20 octobre 2006

« Nordeste » (2005) de Juan Diego Solanas

NordesteElle :
De bonnes choses dans ce premier long métrage argentin mais un scénario inégal. La première partie du film met beaucoup de temps à se mettre en place. L’ennui a tendance à s’installer malgré la gravité du sujet. On suit en parallèle les vies solitaires d’une française privilégiée (Carole Bouquet) qui veut adopter un enfant et celle d’une jeune argentine pauvre qui peine à survivre. Le film retrouve son intérêt à partir du moment où les deux femmes se rencontrent. Le mérite du réalisateur est de pointer du doigt les carences de la société argentine. D’un côté les riches propriétaires, de l’autre les démunis qui n’ont d’autres ressources que de vendre leurs enfants et de faire du trafic d’organes ou de drogue et enfin les occidentaux qui sous prétexte de mal d’enfant, entretiennent cet état de fait et se rendent complice de ces trafics.
Note : 3 étoiles

Lui :
« Nordeste » fait un parallèle assez terrible entre le portrait de 2 femmes : l’une se débat dans le nord-est de l’Argentine pour parvenir à survivre avec son enfant de 13 ans, l’autre est une française aisée venue dans ce même pays pour tenter d’adopter illégalement un enfant. Il est bien entendu difficile de critiquer ce film qui dénonce la misère et le trafic d’enfants mais il est regrettable que le rythme vraiment trop lent du film nous fasse décrocher, surtout dans sa première moitié. Carole Bouquet s’est visiblement beaucoup impliquée dans son rôle qu’elle interprète avec beaucoup d’authenticité, sans fard.
Note : 2 étoiles

Acteurs: Carole Bouquet, Aymará Rovera
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20 octobre 2006

Virgin suicides (1999) de Sofia Coppola

Titre original : « The virgin suicides »

Virgin SuicidesElle :
Un film bien léché qui se laisse regarde mais sonne tout de même un peu creux. Une famille américaine bourgeoise et croyante composée de cinq adorables filles qui vivent en vase clos sans vraiment avoir d’amis. Aucun souci matériel et affectif. On a un peu de mal à croire que ces jeunes filles d’âges différents se fréquentent exclusivement et finissent par toutes se suicider. Sofia Coppola se fait plaisir en filmant ces adolescentes mais ne creuse pas vraiment son sujet. On aurait aimer en savoir plus sur la cause de ces destins funestes. Cette adolescence sinistre des années 70 semble très loin de moi.
Note : 3 étoiles

Lui :
Un film assez tape à l’oeil qui prétend sans doute porter un regard sur les adolescentes des années 70 mais qui, en fait, n’est qu’une litanie de poncifs et de scènes inutiles. Sofia Coppola reste en surface, préférant montrer un certain mal-être plutôt que de creuser un peu plus la psychologie de ces jeunes filles qui se referment sur elles-mêmes. La réalisatrice donne l’impression de vouloir seulement créer un climat, un climat envoûtant, empreint de mélancolie nostalgique, et inquiétant aussi puisque l’on connaît à l’avance l’issue tragique. Le succès du film montre que cela peut fonctionner… mais dans le cas contraire, on le trouve vraiment vain et plutôt long !
Note : 2 étoiles

Acteurs: James Woods, Kathleen Turner, Kirsten Dunst, Josh Hartnett
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19 octobre 2006

La Party (1968) de Blake Edwards

Titre original : « The Party »

La party Elle :
Malgré ma ténacité et de la bonne volonté, je ne parviens pas à adhérer à l’humour de Blake Edwards et Peter Sellers. Le scénario assez mince de l’invité incongru dans une surprise-partie chic est émaillé des frasques un peu lourdes du visiteur. Malgré quelques bons gags, ce type de comique qui repose sur un héros qui n’arrête pas de faire des bourdes à répétition finit par m’agacer.
Note : 1 étoile

Lui :
Ce n’est pas le meilleur Blake Edwards à mes yeux mais il comporte quelques bons moments. Certaines scènes ne sont pas sans rappeler Tati (Playtime ou Mon Oncle notamment) avec des situations et des gags essentiellement visuels, où les paroles ne sont qu’onomatopées ou babillages. Hélas, le film comporte également quelques longueurs et la fin est exagérée et un peu ridicule.
Note : 3 étoiles (19/10/2006)3 étoiles (14/02/2024)

Acteurs: Peter Sellers, Claudine Longet
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19 octobre 2006

Félix et Lola (2000) de Patrice Leconte

Félix et LolaElle :
Le scénario est indigent et indigeste. Lola, une jeune fille à problèmes rencontre un propriétaire de manèges épris d’elle. Peu loquace, elle quitte son protecteur. On s’ennuie ferme ; il ne se passe rien et on sent que l’on va perdre son temps d’autant plus qu‘on a déjà vu l’épilogue au début du film. (Abandon)
Note : pas d'étoiles

Lui :
Non seulement, le scénario est étonnamment mince mais encore Patrice Leconte trouve le moyen de nous donner l’épilogue au début du film. Charlotte Gainsbourg ne parvient pas vraiment à donner une dimension à son rôle.
Note : 1 étoiles

Acteurs: Charlotte Gainsbourg, Philippe Torreton, Alain Bashung
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18 octobre 2006

Closer, entre adultes consentants (2004) de Mike Nichols

Titre original : « Closer »

Closer Elle :
(pas vu)

Lui :
Alors que je m’attendais à voir un film facile et insignifiant, j’ai été vraiment frappé par la force de ce film. « Closer » est en effet étonnant. Il est étonnant tout d’abord par sa forme puisqu’il n’y a en tout que quatre personnages et que toutes les scènes sont des longs dialogues entre deux de ces personnages ; il serait d’ailleurs plus juste de parler de confrontations… Il est aussi étonnant par sa construction, avec des ellipses brutales que l’on ne perçoit pas immédiatement. Il est étonnant enfin (et surtout) par la force de ses dialogues et du jeu des acteurs, une force qui est plutôt coutumière du théâtre que du cinéma (il s’agit d’ailleurs de l’adaptation d’une pièce de Patrick Marber). La base est simple : un chassé-croisé permanent entre deux couples qui se font et se défont plusieurs fois. L’habileté de Mike Nichols est d’avoir filmé cela très sobrement et sans austérité aucune : cette série de huis clos sait rester facile à regarder, avec même quelques notes d’humour. Tout au plus pourra t-on reprocher au scénario de ne pas s’enfoncer très profondément dans les personnages mais l’ensemble est vraiment convaincant.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Jude Law, Julia Roberts, Natalie Portman, Clive Owen
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17 octobre 2006

Spartacus (1960) de Stanley Kubrick

Spartacus Elle :
Spartacus est vraiment ce que l’on peut appeler un grand film : scénario captivant dès les cinq premières minutes, mise en scène grandiose, scènes symboliques fortes telle la crucifixion des esclaves, musique superbe et jeu d’acteur formidable. Kirk Douglas, également producteur du film, a beaucoup mis la main à la pâte sur le scénario. Cette implication se sent à l’écran dans sa brillante interprétation de Spartacus. La chorégraphie guerrière de l’arrivée des troupes romaines ponctuée d’une musique syncopée est fascinante. Un film qui marque et dont on se souvient longtemps.
Note : 5 étoiles

Lui :
SpartacusC’est, on le sait, le film le moins personnel de Stanley Kubrick : Spartacus est plutôt un film de Kirk Douglas. Magnifique péplum, il étonne, captive et surprend. Certaines scènes sont parmi les plus grandioses de toute l’histoire du cinéma. Le scénario est solidement articulé, essentiellement axé sur son héros, magistralement interprété par Kirk Douglas. Et c’est le seul défaut que l’on puisse trouver au film, ce mécanisme un peu simpliste, cette dichotomie extrême du bon et des méchants. Nul doute que si un tel film sortait aujourd’hui, il se ferait démolir par la critique… ce qui ne serait pas une bonne chose d’ailleurs, puisque ce film procure un très grand plaisir plus de quarante ans après sa sortie.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Kirk Douglas, Laurence Olivier, Jean Simmons, Charles Laughton, Peter Ustinov
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Spartacus

17 octobre 2006

Spartacus (1952) de Riccardo Freda

Titre original : « Spartaco »

Spartacus FredaElle :
Ce Spartacus ne me laissera pas un souvenir impérissable. Le scénario est confus. Les acteurs ne sont pas très crédibles et l’ensemble est un peu simplet. Je dois bien avouer avoir eu de nombreux moments d’absence en regardant ce film.
Note : 1 étoiles

Lui :
Cette version de Spartacus n’a pas la flamboyance de la version que Kubrick tournera 7 ans plus tard. Au niveau du scénario, on peut reprocher une certaine confusion. Les événements sont souvent mal introduits et les personnages mal cernés. Certaines scènes sont toutefois bien réussies, comme celle des jeux avec un bateau dans l’arène du colisée.
Note : 2 étoiles

Acteurs: Massimo Girotti, Ludmilla Tchérina, Yves Vincent
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16 octobre 2006

U-571 (2000) de Jonathan Mostow

U-571Elle :
Les films de guerre à bord de sous-marins ont certes tendance à utiliser les mêmes ingrédients : attente stressante, torpilles, inondations à bord, explosions en tous genres. Celui-ci s’appuie toutefois sur un scénario original puisqu’il s’agit de monter à bord d’un sous-marin allemand pour s’emparer de la machine du Code Enigma. La mission est périlleuse, pleine de rebondissements et de suspense. On partage pleinement les angoisses et la bravoure de ces sous-mariniers.
Note : 4 étoiles

Lui :
« U-571 » est un bon film de suspense sous-marinier (mais n’a pas toutefois la qualité de « Das Boot » de Wolfgang Petersen (1981) qui domine toujours le genre). En revanche, il y aurait beaucoup à redire sur le « révisionisme hollywoodien » qui laisse croire que cet épisode de la seconde guerre mondiale est le fait de soldats américains : en fait, la capture d’une machine codeuse Enigma dans un sous-marin allemand fut l’exploit de marins anglais. Grâce à cette capture, Alan Turing est parvenu à casser le code allemand. Avec le recul, on sait maintenant que cet épisode marque un véritable tournant dans le déroulement de la seconde guerre mondiale.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Matthew McConaughey, Bill Paxton, Harvey Keitel
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15 octobre 2006

Trois camarades (1938) de Frank Borzage

Titre original : « Three Comrades »

Trois camaradesElle :
1921, dans l’Allemagne troublée de l’après-guerre, trois camarades à l’amitié très soudée tentent de reconstruire leur vie. L’arrivée d’une jeune femme éblouissante et fragile bouleverse leur existence. Cette histoire d’amour est pathétique car la vie de cette femme interprétée par une émouvante Margaret Sullivan ne tient qu’à un fil. Les trois amis mettent tout en leur pouvoir pour la sauver. Cependant, malgré la générosité et l’amour qui irradie cette histoire, le film a vieilli et certaines scènes sentimentales ont tendance à virer dans la mièvrerie et parfois le ridicule.
Note : 3 étoiles

Lui :
Frank Borzage est un réalisateur américain qui fut assez prolixe, tout particulièrement dans le domaine des mélodrames et des histoires d’amour fou. « Three comrades » est considéré comme l’un de ses films majeurs. Je dois bien avouer avoir un peu de mal à partager l’enthousiasme que génère généralement ce film, le côté mélo me paraissant trop marqué et assez convenu. Le film gagne toutefois en intensité dans son dernier tiers. Il reste la belle performance de Margaret Sullavan et surtout sa voix si particulière, frêle et presque envoûtante.
Note : 2 étoiles

Acteurs: Margaret Sullavan, Robert Taylor, Franchot Tone, Robert Young
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14 octobre 2006

« La moustache » (2005) d’ Emmanuel Carrère

La moustacheElle :
Une bonne surprise avec ce deuxième film d’Emmanuel Carrère adapté de son propre roman. L’écrivain montre une bonne maîtrise de la mise en scène, chose assez rare chez un réalisateur non professionnel. L’idée de départ de scénario autour cette moustache rasée est vraiment très riche : elle donne lieu à toutes sortes de voies intéressantes pour étudier le comportement humain.

Le regard des autres est vital pour avoir le sentiment d’être vivant ; c’est tout le sujet du film qui parle de choses graves mais non dénuées d’humour. Une femme ne remarque pas l’absence de moustache de son compagnon et c’est le début de la fracture du couple et d’une longue errance à la limite de la folie pour le mari qui se réfugie à Hong Kong.

Emmanuel Carrère ne nous donne pas toutes les clés car les frontières entre le réel et l’imaginaire sont brouillées. A nous de trouver notre propre chemin. Vincent Lindon et Emmanuel parviennent à bien faire passer la fragilité et l’éphémérité de leur relation au bord du gouffre. On passe un bon moment.
Note : 5 étoiles

Lui :
Quand Emmanuel Carrère passe derrière la caméra, il est logique qu’il nous fasse un film d’écrivain. Avec « La moustache », il réussit une belle performance d’écriture : comment, à partir d’un geste à la fois important et anodin (se raser la moustache), un homme pourrait-il voir sa vie s’écrouler comme un château de cartes ? Pas facile, et pourtant Emmanuel Carrère y parvient en partant de petits détails qui enflent et qui finissent par former une trame inquiétante et un monde mouvant. Pour Vincent Lindon, toutes les certitudes qu’il avait tombent les unes après les autres. Il perd pied.

La force du film est de nous faire partager les interrogations de son personnage : la sollicitude bienveillante de sa femme ne serait-elle pas la marque d’un complot ourdi par ses proches ? En tant que spectateur, on oscille, ne sachant trop quoi penser, se raccrochant aux quelques branches que l’on veut bien nous tendre. « Nous n’existons que par le regard des autres » semble nous dire Emmanuel Carrère qui s’amuse à malmener notre esprit rationnel qui voudrait tant trouver une explication à tout cela. Il est certainement vain de chercher l’explication unique, imparable, elle n’existe pas forcément et ne serait de toutes façons que d’un intérêt secondaire.

(Arrêtez ici la lecture de ce billet si vous n’avez pas encore vu le film.)

La fin, si énigmatique, n’existe probablement que dans l’esprit de son personnage : il idéalise comment tout cela aurait dû se passer, ou comment il pourrait renouer avec sa vie, retomber sur ses pieds. Mais le plan final sur la carte postale à la dérive et surtout de Vincent Lindon qui ouvre les yeux est, hélas pour lui, sans équivoque…

Peu auparavant, comme dans un dernier moment de lucidité, il avait écrit à sa femme (sur la fameuse carte postale) : « Sans tes yeux, je ne vois rien ». Le lendemain, il va accomplir de façon répétitive un acte inutile pour lui (prendre le bac pour se rendre à Hong Kong) comme pour se trouver une place, se donner un rôle dans un monde qui n’est plus le sien. Sur la carte postale, il aurait pu tout aussi bien écrire : « Sans tes yeux, je ne suis rien » !
Note : 4 étoiles

Acteurs: Vincent Lindon, Emmanuelle Devos
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