3 août 2009

Amarcord (1973) de Federico Fellini

AmarcordElle :
(pas (re)vu)

Lui :
20 ans après Les Vitelloni, Federico Fellini évoque à nouveau des souvenirs de jeunesse, cette fois avec nostalgie, tendresse et beaucoup d’ironie, nous offrant en même temps un regard sur l’Italie d’avant-guerre. Amarcord (« Je me souviens » en patois de Romagne) se présente en effet comme un film à plusieurs niveaux de lecture. Assez déstructuré, il prend presque la forme d’une succession de sketches illustrant la société italienne des années trente vue par les yeux d’un enfant. C’est l’humour et l’ironie qui ressort en premier. Avant d’être cinéaste, Fellini a démarré dans la vie professionnelle en étant caricaturiste et cela se sent dans bon nombre de ses films mais plus encore dans Amarcord. Il grossit le trait, force la mesure ; tous ses personnages sont hauts en couleur et peu nous importe qu’ils soient crédibles ou non. Son humour est irrévérencieux, fortement connoté sexuellement et politiquement. Car Amarcord, c’est aussi une peinture politique de la montée du fascisme en Italie, que Fellini dépeint presque entièrement par l’humour et la caricature, avec une certaine distance comme pour insister sur son aspect grotesque. Enfin, il y aussi dans Amarcord beaucoup de rêve et de magie, outre les fantasmes sexuels ce sont des rêves de choses inaccessibles, le Grand Hôtel et la célèbre scène du passage du Rex dans la nuit. Le paquebot passe mais les habitants de Rimini restent là : nous retrouvons ici ce sentiment d’enfermement qui était présent dans Les Vitelloni. Dans Amarcord, seule la plus belle femme parvient à partir (en se mariant). Sous des apparences de comédie satirique, Amarcord est ainsi un film particulièrement riche, anti-conformiste et caricatural, une peinture de la société italienne.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Magali Noël, Luigi Rossi, Pupella Maggio, Armando Brancia
Voir la fiche du film et la filmographie de Federico Fellini sur le site IMDB.

Voir les autres films de Federico Fellini chroniqués sur ce blog…

9 réflexions sur « Amarcord (1973) de Federico Fellini »

  1. Amarcord est sans doute son plus mauvais film. La métaphore du souvenir est bidon. Revoyez 8 et 1/2 et oubliez tout le reste.
    PS: qui pourrait m’expliquer comment ce blog figure dans la play-list du Monde ? C’est sûr qu’une telle indigence ne peut faire d’ombre à Frodon

  2. Et bien moi, je trouve qu’Amarcord est un très grand film de cinéma. Je ne suis sans doute pas objectif car c’est un des films que j’ai vu assez jeune et qui m’ont fait aimer le cinéma.

  3. Je ne ferai pas avancer le schmilblick aujourd’hui, mais j’ai très envie de le voir. Je crois n’avoir vu qu’un seul Fellini à ce jour: La vocce della luna.

    J’avais été intrigué et je me suis promis d’en voir d’autres.

  4. Je dois avouer ne pas avoir un souvenir très précis de Voice della Luna mais c’est un film assez particulier… Amarcord est bien plus approprié pour aborder Fellini, bien plus facile d’abord aussi (d’où certaines réactions de… hum, passons… ;-)), après il faut voir Roma, La Dolce Vita, 8 1/2, Ginger et Fred, et bien entendu La Strada (moi, c’est le premier que j’ai vu, au ciné-club de mon lycée, pas loin non plus d’être le premier film tout court que j’ai vu) 😉

  5. Pour repondre a certains, meme si on accepte le jugement (subjectif) que c’est le plus mauvais Fellini, ce film reste quand meme bien meilleur que beaucoup d’autres films sortis et sortants sur nos ecrans!

    @Lui: j’adhere totalement a votre description et analyse de ce film, ou a travers la critique acerbe de son pays et son epoque transpire egalement toute la tendresse de Fellini pour ceux-ci.

  6. Mais comment diable peut-on dire que ce film est mauvais, voire même que c’est le plus mauvais film de Fellini ? Lamentable.
    En plus, il n’y a aucune métaphore du souvenir. Sauf à connaître bien sûr le point de vue de Fellini sur le souvenir, qu’il considère précisément comme bidon, anecdotique, évanescent. Il n’y a que la mémoire et la mémoire est une dimension, nous dit Fellini. La mémoire n’est pas le souvenir, c’est la part de notre imaginaire, ici un imaginaire commun, que nous mettons dans le réinvestissement du passé. En ce sens, ce film est remarquable, et il est magnifique.

  7. Je me souviens d’un sondage fait parmi les critiques de cinema francais au debut des annees 80 qui avait mis « Amarcord » comme le meilleur film des annees 70, « Orange mecanique » etait deuxieme de ce classement. Je ne me souviens plus des autres. Je n’avais pas vu le Fellini alors et je ne comprenais pas pourquoi ils consideraient le Kubrick moins bon, qui a l’epoque, etait mon film prefere.

    Quand j’ai enfin vu « Amarcord », j’ai compris pourquoi parce que c’est tout simplement genial, Fellini est un poete et certains plans du film sont d’une beaute absolument inouie et inoubliable, le paquebot bien sur mais pour moi, c’est surtout celui ou on voit e paon qui deploie sa queue multicolore dans la neige blanche. Magique!

    Entre « 8 1/2″ et celui-la, j’aurais beaucoup de mal a choisir.

    Alors, au sujet de celui-qui a ecrit plus haut qu' »Amarcord » est le plus mauvais film de Fellini, on peut affirmer sans crainte qu’il a de la merde dans les yeux, pardonnez ma grossierete.

  8. Déplorons la fin d’une epoque qui fut si humaine qu’elle déchaîna son opposé. Fellini est le symbole de cette histoire si proche. Ce fascisme qui depuis deux siecle nous vole notre humanité et sa beauté. Quel heureux bonheur !

  9. Aymeric est vraiment pitoyable : on peut ne pas aimer un film aussi original qu’Amarcord mais on ne se permet pas de le traiter ainsi, du haut de je ne sais quelle hauteur.
    J’ai revu et quasiment redécouvert ce film hier soir et j’ai été enchantée par son rythme, sa structure éclatée, sa musique, la couleur des scènes nocturnes et surtout par cette galerie de personnages dont deux au moins prennent la main du spectateur pour lui faire apprécier ou comprendre l’univers fantasque, cocasse, parfois tragique de ce village italien. Les fantasmes, la poésie, l’irrévérence , le rire et la tendresse, tout y est et j’en oublie ! Quelle chance de pouvoir aimer un film aussi riche ! Je ne cesse d’y penser et de le partager encore avec mon mari…

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