16 juin 2005

« Va et Vient » (2003) de João César Monteiro

Titre original : « Vai~E~Vem »

Va_vientElle :
Film très très lent un peu à la Chantal Akerman avec des plans fixes interminables, une lumière blafarde… d’où mon abandon.
Note : pas d'étoiles

Lui :
Le réalisateur portugais João César Monteiro a réalisé ce film un an avant sa mort, alors qu’il se savait condamné. En se mettant lui-même en scène, il a certainement voulu se montrer tel qu’il est, jouisseur un tantinet libidineux et d’un esprit non-conformiste. Seul problème : le film est quasiment in-regardable, tant ses scènes paraissent interminables (3 heures), toutes en plan fixe, sans éclairage, comme une suite de longues digressions…
Note : 1 étoiles

Acteurs: João César Monteiro
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15 juin 2005

« Rosenstrasse » (2003) de Margarethe von Trotta

RosenstrasseElle :
Magarethe Von Trotta évoque les problèmes des mariages entre allemands et juifs pendant la deuxième guerre mondiale. Elle évoque ces femmes aryennes qui se sont rebellés dans la « Rosenstrasse » pour récupérer leurs maris juifs emprisonnés par les allemands. Pour rendre cet hommage, on suit Hannah, une jeune new-yorkaise qui veut reconstituer le passé enfoui et douloureux de sa mère Ruth. La réalisatrice passe habilement de l’époque contemporaine à l’enfance de sa mère qui fut recueillie par Lena une femme aryenne mariée à un juif. Certes, on n’échappe pas à certaines scènes larmoyantes mais je trouve que l’ensemble sobre et bien fait. fonctionne plutôt bien. Le film bénéficie d’une belle photographie, les personnages sont attachants, les acteurs sont convaincants. Ce film m’a touché par sa justesse de ton.
Note : 5 étoiles

Lui :
Pour comprendre l’attitude fermée et hostile de sa mère, une jeune new-yorkaise part à Berlin reconstituer un épisode de son passé. Au travers cette quête, Margarethe von Trotta rend hommage à ce mouvement de femmes qui en 1943 firent le siège d’un bâtiment où étaient emprisonnés leurs maris juifs. Le film souffre d’une construction un peu lourde, avec de trop nombreux allers-retours entre l’époque actuelle et 1943 et les personnages de l’époque actuelle sont mal définis : par exemple peu de clés nous sont données pour expliquer le comportement de la mère, si ce n’est en mettant en avant l’importance des « non-dits ». Les scènes de 1943 sont beaucoup plus riches et intéressantes, et sont le cœur même du film. La réalisatrice présente ces femmes non comme des héroines mais comme des « femmes ordinaires » ce qui donne une authenticité certaine au film.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Katja Riemann, Maria Schrader, Jutta Lampe
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14 juin 2005

Nosferatu le vampire (1922) de F.W. Murnau

Titre original : « Nosferatu, eine Symphonie des Grauens »

Nosferatu, eine Symphonie des GrauensNosferatu, eine Symphonie des GrauensElle : (pas vu)

Lui :
(Film muet) Adaptation non déclarée du roman Dracula de Bram Stoker, Nosferatu fait indéniablement partie des plus beaux films du cinéma muet. Rompant avec les habitudes de l’époque, Murnau choisit de le tourner en grande partie en extérieurs et en décors naturel, ce qui n’empêchera pas Nosferatu de devenir le fer de lance et le chef d’oeuvre de l’expressionnisme allemand. Vu 80 ans plus tard, le film conserve toute son intensité et reste fascinant, presque envoutant. Nosferatu le vampire La perfection des images et des éclairages de Murnau est évidente et certaines scènes restent gravées à jamais dans les mémoires, à commencer par la sinistre et effroyable silhouette de Nosferatu.

A l’époque, le film eut un grand succès auprès des surréalistes en Allemagne et en France. En revanche, le public anglais et américain le trouvèrent un peu ridicule, ce qui prête à sourire quand on pense au nombre incalculable de films hollywoodiens qui l’ont copié depuis.

NosferatuLa version récente de Nosferatu (appelée « Kino international edition », disponible actuellement en DVD) est une version restorée par L’immagine Ritrovata de Bologne. L’image a été très légèrement recadrée, la vitesse ajustée, la définition améliorée et le noir et blanc a été sensiblement coloré en bistre ou en bleu, selon les indications de l’époque. La bande son est une musique moderne composée par Gérard Hourbette et Thierry Zaboitzeff, interprétée par Art Zoyd. Cette musique electro-acoustique donne une nouvelle dimension au film en le prolongeant; elle colle parfaitement à l’image et il n’y que peu de hiatus entre son modernisme et l’âge du film.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Max Schreck, Gustav von Wangenheim, Greta Schroeder
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13 juin 2005

Le bleu des villes (1999) de Stéphane Brizé

Le bleu des villes Elle :
Stéphane Brizé a réussi un joli film teinté d’émotion, de simplicité et de justesse en mettant en scène les rêves de célébrité d’une contractuelle. Celle-ci est interprétée par Florence Vignon, une actrice qui joue tout en retenue et petites touches pour exprimer ses rêves brisés et son désir impossible de devenir chanteuse de variétés. Antoine Chappey joue également parfaitement bien le mari qui rêve d’une vie paisible dans son pavillon de banlieue. Les dialogues sont croustillants et amusants. On passe vraiment un bon moment.
Note : 5 étoiles

Lui :
Pour son premier long métrage Le Bleu des Villes, Stéphane Brizé a choisi l’histoire d’une jeune trentenaire qui aspire à une autre vie que celle, un peu étriquée, qui lui semble réservée. Il y a un contraste intéressant entre l’apparence extérieure de cette jeune femme douce et calme et son tumulte intérieur qui se mue en une volonté implacable de changer totalement de vie. Florence Vignon, qui a aussi contribué à l’écriture du scénario, interprète à merveille ce personnage filmé avec beaucoup de douceur et de délicatesse. Le ton est juste, sans jamais forcer le trait, et film trouve un bel équilibre entre drame et comédie. Une réussite.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Florence Vignon, Antoine Chappey, Mathilde Seigner
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11 juin 2005

« Le Premier jour » (1998) de Walter Salles et Daniela Thomas

Titre original : « O Primeiro Dia »

Le Premier jourElle :
Les ruelles de Rio de Janeiro, trois personnages dont on suit pendant 24 heures le parcours à la veille de l’an 2000. C’est un film à la fois singulier, désespéré et beau. Un détenu doit tuer son meilleur ami s’il veut s’évader ; cet ami a un gang à ses trousses ; enfin une jeune femme abandonnée par son amant veut se suicider. Ces personnages vont se croiser mais ils sont englués dans leur avenir alors qu’ils vont changer de millénaire. C’est donc sur fond de fêtes et de meurtre, que Walter Salles promène sa caméra agile dans les ruelles en pente de Rio. Ce labyrinthe d’escaliers fait penser aux destins inextricables auxquels ils sont condamnés. Les lumières chaudes et les beaux éclairages donnent du souffle au film.
Note : 4 étoiles

Lui :
Après une mise en place des personnages un peu confuse, le film parvient bien à établir son atmosphère, particulièrement au travers de la vision que Walter Salles nous offre des favelas, une vision réaliste mais sans misérabilisme. Il faut noter qu’il s’agit de la version longue d’un téléfilm produit pour Arte dans la série « 2000 vu par…. » et donc ce film souffre un peu des limitations du genre. Il aurait certainement profité d’un scénario un peu plus élaboré et travaillé.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Fernanda Torres, Luiz Carlos Vasconcelos
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10 juin 2005

Panique dans la rue (1950) de Elia Kazan

Titre original : « Panic in the Streets »

Panic in the StreetsElle :
Bon film noir que j’ai toutefois trouvé un peu moins intense que les autres films d’Elia Kazan. Un assassinat dans une rue de la Nouvelle-Orléans, la victime est atteinte de la peste. Tous les services de la ville se lancent dans la traque du meurtrier qui risque de propager la maladie dans toute la ville. Richard Widmark incarne avec talent le rôle d’un médecin qui prend la tête de cette recherche. Dans le camp des méchants, on découvre pour la première fois à l’écran Jack Palance avec ses pommettes saillantes et son regard d’acier. Elia Kazan filme brillamment les bas-fonds de la ville, les bouges, les gangsters, les quais, le port. Du très beau noir et blanc.
Note : 3 étoiles

Lui :
Tourné juste avant Un tramway nommé désir et Sur les quais , ce Panique dans la rue de Kazan est en tout premier lieu un film noir mettant en scène de petits malfrats prêts à tuer pour peu de choses. Mais c’est aussi un film social car l’action se passe dans les quartiers les plus populaires de la Nouvelle-Orléans et aussi parce Kazan montre la vie, les motivations de l’agent fédéral chargé d’enrayer une maladie et donc d’en traquer le porteur. Les images sont d’un noir et blanc très contrasté, ce qui épaissit encore plus l’atmosphère. C’est un beau film qui souffre seulement de la faiblesse des scènes de type « problème de couple » du personnage principal. Côté acteur, il faut noter que c’est le premier rôle sympathique de Richard Widmark qui était, avant cela, cantonné dans l’interprétation de tueurs psychopathes.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Richard Widmark, Jack Palance
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9 juin 2005

Affreux, sales et méchants (1976) d’ Ettore Scola

Titre original : « Brutti sporchi e cattivi »

Affreux, sales et méchants Elle :
Avec Affreux, sales et méchants, Ettore Scola pose un regard féroce sur la société italienne des années 70, cette société qui laisse de côté de pauvres gens vivre dans des conditions misérables au milieu des immondices. C’est un Nino Manfredi méconnaissable qui incarne un père de famille nombreuse obsédé par son pécule qu’il craint de se faire voler par sa propre famille. Le réalisateur nous fait pénétrer au cœur de la vie d‘un bidonville sur les hauteurs de Rome. Il filme crûment ces gens qui vivent dans la crasse, la promiscuité, la haine, la violence. Il n’hésite pas à montrer les corps difformes, la saleté, les scènes de sexe. C’est du cinéma brut à la façon du néoréalisme italien. Il mêle les situations tragiques, choquantes et cocasses. On passe du rire à la tristesse puis à la révulsion. Le mérite d’Ettore Scola est de dénoncer de façon satirique ces drames sociaux sans jamais faire de grand discours idéologique.
Note : 4 étoiles

Lui :
Ettore Scola choisit l’humour et la dérision pour montrer les conditions d’extrême pauvreté qui existent en cette seconde moitié de XXe siècle. Dans son Affreux, sales et méchants, Nous sommes dans les années 70, à la lisière d’une grande métropole, Rome dont le dôme du Vatican est visible au loin. De la splendeur de Rome, c’est tout que nous verrons puisque le film prend place dans un endroit mi-décharge, mi-terrain vague, où vivent quelques familles entassées dans des baraquements de fortune. Cependant, au lieu d’opter pour un film néo-réaliste, Scola nous offre une comédie, où cette famille incroyablement nombreuse est menée tant bien que mal par un père particulièrement pittoresque. Par de nombreuses trouvailles de scénario et de mise en scène, Scola maintient l’intérêt du spectateur tout au long du film, sans aucun temps mort et soutenu par une caméra étonnamment mobile. On rit franchement et c’est cela qui est admirable dans ce film car en même temps Scola parvient indéniablement à faire passer son message.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Nino Manfredi
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8 juin 2005

Deux frères (2004) de Jean-Jacques Annaud

Titre anglais : « Two brothers »

Deux freresElle :
Jean-Jacques Annaud, plein de bonnes intentions a entrepris de nous narrer la séparation de deux bébés tigres de leurs parents et de l’un de l’autre. Il oppose la méchanceté des hommes qui capturent ou tuent ces fauves pour de l’argent à la liberté des animaux dans la nature. J’ai préféré L’ours à ce film qui me semble plus maladroit, gentillet et ennuyeux. Il ne parvient qu’à remplir poussivement cette heure et demi autour de ces deux adorables tigres C’est sans doute un film plus destiné aux enfants.
Note : 2 étoiles

Lui :
Deux frèresParmi les animaux sauvages, le tigre est certainement l’un des plus fascinants et Jean-Jacques Annaud réussit la prouesse de les faire jouer comme des acteurs. Il parvient même à présenter au spectateur le point de vue du tigre au point que l’on a parfois l’impression d’être à sa place et de partager sa condition. Bien que fortement scénarisée, les scènes dans la jungle indochinoise paraissent vraiment naturelles et assez exceptionnelles. Hélas, le film pâtit quelque peu du traitement un peu sommaire des personnages humains, beaucoup semblant bâclés, trop typés et peu crédibles. De ce fait, on ressent le côté un peu simpliste du scénario. Néanmoins, malgré ses défauts, le film reste très plaisant et assez fascinant à regarder, et s’inscrit cette même veine de protection de la Nature que L’ours.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Guy Pearce, Jean-Claude Dreyfus
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7 juin 2005

La petite bande (1983) de Michel Deville

La petite bande Elle :
C’est sous la forme d’une fable humoristique que Michel Deville nous narre la fugue d’une bande de sept jeunes enfants anglais avec des méchants malfrats à leurs trousses.. Il se moque des institutions et plébiscite la fraîcheur et spontanéité de l’enfance. Aucun dialogue, seule une musique légère et fantasque accompagne cette escapade. Je vois plutôt ce film comme un exercice de style que comme un film pleinement abouti. J’ai eu de la difficulté à voir le film jusqu’au bout en partie à cause d’un manque de consistance du scénario qui a fait baisser mon intérêt au fur et à mesure.
Note : 2 étoiles

Lui :
Ce film de Michel Deville peut paraître n’être qu’un exercice de style : un film sans paroles où la musique (signée Edgar Cosma) tient le rôle de narrateur en soulignant ou en dirigeant nos sentiments dans un sens ou dans l’autre. Mais c’est aussi un film sur l’enfance, avec beaucoup de fraîcheur, des enfants dont les facéties viennent perturber l’ordre établi et le conformisme. Hélas, le scénario s’enlise ensuite, faisant intervenir des « méchants » dans une histoire de complot infernal, tel un conte qui tourne mal… Le film qui semblait plein de candeur et de naïveté apparaît alors un peu interminable.
Note : 2 étoiles

Acteurs: François Marthouret, Robin Renucci, Daniel Martin
Les enfants : Andrew Chandler, Hélène Dassule, Nicole Palmer, Hamish Scrimgeour, Katherine Scrimgeour, Nicolas Sireau, Remi Usquin, Valerie Gauthier

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6 juin 2005

La Vie est un Miracle (2004) d’ Emir Kusturica

Titre original : « Zivot je cudo »

La Vie est un Miracle Elle :
Nous sommes en Bosnie en 1992 et la guerre est imminente. Kusturica nous propose un film joyeux et trépidant plein d’espoir. Malgré les épreuves, Il veut croire au miracle de la vie dans tous les sens du terme. Dans ce coin perdu au bord d’une voie ferrée qui devrait favoriser les échanges, il met en scène des personnages truculents et attachants, une ânesse protectrice, un chat, un chien, des volatiles dans des situations toutes plus loufoques les unes que les autres. Ce débordement d’énergie, cette truculence fait penser à Fellini. On passe du rire aux larmes, de la colère à la douceur, de l’amour à la haine. Kusturica impose son talent de metteur en scène dans ce film sincère et optimiste malgré quelques petites longueurs.
Note : 4 étoiles

Lui :
Kusturica nous offre là un film à plusieurs facettes : une vision de la société serbe, entreprenante mais encore minée par la corruption. Il y a aussi une terrible histoire d’amour, un homme déchiré entre le désir de revoir son fils et l’amour qu’il porte à une jeune femme. Enfin, en toile de fond, il y a cette guerre, aveugle et omniprésente. Le talent de Kusturica est de mettre tant de choses dans un même film et ce, non pas par petites touches, mais en imprimant un rythme soutenu, haletant, avec beaucoup d’humour et des scènes quasiment hystériques. La Vie est un Miracle est un film plein de vie, et donc en ce sens on peut le trouver optimiste, mais c’est un optimisme lucide : les difficultés seront nombreuses semble t-il nous dire, mais nous rebâtirons ce pays.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Slavko Stimac, Natasa Solak, Vesna Trivalic
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