13 novembre 2025

Tuer (1962) de Kenji Misumi

Titre original : « Kiru »

Tuer (Kiru)Au XIXe siècle, le jeune Shingo, expert dans le maniement du sabre, apprend l’histoire qui a conduit à sa naissance. Bouleversé, il offre ses services à un représentant du Shogun…
Tuer est un film japonais réalisé par Kenji Misumi, qui a signé de nombreux films de chanbara (films de samouraïs) entre 1954 et 1974. On le connaît pour avoir réalisé six épisodes de la saga Zatoichi et quatre de la série Baby Cart. Ce film est le premier de sa Trilogie du sabre. Il adapte ici un des romans de la série Nemuri Kyoshirō de Renzaburō Shibata. L’histoire est bâtie autour d’un jeune samouraï solitaire, marqué par des origines tragiques. Son idéalisme va se heurter à la haine de ses pairs et aux intrigues politiques entre clans dans un Japon médiéval crépusculaire. C’est une tragédie. La construction du récit est marquée par un certain épurement, avec peu de dialogues et des combats brefs et rapides. J’ai été vraiment frappé par la qualité de la mise en scène et de la photographie : Misumi a un indéniable talent pour nous offrir des plans de toute beauté. Par exemple, la course finale du héros dans des pièces vides pour trouver son maître est remarquable et étourdissante.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Raizô Ichikawa, Shiho Fujimura, Masayo Banri, Eijirô Yanagi, Yoshio Inaba
Voir la fiche du film et la filmographie de Kenji Misumi sur le site IMDB.

La Trilogie du sabre :
Tuer (1962)
Le Sabre (1964)
La Lame diabolique (1965)

Raizô Ichikawa dans Tuer (Kiru) de Kenji Misumi.

11 novembre 2025

The Arctic Convoy (2023) de Henrik Martin Dahlsbakken

Titre original : « Konvoi »

The Arctic Convoy (Konvoi)En 1942, un cargo à l’équipage norvégien fait partie d’un convoi allié de navires civils chargé de ravitailler la Russie. Malgré la retraite de l’escorte à la suite d’une attaque et l’éparpillement du convoi, le capitaine décide de poursuivre sa route. Désormais isolé, le cargo va devoir effectuer voyage périlleux dans des eaux les plus hostiles qui soient…
The Arctic Convoy est un film norvégien réalisé par Henrik Martin Dahlsbakken. Le scénario s’appuie sur l’histoire du Convoi PQ 17 qui a relié l’Islande à la Russie en juillet 1942. Le seul personnage féminin du film est inspiré de Fern Blodgett Sunde, qui fut la première femme canadienne à servir comme opératrice radio pendant la guerre et décorée pour ces faits. Le film a le mérite de mettre en lumière des évènements peu connus qui furent la principale contribution de la Norvège à la victoire des Alliés lors de la Seconde Guerre mondiale (1). Le déroulement du scénario peut paraître classique mais le film nous immerge parfaitement à bord de ce cargo. Il constitue un hommage à ces hommes qui ont risqué et souvent perdu leur vie dans ces convois. Hormis en Suède et en Norvège, le film est peu sorti en salles.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Tobias Santelmann, Anders Baasmo, Heidi Ruud Ellingsen
Voir la fiche du film et la filmographie de Henrik Martin Dahlsbakken sur le site IMDB.
Voir la fiche du film sur AlloCiné.

(1) Un texte de fin nous explique : « Sur les quelque 30 000 Norvégiens qui ont été appelés à rejoindre la marine marchande, plus de 4 000 sont morts au cours du conflit. Ces civils représentent la principale contribution de la Norvège à la victoire des Alliés. »

Anders Baasmo dans The Arctic Convoy (Konvoi) de Henrik Martin Dahlsbakken.
Heidi Ruud Ellingsen, Tobias Santelmann et Anders Baasmo dans The Arctic Convoy (Konvoi) de Henrik Martin Dahlsbakken.

9 novembre 2025

Suivez cet homme (1953) de Georges Lampin

Suivez cet hommeA l’occasion de ses cinquante ans, un commissaire se rappelle deux affaires qui l’ont marqué, deux affaires d’assassinat…
Suivez cet homme est un film français réalisé par Georges Lampin. Le scénario est écrit par Jacques Rémy, de son vrai nom Raymond Assayas (c’est le père d’Olivier Assayas) et les dialogues sont signés Alexandre Breffort (futur auteur de la pièce Irma la Douce). Il s’agit d’un film policier avec deux sketches. La première affaire (la plus courte) se déroule presque en huis-clos et manque d’intensité. Le plus surprenant est de voir le commissaire utiliser un détecteur de mensonges improvisé (1). La seconde affaire est plus complexe et mieux construite. Elle nous replonge dans l’atmosphère des années qui suivirent la Libération. Elle bénéficie d’une certaine tension et d’une poursuite finale. Bernard Blier est bien entendu au centre du film et fait une bonne prestation.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Bernard Blier, Suzy Prim, René Blancard, Guy Decomble, Paul Frankeur, Yves Robert, Daniel Cauchy
Voir la fiche du film et la filmographie de Georges Lampin sur le site IMDB.

(1) Mesurer la tension pour savoir si un homme ment ou dit la vérité a été étudié pour la première fois par le professeur de médecine italien Cesare Lombroso en 1885. Mais c’est après la Seconde Guerre mondiale que les américains ont perfectionné le processus et l’ont utilisé très largement. Ce n’est qu’en 1998 qu’un arrêt de la Cour suprême a rendu les résultats obtenus au détecteur de mensonges non admissibles devant les tribunaux fédéraux. En France, le détecteur de mensonges n’a jamais eu valeur de preuve auprès des tribunaux et donc n’a été utilisé que rarement.

Bernard Blier et Andrée Clément dans Suivez cet homme de Georges Lampin.

7 novembre 2025

The Crying Game (1992) de Neil Jordan

The Crying GamePrès de Belfast, dans une fête foraine, une jeune femme attire dans un coin isolé un soldat britannique en permission. Il est alors assommé et enlevé par des membres de l’IRA qui menacent de l’exécuter si un de leurs camarades n’est pas libéré…
The Crying Game est un film britannique écrit et réalisé par l’irlandais Neil Jordan. Le scénario est basé sur la nouvelle A Guest of the Nation de l’écrivain irlandais Franck O’Connor. Le film débute comme un thriller politique mais évolue ensuite différemment. En fait, c’est la force du scénario de partir sur des voies inattendues et d’être émaillé de surprises (dont une très grosse, évitez de trop lire sur ce film avant de le voir). On pardonnera quelques invraisemblances vers la fin. Difficile d’en dire plus sans déflorer l’ensemble. Oscar du meilleur scénario original en 1994.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Stephen Rea, Jaye Davidson, Forest Whitaker, Miranda Richardson, Adrian Dunbar, Jim Broadbent
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Voir les autres films de Neil Jordan chroniqués sur ce blog…

Forest Whitaker et Stephen Rea dans The Crying Game de Neil Jordan.

5 novembre 2025

The Store (1983) de Frederick Wiseman

The StorePour son seizième film, son deuxième en couleurs, le documentariste Frederick Wiseman nous propose d’observer le fonctionnement d’un temple du consumérisme américain : le grand magasin de luxe Neiman Marcus à Dallas, véritable institution de prestige, qui offre à une clientèle fortunée des articles de grands couturiers, des bijoux hors de prix et une multitude de services. Il s’attache à montrer les mécanismes de l’art de la vente. Il faut bien avouer que l’ensemble n’est pas toujours passionnant, notamment lorsque le cinéaste observe la clientèle. Mais il est toujours étonnant de voir comment Frederick Wiseman parvient à faire accepter la présence de sa caméra : même les clients et clientes se montrent volontiers essayant des robes ou hésitant entre deux manteaux de vison ou deux diamants. Nous assistons aussi à plusieurs réunions de stratégie commerciale et c’est probablement dans ces scènes où le document est le plus intéressant et généralisable. Wiseman nous montre aussi les indispensables petites mains agissant en sous-sol.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs:
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Remarque :
En 2025, le magasin a annoncé qu’il fermerait ses portes en janvier 2027. Le groupe est passé entre plusieurs mains au cours des vingt dernières années et évité de peu la banqueroute au moment du COVID. L’activité se recentre sur le site internet en ciblant une clientèle plus jeune.

The Store de Frederick Wiseman.

3 novembre 2025

Mémoires d’un escargot (2024) de Adam Elliot

Titre original : « Memoir of a Snail »

Mémoires d'un escargot (Memoir of a Snail)À la mort de son père, la vie heureuse et marginale de Grace Pudel, collectionneuse d’escargots et passionnée de lecture, vole en éclats. Arrachée à son frère jumeau Gilbert, elle atterrit dans une famille d’accueil à l’autre bout du pays. Elle continue de correspondre avec son frère placé dans une autre famille à plus de mille kilomètres…
Mémoires d’un escargot est un film d’animation australien pour adultes réalisé par Adam Elliot. C’est son second long métrage après Mary et Max (2009) et quelques courts et moyens métrages dont l’oscarisé Harvie Kumpet (2004). Il est réalisé avec la technique de la pâte à modeler (stop motion). Il est plutôt destiné aux adultes car le propos est assez sombre. Les personnages sont originaux, plutôt marginaux (ou, plus exactement, non conventionnels), avec de grands yeux tristes et tout un tas de petites manies qui leur donnent de l’épaisseur. L’histoire en elle-même est une chronique douce-amère de l’enfance et du passage à l’âge adulte. L’accumulation de souffrances peut paraître excessive, l’ensemble est très noir, les lueurs positives étant assez rares.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs:
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Remarque :
• Le réalisateur a décidé de ne réaliser que 9 films : 3 courts métrages, 3 moyens métrages et 3 longs métrages. Il n’en a plus que deux à faire sur les neuf.

Mémoires d’un escargot (Memoir of a Snail) de Adam Elliot.

1 novembre 2025

Le Septième Juré (1962) de Georges Lautner

Le Septième juréGrégoire Duval, respectable pharmacien de la petite ville de Pontarlier, aperçoit une jolie jeune femme prenant un bain de soleil au bord d’un lac, les seins nus. Cédant à une soudaine pulsion, il s’approche et se précipite sur elle pour l’embrasser. Comme elle hurle tout en le repoussant, il la saisit et, pour qu’elle cesse de crier, l’étrangle rapidement…
Le Septième Juré est un film français réalisé par Georges Lautner. Le scénario est l’œuvre du journaliste et scénariste Jacques Robert d’après un roman policier de Francis Didelot. Ce n’est pas une comédie. Il s’agit d’un portrait particulièrement mordant de la bourgeoisie de province (plus mordant que chez Chabrol), peinture qui brille par la qualité de son scénario et de ses dialogues. La voix-off de la conscience du personnage principal fait montre d’une grande amertume et d’une indéniable noirceur. C’est aussi une exploration du thème de la culpabilité. L’humour n’est toutefois pas absent, par petites touches, mais il s’agit d’un humour bien sombre. L’interprétation de Bernard Blier est de tout premier ordre et il est aidé par un beau plateau d’acteurs dans les seconds rôles. L’ensemble est assez puissant. Il est assez incroyable que ce film ne soit pas plus connu. J’ai été très surpris par sa qualité.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Bernard Blier, Danièle Delorme, Maurice Biraud, Jacques Riberolles, Albert Rémy, Francis Blanche, Jacques Monod
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Francis Blanche et Bernard Blier dans Le Septième Juré de Georges Lautner.

Remake :
Le Septième Juré, téléfilm d’Édouard Niermans (2007) avec Jean-Pierre Darroussin.

31 octobre 2025

Sommaire d’octobre 2025

SwordsmenModelLe FilTo the MoonFlic ou voyouTu ne tueras pointL’Empire contre-attaqueL’Emprise

Swordsmen

(2011) de Peter Ho-Sun Chan

Model

(1981) de Frederick Wiseman

Le Fil

(2024) de Daniel Auteuil

To the Moon

(2024) de Greg Berlanti

Flic ou voyou

(1979) de Georges Lautner

Tu ne tueras point

(1961) de Claude Autant-Lara

L’Empire contre-attaque

(1980) de Irvin Kershner

L’Emprise

(1934) de John Cromwell

FlowLee MillerStar Wars : Épisode IV – Un nouvel espoirCendrillon aux grands piedsLa Chambre d’à côtéThe MoonLa Loi et l’ordreJuvenile Court

Flow

(2024) de Gints Zilbalodis

Lee Miller

(2023) de Ellen Kuras

Star Wars : Épisode IV – Un nouvel espoir

(1977) de George Lucas

Cendrillon aux grands pieds

(1960) de Frank Tashlin

La Chambre d’à côté

(2024) de Pedro Almodóvar

The Moon

(2023) de Kim Yong-hwa

La Loi et l’ordre

(1969) de Frederick Wiseman

Juvenile Court

(1973) de Frederick Wiseman

Boeing Boeing

Boeing Boeing

(1965) de John Rich

Nombre de films présentés : 17

30 octobre 2025

Swordsmen (2011) de Peter Ho-Sun Chan

Titre original : « Wu xia »

Swordsmen (Wu xia)Dans un petit village agricole de la Chine de 1917, Liu Jinxi et sa femme Yu forment un couple ordinaire avec deux enfants. Un jour, deux bandits de passage essayent de voler le magasin du village. Liu, qui était dans le magasin à ce moment-là, se bat pour protéger les propriétaires et finit par tuer les bandits. Le détective Xu Baijiu, qui est envoyé pour enquêter sur l’affaire, découvre que l’un des bandits morts était l’un des dix bandits les plus recherchés et un combattant aguerri…
Wu xia, ou Swordsmen, est un film chinois réalisé par Peter Ho-Sun Chan. Il mélange assez habilement plusieurs genres : arts martiaux, policier et un soupçon de comédie. L’ensemble apparaît équilibré et la réalisation est bien maitrisée. L’histoire évoque quelque peu celle de A History of Violence sans toutefois n’ouvrir, comme lui, de piste de réflexion. L’acteur principal, Donnie Yen, est une figure emblématique des films d’arts martiaux ; les combats, qu’il chorégraphie lui-même, sont spectaculaires, sans excès et parfaitement réglés. Le film a connu un très gros succès en Chine.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Donnie Yen, Takeshi Kaneshiro, Tang Wei
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Donnie Yen et Takeshi Kaneshiro dans Swordsmen (Wu xia) de Peter Ho-Sun Chan.
Kara Hui et Donnie Yen dans Swordsmen (Wu xia) de Peter Ho-Sun Chan.

28 octobre 2025

Model (1981) de Frederick Wiseman

ModelLe fonctionnement de l’agence de mannequins Zoli à New York…
Model est un film documentaire de Frederik Wiseman. Il nous fait découvrir l’envers du décor, ou plus exactement la réalité du travail quotidien des mannequins (hommes et femmes). Nous ne sommes pas au niveau des top-Models mais plutôt au niveau de postulants qui arrivent avec leur book de photos et de mannequins qui enchainent le plus possible de contrats : de longues séances photos, d’interminables tournages de publicités aux multiples prises, etc. Les situations sont nombreuses. Les mannequins doivent être très dociles. Frederik Wiseman place entre ses séquences des scènes de rue avec des gens ordinaires, pour mettre en relief le fossé entre la vie réelle et le monde factice du mannequinat (procédé que l’on peut trouver un peu lourd). A noter, une petite scène avec Andy Warhol qui parle du métier à deux mannequins.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs:
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Séance-photo (publicité pour des boutons de manchette) dans Model de Frederick Wiseman.