4 février 2014

Soupe au lait (1936) de Leo McCarey

Titre original : « The Milky Way »

Soupe au laitLivreur de lait de son état, Burleigh Sullivan (Harold Lloyd) met accidentellement KO un champion de boxe un peu éméché à la sortie d’un club ce qui fait la une des journaux du lendemain. Le manager du champion cherche à exploiter cette popularité en faisant combattre le jeune laitier… The Milky Way est adapté d’une pièce de Lynn Root et Harry Clork. L’histoire est bien entendu totalement improbable et farfelue mais l’important est de pouvoir placer un bon nombre de gags et il y a de bonnes trouvailles : ce sont des gags visuels mais aussi, et même surtout, dans les dialogues assez enlevés. Il est toujours étonnant de voir comment Harold Lloyd a bien passé le cap du parlant même si, en cette seconde moitié des années trente, sa popularité commence à pâlir quelque peu. Les seconds rôles sont très tenus avec notamment un excellent Adolphe Menjou, ici reconverti en manager de boxe mâcheur de chewing-gum ! L’ensemble est plaisant mais, par rapport à ses autres films parlants, plutôt inférieur à l’excellent Movie Crazy et même à Cat’s Paw.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Harold Lloyd, Adolphe Menjou, Verree Teasdale, William Gargan, Lionel Stander
Voir la fiche du film et la filmographie de Leo McCarey sur le site IMDB.

Voir les autres films de Leo McCarey chroniqués sur ce blog…

Remarques :
* Norman Z. McLeod a dirigé quelques scènes de The Milky Way lorsque Leo McCarey fut hospitalisé pendant la production. Ray McCarey, frère de Leo McCarey, aurait également participé à quelques scènes.
* Quand le producteur Sam Goldwyn a racheté les droits du film dans les années quarante pour tourner son remake, il a également racheté le négatif et presque toutes les copies existantes afin de les détruire. Si nous pouvons voir le film aujourd’hui, c’est grâce à la copie qu’Harold Lloyd a gardé pour lui, la seule copie de bonne qualité qui ait survécu.

Remake :
Le Laitier de Brooklyn (The Kid from Brooklyn) de Norman Z. McLeod (1946) avec Danny Kaye et Virginia Mayo.

3 février 2014

Piège mortel (1982) de Sidney Lumet

Titre original : « Deathtrap »

Piège mortelSidney Bruhl est un auteur de pièces policières qui a du mal à renouer avec le succès qui l’a rendu célèbre. Alors qu’il vient d’essuyer un quatrième échec, il reçoit un scénario brillant écrit par l’un de ses anciens élèves. Sa femme le pousse à l’appeler pour lui proposer une collaboration… Piège mortel est l’adaptation cinématographique d’une pièce écrite par Ira Levin qui détient le record de longévité à Broadway. Elle repose sur un scénario assez brillant qui enchaîne les rebondissements inattendus. L’histoire peut montrer un petit air de famille avec l’excellent Le Limier de Mankiewicz (sorti dix ans plus tôt, également avec Michael Caine) mais sans être aussi remarquable. Pour Sidney Lumet, il s’est agi d’une commande et, sans montrer de défaut, sa mise en scène n’est pas remarquable en soi. Le réalisateur semble en effet avoir du mal à s’extirper du cadre du théâtre filmé, le fait que 95% de l’histoire se déroule dans une même pièce ne lui facilitant pas la tâche, il est vrai. Piège mortel est néanmoins fort plaisant, assez intense, surprenant par ses revirements. Michael Caine est l’acteur idéal pour ce type de rôle et Christopher Reeves fait une belle prestation, lui qui voulait alors prouver qu’il pouvait jouer autre chose que Superman 1, 2 et 3…
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Michael Caine, Christopher Reeve, Dyan Cannon, Irene Worth
Voir la fiche du film et la filmographie de Sidney Lumet sur le site IMDB.

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Remarques :
* Ira Levin est également connu des cinéphiles pour avoir écrit le scénario de Rosemary’s baby.
* La scène finale est extraite d’une réelle représentation de la pièce au Music Box Theatre à Broadway. La pièce était en effet toujours jouée au moment du tournage. La pièce d’Ira Levin fut représentée pas moins de 1793 fois à Broadway de 1978 à 1982, établissant ainsi un record (qui reste inégalé) de longévité.
* Attention à ne pas lire trop de commentaires sur le film avant de le visionner pour profiter pleinement des effets de surprise.
* Une certaine scène de baiser (impossible de la décrire plus sans déflorer en partie l’histoire mais, si vous avez vu le film, vous saurez laquelle) fit grand scandale à l’époque. Elle n’était pas dans la pièce originale. Elle fut enlevée des versions pour la télévision américaine.

2 février 2014

Les lignes de Wellington (2012) de Valeria Sarmiento

Titre original : « Linhas de Wellington »

Les lignes de WellingtonDurant l’automne 1810, les troupes napoléoniennes envahissent le Portugal et se heurtent à la résistance des portugais aidés par l’armée britannique. Bien que Wellington ait remporté une première victoire, il préfère se retirer vers Lisbonne en employant la technique de la terre brûlée afin d’attirer les français affaiblis vers l’endroit le plus fortifié. La population est forcée de suivre… Les lignes de Wellington est au départ une commande de la région de Torres Vedras. Mis en chantier par Raoul Riuz, le projet fut repris par son épouse Valeria Sarmienti après le décès du réalisateur chilien. Sans avoir bénéficié de moyens importants, cette ambitieuse production s’étale sur 2h30 et nous fait suivre de multiples trajectoires individuelles. Dans ce long exode, des personnages émergent du récit et nous sautons de l’un à l’autre. Ils sont pratiquement tous du côté anglo-portugais, les quelques scènes montrant l’armée française soulignent souvent la brutalité et la sauvagerie de ses soldats envers la population (ce qui est certainement réel car cette brutalité est hélas commune à toutes les armées conquérantes). Fait inhabituel pour un film de guerre, une grande importance est donnée aux femmes qui jouent ici un rôle souvent décisif avec souvent beaucoup de cran. Au-delà des trajectoires individuelles, le film nous fait porter un regard sur la nature de la guerre en elle-même, la façon dont elle modifie la population, les mentalités ou encore sur sa suprématie, sur l’amertume d’une victoire. Les lignes de Wellington est un film d’un très beau classicisme avec une superbe distribution. Il est très réussi.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: John Malkovich, Marisa Paredes, Nuno Lopes, Melvil Poupaud, Carloto Cotta, Jemima West, Elsa Zylberstein, Vincent Perez, Catherine Deneuve, Isabelle Huppert, Michel Piccoli, Mathieu Amalric
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Voir la fiche du film sur AlloCiné.

Remarque :
Les lignes de Wellington existe sous deux formes :
– film de 145 mn pour le cinéma
– Série TV de 3 x 55 mn (donc un peu plus longue) pour la télévision.

1 février 2014

La Vie facile (1937) de Mitchell Leisen

Titre original : « Easy Living »

Vie facileUn magnat de la finance reproche à son fils et à sa femme leurs dépenses somptuaires. Il se saisit d’un manteau de vison que sa femme vient d’acheter et le jette par la fenêtre. Le couteux manteau tombe sur la tête de la jeune Mary Smith qui se rend comme chaque matin à son travail… La Vie facile est l’une des comédies les plus emblématiques du genre appelé screwball (comédies américaines des années 30 et 40). S’il est réalisé par Mitchell Leisen, il a été écrit par Preston Sturges qui deviendra réalisateur peu après. Le film porte ainsi la marque de ses deux géniteurs. Le scénario est admirablement bien écrit, son déroulement repose sur une belle succession de quiproquos. L’ensemble est d’autant plus vif que les dialogues sont le plus souvent très rapides. Une seule scène est un peu surprenante car un peu exagérée, celle du restaurant Automat, dans la pure tradition slapstick (comique burlesque du muet) ; si l’on connait l’attirance de Sturges pour ce type d’humour (comme on peut le voir en début de film), il semble pourtant que cette scène de l’Automat soit en réalité l’oeuvre de Leisen… Sur le fond, La Vie facile est un portrait satirique de la haute société chargé, comme la plupart des comédies screwball, d’une part de rêve américain avec notamment cette perméabilité totale entre riches et pauvres. Jean Arthur est délicieuse, Edward Arnold tonitruant à souhait. Ray Milland est incontestablement plus terne. Dans les seconds rôles, il faut saluer la superbe prestation de Luis Alberni en obséquieux, mais plutôt malin, directeur d’hôtel de luxe. Assez loufoque, La Vie facile est bien l’une des meilleures comédies du genre screwball.
Elle:
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Jean Arthur, Edward Arnold, Ray Milland, Luis Alberni, Franklin Pangborn
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Remarque :
La chanson Easy Living, que l’on connait notamment par Billie Holiday (enregistré le 1/06/1937 soit 3 mois avant la sortie du film) ou encore Ella Fitzgerald (avec Joe Pass en 1986), a été composée pour le film par Ralph Rainger et Leo Robin.

Homonyme :
Easy Living de Jacques Tourneur (1949) avec Victor Mature et Lucille Ball (ne n’est pas un remake)