11 décembre 2008

Quinze jours ailleurs (1962) de Vincente Minnelli

Titre original : « Two weeks in another town »

Elle :
(pas vu)

Two Weeks in Another TownLui :
Minnelli tourne Quinze jours ailleurs dix ans après Les Ensorcelés et il est difficile de ne pas faire un parallèle entre les deux films. Un acteur déchu, sortant d’une grave dépression, part retrouver à Rome un réalisateur sur le déclin pour tenter de faire repartir sa carrière. Minnelli se penche donc à nouveau sur le monde du cinéma, avec un regard certainement encore plus dur cette fois : pour tourner, le cinéaste vieillissant de son histoire est contraint d’aller à Rome et de se mettre à la merci de producteurs aux vues bassement mercantiles. Et l’on retrouve toujours ces querelles, ces haines et luttes d’influence et aussi une pléthore d’imbéciles. Le tableau que dresse Minnelli est donc assez sombre, lugubre même. Un beau sujet. Quinze jours ailleurs Mais Quinze jours ailleurs semble globalement manquer de cohérence, les personnages principaux ont des motivations pas toujours très claires, les seconds rôles sont peu précis, ils se contentent d’être odieux. Le personnage de l’ex-femme (Cyd Charisse) est étonnamment peu présent alors qu’il s’agit du troisième rôle. Le film aurait beaucoup souffert d’un montage fait à la hussarde par la MGM, ce qui expliquerait beaucoup de choses. La scène finale où Kirk Douglas et Cyd Charisse foncent en décapotable pour tenter d’aller s’écraser sur un mur est restée célèbre (elle est toutefois suivie d’une courte scène de happy-end simplet, très hollywoodien).
Note : 2 eacute;toiles

Acteurs: Kirk Douglas, Edward G. Robinson, Cyd Charisse, George Hamilton, Daliah Lavi, Claire Trevor
Voir la fiche du film et la filmographie de Vincente Minnelli sur le site IMDB.

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10 décembre 2008

4:30 (2005) de Royston Tan

30Elle :
Un film immensément triste et émouvant, une histoire de solitude profonde presque atemporelle qui nous plonge à mi-chemin entre réel et imaginaire. Un enfant presque abandonné est confié à un oncle dépressif et alcoolique qui l’ignore tant son chagrin d’amour est profond. Cette indifférence et incommunicabilité entre des êtres a priori proches est souvent le ressort des films asiatiques contemporains. 4:30 est un film quasiment muet qui mise sur les images dépouillées, les portraits de toute beauté, les regards et les larmes, les éclairages subtils, une musique éthérée pour faire passer les émotions et cette lente marche vers l’isolement total. Un déchirement pour cet enfant orphelin des hommes.
Note : 4 étoiles

Lui :
Un jeune garçon singapourien vit quasiment seul dans un appartement, avec un oncle coréen dépressif qui l’ignore totalement. Sa mère l’appelle tous les matins pour vérifier qu’il part à l’école. 4:30 est un film sur la solitude, la solitude de cet enfant qui cherche à parler à cet oncle qui est le seul lien familial auquel il puisse tenter de s’accrocher, et la solitude de cet oncle, qui noie le chagrin d’une séparation douloureuse dans l’alcool et les barbituriques et qui se mure dans une absence totale de communication. Tout le film est donc construit autour de ces deux personnages : il se déroule quasiment sans paroles, une façon pour le réalisateur de s’affranchir des barrières culturelles et ainsi donner une certaine universalité à cette double solitude. Sans nous donner toutes les clés pour comprendre (1), le singapourien Royston Tan filme avec une certaine lenteur qui n’est cependant jamais pesante, c’est là l’expression d’un vrai talent car il parvient à rendre cette histoire particulièrement touchante. Elle est aussi assez terrible.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Xiao Li Yuan, Kim Young-jun
Voir la fiche du film et la filmographie de Royston Tan sur le site imdb.com.

(1) Il n’est pas évident de comprendre que l’enfant et l’oncle ne parlent pas la même langue. On remarque bien, au moment où l’oncle va acheter une glace, qu’il parle au vendeur par gestes et il y a aussi la scène de l’escalier où il prononce enfin quelques mots à son neveu ; mais cela ne saute pas aux yeux. De plus, pour nous occidentaux, on ne peut voir que le petit mot laissé avec le pot de nouilles (« Je pars » ?) est écrit en autre chose que du chinois. Tout comme, nous ne pouvons reconnaître physiquement un coréen d’un singapourien (en supposant que cela soit possible, ce dont je ne suis pas certain).

9 décembre 2008

Le Caïd (1942) de Lewis Seiler

Titre original : « The Big Shot »

Le CaïdElle :
(pas vu)

Lui :
Tourné par Bogart juste avant Casablanca, Le Caïd s’inscrit pleinement dans la lignée des films de gangster de la Warner. Cette histoire d’un truand qui essaie en vain de se ranger après 3 condamnations n’est pas sans rappeler les films précédents de Bogart, notamment High Sierra (La grande évasion). Seulement voilà, Lewis Seiler n’est pas Raoul Walsh, loin de là, et l’ensemble est moins fougueux, beaucoup plus terne. Il faut aussi reconnaître que la période,Le Caïd 1942 avec l’entrée en guerre imminente des Etats-Unis, n’est plus tellement propice à ce genre d’histoires de petit caïd. Ce sera d’ailleurs quasiment le dernier rôle de truand qu’Humphrey Bogart interprétera. On retrouve le thème de la fatalité, l’homme qui ne peut échapper à son destin. La dernière partie est plus prenante avec notamment une belle poursuite finale dans la neige (que, parait-il, Truffaut aimait beaucoup…) Sans être vraiment mal fait, Le Caïd manque de flamboyance pour être vraiment notable.
Note : 2 eacute;toiles

Acteurs: Humphrey Bogart, Irene Manning, Richard Travis, Susan Peters
Voir la fiche du film et la filmographie de Lewis Seiler sur le site IMDB.
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Homonyme :
Le Caïd de Bernard Borderie (1960) avec Fernandel.

8 décembre 2008

Mère fille, Mode d’emploi (2007) de Garry Marshall

Titre original : « Georgia rule »

Mère fille, Mode d’emploiElle :
Lé début du film ne laisse rien augurer de bon et l’on semble parti pour une comédie sans grand intérêt (Abandon).
Note : Pas d'éheight=

Lui :
Mère fille, Mode d’emploi démarre effectivement très mal ; la mise en place, particulièrement conventionnelle, évoque plutôt l’atmosphère d’une série télé que celle d’un film. La suite se révèle être hélas dans la même veine, insipide et sans surprise, restant dans les stéréotypes et les moules hollywoodiens réglementaires. Felicity Huffman et Lindsay Lohan ne laisseront certainement pas de traces durables dans le cinéma (en tous cas, pas pour ce film-là) et ce n’est pas la rare Jane Fonda qui peut remonter ici le niveau, car malgré toute la sympathie que l’on peut avoir pour elle, il faut bien reconnaître qu’elle ne s’est jamais montrée grande actrice.
Note : 1 eacute;toiles

Acteurs: Jane Fonda, Lindsay Lohan, Felicity Huffman, Dermot Mulroney, Cary Elwes
Voir la fiche du film et la filmographie de Garry Marshall sur le site IMDB.

6 décembre 2008

Baby Boy Frankie (1961) de Allen Baron

Titre original : « Blast of silence »

Baby Boy FrankieFrankie Bono est un homme solitaire. Frankie Bono est un tueur à gages. Il arrive à New York la veille de Noël pour prendre commande d’un contrat… Blast of Silence est (du moins, était) une rareté, un film noir écrit, réalisé et interprété par Allen Baron dont c’est la première réalisation (1). Il aura fallu attendre 45 ans pour que le film sorte en France. Le film n’est pas sans défaut mais se révèle assez étonnant, héritier des films noirs des années 50 et préfigurant ceux des années 60 et même 70. C’est Allen Baron qui joue lui-même le rôle principal d’un tueur à gages qui vient exécuter un contrat à New York. La grosse originalité de Baby Boy Frankie est d’avoir une voix-off tout au long du film, sorte de voix intérieure du tueur qui se parle à lui-même. Cette voix, grave et chaleureuse (bien qu’il ne soit pas au générique, on sait maintenant qu’il s’agit de Lionel Stander), donne une certaine humanité à ce tueur à gages alors qu’il prépare son mauvais coup. Le climat est assez lourd mais sans excès, fataliste et mélancolique surtout,  filmé en décors réels dans le New York nocturne ou en plein jour dans des rues désertes et froides (nous sommes à la veille de Noël). Vu avec le recul, Baby Boy Frankie apparaît comme un précurseur, il semble préfigurer de nombreux films, Le Samouraï de Melville s’il n’y en avait qu’un à citer.
Note : 3 eacute;toiles

Acteurs: Allen Baron, Molly McCarthy, Larry Tucker
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Baby Boy FrankieRobert De Niro dans un film de Scorsese ? Non, Allen Baron dans son propre film : Baby Boy Frankie (1961)

Remarques :
* La voix-off est celle de Lionel Stander (le gangster de Cul-de-sac). Il ne figure pas au générique.
* Merrill S. Brody est à la fois directeur de la photographie, caméraman et producteur.
* Martin Scorsese, qui a vu Blast of Silence à sortie alors qu’il était étudiant, en a souvent parlé comme un film qui l’a marqué.

(1) Allen Baron tournera ensuite essentiellement des séries TV.

6 décembre 2008

Hors d’atteinte (1998) de Steven Soderbergh

Titre original : Out of sight

Hors d'atteinteElle :
(En bref) Un braqueur de banques assez brillant s’évade et prend en otage une femme policier. Celle-ci fait ensuite tout pour le retrouver. Hors d’atteinte nous fait passer un bon moment. Construction filmique originale entremêlée de flashbacks.
Note : 4 étoiles

Lui :
(En bref) Excellent polar. Soderbergh s’appuie sur un scénario plutôt original pour créer des personnages forts avec, comme toujours, une structure du récit surprenante. Bref du bon et intense cinéma.
Note : 4 étoiles

Acteurs: George Clooney, Jennifer Lopez, Ving Rhames
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5 décembre 2008

Le voile des illusions (2006) de John Curran

Titre original : « The painted veil »

Le Voile des IllusionsElle :
Dans cette adaptation classique du roman de Somerset Maugham, on retrouve l’univers du voyage lointain cher à l’écrivain. Dans la Chine des années 20 avec la présence voyante des colons anglais, nous plongeons dans une histoire d’amour ratée à la suite d’un mariage arrangé par la famille. La jeune femme plutôt frivole et bourgeoise se retrouve aux côtés d’un mari médecin austère et peu communicatif. Abandonnée par son amant, elle se retrouve propulsée aux côtés de son mari dans un tout autre monde, un monde miséreux contaminé par le choléra. C’est le début pour elle d’une toute autre vie. Les décors dans les montagnes en pain de sucre sont grandioses. On passe un bon moment.
Note : 3 étoiles

Lui :
Le Voile des Illusions est la troisième adaptation du roman homonyme de W. Somerset Maugham, une histoire très romanesque, genre qui a toujours du mal à passer auprès de la Critique cinématographique mais qui ne manque pas de charme lorsque la réalisation sait trouver un bon équilibre. Et c’est le cas ici, John Curran évite les écueils et clichés et nous livre une histoire assez délicate dans laquelle on se laisse glisser avec plaisir. Se déroulant dans la Chine des années 1920, sur fond d’épidémie de choléra, cette histoire d’amour est portée par un beau duo d’acteurs, Noami Watts et Edward Norton avec un jeu tout en retenue. La photographie est, comme il se doit dans ce genre, assez belle et Le Voile des Illusions captive sans que l’on n’y prenne garde.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Naomi Watts, Edward Norton, Liev Schreiber, Toby Jones, Diana Rigg
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Précédentes adaptations du roman :
The painted veil (Le Voile des illusions, 1934) de Richard Boleslawski avec Greta Garbo et Herbert Marshall
La passe dangereuse (The seventh sin) de Ronald Neame (1957) avec Eleanor Parker et Jean-Pierre Aumont

4 décembre 2008

Madame porte la culotte (1949) de George Cukor

Titre original : « Adam’s rib »

Madame porte la culotteElle :
(pas vu)

Lui :
Madame porte la culotte est bien une comédie, certes, mais son propos se situe bien au dessus de la vulgarité que ce titre français idiot laisserait supposer. Le titre anglais, « la côte d’Adam », est subtilement ironique puisque le film de Cukor met en scène de façon amusante l’égalité des sexes (1). Katharine Hepburn et Spencer Tracy, mari et femme, tous deux avocats, vont s’affronter dans une affaire où une femme a tiré sur son mari volage. Le féminisme est ici traité sans perfidie et le parallèle entre les scènes de tribunal et les scènes du couple le soir est l’occasion de très bons dialogues, un véritable jeu de ping-pong entre nos deux acteurs qui se connaissent bien (Tracy et Hepburn ont tourné 9 fois ensemble dont 3 fois avec Cukor). George Cukor est particulier inventif avec son jeu de caméra, utilisant largement et parfois à contre-emploi les plans fixes : l’un d’entre eux, un plan fixe de plus de sept minutes pendant l’interrogatoire de l’accusée par Katharine Hepburn, est resté célèbre. Madame porte la culotte (quel titre… !) n’a pratiquement pas vieilli, ce qui n’est pas toujours le cas des films de cette époque traitant de l’égalité des sexes. Il le doit au talent de Cukor et à ses deux acteurs principaux dont le duo n’a jamais été si brillant et plein de verve.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Spencer Tracy, Katharine Hepburn, Judy Holliday, Tom Ewell, David Wayne
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Homonyme :
Adam’s Rib (La rançon d’un trône) de Cecil B. deMille (1923)

(1) Dans la Bible, Dieu a créé Ève à partir d’une côte d’Adam… Pour accentuer l’ironie, le personnage joué par Spencer Tracy s’appelle Adam.

3 décembre 2008

Naissance des pieuvres (2007) de Céline Sciamma

Naissance des pieuvresElle :
Un premier film intéressant et original sur l’âge ingrat de l’adolescence pour trois jeunes nageuses de quinze ans. L’émergence des premiers désirs, les expériences diverses qui leur permettraient de basculer vers l’âge adulte et leur futur statut de femme attisent leur curiosité, non sans risque parfois. Pour dérouler son scénario, Cécile Sciamma a choisi la piscine et le milieu un peu mécanique et militaire de la nage synchronisée où les jeunes filles se dénudent, se frôlent et se confrontent avec leurs premiers flirts. Sans tabou et sans cliché, elle ausculte une jeunesse en proie au doute et livrée à elle-même, d’une façon que l’on ne trouve que rarement dans le cinéma français où ce thème de l’adolescence est souvent mal exploré et même caricaturé.
Note : 3 étoiles

Lui :
Lors d’un spectacle de natation synchronisée, une jeune adolescente est fascinée par l’une des nageuse, un peu plus âgée qu’elle ; elle chercher à devenir son amie. Naissance des pieuvres utilise un cadre original, l’univers aquatique, pour évoquer la recherche d’identité de trois adolescentes avec leurs inévitables maladresses et leurs premiers émois. L’ensemble souffre d’une certaine simplicité et d’un manque flagrant de seconds rôles.
Note : 2 étoiles

Acteurs: Pauline Acquart, Louise Blachère, Adele Haenel, Warren Jacquin
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2 décembre 2008

Boarding Gate (2007) de Olivier Assayas

Boarding GateElle :
Très très déçue par ce film d’Olivier Assayas dont j’aime beaucoup les films habituellement. Certes on reconnaît la patte du réalisateur quant à la maîtrise de sa caméra et de ses effets visuels, cependant ce scénario d’action très convenu n’est pas du tout intéressant ; les personnages sont peu convaincants et guère attachants. Le mélange d’acteurs américains, français et hongkongais donne lieu à une version doublée déplorable tant par le jeu d’interprétation des acteurs que par les ambiances sonores peu crédibles. Une ambiance de série télé inacceptable de la part d’un cinéaste d’habitude si exigeant et talentueux.
Note : 1 étoiles

Lui :
Nous avons vu Boarding Gate en version doublée en français et il est donc difficile de porter un jugement. Toutefois, au delà de cet épouvantable doublage qui donne au film une atmosphère de série télé, le fond du film ne m’est apparu guère passionnant : on ne s’intéresse pas vraiment à ces personnages et à leurs sombres histoires. Les scènes d’action, filmées de très très près, sont assez pénibles à regarder.
Note : 1 étoiles

Acteurs: Asia Argento, Michael Madsen, Kelly Lin, Carl Ng
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