fred Niblo (USA, 119 mn) avec Douglas Fairbanks
1921: Les Trois Mousquetaires de Henri Diamant-Berger (France, 720 mn) avec Aimé Simon-Girard
1922: L’Étroit Mousquetaire de Max Linder (USA, 58 mn) avec Max Linder (parodie)
1948: The Three Musketeers de George Sidney (USA) avec Lana Turner et Gene Kelly
1961: Les Trois Mousquetaires de Bernard Borderie (France) avec Gérard Barray et Mylène Demongeot (2 films)
1973: Les Trois Mousquetaires de Richard Lester (USA) avec Michael York et Raquel Welch (3 films)
1993: Les Trois Mousquetaires de Stephen Herek (USA) avec Chris O’Donnell
2023: Les Trois Mousquetaires: D’Artagnan de Martin Bourboulon (France) avec François Civil (2 films)

26 juillet 2024

Les Trois Mousquetaires (1973) de Richard Lester

Titre original : The Three Musketeers

Les trois mousquetaires (The Three Musketeers)Arrivant à Paris de sa Gascogne natale, le jeune d’Artagnan parvient à entrer dans le fameux régiment des Mousquetaires du roi Louis XIII. Il se lie d’amitié avec trois d’entre eux : Athos, Porthos et Aramis et deviendront inséparables. Sa logeuse, Constance Bonacieux, dont il est tombé amoureux, est aussi la confidente de la reine Anne d’Autriche…
Les Trois Mousquetaires est un film américain réalisé par Richard Lester. C’est l’une des adaptations les plus connues du roman d’Alexandre Dumas père. L’accent a été mis sur l’humour et la comédie, voire la bouffonnerie, sans que le film ne soit une satire toutefois. Lester ne rechigne pas à certains anachronismes pour nous distraire. Les combats sont patauds et tournent invariablement à la farce. Le budget fut important et le casting impressionnant. L’ensemble manque de panache mais reste divertissant. Un temps prévue pour être intégrée dans un unique film de plus de trois heures, la suite, On l’appelait Milady, fut tournée dans la foulée (1).
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Oliver Reed, Raquel Welch, Richard Chamberlain, Michael York, Frank Finlay, Christopher Lee, Geraldine Chaplin, Jean-Pierre Cassel, Roy Kinnear, Georges Wilson, Simon Ward, Faye Dunaway, Charlton Heston, Joss Ackland, Nicole Calfan, Michael Gothard
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Michael York et Raquel Welch dans Les trois mousquetaires (The Three Musketeers) de Richard Lester.

Remarque :
• Le projet avait un temps (à la fin des années soixante) été pensé pour être un film avec les Beatles, que Richard Lester avait déjà dirigé dans deux films. Ce projet n’a pas abouti mais Richard Lester est resté.

(1) S’estimant lésés d’avoir été payés pour un film et non pour deux films, les acteurs et l’équipe de tournage attaquèrent la production en justice. Peu après, la Screen Actors Guild a inclus dans les contrats des acteurs la clause « Salkind » (nom du producteur de Superman / Superman 2 qui fut un cas similaire) qui stipule qu’une production ne peut être scindée en deux sans accord contractuel préalable.

Frank Finlay, Oliver Reed, Michael York et Richard Chamberlain.
Photo publicitaire pour Les Trois Mousquetaires (The Three Musketeers) de Richard Lester.

Principales adaptations au cinéma :
a) Versions de l’époque du muet :
1903: Les Mousquetaires de la reine (1903) de Georges Méliès (film perdu)
1909: I tre moschettieri de Mario Caserini (Italie, 16 mn)
1911: The Three Musketeers de J. Searle Dawley (USA, 2 x 10mn) (Edison)
1912: When Kings were the Law de D.W. Griffith (USA, 17 mn)
1912: Les Trois Mousquetaires de André Calmettes et Henri Pouctal (France, durée ?)
1914: The Three Musketeers de Charles V. Henkel (USA, 80 mn env.) avec Earl Talbot (film perdu?)
1916: The Three Musketeers de Charles Swickard (USA, 63 mn) avec Orrin Johnson
1921: The Three Musketeers de Fred Niblo (USA, 119 mn) avec Douglas Fairbanks
1921: Les Trois Mousquetaires de Henri Diamant-Berger (France, 720 mn) avec Aimé Simon-Girard
1922: L’Étroit Mousquetaire de Max Linder (USA, 58 mn) avec Max Linder (parodie)

b) Versions du parlant :
1932: Les Trois Mousquetaires de Henri Diamant-Berger (France, 246 mn) avec Aimé Simon-Girard
1935: The Three Musketeers de Rowland V. Lee (USA) avec Walter Abel
1939: The Three Musketeers de Allan Dwan (USA) avec Don Ameche (comédie)
1942: Los Tres Mosqueteros de Miguel M. Delgado (Mexique) (parodie)
1948: The Three Musketeers de George Sidney (USA) avec Lana Turner et Gene Kelly
1953: Les Trois Mousquetaires de André Hunebelle (France) avec Georges Marchal et Bourvil
1954: I Cavalieri della regina de Mauro Bolognini (Italie)
1957: Les Trois Mousquetaires et demi de Gilberto Martínez Solares (Mexique)(parodie)
1961: Les Trois Mousquetaires de Bernard Borderie (France en 2 parties) avec Gérard Barray et Mylène Demongeot
1973: The Three Musketeers de Richard Lester (USA) avec Michael York et Raquel Welch
1974: The Four Musketeers de Richard Lester (USA) avec Michael York et Raquel Welch
1974: Les Quatre Charlots mousquetaires de André Hunebelle (France) (parodie)
1993: The Three Musketeers de Stephen Herek (USA) avec Charlie Sheen et Chris O’Donnell
2001: The Musketeer de Peter Hyams (UK) avec Justin Chambers et Catherine Deneuve
2005: Les Trois Mousquetaires de Pierre Aknine (France) avec Vincent Elbaz et Emmanuelle Béart
2011: The Three Musketeers de Paul W.S. Anderson (USA) avec Logan Lerman, Juno Temple, Orlando Bloom et Milla Jovovich
2023: Les Trois Mousquetaires: D’Artagnan de Martin Bourboulon avec François Civil
et d’innombrables versions TV…
… et beaucoup d’autres films d’un univers proche (suites, filiations, etc.)

Versions chroniquées sur ce blog :
1921: The Three Musketeers de Fred Niblo (USA, 119 mn) avec Douglas Fairbanks
1921: Les Trois Mousquetaires de Henri Diamant-Berger (France, 720 mn) avec Aimé Simon-Girard
1922: L’Étroit Mousquetaire de Max Linder (USA, 58 mn) avec Max Linder (parodie)
1948: The Three Musketeers de George Sidney (USA) avec Lana Turner et Gene Kelly
1961: Les Trois Mousquetaires de Bernard Borderie (France) avec Gérard Barray et Mylène Demongeot (2 films)
1973: Les Trois Mousquetaires de Richard Lester (USA) avec Michael York et Raquel Welch (3 films)
1993: Les Trois Mousquetaires de Stephen Herek (USA) avec Chris O’Donnell
2023: Les Trois Mousquetaires: D’Artagnan de Martin Bourboulon (France) avec François Civil (2 films)

19 juin 2024

L’Homme de marbre (1977) de Andrzej Wajda

Titre original : « Czlowiek z marmuru »

L'homme de marbre (Czlowiek z marmuru)Le film retrace l’ascension puis la disgrâce d’un maçon stakhanoviste des années cinquante, Mateusz Birkut, à travers l’enquête d’une jeune réalisatrice de la télévision, Agnieszka, qui souhaite connaître la vérité sur cet ancien héros. Contre l’avis de ses directeurs d’étude, elle persiste à rechercher les traces de Mateusz Birkut…
L’Homme de marbre est un film polonais réalisé par Andrzej Wajda. On se demande encore aujourd’hui comment le réalisateur a pu réaliser un tel film qui s’attaque à la fois au « réalisme socialiste » et à la corruption politique. Wajda donne l’impression de préfigurer le relâchement de la mainmise soviétique qui sera visible trois ans tard avec Solidarnosc. Il faut toutefois préciser que son projet croupissait depuis 1965 dans les tiroirs et qu’il lui a fallu attendre dix ans l’autorisation de le tourner. La construction narrative rappelle celle de Citizen Kane. Avec l’inexpérimentée Krystyna Janda, il crée un personnage fort de jeune femme désinhibée, décidée à prendre son destin en main, utilisant sa silhouette longiligne pour en accroitre l’impact. L’esthétisme des films précédents de Wajda laisse toutefois place à un style direct. Si l’ensemble est assez touffu, Wajda apporte ici un précieux témoignage de l’intérieur, d’une indéniable puissance.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Jerzy Radziwilowicz, Krystyna Janda
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Jerzy Radziwilowicz dans L’homme de marbre (Czlowiek z marmuru) de Andrzej Wajda.
Krystyna Janda dans L’homme de marbre (Czlowiek z marmuru) de Andrzej Wajda.
Krystyna Janda et Andrzej Wajda sur le tournage de
L’homme de marbre (Czlowiek z marmuru) de Andrzej Wajda.

17 juin 2024

La Terre de la grande promesse (1975) de Andrzej Wajda

Titre original : Ziemia obiecana

La Terre de la grande promesse (Ziemia obiecana)Dans le dernier quart du XIXe siècle, un Polonais fils de propriétaire terrien, un allemand fils d’industriel et un juif débrouillard décident de faire fortune en profitant de l’industrialisation débridée de la ville de Lodz. Ils décident de construire leur propre entreprise et cherchent à financer leur projet…
La Terre de la grande promesse (Ziemia obiecana, littéralement « Terre promise ») est un film polonais écrit et réalisé par Andrzej Wajda, adapté du roman paru en 1899 de Wladyslaw Reymont (prix Nobel de littérature en 1924). Pour Wajda, il s’agit à la fois de continuer à se pencher sur les origines de la Pologne moderne et de composer une grande fresque sociale sur le développement du capitalisme sauvage de la fin du XIXe siècle. S’il n’évite pas la caricature (Wajda est d’ailleurs homme à la revendiquer), il en dresse un tableau saisissant. Ses trois personnages principaux représentent bien les trois composantes majeures (Polonais, Allemands et juifs) de la ville alors la plus industrialisée du pays, paradis de l’arrivisme, où l’argent règne sur tout, où l’absence d’humanisme fait froid dans le dos. Il s’agit d’une fresque ambitieuse de près de trois heures, dotée de grands moyens. La réalisation est superbe, elle enchante vraiment. Wajda enchaine les scènes avec frénésie, les mouvements de caméra sont magistraux, les travelings peuvent être vertigineux. Les décors frappent l’esprit. Le naturalisme des usines contraste avec l’opulence des palais. Certaines scènes montrent une outrance fellinienne et Wajda utilise (parfois) les focales courtes pour déformer les visages. Le résultat est d’une puissance rare. La Terre de la grande promesse est l’un des meilleurs films d’Andrzej Wajda et du cinéma polonais.
Elle:
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Daniel Olbrychski, Wojciech Pszoniak, Andrzej Seweryn, Anna Nehrebecka, Franciszek Pieczka, Danuta Wodynska
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Daniel Olbrychski dans La Terre de la grande promesse (Ziemia obiecana) de Andrzej Wajda.
La Terre de la grande promesse (Ziemia obiecana) de Andrzej Wajda.
Andrzej Seweryn, Daniel Olbrychski et Wojciech Pszoniak dans La Terre de la grande promesse (Ziemia obiecana) de Andrzej Wajda.
La Terre de la grande promesse (Ziemia obiecana) de Andrzej Wajda.

Remarque :
Le film est visible sur le site de la Cinémathèque polonaise (sous-titres anglais ou polonais, pas de français)

24 mai 2024

Un meurtre est un meurtre (1972) de Etienne Périer

Un meurtre est un meurtreUne jeune femme paralysée depuis un accident d’auto, Marie Kastner, meurt écrasée par sa propre voiture. Son mari, Paul Kastner, hérite de sa fortune à de surprenantes conditions. De plus, un homme lui fait un étrange chantage…
Un meurtre est un meurtre est un film français réalisé par le belge Étienne Périer. Il est basé sur le roman du même nom de Dominique Fabre qui en a co-écrit l’adaptation avec le réalisateur. Il s’agit d’un suspense qui ressemble à du Claude Chabrol (qui joue d’ailleurs un petit rôle, assez burlesque) et la présence de Stéphane Audran renforce cette impression. Hélas, le film n’en a pas les mêmes qualités. L’histoire est pourtant bien agencée mais la réalisation reste terne. Malgré une distribution prestigieuse, il manque l’étincelle qui donnerait une personnalité au film. Cela se regarde toutefois sans déplaisir mais reste anodin.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Jean-Claude Brialy, Stéphane Audran, Robert Hossein, Michel Serrault, Catherine Spaak
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Remarque :
Le réalisateur belge Etienne Périer a principalement tourné des films policiers dont de nombreux téléfilms. Dans Un si petit village (1978) il a reconstitué la célèbre affaire de Brouay-en-Artois.

Stéphane Audran et Jean-Claude Brialy dans Un meurtre est un meurtre de Etienne Périer.

5 mai 2024

Le Retour d’Afrique (1973) de Alain Tanner

Le Retour d'AfriqueVincent et Françoise sont mariés depuis deux ans. Insatisfaits de la routine de leur vie à Genève, ils décident de s’expatrier en Afrique pour donner un sens à leur vie. Ils contactent un ami en poste à Alger qui facilitera leur insertion mais, la veille du départ, un télégramme d’Algérie leur demande de surseoir au départ et d’attendre une lettre explicative. Ils s’enferment dans leur appartement vide…
Le Retour d’Afrique est un film suisse écrit et réalisé par Alain Tanner. Dans sa filmographie, il vient après La Salamandre qui avait reçu un accueil dithyrambique. En introduction, le cinéaste définit son film comme une ode à la parole et aux mots, « ceux qu’on dit aux autres, ceux qu’on dit en silence ». Sur le fond, il retourne l’argumentaire tiers-mondiste des années 70, le couple étant empêché de partir. S’enfermant dans leur appartement vidé de tout, ils s’isolent du reste du monde et découvrent, petit à petit, les véritables motifs de leur envie de départ. Le propos fustige le mode de vie bourgeois et sa routine aliénante. Le dénouement peut surprendre mais il s’inscrit dans l’idée de Tanner qu’il est impossible de se libérer de ce mode de vie bourgeois. (1) Même s’ils n’ont pas toujours la profondeur attendue, du moins en apparence, les dialogues sont bien écrits. L’ensemble est inégal, avec des moments plus faibles, mais reste suffisamment intéressant et suscite une réflexion. L’accueil critique fut cette fois plus mitigé, beaucoup n’y voyant qu’un pamphlet politique mais le film connut un certain succès en salles.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Josée Destoop, François Marthouret, Juliet Berto, Anne Wiazemsky
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(1) Le cinéaste précise : « La première partie du film, le couple enfermé dans la chambre attendant de partir, c’est moi il y a vingt ans, et la seconde partie, qui décrit l’installation dans la vie quotidienne neuf mois après, c’est en fait moi aujourd’hui, c’est-à-dire que ces neuf mois de durée cinématographique correspondent à vingt années de ma propre évolution dans la vie. » Enfin, Tanner poursuit en développant ce qu’il appelle les « techniques de distanciation ». « J’ai horreur de raconter une histoire au premier degré, de laisser le spectateur être trompé par l’apparence de réalité et donc se couper de toute possibilité de réflexion … » C’est pour cette raison que Tanner conçoit notamment son film, dès le stade du scénario, comme une soixantaine de courts métrages, chaque scène ayant un début et une fin, le tout formant, plutôt qu’un récit lié, un ensemble fragmenté en petits épisodes.
Sources : Marthe Porret – « Histoire du cinéma suisse de 1962 à 2000 » sous la direction d’Hervé Dumont et de Maria Tortajada – Editions Cinémathèque suisse et Gilles Attinger – 2007


Lire aussi : la présentation du film sur le site d’Alain Tanner

François Marthouret et Josée Destoop dans Le Retour d’Afrique de Alain Tanner.

2 mars 2024

La Femme de Jean (1974) de Yannick Bellon

La Femme de JeanAprès dix-huit années de vie commune, Jean vient d’annoncer à Nadine qu’il la quitte. D’avord dévastée par le chagrin, reprend courage, aidée par son fils de 17 ans…
La Femme de Jean est un film français écrit et réalisé par Yannick Bellon, son second long métrage. Il s’inscrit dans une époque où le féminisme s’affirmait de plus en plus, parfois avec une hostilité marquée envers les hommes. Rien de tel ici. Yannick Bellon (qui, rappelons-le, est une femme, son vrai prénom est Marie-Annick) se concentre sur un personnage de femme qui va se reconstruire, commencer à exister par elle-même au lieu d’être « la femme de… ». Elle reprend confiance en elle. C’est donc d’une renaissance dont il est question. Le sujet peut sembler rebattu à nos yeux actuels mais il ne l’était pas à l’époque à sa sortie. Le seul petit reproche que l’on pourrait faire est que tout se déroule de façon idéale, notamment le fils (joué par le jeune Hippolyte Girardot qui fait ses débuts à l’écran) est parfait, il l’encourage quand elle est trop timorée. Mais l’idée est de montrer la voie, un bel exemple du cinéma « comment vivre ? ». L’approche de Yannick Bellon est délicate, porteuse d’idées positives qui poussent à évoluer. La réalisatrice aborde aussi le thème du temps (1), le temps qui passe et qui détruit mais qui permet aussi de reconstruire (car il détruit aussi le négatif). Belle interprétation de France Lambiotte, actrice non professionnelle.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: France Lambiotte, Hippolyte Girardot, James Mitchell, Claude Rich
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Remarque :
• France Lambiotte tournera trois autres films dans les années 70, dont un second rôle dans Les Routes du sud (1978) de Joseph Losey.

(1) Yannick Bellon explorera ce thème du temps sous un angle différent dans son film suivant « Jamais plus toujours » (1976).

Hippolyte Girardot, France Lambiotte et Claude Rich dans La Femme de Jean de Yannick Bellon.