29 avril 2012

Mogambo (1953) de John Ford

MogamboVictor Marswell est installé dans la brousse africaine. Son métier est de capturer des animaux sauvages qu’il revend aux zoos et d’organiser des safaris pour de riches touristes ou chercheurs. Un jour, il voit arriver Eloise Kelly, invitée par un maharadja qui était en fait reparti prématurément chez lui, puis un anthropologue anglais et sa femme… Mogambo est l’adaptation d’une pièce de Wilson Collison qui avait été portée à l’écran vingt ans auparavant avec déjà Clark Gable dans le rôle principal (1). Au début des années cinquante, Hollywood redécouvre l’attrait de l’Afrique. De superbes plans de nature africaine sont insérés et une bonne partie du film a été tournée sur place. L’histoire repose sur beau trio de personnages aux caractères très différents. L’atmosphère est électrique, Ava Gardner apporte une sensualité presque animale et le film est rempli de sous-entendus et d’allusions sexuelles. Le film fut un succès à l’époque mais personnellement, Mogamboje n’ai jamais compris pourquoi Mogambo était, depuis, si mal jugé. Je le trouve toujours aussi intense et enthousiasmant, doté d’une luxueuse mise en scène parfaitement maitrisée et d’un superbe trio d’acteurs. Le seul défaut que l’on puisse lui reprocher est sa fin : les deux dernières minutes sont bâclées et guère convaincantes. Peut-être était-ce là l’endroit des fameuses trois pages de scénario arrachées… (2)
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Clark Gable, Ava Gardner, Grace Kelly, Donald Sinden, Philip Stainton
Voir la fiche du film et la filmographie de John Ford sur le site IMDB.
Voir les autres films de John Ford chroniqués sur ce blog…

(1) La Belle de Saigon (Red dust) de Victor Fleming (1932) avec Clark Gable, Jean Harlow et Mary Astor. L’action se déroulait dans la forêt indochinoise. Voir nos commentaires sur ce film
(2) C’est sur le tournage de Mogambo qu’eut lieu une célèbre anecdote…
Un jour, John Ford voit arriver sur le plateau le producteur qui se dit inquiet des trois jours de retard du tournage. Irrité, John Ford lui demande :
« Trois jours, ça fait trois pages de scénario, non ? »
« Euh, oui, sans doute. »
John Ford prend alors le scénario, l’ouvre au hasard dans la partie non encore tournée et en arrache trois pages avant de lancer au producteur interloqué : « Voilà, maintenant on n’est plus en retard ! Si vous voulez bien nous laisser, on a du travail. »

Moralité : Il faut éviter d’aller embêter John Ford sur un tournage!

Remarques :
* La signification du titre n’est pas évidente : l’explication selon laquelle le producteur Sam Zimbalist aurait déformé le nom d’un night club de Los Angeles, Le Mocambo, est certainement farfelue. Ailleurs, on peut lire que Mogambo signifie « passion » en langue swahili, pour d’autres cela signifie « grand gorille ». Ailleurs encore, c’est un signal d’alerte utilisé par une tribu du Kenya…
* Pendant le tournage, une passion s’est réellement développée entre Clark Gable et Grace Kelly (malgré les quelque 30 ans de différence) et l’aventure a duré ensuite plusieurs mois.

8 octobre 2011

Double assassinat dans la rue Morgue (1932) de Robert Florey

Titre original : « Murders in the Rue Morgue »

Double assassinat dans la rue MorgueA Paris, en 1845, le Docteur Mirakle exhibe un gorille au comportement humain dans une baraque de foire. Pour prouver la parenté de l’homme et du gorille, il mène en secret des expériences où il injecte du sang de gorille dans les veines de jeunes femmes… Double assassinat dans la rue Morgue est librement inspiré d’une nouvelle d’Edgar Allan Poe. Robert Florey et Bela Lugosi ont tous deux été écartés du tournage de Frankenstein et Universal leur donne cette adaptation en guise de consolation. Les décors sont quelque peu inspirés de l’expressionnisme allemand, ils évoquent des films comme Le Cabinet du Docteur Caligari, il faut certainement y voir la patte de Karl Freund, directeur de la photographie. Il faut aussi noter une belle scène de balançoire et une scène finale du gorille sur les toits qui préfigure King Kong. La mise en scène est en revanche un peu terne, assez abrupte aussi. Bela Lugosi est particulièrement convaincant dans son rôle de savant démoniaque. Double assassinat dans la rue Morgue  n’est pas dénué de charmes mais il semble loin des autres films fantastiques de ce début des années trente.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Sidney Fox, Bela Lugosi, Leon Ames, Bert Roach, Arlene Francis
Voir la fiche du film et la filmographie de Robert Florey sur le site IMDB.

Remarques :
* Signalons la présence d’un jeune dialoguiste : John Huston. Il écrit dans ses mémoires : « Mon souci était de faire passer dans les dialogues l’étrange poésie de Poe mais le metteur en scène estima que mon texte était trop littéraire. Avec son assistant, il le réécrivit entièrement au fur et à mesure du tournage. Il en résulte un curieux mélange : un langage moderne dans une ambiance du XIXe siècle ».

* Autre erreur du réalisateur : Si les plans lointains du gorille sont assez réussis en utilisant un acteur déguisé, le metteur en scène a cru bon d’insérer des très gros plans d’un animal véritable. Seulement, au lieu de prendre un gorille, Robert Florey a utilisé un gentil petit chimpanzé qui ne provoque pas vraiment une grande émotion chez le spectateur !

Autres adaptations de cette nouvelle de Poe :
Le fantôme de la Rue Morgue (Phantom of the Rue Morgue) de Roy Del Ruth (1954) avec Karl Malden
Murders in the Rue Morgue de Gordon Hessler (1971) avec Jason Robards