Hélène Duvernet (Jane Birkin), propriétaire d’une galerie d’art, est interrogée par les inspecteurs Pelissier (Jacques Villeret) et Leroux (Michel Blanc) pour une affaire de routine. Mais Leroux se prend de passion pour Hélène et prend n’importe quel prétexte pour lui parler et la surveiller… Circulez y a rien à voir ! est un film français réalisé par Patrice Leconte. Il en a écrit le scénario avec l’auteur de bandes dessinées Martin Veyron. Il s’agit d’une comédie policière qui repose entièrement sur Michel Blanc qui interprète un personnage complexe que l’on a du mal à cerner, obstiné, parfois déplaisant. L’ensemble est un peu plat mais, à condition de ne pas s’attendre à une hilarante comédie aux dialogues brillants, se révèle amusant et insolite. C’est finalement son caractère un peu surprenant qui donne au film un certain charme. Elle: Lui :
Port de Londres, 1950. Dan, un Américain, et Johnny, un Jamaïcain, débarquent du navire marchand Dunbar, où ils sont marins. Dan fait de la petite contrebande, bas et cigarettes ; il utilise parfois Johnny pour passer des choses à la douane. Cette fois, Dan va être recruté par des malfrats pour quelque chose de bien plus important… Les Trafiquants du Dunbar est un film britannique réalisé par Basil Dearden et produit par Ealing Studios. Il s’agit d’un film policier à suspense, le second du réalisateur après le succès de The Blue Lamp (1950), mais Basil Dearden y montre un penchant encore plus net vers le thème du social. Il prend le temps d’approfondir ses personnages, de laisser se développer une romance entre le marin jamaïcain et une jeune vendeuse de tickets. C’est ainsi le premier film britannique à montrer un amour interracial (s’il reste platonique et sans lendemain, il n’est est pas moins bien réel). Le suspense intervient dans la dernière partie du film qui se montre assez intense. Les nombreuses séquences nocturnes montrent un certain travail sur les lumières. Le film est aujourd’hui peu connu. Un excellent polar à connotation sociale. Une fois encore, on se demande pourquoi Basil Dearden est si méconnu. Elle: – Lui :
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Remarque : • Explication du titre original : La Pool of London (en français : « bassin de Londres ») est la partie de la Tamise située entre le London Bridge et Rotherhithe. C’est l’endroit où les grands navires (qui ne pouvaient aller au-delà du London Bridge) accostaient pour décharger leurs marchandises. Avec la généralisation des containers, les années 1960 verront la fermeture de tous les quais et les années 1980 le début de la gentrification des quartiers avoisinants.
Titre original : « The Blue Lamp »
Autre titre français : « La Lampe bleue »
Londres, 1949. Dans le quartier populaire de Paddington, le policier vétéran George Dixon apprend le métier à une jeune recrue, Andy Mitchell. Ailleurs dans la ville, deux jeunes désœuvrés préparent le hold-up d’une bijouterie… The Blue Lamp est un film britannique réalisé par Basil Dearden et produit par Ealing Studios. Le scénario est signé par l’excellent T.E.B. Clarke (Thomas Ernest Bennett Clarke) qui a été lui-même policier volontaire pendant la guerre. L’histoire dresse un portrait du travail des policiers anglais, un portrait qui s’aligne sur l’image traditionnelle du bobby bienveillant. Petit à petit, le rythme s’accélère et la seconde moitié montre une traque des braqueurs de plus en plus haletante. La longue séquence finale sur un champ de courses de lévriers est assez remarquable. La construction est très bien faite. On peut trouver l’ensemble assez classique mais il a un cachet très britannique qui change agréablement des films américains. L’un des deux délinquants est interprété par Dick Bogarde dans l’un de ses tous premiers rôles, il montre une belle présence à l’écran. The Blue Lamp connu un très grand succès au Royaume-Uni : c’est le film qui réalisa le plus d’entrées de l’année 1950. Le personnage du bobby George Dixon sera repris dans une série télévisée, Dixon of Dock Green, qui dura plus de vingt ans sur BBC1 ! Elle: – Lui :
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Remarque : • Le film étant en noir et blanc, le sens du titre original peut échapper au spectateur non britannique : il fait référence à lanterne bleue qui traditionnellement orne le fronton des commissariats de quartier (et que l’on voit en gros plan au début et à la fin du film).
Dans une petite ville de pêcheurs d’Alaska, une jeune fille de 17 ans est retrouvée assassinée. Deux inspecteurs de la police de Los Angeles, le capitaine Will Dormer et son partenaire Hap Eckhart, sont envoyés sur place pour aider la police locale dans son enquête, à la demande du chef de la police, un ancien collègue de Dormer. Ellie Burr, une jeune détective de la police locale, qui est une grande fan du travail d’enquête de Dormer, vient les accueillir… Insomnia est un film policier américain réalisé par Christopher Nolan. Il s’agit du remake du film norvégien Insomnia (1997) réalisé par Erik Skjoldbjærg, qui avait reçu de bonnes critiques mais une distribution limitée. Si elle ne recèle pas de grandes surprises, l’intrigue est bien tournée, évoluant rapidement en jeu du chat et de la souris, où la souris peut devenir chat et inversement. Il y a une belle profondeur dans les trois personnages principaux. Le travail de Christopher Nolan, qui travaillait ici pour la première fois avec des acteurs de premier plan, est assez remarquable. Sa mise en images montre une recherche sur les lumières (au pays où le soleil ne se couche jamais) et un cadrage qui crée une atmosphère ; il place souvent sa caméra très près des personnages comme pour mieux les sonder. Al Pacino met beaucoup d’intensité dans son personnage et Robin Williams, utilisé ici à contre-emploi, s’en sort plutôt bien (1). Le film a eu d’assez bonnes critiques même si Christopher Nolan a déclaré plus tard que c’était son film le plus sous-évalué. Elle: – Lui :
(1) Les deux acteurs ont des méthodes très différentes. Robin Williams a déclaré : « Ma rencontre avec Al, c’est « Monsieur Méthode » contre « Monsieur N’importe Quoi » ! » (en anglais, « Method » désigne les techniques de jeu de l’Actors Studio, Al Pacino est effectivement issu de l’Actors Studio qui préconise que les acteurs doivent intégrer totalement la psychologie de leur personnage). On raconte que, pour préparer les scènes, Al Pacino s’enfermait dans sa loge et ne sortait que lorsqu’on était prêt à tourner alors que Robin Williams restait avec l’équipe et faisait rire tout le monde.
Une jeune femme paralysée depuis un accident d’auto, Marie Kastner, meurt écrasée par sa propre voiture. Son mari, Paul Kastner, hérite de sa fortune à de surprenantes conditions. De plus, un homme lui fait un étrange chantage… Un meurtre est un meurtre est un film français réalisé par le belge Étienne Périer. Il est basé sur le roman du même nom de Dominique Fabre qui en a co-écrit l’adaptation avec le réalisateur. Il s’agit d’un suspense qui ressemble à du Claude Chabrol (qui joue d’ailleurs un petit rôle, assez burlesque) et la présence de Stéphane Audran renforce cette impression. Hélas, le film n’en a pas les mêmes qualités. L’histoire est pourtant bien agencée mais la réalisation reste terne. Malgré une distribution prestigieuse, il manque l’étincelle qui donnerait une personnalité au film. Cela se regarde toutefois sans déplaisir mais reste anodin. Elle: – Lui :
Remarque : Le réalisateur belge Etienne Périer a principalement tourné des films policiers dont de nombreux téléfilms. Dans Un si petit village (1978) il a reconstitué la célèbre affaire de Brouay-en-Artois.
Un tueur professionnel français se rend à Los Angeles pour éliminer un personnage du milieu. Ceci fait, il est lui-même poursuivi par un tueur dans une ville qu’il ne connait pas… Un homme est mort est un film français réalisé par Jacques Deray. Le scénario qu’il a écrit avec Jean-Claude Carrière est bien tourné et riche en rebondissements. En outre, Jacques Deray utilise merveilleusement les décors de la ville de Los Angeles et cela se voit dès le générique avec de belles vues d’avion. Il nous montre aussi sa faune, souvent interlope (mais pas toujours). Certaines scènes, telle celle dans la chambre funéraire qui montre un indéniable humour noir, sont mémorables La distribution est assez prestigieuse. Hélas, j’ai vu ce film en version française et comme Trintignant est le seul acteur français (Michel Constantin n’apparaît qu’en fin de film), tous les acteurs sont doublés. C’est horrible, le doublage dans les années soixante-dix était vraiment épouvantable… Je n’ai vu qu’après coup qu’il existe version en anglais (titrée The Outside Man), la langue utilisée pour le tournage. À voir impérativement en anglais. Elle: – Lui : (VO) – (VF)
Los Angeles. Neil McCauley (Robert De Niro) est un braqueur méthodique qui a de l’expérience, il veille à ne pas commettre d’impairs. A la suite d’un triple meurtre commis par un complice occasionnel, il va trouver sur sa route le lieutenant Hanna (Al Pacino), officier opiniâtre bien décidé à le faire tomber… Heat (titre qu’il faut comprendre dans le sens de « Tension ») est un film policier américain écrit et réalisé par Michael Mann. Il s’agit du remake du téléfilm L.A. Takedown du même réalisateur. L’intrigue s’inspire, en partie, d’une affaire criminelle s’étant déroulée à Chicago au début des années 1960. Heat fait partie de ces films qui forgent un style ; à sa sortie, il ne ressemblait à nul autre. Il ne repose pas sur une succession de scènes d’actions même s’il comporte une scène de fusillade unique en son genre par son intensité et son réalisme. C’est plutôt le récit d’une traque obsessionnelle, le jeu du chat et de la souris culminant dans une scène superbe, la plus forte du film : la rencontre entre les deux hommes qui s’expliquent devant une tasse de café. Michael Mann donne beaucoup d’importance à ses deux personnages principaux, deux hommes sont dotés d’une grande droiture, assez austère. Il se dégage un fort sentiment de mélancolie de l’ensemble. La virtuosité de la mise en scène est visible dans de nombreuses séquences. Le film est toutefois un peu long (2h50). Elle: – Lui :
Remarque : Michael Mann a écrit un roman, Heat 2 sorti en 2022, roman qu’il décrit comme une préquelle à Heat mais aussi une suite. Il a affirmé lors d’une interview vouloir « absolument faire un film de la préquelle de Heat »
Une plongée au cœur de l’Anti-Terrorisme pendant les 5 jours d’enquête qui ont suivi les attentats du 13 novembre 2015 à Paris pour retrouver les terroristes en fuite… Novembre est un film français réalisé par Cédric Jimenez. Le scénario a été écrit par Olivier Demangel. Malgré notre inévitable connaissance des faits, le réalisateur parvient à créer un récit qui nous tient en haleine pendant plus d’1h30 sans nous laisser une minute de répit. Il respecte les victimes en ne montrant ni les attentats, ni les morts ou les blessés. Son récit se concentre sur la traque policière, une intense course-poursuite après les plus petits indices dans la crainte constante d’une seconde vague d’attentats. Le réalisateur a évité d’introduire tout sentimentalisme qui aurait certainement paru inutile voire déplacé : il nous montre des policiers en action sans chercher à donner de l’épaisseur à ses personnages. Très présent, Jean Dujardin est parfait, Anaïs Demoustier est plutôt convaincante ce qui n’est pas le cas de Sandrine Kiberlain qui n’est guère crédible dans un tel rôle (à noter que le poste de Direction centrale de la Police judiciaire était à l’époque effectivement occupée par une femme). Globalement, Cédric Jimenez a su créer un film de ces évènements tragiques, sans utiliser de sensationnalisme racoleur, sans tomber dans la facilité. Elle: Lui :
Policier muté loin de son épouse qu’il ne voit que les week-ends, Hae-joon mène une enquête sur la mort d’un homme survenue dans les montagnes alors qu’il faisait de l’escalade. Il rencontre la mystérieuse épouse du défunt, Seo-rae, dont il tombe rapidement amoureux… Decision to Leave est un film sud-coréen coécrit (avec sa scénariste habituelle Jeong Seo-kyeong), produit et réalisé par Park Chan-wook. Il s’agit d’une intrigue à suspense. Plusieurs critiques ont fait le rapprochement avec Vertigo d’Alfred Hitchcock ; si le film a effectivement en commun avec ce dernier une atmosphère particulière un peu irréelle, l’histoire en elle-même est toutefois bien plus simple. Le film est certainement plus remarquable par son style. Park Chan-wook utilise des effets de construction narrative et des effets de points de vue pour complexifier son récit. Ces effets sont assez réussis mais ils finissent par donner un petit goût d’artificialité à l’ensemble, d’autant plus que le film paraît trop long (2h20). On peut aussi regretter le manque d’émotion. Decision to Leave a été très bien accueilli par la critique. Elle: – Lui :
Samad est détective à la brigade des stupéfiants de Téhéran. C’est un flic obstiné et fougueux à la recherche d’un chef de file de la drogue, Naser Khakzad. Il va tenter de remonter la filière depuis les revendeurs jusqu’au laboratoire… La Loi de Téhéran (traduction du titre original : « Six millions et demi », c’est l’estimation du nombre de toxicomanes en Iran) est un film iranien écrit et réalisé par Saeed Roustayi, jeune réalisateur, juste trentenaire. C’est un film assez étonnant, qui jongle entre le thriller et le documentaire. C’est sans jugement ni complaisance que le réalisateur nous fait suivre le détective et aussi le trafiquant dont il dresse un portrait assez approfondi. En fait, il s’attache plus à nous montrer les hommes et nous fait découvrir un Iran ravagé par la drogue (la loi punit de mort la détention de drogue, que ce soit 30 grammes ou 30 kgs, ce qui a encouragé les trafiquants à jouer gros). Son film est moderne dans son équilibre, avec peu de temps morts mais sans effet inutile. Il montre ainsi une belle intensité. Une réussite. Elle: – Lui :