21 septembre 2024

L’Auberge fantôme (1944) de Basil Dearden

Titre original : « The Halfway House »

L'auberge fantôme (The Halfway House)Différents personnages se retrouvent dans un petit hôtel dans une partie isolée du Pays de Galles. Ils sont accueillis par le propriétaire, qui semble se présenter devant eux comme venant de nulle part, et par sa fille. Étonnamment, ils semblaient s’attendre à leur arrivée…
The Halfway House est un film britannique réalisé par Basil Dearden et produit par les studios Ealing. Le scénario est inspiré d’une pièce londonienne de Dennis Ogden créée en 1940. Le premier tiers du film nous présente chacun des personnages ; ils sont tous à un moment très délicat de leur vie, confrontés à un dilemme ou à une crise. Le récit est une fable, assez optimiste qu’il faut replacer dans son contexte historique. Le film a en effet été réalisé alors que l’issue de la guerre était espérée mais pas encore visible (le film est sorti en Angleterre le 5 juin 1944 !) Si le propos a indéniablement un caractère de propagande, c’est de façon assez raffinée et délicate. Seule la fin paraît plus « grossière », moins subtile. Le côté fantastique est tout autant discrètement intégré (ce n’est en aucun cas un film d’horreur). Pour son cinquième long métrage, le jeune Basil Dearden montre une bonne maitrise de la mise en scène. On notera la présence inattendue de Françoise Rosay. Le film est plaisant et de belle facture.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Mervyn Johns, Glynis Johns, Tom Walls, Françoise Rosay, Esmond Knight, Guy Middleton, Alfred Drayton, Valerie White
Voir la fiche du film et la filmographie de Basil Dearden sur le site IMDB.

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Remarque :
• Le brésilien Alberto Cavalcanti est aujourd’hui cité parfois comme coréalisateur (je n’ai trouvé aucune explication). Officiellement, il était producteur associé.
• Je me demande pourquoi l’histoire est très souvent décrite (y compris par des critiques) ainsi : « Pour s’abriter d’un orage, un groupe de personnes trouve refuge dans une vieille auberge… » Il n’y a pas d’orage à l’horizon, il fait même très beau et les voyageurs viennent de leur plein gré ! Avant de le voir, ce type de résumé me faisait penser au film de James Whale The Old Dark House … En réalité, les deux films n’ont rien en commun. En fait, The Halfway House serait plus proche du It’s a wonderful life de Frank Capra (1946).

Françoise Rosay et Tom Walls arrivant à L’auberge fantôme (The Halfway House) de Basil Dearden.
Alfred Drayton, Guy Middleton, Francoise Rosay, Richard Bird et Valerie White
dans L’auberge fantôme (The Halfway House) de Basil Dearden.

15 juin 2024

Adieu chérie (1946) de Raymond Bernard

Adieu chériePour éviter un mariage arrangé avec une riche héritière, le jeune bourgeois Bruno Brétillac propose à Chérie, une entraîneuse qu’il rencontre dans un salon de jeux, un stratagème : l’épouser contre rémunération et, plus tard, divorcer…
Adieu chérie est un film français réalisé par Raymond Bernard, sur une histoire créée et adaptée par Jacques Companéez et Alex Joffé. C’est le premier film que Danielle Darrieux a tourné à la Libération mais il reste dans l’esprit de ses films d’avant-guerre. Si l’actrice désirait alors passer à des rôles plus profonds que ces rôles simples de séduction, elle le tient néanmoins une fois de plus avec brillance. Le film n’est pas très bien considéré par les historiens et critiques (quand ils en parlent). Il est certes très léger mais il repose sur un bon scénario, des dialogues assez brillants et une bonne distribution jusque dans les seconds rôles. Il y a de belles trouvailles d’humour et même des scènes assez mémorables. La comédie se mue en drame vers son épilogue qui peut surprendre (il était alors important que la morale soit respectée). Une bien plaisante comédie qui connut un beau succès à sa sortie mais, aujourd’hui, complètement oubliée.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Danielle Darrieux, Louis Salou, Gabrielle Dorziat, Pierre Larquey, Jacques Berthier, Alice Tissot
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Danielle Darrieux et Louis Salou dans Adieu chérie de Raymond Bernard.
Jean-Jacques Delbo et Danielle Darrieux dans Adieu chérie de Raymond Bernard.
A noter : une courte apparition non créditée de Charles Aznavour
chantant en duo avec Pierre Roche dans Adieu chérie de Raymond Bernard.

5 septembre 2023

Jenny, femme marquée (1949) de Douglas Sirk

Titre original : « Shockproof »

Jenny, femme marquée (Shockproof)Jenny est en liberté conditionnelle après cinq ans de prison pour meurtre. Le juge des libertés lui trouve un travail et un logement. Mais son ancien amant vient la voir, celui pour lequel elle avait commis le meurtre. Le juge des libertés lui rappelle alors qu’elle ne doit plus le voir et va s’arranger pour qu’il en soit ainsi…
Jenny, femme marquée (Shockproof) est un film américain réalisé par Douglas Sirk. Il s’agit d’un film noir, fortement teinté de mélodrame, avec une note de drame social. Le thème est celui du pardon, de la deuxième chance. Le scénario a été écrit par Samuel Fuller (qui réalisera son premier long métrage la même année) avec l’intervention d’Helen Deutsch qui modifia la fin à la demande de la Columbia. Cette fin, très artificielle, vient gâcher tout l’édifice. Pour le reste, le film montre une belle construction mais n’offre aucune surprise, le mélodrame est assez appuyé et conventionnel.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Cornel Wilde, Patricia Knight, John Baragrey, Esther Minciotti
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Remarques :
• A noter que les acteurs principaux, Cornel Wilde et Patricia Knight, étaient mariés à l’époque du tournage. Ils ont divorcé en 1951.
• Pour une fois, le titre français est plus approprié, le titre original a certainement été choisi pour des raisons commerciales car il semble n’avoir que peu de rapports avec le contenu du film.

Jenny, femme marquée (Shockproof)Patricia Knight et Cornel Wilde dans Jenny, femme marquée (Shockproof) de Douglas Sirk.

8 avril 2023

Parade de printemps (1948) de Charles Walters

Titre original : « Easter Parade »

Parade de printemps (Easter Parade)New York, 1912. Don Hewes, danseur célèbre, est brutalement abandonné par sa partenaire. Il choisit alors une jeune fille au hasard, en lui promettant qu’elle deviendra une vedette…
Production du grand Arthur Freed (1), Parade de printemps est une comédie musicale américaine réalisée par Charles Walters. Ce devait être au départ un film dans le sillage de The Pirate (1948), c’est-à-dire réunissant Gene Kelly et Judy Garland sous la direction de Vincente Minnelli. Judy Garland était alors psychologiquement très fragile et Arthur Freed demanda à son mari Minnelli de renoncer au projet sur le conseil des psychiatres. De plus, Gene Kelly se foula la cheville au début des répétitions et c’est Fred Astaire, qui venait d’annoncer qu’il se retirait de la scène, qui fut appelé pour le remplacer (2). Si Parade de printemps fait partie des plus grandes comédies musicales, on le doit à ce merveilleux duo et à la musique d’Irving Berling. C’est une suite de numéros musicaux avec (c’est presque un record) dix-sept chansons dont huit nouvelles, toutes écrites par Irving Berlin. Le numéro A Couple of Swells fait partie des plus beaux bijoux de toute l’histoire de la comédie musicale, une petite merveille d’humour où tout semble parfait. Drum Crazy, avec Fred Astaire seul, est également mémorable. Le technicolor est assez criard. La réalisation de Charles Walters est un peu fade et on peut rêver en imaginant ce que Parade de printemps aurait pu être sous la direction de Minnelli. Enorme succès à sa sortie. Et Fred Astaire repartira pour dix ans de plus…
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Judy Garland, Fred Astaire, Peter Lawford, Ann Miller, Jules Munshin
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(1) Sous contrat avec la MGM, Arthur Freed a produit bon nombre des comédies musicales qui ont marqué le genre : Chantons sous la pluie, Un Américain à Paris, Tous en scène, Parade de printemps, Brigadoon, Un jour à New York, Gigi,  etc.
(2) Le second rôle féminin devait être tenu par Cyd Charisse mais, elle aussi, se blessa et fut remplacée par Ann Miller.

Parade de printemps (Easter Parade)Judy Garland et Fred Astaire dans Parade de printemps (Easter Parade) de Charles Walters.

Parade de printemps (Easter Parade)Fred Astaire et Judy Garland dans A Couple of Swells
numéro de  Parade de printemps (Easter Parade) de Charles Walters.
Paroles

Numéros musicaux :
* Happy Easter
* Drum Crazy : Fred Astaire
* It Only Happens When I Dance With You
* I Want to Go Back to Michigan : Judy Garland
* A Fella with an Umbrella : Judy Garland, Peter lawford
* Montage de Spectacle de variétés : I Love A Piano / Snookey Ookums / The Ragtime Violin / When the Midnight Choo-Choo Leaves for Alabama : Judy Garland, Fred Astaire
* Shakin’ the Blues Away : Ann Miller
* Steppin’ Out with My Baby : Fred Astaire
* A Couple of Swells : Judy Garland, Fred Astaire
* The Girl on the Magazine Cover
* Better Luck Next Time : Judy Garland
* Easter Parade : Judy Garland, Fred Astaire.

Parade de printemps (Easter Parade)Irving Berling (au piano) avec Fred Astaire, Ann Miller et Peter Lawford sur le tournage de Parade de printemps (Easter Parade) de Charles Walters.

3 mars 2023

La Femme déshonorée (1947) de Robert Stevenson

Titre original : « Dishonored Lady »

La Femme déshonorée (Dishonored Lady)Tentant de se suicider, une femme s’écrase avec sa voiture près de la maison d’un psychiatre qui la découvre inconsciente et la soigne. Elle est la rédactrice en chef d’un magazine de mode de Manhattan, une femme libre et émancipée qui attire les hommes mais ne trouve aucune satisfaction dans sa vie actuelle…
La Femme déshonorée (Dishonored Lady) est un film américain réalisé par Robert Stevenson. Le scénario est signé Edmund H. North (avec l’aide de André de Toth et Ben Hecht, tous deux non crédités) d’après une pièce de Edward Sheldon et Margaret Ayer Barnes. L’histoire est très librement basée sur la vie de Madeleine Smith (1) qui sera au centre du film Madeleine (1950) de David Lean. C’est un film assez peu connu. Il ne brille guère par son scénario qui est épouvantablement moraliste et sans grande inventivité. Le titre donne une idée du niveau général et, pour une fois, on ne peut accuser la traduction française (j’ai d’ailleurs du mal à voir en quoi cette femme est « déshonorée »). On pourrait donc se passer de regarder ce film s’il n’y avait Hedy Lamarr, « la plus belle femme du cinéma », qui est toujours aussi fascinante (2). On ne pourra, hélas, en dire autant des autres acteurs…
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Hedy Lamarr, Dennis O’Keefe, John Loder, William Lundigan, Morris Carnovsky
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Remarque :
* Robert Stevenson est surtout connu pour avoir réalisé Jane Eyre (1943) avec Orson Welles, Joan Fontaine et Elizabeth Taylor… et de nombreux films pour les studios de Walt Disney dans les années 60 et 70.

(1) Madeleine Smith est une jeune femme de Glasgow issue d’un milieu aisé, obligée de comparaître devant la justice en 1857 pour le meurtre de son amant, Emile L’Angelier. Le procès fit grand bruit dans les journaux de l’époque ; il fut même qualifié par certains de « procès du siècle ».
(2) Outre sa carrière au cinéma, Hedy Lamarr a marqué l’histoire scientifique des télécommunications en inventant en 1940 avec le compositeur George Antheil, pianiste et inventeur comme elle, un moyen de coder des transmissions (étalement de spectre par saut de fréquence). L’idée était tellement novatrice que ce principe fondamental ne commença à être utilisé que vingt ans plus tard. On le retrouve aujourd’hui, notamment dans le positionnement par satellite (GPS, etc.), les liaisons chiffrées militaires ou dans certaines techniques Wi-Fi.
Hedy Lamarr a produit de nombreuses autres inventions tout au long de sa vie. En 2014, elle fut admise à titre posthume au National Inventors Hall of Fame.

La Femme déshonorée (Dishonored Lady)Hedy Lamarr dans La Femme déshonorée (Dishonored Lady) de Robert Stevenson.

La Femme déshonorée (Dishonored Lady)Dennis O’Keefe et Hedy Lamarr dans La Femme déshonorée (Dishonored Lady) de Robert Stevenson.

La Femme déshonorée (Dishonored Lady)Dennis O’Keefe, Hedy Lamarr et Nicholas Joy dans La Femme déshonorée (Dishonored Lady) de Robert Stevenson.

15 février 2023

Totò cherche un appartement (1949) de Mario Monicelli et Steno

Titre original : « Totò cerca casa »

Totò cherche un appartement (Totò cerca casa)En Italie, après la guerre, le problème de chaque citoyen est de trouver un toit. Beniamino Lomacchio (Totò) est l’une des nombreuses personnes sans domicile et, avec sa famille, il vit dans une salle de classe d’une école encore fermée, mais les cours reprennent en septembre…
Totò cherche un appartement est une comédie italienne réalisée par Mario Monicelli et Steno (Stefano Vanzina). Il s’agit de leur deuxième long métrage, ces deux réalisateurs ont ainsi co-signés huit films entre 1949 et 1953. Le scénario est l’œuvre de Age et Scarpelli mais il est loin d’être au niveau habituel de ce grand tandem de scénaristes. Tout le récit tourne autour du comique Totò et il faut bien avouer que les gags paraissent bien poussifs aujourd’hui. Totò en fait beaucoup. Il excelle dans la gestuelle : il faut le voir imiter une poule ou prendre les postures d’un enfant timide ou encore d’une femme… Néanmoins, c’est loin d’être son meilleur film. Non, le plus remarquable ici est de voir comment les thématiques du néoréalisme sont réutilisées pour créer un moteur comique : le manque de logement était bel et bien un grave problème dans l’Italie de l’Après-guerre.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Totò, Alda Mangini, Lia Amanda, Folco Lulli, Marisa Merlini
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Totò cherche un appartement (Totò cerca casa)Alda Mangini, Totò et Lia Amanda
dans Totò cherche un appartement (Totò cerca casa) de Mario Monicelli & Steno.

3 janvier 2023

La Scandaleuse de Berlin (1948) de Billy Wilder

Titre original : « A Foreign Affair »

La Scandaleuse de Berlin (A Foreign Affair)Berlin, 1948. Phoebe Frost (Jean Arthur), membre d’une délégation du Congrès américain, enquête sur le moral des soldats qui occupent la ville. Très vite, elle découvre qu’ils prennent du bon temps et que l’un d’eux a une liaison avec une femme soupçonnée d’être une ancienne nazie…
La Scandaleuse de Berlin est un film américain réalisé par Billy Wilder. Il en a cosigné le scénario avec son compère Charles Brackett et Richard L. Breen (aucun lien avec le sinistre Joseph Breen) d’après une histoire de David Shaw. C’est alors qu’il était en Europe au lendemain de la guerre pour rechercher sa famille (1) et tourner pour le gouvernement américain un court métrage sur les camps de la mort (Death Mills, 1945) qu’il eut l’idée de départ de La Scandaleuse de Berlin. Les conséquences de la guerre et de la dénazification n’est pas un sujet qui prête à la légèreté et pourtant Billy Wilder réussit à en faire une comédie tout en restant ancré dans la réalité, ce qui est remarquable. L’équilibre est parfait. Les vues extérieures ont été tournées sur place dans un Berlin en ruines, tout le reste étant fait en studio à Hollywood. Le cinéaste introduit très habilement une critique du puritanisme alors en grande vogue aux Etats-Unis. Si le scénario est vraiment brillant, l’interprétation n’est qu’adéquate. Farouche opposante au nazisme (2), Marlene Dietrich n’a accepté qu’à contre-cœur d’interpréter une ancienne nazie et elle ne montre aucune ardeur. Face à elle, John Lund est bien terne. Le tournage fut tendu du fait de rivalités entre Marlene Dietrich et Jean Arthur. Mais cela n’oblitère en rien la réussite de l’ensemble. Plutôt ignoré par la critique à sa sortie, parfois même accusé d’anti-américanisme aux Etats-Unis, le film dut attendre les années 1980 pour être reconsidéré.
Elle: 4 étoiles
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Jean Arthur, Marlene Dietrich, John Lund, Millard Mitchell
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La Scandaleuse de Berlin (A Foreign Affair)Marlene Dietrich, John Lund et Jean Arthur dans La Scandaleuse de Berlin (A Foreign Affair) de Billy Wilder.

La Scandaleuse de Berlin (A Foreign Affair)Billy Wilder et Marlene Dietrich sur le tournage de La Scandaleuse de Berlin (A Foreign Affair) de Billy Wilder.

Remarque :
* Par certains côtés, le scénario évoque celui de Ninotchka de Lubitsch (1939), également scénarisé par Billy Wilder et Charles Brackett, le personnage tenu par Jean Arthur étant à rapprocher à celui tenu par Greta Garbo (une femme très rigide dans ses convictions qui s’éveille à l’amour).

(1) La famille de Billy Wilder a disparu dans les camps.
(2) Pendant la guerre, Marlene Dietrich a fait partie des acteurs/actrices  les plus actifs dans les tournées USO pour remonter le moral des troupes américaines.

21 décembre 2022

La Déesse agenouillée (1947) de Roberto Gavaldón

Titre original : « La diosa arrodillada »

La Déesse agenouillée (La diosa arrodillada)Pour célébrer son anniversaire de mariage, Antonio, un riche aristocrate, organise une fête au cours de laquelle il offre à son épouse Elena la statue d’une femme nue agenouillée dont le modèle se trouve être sa maîtresse…
La Déesse agenouillée est un film mexicain réalisé par Roberto Gavaldón. Cet ancien acteur, qui a fait ses armes à Hollywood comme assistant de Jack Conway, est l’un des principaux cinéastes du cinéma mexicain. Sa filmographie est qualifiée d’inégale et il reste méconnu en dehors de son pays. Il est ici plutôt au début de sa carrière de réalisateur et le film surprend surtout par sa liberté de ton, à une époque dominée par le puritanisme. Son personnage central est en effet un homme tiraillé entre la raison et le désir. María Félix est d’une grande sensualité, elle évoque les grandes icônes comme Rita Hayworth et surtout Ava Gardner. Dans les commentaires actuels sur ce film, Roberto Gavaldón est souvent rapproché de Luis Buñuel : s’il y a effectivement des points communs, le thème du désir irrépressible notamment, il y a toutefois une grande différence sur le plan de l’histoire qui est ici très simple, évoquant même un roman-photo. La Déesse agenouillée n’en est pas moins un film à découvrir. Il eut un très grand succès au Mexique à sa sortie.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: María Félix, Arturo de Córdova, Rosario Granados, Fortunio Bonanova
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La Déesse agenouillée (La diosa arrodillada)Arturo de Córdova dans La Déesse agenouillée (La diosa arrodillada) de Roberto Gavaldón.

La Déesse agenouillée (La diosa arrodillada)María Félix, Rosario Granados, Arturo de Córdova et Rafael Alcayde
dans La Déesse agenouillée (La diosa arrodillada) de Roberto Gavaldón.

10 août 2022

Douce (1943) de Claude Autant-Lara

DouceÀ la fin du XIXe siècle, Irène, la gouvernante de la jeune Douce de Bonafé, a pour amant le régisseur Fabien, dont Douce est amoureuse. Fabien voudrait emmener Irène au Canada, mais celle-ci est tentée par l’idée d’épouser le maître de la maison, veuf, le père de Douce…
Douce est un film français réalisé par Claude Autant-Lara. Cosigné par Pierre Bost et Jean Aurenche, le scénario est librement adapté du roman homonyme de l’écrivaine Michel Davet, publié en 1940. Ils en ont fait une critique sociale particulièrement mordante. Certains historiens parlent d’illustration de la lutte des classes mais il paraît difficile d’adhérer à cette vision car personne n’est épargné, de la haute bourgeoisie jusqu’aux domestiques. La richesse du scénario donne à l’ensemble une réelle force et les dialogues souvent vachards sont brillants et même cocasses : une scène est restée célèbre, celle de la « visite aux pauvres » (cette scène fut coupée par la censure de Vichy). Les décors de Jacques Krauss et la photographie de Philippe Agostini contribuent à créer une atmosphère confinée qui évoque la noirceur des âmes. L’interprétation est irréprochable. Tout semble parfait sauf la fin, qui paraît bien plus faible.
Elle:
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Odette Joyeux, Madeleine Robinson, Marguerite Moreno, Jean Debucourt, Roger Pigaut, Gabrielle Fontan
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DouceJean Debucourt, Roger Pigaut et Madeleine Robinson et Marguerite Moreno dans Douce de Claude Autant-Lara.

DouceOdette Joyeux dans Douce de Claude Autant-Lara.
DouceMadeleine Robinson et Marguerite Moreno dans Douce de Claude Autant-Lara.

23 juillet 2022

Au diable la misère (1945) de Gennaro Righelli

Titre original : « Abbasso la miseria! »

Au diable la misère (Abbasso la miseria!)A Rome, au lendemain de la Guerre, Nannina rêve de bien-être matériel. Elle reproche à son mari Giovanni, chauffeur de camion, de ne pas avoir le flair et la débrouillardise de son ami et voisin qui a su s’enrichir grâce au marché noir. Lors d’un déplacement à Naples, Giovanni prend sous son aile Nello, un enfant orphelin de mère et abandonné…
Gennaro Righelli fait partie de ces réalisateurs italiens oubliés. Il n’a pas laissé de grandes traces mais on le cite parfois pour avoir codifié les règles du drame mondain à l’époque du muet ou encore pour avoir tourné le premier film parlant italien en 1930. En fin de carrière, il a réalisé un diptyque qui s’inscrit dans la veine néoréaliste naissante : Au diable la misère (1945) et Au diable la richesse (1946), tous deux avec Anna Magnani. Dans ce premier film, il fustige l’esprit de « débrouillardise » qui pousse au marché noir et à l’escroquerie. Loin de toute caricature, le portrait des deux couples est mesuré, très réaliste. L’humour est bien présent, l’équilibre entre comédie et réalisme est parfait. Le jeu des acteurs (y compris Anna Magnani) est sans excès. Le film dresse également un portrait de l’Italie de 1945, certaines scènes sont tournées dans les rues de Rome et de Naples et montrent l’ampleur des destructions. Au diable la misère est un film qui mériterait d’être plus connu.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Anna Magnani, Nino Besozzi, Virgilio Riento, Marisa Vernati, Vito Annichiarico
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Au diable la misère (Abbasso la miseria!)Anna Magnani et Vito Annichiarico dans Au diable la misère (Abbasso la miseria!) de Gennaro Righelli.
Au diable la misère (Abbasso la miseria!)Nino Besozzi, Vito Annichiarico et Virgilio Riento dans Au diable la misère (Abbasso la miseria!) de Gennaro Righelli.