10 décembre 2023

Le Portrait interdit (2017) de Charles de Meaux

Le Portrait interditAu milieu du XVIIIe siècle, le jésuite Jean-Denis Attiret est l’un des peintres officiels de la Cour impériale de Chine. Il se voit confier la tâche honorifique de peindre le portrait de l’impératrice Ulanara. Cette concubine devenue impératrice à la suite de la mort de la première femme de l’empereur Qian Long aura un destin très particulier. Sorte de figure romantique avant l’heure, il ne restera d’elle que ce portrait à la sensualité énigmatique de Joconde asiatique…
Le Portrait interdit est un film historique franco-chinois réalisé par Charles de Meaux, cinéaste et artiste contemporain présenté comme « l’un des premiers à avoir travaillé sur l’espace entre les arts plastiques et le cinéma » (dixit Wikipédia). Il est en outre passionné de culture chinoise. Les personnages de cette histoire sont bien réels mais l’on ne sait que très peu de choses de l’impératrice Ulanara, hormis ce tableau que le jésuite a pu rapporter en France lorsqu’elle est tombée en disgrâce. Le cinéaste a donc imaginé une relation d’attraction entre le peintre et son modèle. Mais ce n’est pas le développement de cette histoire qui donne de l’attrait au film : le récit manque plutôt de rythme et de matière. En revanche, la qualité plastique des images, la musique et la beauté de l’actrice principale ravissent les sens. La reconstitution de la cité impériale est fort belle. Les acteurs sont bien entendu chinois en grande majorité. Melvin Poupaud a appris le chinois pour le tournage car seuls quelques apartés du jésuite sont en français. Un film aux qualités essentiellement plastiques.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Bingbing Fan, Melvil Poupaud, Yue Wu, Shih-Chieh King, Jue Huang, Thibault de Montalembert, Féodor Atkine
Voir la fiche du film et la filmographie de Charles de Meaux sur le site IMDB.
Voir la fiche du film sur AlloCiné.

Bingbing Fan et Melvil Poupaud et Yue Wu dans Le Portrait interdit de Charles de Meaux.
Le Portrait interdit
Melvil Poupaud et Thibault de Montalembert dans Le Portrait interdit de Charles de Meaux.
Le portrait est aujourd’hui au Musée des Beaux-Arts de Dôle, la ville natale de Jean-Denis Attiret.

15 novembre 2017

Les Aventures fantastiques du baron Münchhausen (1943) de Josef von Báky

Titre original : « Münchhausen »
Autres titres français : « Les Aventures du Baron de Muenchhausen », « Les Aventures du Baron Münchhausen », « Le Baron de Muenchhausen »

Le Baron de MuenchhausenUn descendant du baron de Münchhausen raconte à un jeune couple de ses amis les aventures tumultueuses de son illustre aïeul…
Les Aventures fantastiques du baron Münchhausen est un film allemand réalisé en pleine guerre à la demande de Goebbels pour le 25e anniversaire de la UFA. En dépit de ce lourd pedigree, cette superproduction ne présente étonnamment aucun caractère de propagande (ce qui valut à Fritz Hippler de perdre son poste de directeur des films du Reich et d’être envoyé sur le front). Le budget mis à disposition fut très important (1) et de nombreuses scènes restent impressionnantes aujourd’hui par leur ampleur. Le faste des multiples décors et des costumes, magnifiés par la couleur (Agfacolor), n’a rien à envier aux superproductions américaines de l’époque. Mais le plus étonnant reste le modernisme de l’ensemble par les techniques employées et les trucages. L’exagération des récits du baron est bien retranscrite et l’humour très présent. Il y aussi de belles trouvailles de scénario, des notes poétiques et même quelques scènes de nudité totale assez osées (qui furent toutefois coupées dans les versions commerciales). Les Aventures fantastiques du baron Münchhausen connurent un grand succès pendant et après la guerre. Le film a été magnifiquement restauré dans sa presque totalité en 2016 à partir de plusieurs sources.
Elle:
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Hans Albers, Käthe Haack, Brigitte Horney, Wilhelm Bendow, Ilse Werner
Voir la fiche du film et la filmographie de Josef von Báky sur le site IMDB.

Voir les livres sur le cinéma allemand

Remarques :
* Agfacolor est un procédé de film couleur mis au point par Agfa dans les années trente. Une douzaine de longs métrages allemands ont été tournés en Agfacolor entre 1940 et 1945. Münchhausen est le troisième. A la fin de la guerre, les Alliés ont mis la main sur les stocks (l’utilisation la plus célèbre est celle d’Eisenstein pour Ivan le Terrible). L’usine se retrouvant en Allemagne de l’Est fut renommé ORWO par les russes et le procédé, OrwoColor. De leur côté, les américains exploitèrent le procédé sous le nom Anscochrome, du nom de la filiale américaine d’Agfa, Ansco, pour un nombre de films très limité.
* Le réalisateur d’origine hongroise Josef von Báky ne produira que des films peu remarquables par la suite. On peut donc se demander s’il ne fut qu’un simple exécutant sur ce projet.

(1) Le budget aurait été de l’ordre de 6,5 millions de Reichsmarks, ce qui équivaut à 2,6 millions de dollars de la même époque, soit les ¾ du budget estimé d’Autant en emporte le vent (1939).

Münchhausen
Hans Albers et Brigitte Horney dans Le Baron de Muenchhausen de Josef von Báky.

Münchhausen
Brève mais très impressionnante scène tournée à Venise avec des gondoles de collection dans Le Baron de Muenchhausen de Josef von Báky.

Münchhausen
Hans Albers et Marianne Simson dans Le Baron de Muenchhausen de Josef von Báky.

Autres adaptations :
Les Aventures du baron de Münchausen de Georges Méliès (1911)
Les Aventures fantastiques du baron Münchhausen de l’allemand de Josef Von Baky (1943) réalisé pour les 25 ans de la UFA à la demande de Goebbels.
Le Baron de Crac de Karel Zeman (1962)
Les fabuleuses aventures du légendaire Baron de Munchausen de Jean Image (1979), dessin animé
Le Secret des Sélénites de Jean Image (1984), dessin animé.
Les Aventures du baron de Munchausen de Terry Gilliam (1988)

16 janvier 2016

Messaline (1951) de Carmine Gallone

Titre original : « Messalina »

MessalineMariée à l’empereur Claude, l’impératrice Messaline ne cesse d’intriguer en coulisses et collectionne les amants qu’elle n’hésite pas à faire tuer s’ils deviennent gênants… Carmine Gallone est un cinéaste italien prolifique dont certains films furent des piliers du cinéma fasciste, tel son fameux Scipion l’Africain (1937). Il revient au péplum(1) avec ce Messaline, une production italo-franco-espagnole de l’Après-guerre, film moins chargé d’idéologie. La distribution est aussi cosmopolite que la production puisqu’aux côtés des acteurs italiens, on note la présence de plusieurs acteurs français et le premier rôle est assez brillamment tenu par la grande star mexicaine Maria Félix. L’histoire est hélas assez répétitive et l’on se lasse rapidement des intrigues politiques et amoureuses de la belle impératrice. Une longue séquence reconstitue le grand spectacle des jeux du cirque avec combats de gladiateurs et courses de chevaux. Le film connut un grand succès en Italie à sa sortie.
Elle:
Lui : 1 étoile

Acteurs: María Félix, Georges Marchal, Memo Benassi, Jean Tissier, Jean Chevrier, Michel Vitold
Voir la fiche du film et la filmographie de Carmine Gallone sur le site IMDB.

(1) A noter, qu’en 1951, le mot « péplum » n’était pas encore utilisé. Il apparaitra peu après, les années cinquante étant la grande décennie du péplum.

Messaline
María Félix est l’impératrice Messaline dans le film de Carmine Gallone.

Voir aussi :
Messaline (Messalina Venere imperatrice) de Vittorio Cottafavi (1960).

10 septembre 2015

Messaline (1960) de Vittorio Cottafavi

Titre original : « Messalina Venere imperatrice »

MessalineA Rome, en l’an 38 après J.-C., la jeune et ambitieuse vestale romaine (1) Valeria Messalina rencontre le centurion Lucius Maximus la veille de ses noces avec l’empereur Claude. Le jeune Lucius Maximus n’en sait rien puisqu’il est aussitôt envoyé livrer bataille dans une lointaine contrée. Parvenue au pouvoir, Messaline ne cesse de comploter pour assouvir ses désirs… Le personnage de Messaline, impératrice cruelle et débauchée, a toujours excité les imaginations par son mélange explosif de pouvoir, violence et sexualité. Réalisé en pleine période de surproduction de péplum italiens, le film de Cottafavi ne cherche pas, on s’en doute, la vérité historique mais plutôt à créer un spectacle à la sensualité épanchée. L’histoire se déroule, nous prévient-on en exergue, « à une période où la vie humaine n’avait aucune valeur » (diantre, on en frémit d’avance)… C’est l’anglaise Belinda Lee qui est chargée de minauder et de rouler des yeux devant la caméra mais elle ne parvient pas à donner une réelle dimension à son personnage. La réalisation est toutefois soignée ce qui écarte tout ennui à la vision du film. Messaline n’est pas le péplum de Cottafavi le plus remarquable : on pourra probablement lui préférer Les Légions de Cléopâtre tourné l’année précédente.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Belinda Lee, Spiros Focás
Voir la fiche du film et la filmographie de Vittorio Cottafavi sur le site IMDB.

Voir les autres films de Vittorio Cottafavi chroniqués sur ce blog…

Messaline
Belinda Lee dans Messaline de Vittorio Cottafavi

(1) Les vestales étaient des prêtresses de la déesse Vesta, des jeunes filles vouées à la chasteté et éduquées de façon très stricte.

Autres films centrés sur le personnage de Messaline :
Woman de Maurice Tourneur (1918) avec Flora Revalles
Messaline (Messalina) de Carmine Gallone (1951) avec María Félix et Georges Marchal
Messaline , impératrice et putain (Messalina, Messalina!) de Sergio Corbucci (1977) avec Anneka Di Lorenzo
Caligula et Messaline de Bruno Mattei (1981) avec Betty Roland

12 décembre 2014

L’Impératrice rouge (1934) de Josef von Sternberg

Titre original : « The Scarlet Empress »

L'impératrice rougeJeune princesse prussienne, Sophie Frédérique d’Anhalt, a été choisie par l’impératrice de toutes les Russies Elisabeth pour épouser son neveu, grand duc et futur empereur. Après un long voyage, elle arrive à la cour de Russie où elle découvre que son futur époux n’est qu’un simple d’esprit… Réponse de la Paramount à La Reine Christine avec Greta Garbo (grande rivale de Marlene), L’Impératrice rouge raconte le parcours de Catherine II de Russie jusqu’à son arrivée au pouvoir. Plus qu’un film historiquement fidèle, c’est surtout l’oeuvre d’un grand créateur qui modèle l’Histoire pour en faire un spectacle assez unique, d’un esthétisme très personnel. Par les décors, Josef von Sternberg a créé un univers tourmenté, morbide, extravagant dans sa démesure, peuplé de statues grimaçantes tout en contraste avec la beauté des visages, particulièrement celui de Marlene Dietrich magnifié par un éclairage travaillé. Entre les mains de son pygmalion, l’actrice est absolument superbe, L'impératrice rouged’une grande prestance qui semble naturelle. Son personnage se joue des hommes. L’érotisme sous-jacent de certaines scènes est patent. La mise en scène baroque et très personnelle a dérouté : L’Impératrice rouge fut mal reçu par la critique à sa sortie, jugé trop extravagant. Si les opinions ont changé depuis, il ne fait toujours pas l’unanimité, loin de là. C’est certainement pourtant le plus beau (avec Shanghai Express) des sept films que Josef von Sternberg a tourné avec Marlene Dietrich…
Elle:
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Marlene Dietrich, John Lodge, Sam Jaffe, Louise Dresser, C. Aubrey Smith
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Voir les livres sur Josef von Sternberg

Remarques :
* Dans les toutes premières scènes, Sophie enfant est interprétée par Maria Riva, la propre fille de Marlene Dietrich. Elle avait alors neuf ans (en outre, la fillette travaillait déjà avec sa mère au choix de ses robes). Maria Riva raconte le tournage dans son (volumineux) livre Marlene Dietrich (Flammarion, 1993).

Marlene Dietrich dans L'Impératrice Rouge, The Scarlet Empress de Josef von Sternberg (1934)
Marlene Dietrich et les sculptures tourmentées conçues par Josef von Sternberg pour L’Impératrice Rouge (The Scarlet Empress, 1934)

L'impératrice rouge
Sam Jaffe (l’à demi-fou grand-duc Pierre III de Russie) et Marlene Dietrich (Catherine II de Russie) dans L’Impératrice rouge de Josef von Sternberg (The Scarlet Empress, 1934)

Marlene Dietrich dans Scarlet Empress
Marlene Dietrich (Catherine II passant en revue d’un oeil gourmand sa garde personnelle…) dans L’Impératrice rouge de Josef von Sternberg (The Scarlet Empress, 1934)

29 août 2012

Detective Dee: Le mystère de la flamme fantôme (2010) de Hark Tsui

Titre original : « Di Renjie zhi tongtian diguo »

Detective Dee: Le mystère de la flamme fantômeEn l’an 690, époque de la dynastie Tang, le couronnement imminent la première impératrice réveille les guerres de clans. Le juge Dee va enquêter sur une série de morts bien mystérieuses… Detective Dee: Le mystère de la flamme fantôme est un subtil mélange de film d’aventures à l’ancienne et de film d’arts martiaux. Tsui Hark fait preuve d’une belle maitrise et d’un certain perfectionnisme que ce soit dans la photographie et les couleurs ou dans la chorégraphie des combats. C’est un spectacle somptueux et divertissant mais on peut ressentir une certaine lassitude après un certain moment du fait de la répétition des combats. Certains critiques y ont vu une fable politique mais cela ne saute pas vraiment aux yeux.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Andy Lau, Tony Leung Ka Fai, Chao Deng, Carina Lau, Bingbing Li
Voir la fiche du film et la filmographie de Hark Tsui sur le site IMDB.

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