13 janvier 2013

Histoire écrite par l’eau (1965) de Yoshishige Yoshida

Titre original : « Mizu de kakareta monogatari »
Autre titre français « Histoire écrite sur l’eau »

Histoire écrite par l'eauLe jeune Shizuo, employé dans une grande banque, vit avec sa mère, veuve et toujours très belle. Il est fiancé avec la pétulante Yumiko mais, lorsqu’il apprend que le père de sa fiancée a une liaison avec sa mère, il remet en cause son mariage… Adaptation d’un roman de Yôjirô Ishizaka, Histoire écrite par l’eau aborde le sujet délicat de l’inceste, ici mère-fils. Yoshishige Yoshida traite ce sujet avec beaucoup de retenue et de délicatesse. L’image est très belle, montrant une approche très artistique du cadrage et de la composition des images, artistique et aussi inventive. Yoshida filme les deux femmes de façon très sensuelle : Mariko Okada, sa femme depuis peu, est d’une grande beauté ; à 32 ans, elle joue ici une quinquagénaire qui paraît 20 ans de moins. De son côté, Ruriko Asaoka est une actrice qui fut très populaire parmi la jeune génération des années soixante. Au-delà du sujet l’inceste, Yoshida dit avoir voulu remettre en cause la prédominance des hommes dans la société japonaise. Loin des mélodrames appuyés, Histoire écrite par l’eau est réalisé avec beaucoup de sensibilité. Le film nous enveloppe par sa beauté et sa douceur.
Elle: 5 étoiles
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Mariko Okada, Ruriko Asaoka, Yasunori Irikawa, Isao Yamagata
Voir la fiche du film et la filmographie de Yoshishige Yoshida sur le site IMDB.

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11 août 2012

Le marchand des quatre saisons (1971) de Rainer Werner Fassbinder

Titre original : « Händler der vier Jahreszeiten »

Le marchand des quatre saisonsDe retour de la Légion étrangère, Hans devient marchand ambulant de fruits et légumes avec sa femme. Se sentant rejeté, il est d’humeur de plus en plus sombre… Le marchand des quatre saisons est le premier succès commercial de Fassbinder ; il fut très bien accueilli en Allemagne aussi bien par le public que par la critique. Inspiré entre autres par les mélodrames de Douglas Sirk, le réalisateur signe ici un film sur le manque d’amour et de considération. La scène d’introduction donne le ton : « Ce sont les meilleurs qui s’en vont, il n’y a que les gens comme toi pour revenir », dit la mère d’Hans à son retour. C’est aussi un film qui questionne sur la société bourgeoise des années cinquante et soixante, une société sans amour et sans bonheur, et aussi sur la réussite allemande, une société où les femmes ont une grande importance, ce sont elles qui sont garantes de l’ordre moral. Hans Hirschmüller fait une belle prestation en ours en quête d’amour, dont les désirs et aspirations restent inassouvis. Le film n’est pas sans maladresse dans sa forme mais Fassbinder montre déjà une indéniable maitrise. Il compense la faiblesse des moyens par une belle densité du contenu. Malgré son style assez simple, Le marchand des quatre saisons est en effet un film très riche.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Hans Hirschmüller, Irm Hermann, Hanna Schygulla
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7 août 2012

Le miroir (1975) de Andreï Tarkovski

Titre original : « Zerkalo »

Le miroirFrappé par la maladie, un homme de quarante ans se penche sur son passé et sur son pays, L’U.R.S.S. Il revoit sa mère dans sa maison natale, puis la femme dont il est séparé (jouée par la même actrice) et enfin son fils dont il sent que l’éducation qu’il lui donnée est un échec… Le miroir est un film autobiographique, ou plutôt introspectif, d’Andreï Tarkovski. C’est un film qui ne se livre pas facilement, surtout à nos yeux d’occidentaux qui ne peuvent qu’imparfaitement intégrer « l’esprit russe ». Car la mémoire du cinéaste se mêle à la mémoire collective et, au-delà de sa propre histoire, Le miroir est pour lui une recherche de l’identité russe, celle de la Russie éternelle. Il est d’autant plus important d’en avoir les clés que le film n’a pas une structure linéaire évidente. Il est joliment ponctué par la poésie d’Arseni Tarkovski, père du cinéaste, récitée par le poète lui-même (1). Longtemps bloqué par les autorités, le film n’est sorti en France qu’en 1978.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Margarita Terekhova
Voir la fiche du film et la filmographie de Andreï Tarkovski sur le site IMDB.
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(1) Dans la version originale sous-titrée, il semblerait que les poèmes ne soient pas intégralement traduits alors qu’ils le sont dans la version française. Ceci dit, la V.O. nous fait profiter de la voix d’Arseni Tarkovski ; à l’écoute de cette merveilleuse et envoutante musique des mots en russe, on comprend d’ailleurs mieux l’importance de la poésie de la Russie.

> Lire une belle analyse du film de Jean Gavril Sluka sur le site DVD Classik …

25 juillet 2012

Gianni et les femmes (2011) de Gianni Di Gregorio

Titre original : « Gianni e le donne »

Gianni et les femmesA 60 ans, Gianni est en pré-retraite depuis quelques années. Il est apprécié de ses proches qui ont tendance à profiter de lui mais ce qui le tracasse vraiment c’est de ne plus être regardé par les femmes… Gianni et les femmes est le second long métrage de Gianni Di Gregorio. Il s’inspire de sa propre vie et joue lui-même son personnage ce qui lui a valu d’être comparé à Nanni Moretti, mais nous en sommes loin tout de même. Le propos ici reste assez superficiel, bloqué sur ce personnage qui refuse son âge (mais pourtant semble tout faire pour en paraître dix de plus). L’ensemble est assez prévisible et plutôt déprimant. Peut-être un peu aidé par le contexte politique italien (1), Gianni et les femmes a bénéficié d’une bonne critique qui y a vu un certain « donjuanisme à l’italienne revisité ».
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Gianni Di Gregorio, Valeria De Franciscis, Alfonso Santagata, Elisabetta Piccolomini
Voir la fiche du film et la filmographie de Gianni Di Gregorio sur le site IMDB.

(1) Le film est sorti en Italie au moment du « Rubygate », cette affaire où Silvio Berlusconi était accusé d’avoir payé une jeune fille mineure pour des relations sexuelles et d’organiser des soirées dans sa propriété privée impliquant des prostituées mineures. Dans ce contexte, le film « Gianni et les femmes » a été décrit comme montrant une « autre Italie ».