23 octobre 2021

Viva l’Italia (1961) de Roberto Rossellini

Vive l'Italie (Viva l'Italia)1860. L’Italie est composée de huit petits Etats. A la tête de mille volontaires, le général Giuseppe Garibaldi du Royaume de Piémont-Sardaigne débarque en Sicile pour soutenir les mouvements d’insurrection de l’île gouvernée par les Bourbons. Son but : unifier l’Italie…
Viva l’Italia est un film italien réalisé par Roberto Rossellini pour le célébrer le centenaire de l’unification italienne (le Risorgimento). Le récit relate la grande marche des Chemises rouges depuis Marsala en Sicile où ils ont débarqué jusqu’à Naples qui voit la dissolution de l’armée garibaldienne. La mise en scène de Rossellini donne une grande place à l’enthousiasme et à la popularité de Garibaldi dont elle donne un visage très humain. La réalité historique est bien respectée. Le récit se concentre sur les grandes étapes de ce périple étalé sur six mois avec de vastes reconstitutions des batailles. L’ensemble est assez prenant et a le mérite d’être instructif car c’est un pan de l’Histoire que l’on connait plutôt mal (du moins, en ce qui me concerne). Rarement cité, ce film historique est certainement mineur dans la filmographie de Rossellini mais mérite d’être découvert.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Renzo Ricci, Paolo Stoppa, Franco Interlenghi, Giovanna Ralli, Tina Louise
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Vive l'Italie (Viva l'Italia)Renzo Ricci (au centre) est Garibaldi dans Viva l’Italia de Roberto Rossellini.
(à droite : Paolo Stoppa )

Vive l'Italie (Viva l'Italia)Viva l’Italia de Roberto Rossellini

5 octobre 2021

Qui a tué le chat? (1977) de Luigi Comencini

Titre original : « Il gatto »

Qui a tué le chat? (Il gatto)Amedeo et sa sœur Ofelia ont hérité d’un vieil immeuble délabré dans le cœur de Rome. Un promoteur s’en porte acquéreur à condition qu’il soit vide de ses occupants. Le couple est décidé à tout faire pour faire partir les locataires et, ce faisant, va faire des découvertes vraiment inattendues…
Qui a tué le chat? est une comédie italienne de Luigi Comencini, une comédie d’humour noir assez rarement citée dans la vaste filmographie de ce grand cinéaste. Certes, la satire cinglante n’a pas la portée sociologique de certains de ses autres films mais quelques travers du comportement humain sont bien mis en évidence : la cupidité bien-sûr et ses corollaires, le cynisme et la méchanceté. L’humour est presque macabre par moments mais sans aucun excès. Tout repose sur le duo formé par Ugo Tognazzi et Mariangela Melato qui, tout étant dans l’outrance, savent garder un jeu modéré. De nombreuses situations sont vraiment hilarantes. Une réussite.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Ugo Tognazzi, Mariangela Melato, Michel Galabru, Dalila Di Lazzaro
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Qui a tué le chat? (Il gatto)Ugo Tognazzi et Mariangela Melato dans Qui a tué le chat? (Il gatto) de Luigi Comencini.

Qui a tué le chat? (Il gatto)Mariangela Melato et Ugo Tognazzi dans Qui a tué le chat? (Il gatto) de Luigi Comencini.

Qui a tué le chat? (Il gatto)Mariangela Melato et Ugo Tognazzi dans Qui a tué le chat? (Il gatto) de Luigi Comencini.

Homonyme  :
Qui a tué le chat? (Murder of a Cat), film américain de Gillian Greene (2014) avec Fran Kranz

21 septembre 2021

Où est la liberté (1954) de Roberto Rossellini

Titre original : « Dov’è la libertà…? »

Où est la liberté (Dov'è la libertà...?)Ancien prisonnier récemment libéré après avoir purgé une peine de vingt-deux ans pour crime passionnel, Salvatore Lojacono comparait devant un tribunal pour tentative d’intrusion dans une prison. Interrogé sur ses motivations pour cet acte étrange, il raconte…
Roberto Rossellini a tourné Où est la liberté juste avant Voyage en Italie. La comédie n’est pas son genre de prédilection et il s’est très rapidement désintéressé du film. L’idée des producteurs était de lancer Totò aux Etats Unis où le réalisateur était très prisé pour ses films néoréalistes. Le tournage a été achevé après un an environ, principalement par Mario Monicelli (notamment les scènes de tribunal), quelques scènes étant également confiées à Lucio Fulci et d’autres à Federico Fellini (la scène de l’oreille). L’humour est essentiellement concentré dans les scènes de tribunal où Totò refuse de laisser son avocat le défendre. Il désire en effet retourner en prison, déçu de n’avoir trouvé qu’égoïsme et hypocrisie autour de lui. Le récit en flash-back des quelques jours qu’il a passé dehors est  marqué par un humour plutôt triste,  le portrait dressé de la société italienne n’étant guère reluisant. Certes,  Totò excelle dans ce genre de scènes mais le film reste mineur à la fois dans la filmographie de Rossellini et dans celle de Totò.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Totò, Vera Molnar, Franca Faldini, Leopoldo Trieste
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Où est la liberté (Dov'è la libertà...?)Totò dans Où est la liberté (Dov’è la libertà…?) de Roberto Rossellini.

13 septembre 2021

Divorce à l’italienne (1961) de Pietro Germi

Titre original : « Divorzio all’italiana »

Divorce à l'italienne (Divorzio all'italiana)Le baron Ferdinando Cefalu, un noble sicilien, est amoureux de sa jeune cousine, Angela. Mais il est marié depuis douze ans à Rosalia, une femme insupportable, et le divorce est illégal en Italie. Il va user d’un stratagème pour avoir son divorce… à l’italienne !
Divorce à l’italienne est un film italien de Pietro Germi. C’est une comédie italienne mais une comédie d’humour noir, plus proche de certaines comédies anglaises des années cinquante. Il s’agit surtout d’une charge en règle contre l’interdiction du divorce et un portrait social de la société sicilienne avec le lourd poids des traditions, de l’honneur et de la religion. Au départ, Pietro Germi avait pensé à un film dramatique mais, à l’écriture du scénario, décida de laisser les éléments satiriques et grotesques prendre le dessus car « les délits d’honneur, (…) on ne sait si c’est le ridicule ou la bêtise qui les caractérisent le mieux ». Il raille aussi le machisme et les cercles d’hommes obsédés par les femmes. Marcello Mastroianni compose de façon magistrale un noble blasé, hautain et nonchalant. Il adopte un tic pour imiter Germi lui-même atteint de tics. Tout au long de sa carrière l’acteur a cherché à varier ses personnages et Divorce à l’italienne est l’une de ses meilleures comédies.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Marcello Mastroianni, Daniela Rocca, Stefania Sandrelli, Leopoldo Trieste
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Remarques :
* Le divorce ne sera autorisé par la loi italienne qu’en 1969. Le parti de la Démocratie chrétienne militera alors activement pendant cinq années pour faire annuler cette loi et, en 1974, un référendum rendra son acceptation définitive (60% de oui). La tolérance pour les « crimes d’honneur » ne sera supprimée de la loi italienne qu’en 1981. (En France, le divorce a été définitivement autorisé par la loi en 1884.)

* La Dolce Vita de Fellini est sorti l’année précédente. L’extrait inséré (projection dans le cinéma) ne montre qu’Anita Ekberg, sans les contre-champs sur Mastroianni, mais on l’entend appeler « Marcello »…

* Pietro Germi poursuivra sur le même thème avec
Séduite et abandonnée (Sedotta e abbandonata) en 1964
Ces messieurs dames (Signore e Signori) en 1966.

Divorce à l'italienne (Divorzio all'italiana)Daniela Rocca et Marcello Mastroianni dans Divorce à l’italienne (Divorzio all’italiana) de Pietro Germi.

26 août 2021

Des oiseaux, petits et gros (1966) de Pier Paolo Pasolini

Titre original : « Uccellacci e uccellini »

Des oiseaux, petits et gros (Uccellacci e uccellini)Totò et son fils Ninetto errent dans la périphérie et les campagnes qui entourent Rome. Chemin faisant, ils rencontrent un corbeau qui leur parle…
Des oiseaux, petits et gros est réalisé par Pier Paolo Pasolini en 1966. Montrant dès le générique un visage burlesque, le film rompt avec le ton sérieux donné par ses films précédents. Cela ne signifie pas pour autant que Pasolini ne délivre pas un message car il s’agit d’une fable qui tourne en dérision le rationalisme idéologique que le volatile représente. Pour ce faire, il utilise une star du cinéma comique, Totò, et lui adjoint Ninetto Davoli qui interprète ici son premier grand rôle, en innocent joyeux. Les cibles de Pasolini sont le communisme radical dont il se détache (les images d’archives incluses sont celles des funérailles de Palmiro Togliatti, fondateur du Parti Communiste italien décédé en 1964) et aussi l’intelligentsia parisienne de gauche qui avait descendu son Evangile selon saint Matthieu l’année précédente (la charge aurait été encore plus nette avec la séquence de Toto au cirque que Pasolini a finalement supprimé du montage final (1)). Le cinéaste attend que l’idéologie renaisse de ses cendres pour suivre la voie des « Temps modernes », belle référence à Chaplin dont il emprunte le plan final. Pasolini filme tout cela très simplement : à cette époque, il s’opposait à la sémiologie de Christian Metz qui défendait l’idée d’un langage de cinéma. Pour Pasolini, la seule langue de cinéma devait être une « langue écrite de la réalité ».
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Totò, Ninetto Davoli
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(1) Dans Toto au Cirque, finalement monté en court métrage de 8 min, M Cournot (Totò) tente de faire parler un aigle et de l’instruire mais, en fait, c’est lui qui devient sauvage. Or (Michel) Cournot est le nom d’un critique français qui a éreinté L’Evangile selon saint Matthieu, déclarant qu’il n’y voyait que de « l’art pédé ».

Des oiseaux, petits et gros (Uccellacci e uccellini)Ninetto Davoli et Totò dans Des oiseaux, petits et gros (Uccellacci e uccellini) de Pier Paolo Pasolini.

Des oiseaux, petits et gros (Uccellacci e uccellini)Totò et Ninetto Davoli dans Des oiseaux, petits et gros (Uccellacci e uccellini) de Pier Paolo Pasolini.

Des oiseaux, petits et gros (Uccellacci e uccellini)Totò et Ninetto Davoli dans Des oiseaux, petits et gros (Uccellacci e uccellini) de Pier Paolo Pasolini.

17 août 2021

Quatre Mouches de velours gris (1971) de Dario Argento

Titre original : « 4 mosche di velluto grigio »

4 mouches de velours gris (4 mosche di velluto grigio)Suivi depuis plusieurs jours par un homme mystérieux, le musicien Roberto Tobias décide de le prendre en chasse. Au cours de la dispute qui suit leur rencontre, il le tue accidentellement et un inconnu masqué le prend en photo, l’arme du crime à la main. Cet inconnu va le harceler et le menacer, sans pour autant se livrer à un chantage…
Quatre mouches de velours gris est un film italo-français de Dario Argento. Le film clôt ce que certains ont baptisé « la trilogie animale » de Dario Argento. Ses trois premiers longs métrages ont en effet un animal dans leur titre (1) et s’inscrivent tous trois dans le genre giallo, ces films d’exploitation italiens qui mêlent le policier avec l’horreur, le fantastique et une touche d’érotisme. Quatre mouches de velours gris se montre assez travaillé dans son scénario, une intrigue très hitchcockienne dont la résolution passera par une petite note fantastique (ou une croyance un peu farfelue). Les scènes de suspense sont particulièrement intenses. Une bonne dose d’humour est également introduite par l’intermédiaire de quelques personnages, notamment un détective privé quelque peu atypique, campé par Jean-Pierre Marielle doublé en italien. Dario Argento a déjà peaufiné son style, son utilisation des couleurs est assez remarquable. Longtemps bloqué pour des questions de droits, Quatre Mouches de velours gris a heureusement refait surface il y a quelques années.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Michael Brandon, Mimsy Farmer, Jean-Pierre Marielle, Francine Racette, Bud Spencer
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Remarque :
* Le sens du titre est « quatre mouches sur du velours gris » (les mouches ne sont pas en velours).

(1) Les trois premiers films de Dario Argento, formant la « trilogie animale » :
1970 : L’Oiseau au plumage de cristal (L’uccello dalle piume di cristallo)
1971 : Le Chat à neuf queues (Il gatto a nove code)
1971 : Quatre mouches de velours gris (4 mosche di velluto grigio)

4 mouches de velours gris (4 mosche di velluto grigio)Jean-Pierre Marielle et Michael Brandon dans 4 mouches de velours gris (4 mosche di velluto grigio) de Dario Argento.

12 août 2021

Accattone (1961) de Pier Paolo Pasolini

Accatone (Accattone)Dans la banlieue de Rome, le jeune oisif Accattone (« mendiant » en italien) méprise le travail. Il fait « travailler » Maddalena qu’un petit proxénète emprisonné lui a confiée. Ils vivent plus ou moins chez Nannina, son épouse. Accattone passe ainsi ses journées avec ses amis, à la terrasse des bars ou sur les rives du Tibre. Tout va changer lorsque Maddalena est arrêtée…
Accattone est la première réalisation de Pier Paolo Pasolini. Si, à l’époque, le film a été classé dans le néo-réalisme, on mesure mieux avec le recul à quel point il s’en diffère. Pasolini n’avait alors aucune expérience dans le cinéma, il était surtout un écrivain, auteur de romans, de recueils de poésie et de quelques scénarios. Il s’empare de ce champ artistique supplémentaire avec l’ambition de créer un nouveau langage cinématographique. Et il y parvient. Le plus frappant est la dimension qu’il donne à son récit. Tout en restant ancré dans la réalité quotidienne d’une misère dégradante, il ajoute une dimension presque religieuse à son personnage principal montrant qu’il y a dans sa situation quelque chose de sacré. Pour cela, il utilise la musique, le Largo de la Passion selon saint Matthieu de Bach, mais aussi son personnage principal auquel il donne une dimension christique. A noter que Bernardo Bertolucci (assistant de Pasolini et tout autant inexpérimenté que lui) a rapporté que le seul film qui plaisait beaucoup à Pasolini à l’époque était le Jeanne d’Arc de Dreyer. Tout aussi remarquable est le fait que Pasolini ne cherche pas à intellectualiser son approche, ni à la conceptualiser. Même avec ses inévitables défauts, Accattone montre une nouvelle forme d’écriture artistique. Le film sera interdit aux moins de 18 ans par crainte des « conséquences du choc » qu’il pourrait entraîner sur des jeunes gens pas encore tout à fait matures.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Franco Citti, Franca Pasut, Silvana Corsini
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6 août 2021

Parfum de femme (1974) de Dino Risi

Titre original : « Profumo di donna »

Parfum de femme (Profumo di donna)Un irascible capitaine en retraite, resté aveugle à la suite d’une explosion, décide d’aller à Naples retrouver un ami ; il se fait accompagner dans ce voyage par un jeune soldat en permission, mais il ne veut aucune pitié, ne supporte aucun désagrément, se montre souvent agressif pour cacher son amertume…
Fait inhabituel dans la filmographie de Dino Risi, Parfum de femme est adapté d’un roman (signé Giovanni Arpino). Le cinéaste en a écrit l’adaptation avec Ruggero Maccari, excellent scénariste avec lequel il a déjà collaboré à plusieurs reprises (Le Fanfaron, La Marche sur Rome, Les Monstres) et qui écrira ensuite beaucoup pour Ettore Scola. Il s’agit d’une histoire très forte sur la confrontation de deux personnalités à des points totalement opposés de leur parcours : l’un pense n’avoir plus rien à attendre de la vie alors que l’autre la découvre à peine. Cette confrontation de deux tempéraments opposés n’est pas sans rappeler Le Fanfaron. Le film est marqué par la formidable prestation de Vittorio Gassman, en homme désabusé qui aime se montrer cynique, mais aussi jouisseur, capable de déceler la présence des femmes grâce à leur parfum. C’est probablement l’un de ses rôles les plus complexes (et il en a beaucoup à son actif). Le film n’est pas sans défaut : cette histoire puissante aurait mérité une meilleure photographie et une utilisation de la musique plus subtile.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Vittorio Gassman, Alessandro Momo, Agostina Belli
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Remarque :
* Alessandro Momo a trouvé la mort peu après la fin du tournage dans un accident de moto qu’il était trop jeune pour conduire. Il était âgé de 17 ans. Il avait été remarqué l’année précédente aux côtés de Laura Antonelli dans Malizia de Salvatore Samperi (1973).

Parfum de femme (Profumo di donna)Alessandro Momo et Vittorio Gassman dans Parfum de femme (Profumo di donna) de Dino Risi.

Parfum de femme (Profumo di donna)Agostina Belli et Alessandro Momo dans Parfum de femme (Profumo di donna) de Dino Risi.

4 juin 2021

Eté violent (1959) de Valerio Zurlini

Titre original : « Estate violenta »

Été violent (Estate violenta)Italie, ville côtière de Riccione (au sud-est de Bologne), durant l’été 1943. Sans se préoccuper de la guerre qui a épargné l’endroit jusqu’alors, des jeunes gens aisés mènent une vie insouciante. Carlo, l’un d’eux, se lie d’amitié avec une jeune veuve de guerre, Roberta. Bientôt, leur relation évolue vers une folle passion…
Été violent est le deuxième long métrage de Valerio Zurlini. Le scénario est signé Suso Cecchi d’Amico et Giorgio Prosperi sur une idée originale du réalisateur. Le récit se concentre sur la naissance du sentiment amoureux, sur les petits riens qui alimentent la naissance d’une passion. Zurlini filme doucement ces sentiments qui enflent, avec un sens aigu du cadrage mais aussi avec une délicatesse qui peut être ressentie comme une lenteur . En revanche, il se montre plus maladroit pour inscrire cette passion au sein d’une période historique dramatique avec une scène finale certes spectaculaire mais qui paraît artificiellement plaquée sur le récit. Été violent  est indéniablement moins remarquable que La Fille à la valise (La ragazza con la valigia) que Zurlini tournera en 1961 à nouveau sur la naissance du sentiment amoureux..
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Eleonora Rossi Drago, Jean-Louis Trintignant, Jacqueline Sassard, Lilla Brignone, Raf Mattioli
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Remarque :
L’histoire évoque quelque peu Le Jardin des Finzi-Contini (1970) de Vittorio De Sica adapté d’un roman de Giorgio Bassani paru en 1962, donc postérieur au film.

Été violent (Estate violenta)Jean-Louis Trintignant et Eleonora Rossi Drago dans Été violent (Estate violenta) de Valerio Zurlini.

19 mars 2021

L’Amour à la ville (1953) de Michelangelo Antonioni, Federico Fellini, Alberto Lattuada, Carlo Lizzani, Francesco Maselli, Dino Risi et Cesare Zavattini

Titre original : « L’amore in città »

L'amour à la ville (L'amore in città)L’idée de départ de L’amore in città, on la doit au scénariste Cesare Zavattini : réunir six réalisateurs pour un film à sketchs sur l’amour dans une grande ville. Plus que d’écrire des histoires, il s’agit de porter un regard sociologique sur toutes les formes de l’amour à la ville et de faire jouer non pas des acteurs mais des personnes ordinaires qui vivent cela au quotidien.
Thèmes abordés : la prostitution des quartiers pauvres, le suicide par amour, le bal populaire où se font et se défont les couples, les agences matrimoniales, les abandons d’enfants et le voyeurisme dans les rues de Rome.
Il s’agit aussi d’une expérience de prolongement du néoréalisme, expérience qui va jusqu’aux limites dans le sketch Histoire de Catherine, une histoire véridique où la personne à qui cela est arrivé tient son propre rôle, rejouant notamment la scène de l’abandon de son enfant ce qui n’est pas sans soulever d’évidentes questions déontologiques.
Par ailleurs, le regard sociologique montre ses limites dans les sketchs sur la prostitution et le suicide où Lizzani et Antonioni ne font que survoler un sujet en questionnant les personnes impliquées. Le sujet était-il trop important pour l’exercice? De son côté, Fellini n’a pas joué le jeu : il a écrit une histoire, introduisant une touche de fantastique. Le résultat est remarquable mais il est hors sujet… Le dernier sketch est là pour apporter une note de légèreté, une fausse caméra cachée sur les regards insistants des hommes sur les femmes. Malgré ses faiblesses, L’amore in città reste un film important dans l’histoire du néoréalisme italien, une sorte d’expérience ultime. Le film n’eut que peu de succès et donc les suites prévues ne virent pas le jour.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Antonio Cifariello, Livia Venturini
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Remarques :
* Jean A. Gili définit L’amore in città comme un tournant vers la fin du néoréalisme : « un brillant exercice autour d’une idée forte, un film charnière entre une époque qui se clôt sur une utopie impossible et une autre qui s’ouvre en redonnant la priorité à l’imagination créatrice des auteurs ». (Jean A. Gili, Le cinéma italien p 144, Ed. La Martinière 2011)

* Le titre initial est : Le Spectateur (Revue cinématographique) – Année 1953, n°1 : L’amour à la ville.

* Les 6 sketchs :
1) L’Amore che si paga (L’amour qu’on paie) de Carlo Lizzani (11′). Ce sketch sur la prostitution a été censuré et supprimé des versions distribuées en France.
2) Tentato suicidio (Tentative de suicide) de Michelangelo Antonioni (22′)
3) Paradiso per tre ore (Le Paradis pendant trois heures ou Le Bal du samedi soir) de Dino Risi (11′)
4) Agenzia matrimoniale (Agence matrimoniale) de Federico Fellini (16′)
5) Storia di Caterina (Histoire de Catherine) de Francesco Maselli et Cesare Zavattini (27’)
6) Gli italiani si voltano (Les Italiens se retournent) de Alberto Lattuada (14’). A noter que l’homme corpulent qui transpire pour suivre une jeune femme dans les escaliers de la Trinité des Monts n’est autre que Marco Ferreri, producteur associé du film.

L'amour à la ville (L'amore in città)Livia Venturini et Antonio Cifariello dans le sketch Agence matrimoniale de Frederico Fellini
dans L’amour à la ville (L’amore in città).