21 mars 2009

Redacted, revu et corrigé (2007) de Brian De Palma

Titre original : Redacted

RedactedElle :
Redacted avait le mérite de vouloir faire connaître à l’Amérique la réalité des exactions commises par ses soldats en Irak. Il n’en reste pas moins que le film est très éprouvant à regarder. L’imitation du vidéaste amateur avec une caméra cahotante est un peu exagérée. La présence d’une journaliste américaine embarquée lors d’une scène de fouille d’une maison et d’arrestation parait assez invraisemblable. Les dialogues font également un peu artificiels. D’autre part, même s’il est certainement réaliste de montrer que les recrues ne brillent pas toujours par leur intelligence, il devient insupportable au bout d’un moment de regarder ces soldats déblatérer leurs discours primaires.
Note : pas d'étoile

Lui :
Il est un peu délicat de critiquer trop fort ce film car l’intention de Brian De Palma est au départ plutôt bienvenue : montrer une certaine réalité de la guerre en Irak, réalité que les américains ne peuvent voir car la vision donnée par les media est entièrement sous contrôle. Le film se présente donc comme un faux-documentaire, tel qu’il aurait pu être filmé par les soldats eux-mêmes mais entièrement rejoué par des acteurs. Il prend comme point central une terrible bavure, le viol et le meurtre d’une adolescente et de sa famille, et tente de nous exposer comment des soldats ont pu en arriver à accomplir de tels actes. Au-delà de la forme un peu agaçante (gesticulations de camera) et finalement trop artificielle, l’explication du geste par la seule imbécillité des protagonistes déçoit plutôt par son manque de profondeur. Brian de Palma a récolté ses informations sur les blogs de soldats et les vidéos sur le net. Cette démarche est totalement nouvelle et n’est pas sans poser quelques problèmes de fond. Le nivellement par le bas, assez apparent sur ce film, en est un.
Note : 2 étoiles

Acteurs: Patrick Carroll, Rob Devaney, Izzy Diaz
Voir la fiche du film et la filmographie de Brian De Palma sur le site imdb.com.

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20 mars 2009

Viridiana (1961) de Luis Buñuel

Viridiana Elle :
(pas (re)vu)

Lui :
Assez paradoxalement, c’est dans son seul film tourné en Espagne franquiste que Luis Buñuel se livre à la diatribe la plus mordante contre l’Etat et la religion. Il va beaucoup plus loin qu’avec son précédent film Nazarin. Le film est plus ou moins basé sur la vie de Santa Viridiana. Une jeune novice est rappelée du couvent par son oncle, juste avant de prononcer ses vœux. La jeune femme va tenter de faire le bien autour d’elle mais cela va se retourner contre elle. Le film est imprégné du début à la fin par une satire intense de la bigoterie et de la bourgeoisie espagnole vieillotte. La première partie oppose Viridiana à son oncle qui vit quasiment reclus sur des principes qui n’ont pas bougé depuis 50 ans. Buñuel met en parallèle le fétichisme religieux de la jeune fille avec le fétichisme érotique passablement macabre du vieil oncle. Viridiana Dans la seconde partie, Buñuel se déchaîne bien plus, notamment avec un groupe de mendiants hébergés par Viridiana, une galerie de trognes hautes en couleur qui semblent sorties de l’univers de Goya ; le film s’achève par une bacchanale délirante qui tourne en véritable orgie. Beaucoup de scènes fameuses parsèment le film d’une multitude d’objets emblématiques ou fétichistes. Toutes les scènes de Viridiana ont un sens, aucune ne semble gratuite ; c’est un film que l’on peut voir et revoir et découvrir de nouvelles choses à chaque vision. Viridiana est sans aucun doute l’un des meilleurs films de Buñuel, l’un des plus mordants et débridés.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Silvia Pinal, Francisco Rabal, Fernando Rey, Margarita Lozano
Voir la fiche du film et la filmographie de Luis Buñuel sur le site IMDB.

Remarque :
Comment Buñuel a-t-il réussi à tourner ce film dans l’Espagne franquiste reste un mystère. Viridiana représentait même l’Espagne au Festival de Cannes 1961 (Buñuel avait toutefois pris soin de n’apporter son film qu’à la toute dernière minute). Le film fut ensuite immédiatement interdit en Espagne, aucun journal n’eut le droit de dire qu’il avait gagné la Palme d’Or. Cette interdiction dura jusqu’à la mort de Franco.
Viridiana déclencha également le courroux du Vatican. Il faut bien avouer qu’il y avait de quoi… ! L’incroyable parodie de la Cène de Léonard Vinci par la troupe de mendiants qui prend la pose devant une femme qui lève sa jupe en guise d’appareil photo est restée célèbre.

19 mars 2009

Le Colonel Blimp (1943) de Michael Powell et Emeric Pressburger

Titre original : « The life and death of Colonel Blimp »
Titre américain : « The adventures of Colonel Blimp »

Le Colonel BlimpElle :
(pas revu)

Lui :
(Nouvelle vision) Première co-réalisation entre Michael Powell et Emeric Pressburger, Le Colonel Blimp retrace le parcours d’un homme qui a dédié sa vie à la carrière militaire. Profondément convaincu que la guerre doit se faire selon un code d’honneur, il se retrouve de plus en plus décalé par les guerres modernes, celle de 1914 mais surtout celle de 1940, qui ne répondent plus à ces codes. Le début du film peut sembler un peu forcé mais il prend une toute autre dimension là partir du moment où notre Colonel Blimp se lie d’amitié avec un officier allemand qui est, comme lui, un homme d’honneur. Le film présente sur ce plan quelques similitudes avec La Grande Illusion. Le Colonel Blimp Le fond du propos surprend vraiment quand on sait que ce film a été tourné en pleine guerre : il était vraiment audacieux de prendre un tel recul pour présenter la guerre en cours et d’y adjoindre en plus une bonne dose d’humour (1). Il est tout aussi audacieux de faire jouer trois rôles différents à la même actrice (Deborah Kerr) à trois périodes différentes. Alors que les deux militaires vieillissent, elle semble rester jeune comme pour symboliser la persistance de leur idéaux. L’émotion est présente aussi, souvent discrète mais parfois très forte comme dans cette belle scène de Theo face à l’officier d’immigration. Le Colonel Blimp est un film multi facettes vraiment étonnant, un film qu’il faut savoir découvrir… (2)
Note : 5 étoiles

Acteurs: Roger Livesey, Deborah Kerr, Anton Walbrook
Voir la fiche du film et la filmographie de Michael Powell et de Emeric Pressburger sur le site imdb.com.
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(1) Colonel Blimp était, de plus, le nom d’un personnage de dessins de caricature dans un quotidien londonien de l’époque.
A noter que le Ministère de l’Information fit en sorte que Laurence Olivier ne joue pas le rôle principal du film comme prévu. Il tenta aussi de retarder la diffusion du film parce que, selon lui, il ridiculisait l’armée.
(2) Une vision incomplète du film il y a quelques années nous avait fait écrire un commentaire plutôt négatif. C’était une erreur… Il faut toutefois reconnaître que le début du film est le plus faible.

Remarque :
Le film fut assez rapidement amputé de 40 minutes environ. Ce n’est que récemment que nous pouvons voir la version complète de 163 minutes

18 mars 2009

21 Grammes (2003) de Alejandro González Iñárritu

Titre original : « 21 Grams »

21 GrammesElle :
Regarder un film d’Iñárritu, c’est vivre une expérience unique, presque physique, poignante tant il nous projette avec force à l’intérieur de ses personnages. C’est du grand cinéma plein d’humanité que la caméra révèle grâce à des plans serrés sur des personnages sans fard, avec leurs émotions à fleur de peau. Un montage élaboré composé de trois morceaux de vies éclatées qu’il faut recoller nous fait pénétrer petit à petit dans son univers au bord du précipice dans lequel une musique éthérée flotte en permanence comme si le monde était vacillant. Un travail minutieux sur les couleurs a été accompli ; chacun des trois personnages principaux a la couleur qui lui correspond le mieux mentalement. Ici donc, trois destins qui s’effondrent, frôlent et côtoient la mort de très prés. Des cœurs brisés, des cœurs qui battent fort mais qui peuvent s’arrêter de battre d’un jour à l’autre. Une jeune femme Christina perd son mari et ses deux filles dans un accident causé par l’ex-taulard Jack, reconverti dans la religion. Paul est sauvé grâce à la transplantation du cœur du mari de Christina. Ce trio passe par toute la palette des émotions humaines. Le réalisateur explore quantité de thèmes forts dont la mort qui fait perdre 21 Grammes et correspond au poids de l’âme, la préciosité de la vie, la culpabilité, la rédemption, l’amour, la haine, la vengeance. Sean Penn, Naomi Watts et Benicio Del Toro sont bouleversants.
Note : 5 étoiles

Lui :
21 Grammes nous fait suivre le destin de trois personnes, destins qui vont se croiser ou plutôt s’entrechoquer. La construction est assez surprenante, le film se présentant comme un puzzle et, lorsque l’on ne connaît pas l’histoire, ce n’est qu’après 40 minutes que l’on commence à comprendre le lien entre ces trois personnes. Alejandro González Iñárritu met beaucoup de choses dans son film, il aborde de nombreux thèmes, toute une palette de sentiments avec en premier lieu le remords, la vengeance, ses personnages passent par de nombreuses attitudes, depuis la plus résignée à la plus exaltée. Les acteurs principaux livrent tous trois une remarquable performance, avec un jeu riche et surtout intense. Avec ce second film, Iñárritu montrait déjà beaucoup de maîtrise dans sa mise en scène, avec un récit en apparence éclaté, morcelé mais en fin de compte extraordinairement bien contrôlé. 21 Grammes est un film particulièrement intense, il fait partie de ces films qui vous marquent.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Sean Penn, Naomi Watts, Benicio Del Toro
Voir la fiche du film et la filmographie de Alejandro González Iñárritu sur le site IMDB.

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17 mars 2009

Faussaire (2006) de Lasse Hallström

Titre original : « The hoax »

FaussaireElle :
(pas vu)

Lui :
Faussaire nous raconte la véridique histoire de Clifford Irving, faussaire étonnant qui parvint à tromper le monde entier au début des années 70 avec une fausse autobiographie du milliardaire Howard Hughes. Le film de Lasse Hallström nous détaille méthodiquement comment il a monté et alimenté son mensonge, comment il est parvenu à se tirer de situations périlleuses. Le film joue habilement avec les moments de tension, de suspense mais aussi d’humour. Richard Gere est assez étonnant dans ce rôle un peu inhabituel pour lui, particulièrement crédible. Faussaire a toutefois le défaut d’être un peu formaté, notamment dans le montage, ce qui banalise le sujet. Le véritable Clifford Irving a déclaré que le film avait déformé la réalité. Le film est basé sur son propre livre « The Hoax » (1981). Au final, Faussaire est plaisant mais il vaut plus par son sujet que par lui-même : cette histoire est assez stupéfiante. 
Note : 3 étoiles

Acteurs: Richard Gere, Alfred Molina, Marcia Gay Harden, Stanley Tucci
Voir la fiche du film et la filmographie de Lasse Hallström sur le site IMDB.
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Voir le site internet de Clifford Irving.

Remarques :
* Retiré de la vente, le livre a fini par ressortir en 1999 puis en 2008 en Angleterre.
* Le film d’Orson Welles Vérités et Mensonges (F for Fake, 1974) parlait déjà de cette fraude. Il contient des documents filmés au moment où cette affaire a éclaté.

16 mars 2009

Paris (2008) de Cédric Klapisch

ParisElle :
Enfin un Klapisch bien construit et équilibré qui m’a beaucoup plu et qui sort des clichés de L’Auberge Espagnole et de sa suite. Réflexion, émotions, humour sont au rendez-vous. Un cinéma chaleureux et généreux en partage avec les autres, une pléiade de bons acteurs connus ou moins connus. Voilà enfin un Romain Duris qui prend de la profondeur avec son regard touchant sur le sens de la vie qu’il risque de perdre à cause de son cœur défaillant. En introspection, Il observe Paris et ses habitants râleurs du haut de son appartement. La vision de sa ville en est toute transformée car il sait que son temps est compté ; il essaie même d’insuffler ce qui fait le sel de la vie à sa sœur désabusée. Cédric Klapisch dresse un kaléidoscope de vies éclatées habilement articulées dans le Paris des petits quartiers avec une Karine Viard en boulangère haute en couleur, le Paris des défavorisés avec Juliette Binoche en assistante sociale, le Paris des bobos avec François Cluzet en architecte, le Paris de l’enseignement avec Fabrice Luchini en professeur d’histoire hilarant, le Paris des marchés et de Rungis avec Albert Dupontel en maraîcher, le Paris des immigrés avec un clandestin du Cameroun. Ces personnages parfois brisés ou perdus se croisent seulement. Ils sont attachants et sont en passe de renaître suite à leurs questionnements. Le cœur de Paris bat fort au rythme de la belle musique de Loïc Dury.
Note : 5 étoiles

Lui :
Ce Paris de Cédric Klapisch nous fait suivre plusieurs histoires. La plupart de ses personnages sont assez seuls, en quête d’une nouvelle voie. L’histoire centrale, et aussi la plus forte, est celle de ce jeune danseur atteint d’une grave maladie qui pense vivre ses dernières semaines. La mort est d’ailleurs assez présente, sous plusieurs formes, mais l’humour l’est aussi et le film est finalement assez léger. Le fond du propos de Klapisch est assez humaniste et positif, encourageant à profiter de la vie tout en sachant la vivre avec les autres. Comparé à certains de ses films précédents qui manquaient d’épaisseur, Paris apparaît plus riche et, sous son apparente légèreté, le film cache une certaine profondeur. Dans ce kaleidoscope de vies, Klapisch parvient à éviter les clichés trop marqués. Comme le veut la loi du genre, il y a là toute une pléiade d’acteurs et notamment Juliette Binoche, parfaite, Romain Duris, plus convaincant qu’à l’habitude et un Fabrice Luchini bien contenu. Paris a l’avantage d’être un film facile d’abord sans être futile, servi par une réalisation parfaitement maîtrisée.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Juliette Binoche, Romain Duris, Fabrice Luchini, Albert Dupontel, François Cluzet, Karin Viard, Mélanie Laurent, Zinedine Soualem, Julie Ferrier, Olivia Bonamy, Maurice Bénichou, Gilles Lellouche
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15 mars 2009

Le scandale (1967) de Claude Chabrol

Le ScandaleElle :
(pas vu)

Lui :
L’héritier un peu fantasque d’une grande marque de champagne est très perturbé après avoir été retrouvé sans connaissance à côté d’une femme étranglée. Sorti en 1967, Le scandale préfigure le Chabrol des années 70 car le cinéaste porte déjà son regard sur ce qui deviendra son sujet de prédilection, la haute bourgeoisie de province, pour nous en faire un portrait peu reluisant. Ici, il n’hésite pas à grossir le trait, peut-être un trop : cupides, ivrognes ou parasites, ses personnages ne sont pas présentés à leur avantage… Le film n’a pas la précision dans le déroulement du scénario qu’auront ses films suivants (à commencer par La femme infidèle ou Le boucher deux ans plus tard) mais repose déjà sur un petit nombre de personnages forts et de nombreuses fausses pistes pour nous égarer. Le final est vraiment inattendu. Un peu plus brut que les films qui suivront, Le scandale n’en reste pas moins assez prenant.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Anthony Perkins, Maurice Ronet, Yvonne Furneaux, Stéphane Audran, Henry Jones
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14 mars 2009

Ecrit sur du vent (1956) de Douglas Sirk

Titre original : « Written on the wind »

Ecrit sur du VentElle :
Un bon film, sans doute pas totalement marquant, construit sur un scénario assez classique et plutôt manichéiste. Un magnat du pétrole a pour malheur d’avoir des enfants oisifs et dépravés qui se détruisent mutuellement. Le fils alcoolique ne parvient pas à sortir de son mal être malgré la bonne volonté de sa charmante épouse et l’aide de son meilleur ami. La sœur déteste son frère, elle instille son fiel pour mieux le détruire. Le film vaut surtout par sa belle mise en scène hallucinée et baroque. Ambiances tumultueuses avec dérapages de voitures décapotables colorées dans le gris des champs de pétrole, des cris, le drame de la jalousie, des pleurs, une musique échevelée, des couleurs rougeoyantes dans les vêtements et les décors pour révèler le démon et la perversité qui rongent ces enfants de riche.
Note : 3 étoiles

Lui :
Le fils instable d’un riche magnat du pétrole texan et son ami d’enfance tombent amoureux de la même femme. C’est le point de départ d’Ecrit sur du Vent, grand mélodrame de Douglas Sirk qui se spécialisera dans le genre au cours de la décennie des années 50. Ce milieu richissime lui permet de mettre en relief des comportements exacerbés à l’extrême par la jalousie et le sentiment d’échec ; il oppose nettement, sans doute un peu trop, l’instabilité des enfants du riche magnat au sang-froid presque placide de l’ami d’enfance, plus modeste, et de la femme aimante et bienveillante. La mise en scène est à la dimension du drame qui se joue, très bien maîtrisée par Sirk ; elle ajoute une forte intensité à l’ensemble. Ecrit sur du Vent repose aussi sur une belle prestation d’un quatuor d’acteurs. Lauren Bacall est parfaite, un peu en retrait toutefois, Rock Hudson (que l’on a l’habitude de voir « plomber » les films où il joue) est ici, pour une fois, plutôt convaincant, mais ce sont surtout les deux rôles d’êtres exacerbés (Dorothy Malone et Robert Stack) qui sont bien entendu les plus spectaculaires à l’écran. Ecrit sur du Vent a sans doute un peu vieilli comme bon nombre de ces grands mélodrames des années 50, mais son intensité lui permet de conserver une bonne partie de sa vigueur émotionnelle.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Robert Stack, Lauren Bacall, Rock Hudson, Dorothy Malone
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13 mars 2009

La horde sauvage (1969) de Sam Peckinpah

Titre original : « The wild bunch »

La Horde sauvageElle :
(pas vu)

Lui :
Une petite bande de desperados décide de faire un dernier gros coup afin de pouvoir raccrocher leurs armes. Ils sont poursuivis jusqu’au Mexique alors en pleine révolution. La Horde Sauvage de l’américain Sam Peckinpah peut être vu comme la réponse d’Hollywood aux westerns italiens de Sergio Leone. Plus que tout autre, il marque la fin de la grande tradition du western. Nous sommes ici loin des idéaux à la John Ford, seule la violence est conservée, amplifiée, magnifiée. Le film débute et finit par une tuerie, le mot est faible, il serait plus juste de parler de boucherie. Peckinpah est le premier à esthétiser la violence avec une large utilisation de ralentis pour mieux voir les hommes tomber ou les jets de sangs qui jaillissent des corps. Les morts se comptent par centaines (1). Pourtant, une scène d’action se déroule (presque) sans morts : l’attaque du train est à mes yeux le meilleur moment du film (2). L’histoire met en relief la fuite des idéaux. Le propos de La Horde Sauvage est très désabusé, montrant que le bon côté de la Loi est aussi peu reluisant que le mauvais. Les amateurs du film, et ils sont très nombreux (3), parlent parfois de « western crépusculaire »… S’il met en scène la fin d’une époque, celle du grand Ouest, La Horde Sauvage marque aussi la fin d’un genre cinématographique, le western, et le début d’une certaine esthétisation de la violence qui, elle, perdure encore et toujours. 
Note : 2 étoiles

Acteurs: William Holden, Ernest Borgnine, Robert Ryan, Edmond O’Brien, Warren Oates,Ben Johnson
Voir la fiche du film et la filmographie de Sam Peckinpah sur le site IMDB.
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(1) 90 000 cartouches furent utilisées sur le tournage de La Horde Sauvage. Ce serait plus que durant *toute* la révolution mexicaine de 1914 (anecdote lue sur IMDB).
(2) La scène de l’attaque du train n’était pas dans le scénario. Elle fut improvisée.
(3) Le film fut classé parmi les 100 plus grands films de tous les temps par l’American Film Institute en 2007.

12 mars 2009

Les climats (2006) de Nuri Bilge Ceylan

Titre original : « Iklimler »

Les ClimatsElle :
Du beau cinéma brut, épuré, réaliste dans lequel la forme très originale et personnelle donne encore plus de poids et de mystère au fond. Un couple interprété par le réalisateur et sa femme. Entre eux, un mur, une incommunicabilité qui ne s’explique pas mais un fort besoin l’un de l’autre. Peu de dialogues, juste le strict nécessaire mais toujours cette impossibilité de dire, d’expliquer le mal être de chacun. Autour d’eux, le silence pesant mais pas tout à fait, on entend le bruit subtil du vent, de la mer, de la pluie, de la neige, de la tempête, les sons des différents « climats » qui font écho aux tourments intérieurs. De longs plans fixes mais pas complètement. La caméra frôle les visages et les corps immobiles; elle joue avec un flou vivant en arrière-plan. Ils sont bien là mais ne se voient pas nettement. Les cadrages et les lumières sont de toute beauté, sans artifice. Magnifiques paysages de brumes et de brouillards qui correspondent à l’état mental de ces personnages à l’histoire d’amour sans issue. J’avais déjà beaucoup aimé le précédent film de Nuri Bilge Ceylan Uzak dans lequel il avait fait déjà un gros travail sur les sons.
Note : 5 étoiles

Lui :
Le réalisateur turc Nuri Bilge Ceylan filme un couple en rupture, un homme et une femme qui ne se trouvent pas. Il le fait de façon très sobre, sans excès de sentimentalisme et sans éclats, sans nous expliquer beaucoup non plus car il part d’une petite dispute bénigne. Nous suivons l’homme et sa réaction face à l’évènement (1). Filmé en numérique HD, Climats montre une très belle photographie avec un jeu assez particulièr sur la profondeur de champ. Les films de Nuri Bilge Ceylan ont une belle personnalité, son cinéma peut évoquer celui de Bergman par certains aspects. Climats est un film lent et beau.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Ebru Ceylan, Nuri Bilge Ceylan, Nazan Kirilmis
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(1) En interprétant lui-même son personnage principal, Nuri Bilge Ceylan peut nous laisser supposer qu’il s’agit d’un récit autobiographique mais il a affirmé qu’il n’en était rien.