19 avril 2013

Carnage (2011) de Roman Polanski

CarnageDans un square de Brooklyn, un enfant de 11 ans blesse l’un de ses camarades de jeu lors d’une bagarre. Les parents se retrouvent peu après, avec l’intention de régler l’incident de manière civilisée. La rencontre va prendre un tour inattendu… Sa filmographie le prouve, Roman Polanski a une prédilection pour les huis clos, particulièrement ceux où la tension devient si forte qu’elle révèle des traits de la personnalité normalement cachés. Carnage est adapté d’une pièce de Yasmina Reza qui en a coécrit l’adaptation avec le cinéaste. Unité de lieu, un appartement newyorkais, et unité de temps, le film se déroule sans ellipse, en temps réel donc, sur 1h15 de temps. La situation évolue sans cesse, les échanges très urbains du début ne résistent pas à la tension qui s’installe, nous glissons d’une situation à une autre de façon assez subtile, des rapports de force se créent et s’évanouissent tout aussi rapidement. Carnage est assez remarquable par son écriture, d’autant plus que l’humour est assez présent, c’est une comédie. De nombreux passages sont même jubilatoires. Sous le vernis d’une civilité plus ou moins forcée, des sentiments resurgissent, plus triviaux, empreints d’un certain cynisme. Nul doute qu’après son assignation à résidence, l’adaptation de cette pièce qui fustige les bien-pensants d’une fausse largeur d’esprit n’était pas pour déplaire à Roman Polanski. C’est en tout cas très brillant.
Elle: 4 étoiles
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Jodie Foster, Kate Winslet, Christoph Waltz, John C. Reilly
Voir la fiche du film et la filmographie de Roman Polanski sur le site IMDB.

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Remarque :
La pièce de Yasmina Reza Le Dieu du Carnage a d’abord été jouée en France en 2008 (avec Isabelle Huppert) puis à Broadway en 2009.

1 avril 2013

L’Arnacoeur (2010) de Pascal Chaumeil

L'arnacoeurAlex est briseur de couples professionnel. Un de ses riches clients lui donne pour mission d’empêcher le mariage de sa fille qui a lieu dans une semaine… L’Arnacoeur est une comédie qui a rencontré un franc succès, tant auprès des critiques que du public. Il s’agit du premier film de Pascal Chaumeil. Le scénario est savamment dosé avec une pointe d’impertinence, une pointe de vulgarité et une bonne dose de charme. Le film repose sur un duo d’acteurs, chacun restant conforme à son image. Le meilleur est certainement à chercher du côté des seconds rôles où l’inventivité est bien plus grande. Il faut sans doute que le cinéma français soit capable de faire de tels films à recette (dans les deux sens du terme) mais on a le droit de trouver le résultat ennuyeux…
Elle:
Lui : 1 étoile

Acteurs: Romain Duris, Vanessa Paradis, Julie Ferrier, François Damiens
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2 décembre 2012

Printemps précoce (1956) de Yasujirô Ozu

Titre original : « Sôshun »

Printemps précoceTrentenaire, Shoji est employé de bureau dans une grande entreprise de Tokyo. Il mène une vie plutôt désenchantée entre ses amis et sa femme avec laquelle il parle peu… Printemps précoce s’inscrit dans la lignée de Le goût du riz au thé vert dans le sens où il nous montre un couple en crise mais cette fois c’est le fond social qui prend le plus d’importance. Ozu nous dresse le portrait d’une certaine classe de population, les petites mains du redressement économique du Japon de l’après-guerre, ces employés de bureau qui remplissent les trains de banlieue du matin. Ozu nous montre des employés las, désillusionnés, sans aspiration. Cette lassitude s’étend à la vie du couple de Shoji, une vie sans joie que seule une jeune femme plus libérée que les autres vient illuminer. C’est une société toujours très patriarcale où les femmes ont bien du mal à se faire une place. Printemps précoce n’est toutefois pas un film triste. Ozu a su faire un film assez vivant en assemblant des scènes de vie, le montage pouvant surprendre. Comme toujours, il a réalisé de très belles images, tels ces départs massifs vers la gare d’employés tous habillés de façon identique.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Ryô Ikebe, Chikage Awashima, Teiji Takahashi, Keiko Kishi, Chishû Ryû, Sô Yamamura
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Remarque :
Printemps précoce comporte le dernier traveling de Yasujirô Ozu. Il n’y avait pas beaucoup de travelings jusqu’ici dans ses films mais, après celui-ci, il n’y en aura plus un seul : il ne tournera qu’en plans fixes.

Homonyme :
Printemps précoce (Zao Chun Er Yue) du chinois Xie Tieli (1963)

28 novembre 2012

Le goût du riz au thé vert (1952) de Yasujirô Ozu

Titre original : « Ochazuke no aji »

Le goût du riz au thé vertMariés depuis plusieurs années, Mokichi et Taeko n’ont plus grand-chose à se dire. Leur nièce Setsuko est en âge de se marier mais refuse le mariage arrangé qui lui est proposé… Film un peu moins connu d’Ozu, Le goût du riz au thé vert nous plonge au sein d’un couple en pleine crise. La jeune fille sur le point de se marier n’est pas ici au centre de l’histoire, elle n’en est que le détonateur par son refus. Une fois de plus, Ozu ne ménage pas ses attaques contre le mariage arrangé, le qualifiant de système féodal. La jeune fille le refuse au grand dam de la génération précédente qui, bien qu’elle en subisse les conséquences dans leurs couples, cherche à le perpétuer. Le couple formé par Mokichi et Taeko est l’un de ces couples, gangréné par l’ennui et l’indifférence, au bord de la rupture. Comme toujours chez Ozu, les caractères sont remarquablement définis, profonds et très proches de nous. Dans Le goût du riz au thé vert, Ozu porte aussi un certain regard sur l’évolution de son pays dont l’occidentalisation se manifeste par petites touches (le base-ball, les courses cyclistes, Jean Marais) alors que les traditions sont toujours vivaces et parfois pesantes.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Shin Saburi, Michiyo Kogure, Keiko Tsushima, Koji Tsuruta, Chikage Awashima, Eijirô Yanagi, Kuniko Miyake, Chishû Ryû
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