11 juin 2023

Les 3 royaumes (2008) de John Woo

Titre original : « Chi bi »

Les 3 royaumes (Chi bi)En 208 après J.-C., l’empereur Han Xiandi règne sur la Chine pourtant divisée en trois royaumes rivaux. L’ambitieux Premier ministre Cao Cao rêve de s’installer sur le trône d’un empire unifié, et mène une guerre sans merci contre Shu, le royaume du sud-ouest dirigé par l’oncle de l’empereur, Liu Bei qui convainc son voisin le roi Sun Quan d’unir ses forces aux siennes. Cao Cao envoie alors une force de 800 000 soldats et 2 000 bateaux pour les écraser…
Les Trois Royaumes est un film à grand spectacle chinois réalisé par John Woo (revenu dans son pays natal). Il s’agit de l’adaptation du roman homonyme de Luo Guanzhong, écrivain du XIIIe siècle, qui raconte la bataille de la Falaise rouge de la période des Trois Royaumes de Chine. Le film est sorti juste avant les jeux olympiques de 2008 pour renforcer la notion d’héritage historique. Cette bataille est en effet connue de tous en Chine. Pourtant, on n’en connait avec certitude le lieu exact. D’abord oubliée, elle n’a acquis son statut de grande bataille mythique qu’un millénaire plus tard. Le film est impressionnant, c’est le film le plus cher de l’histoire du cinéma chinois. Les batailles sont grandioses même si on peut ressentir un certain malaise face à cette accumulation de morts violentes. L’accent est mis sur la stratégie et c’est grâce à elle que cette bataille, si disproportionnée au départ, a eu une issue inattendue. Nous assistons ainsi à toutes les cogitations des stratèges des camps du sud, nous les suivons dans leurs raisonnements ce qui rend l’ensemble assez palpitant. Un très grand spectacle.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Tony Leung Chiu-wai, Takeshi Kaneshiro, Fengyi Zhang, Chang Chen, Wei Zhao, Jun Hu, Shidô Nakamura, Chi-Ling Lin
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Deux versions :
– Version longue de 288 minutes en deux parties destinée en premier au marché chinois.
– Version internationale de 148 minutes (vue ici) destinée au public occidental qui n’est pas coutumier des personnages historiques et de leurs péripéties.

Les 3 royaumes (Chi bi)Tony Leung Chiu-wai dans Les 3 royaumes (Chi bi) de John Woo.

Les 3 royaumes (Chi bi)Les 3 royaumes (Chi bi) de John Woo.

6 juin 2023

Decision to Leave (2022) de Park Chan-wook

Titre original : « Heojil kyolshim »

Decision to Leave (Heojil kyolshim)Policier muté loin de son épouse qu’il ne voit que les week-ends, Hae-joon mène une enquête sur la mort d’un homme survenue dans les montagnes alors qu’il faisait de l’escalade. Il rencontre la mystérieuse épouse du défunt, Seo-rae, dont il tombe rapidement amoureux…
Decision to Leave est un film sud-coréen coécrit (avec sa scénariste habituelle Jeong Seo-kyeong), produit et réalisé par Park Chan-wook. Il s’agit d’une intrigue à suspense. Plusieurs critiques ont fait le rapprochement avec Vertigo d’Alfred Hitchcock ; si le film a effectivement en commun avec ce dernier une atmosphère particulière un peu irréelle, l’histoire en elle-même est toutefois bien plus simple. Le film est certainement plus remarquable par son style. Park Chan-wook utilise des effets de construction narrative et des effets de points de vue pour complexifier son récit. Ces effets sont assez réussis mais ils finissent par donner un petit goût d’artificialité  à l’ensemble, d’autant plus que le film paraît trop long (2h20). On peut aussi regretter le manque d’émotion. Decision to Leave a été très bien accueilli par la critique.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Park Hae-il, Tang Wei, Lee Jung-hyun, Go Kyung-Pyo
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Decision to Leave (Heojil kyolshim)Tang Wei et Park Hae-il dans Decision to Leave (Heojil kyolshim) de Park Chan-wook.

15 mai 2023

Contes du hasard et autres fantaisies (2021) de Ryûsuke Hamaguchi

Titre original : « Gûzen to sôzô »

Contes du hasard et autres fantaisies (Gûzen to sôzô)Contes du hasard et autres fantaisies est un film japonais écrit et réalisé par Ryūsuke Hamaguchi. Le film réunit trois courtes histoires successives, sans lien entre elles, avec des personnages différents. Ces histoires offrent des variations sur le thème du hasard et ont des femmes pour personnages principaux. Ryūsuke Hamaguchi cite souvent Eric Rohmer comme inspiration de son cinéma. Si, effectivement, on peut trouver ici certains points communs notamment par la place donnée aux personnages et aux dialogues, le développement manque un peu de profondeur. La première histoire est finalement très anodine ; la seconde est plutôt racoleuse ; c’est finalement la troisième qui montre la plus grande richesse, elle est apte à susciter en nous des réflexions diverses. A mes yeux, Contes du hasard et autres fantaisies est en deçà des précédentes réalisations de Ryūsuke Hamaguchi. Il a cependant été très bien accueilli par la presse et le public.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Kotone Furukawa, Ayumu Nakajima, Hyunri, Kiyohiko Shibukawa, Katsuki Mori, Shouma Kai, Fusako Urabe, Aoba Kawai
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Remarque :
La référence rhomérienne du titre semble être due au distributeur français puisque la traduction littérale du titre original est « Hasard et imagination ».

Les trois histoires :

  1. « Magie » : Deux jeunes femmes, Meiko et Tsugumi, font un trajet en taxi ensemble. Tsugumi raconte à Meiko sa rencontre avec un homme, Kazuaki, et leur attirance réciproque. Kazuaki a raconté à Tsugumi sa rupture avec sa précédente amoureuse qui l’avait trompé à plusieurs reprises…Contes du hasard et autres fantaisies (Gûzen to sôzô)Ayumu Nakajima et Hyunri dans Contes du hasard et autres fantaisies (Gûzen to sôzô) de Ryûsuke Hamaguchi.
  2. « La Porte ouverte » : Le professeur Segawa vient d’obtenir un prestigieux prix littéraire pour son dernier roman. Un étudiant, furieux après lui pour avoir été recalé à un examen, persuade sa sex friend Nao, une femme mariée, de lui tendre un piège dans l’espoir de provoquer un scandale sexuel…Contes du hasard et autres fantaisies (Gûzen to sôzô)Kotone Furukawa et Ayumu Nakajima et Hyunri dans Contes du hasard et autres fantaisies (Gûzen to sôzô) de Ryûsuke Hamaguchi.
  3. « Encore une fois » : Quelques jours après une réunion d’anciens élèves, Natsuko, femme quarantenaire, reconnait dans la rue une ancienne camarade de lycée qui n’était pas à la réunion. Celle l’invite chez elle…Contes du hasard et autres fantaisies (Gûzen to sôzô)Kotone Furukawa et Ayumu Nakajima et Hyunri dans Contes du hasard et autres fantaisies (Gûzen to sôzô) de Ryûsuke Hamaguchi.

25 avril 2023

Jin-Roh: La Brigade des loups (1999) de Hiroyuki Okiura

Titre original : « Jin-Rô »

Jin-Roh: La Brigade des loups (Jin-Rô)Japon, fin des années 1950. Pour répondre à des émeutes de plus en plus violentes, le gouvernement a créé une police paramilitaire composée d’hommes en armure ; lourdement armés et dotés de lunettes spéciales, ils n’ont presque rien d’humain. Une nuit, lors d’une opération dans les égouts, le brigadier Kazuki Fuse, hésite à tuer une jeune fille porteuse d’une bombe qu’elle fait exploser devant lui…
Jin-Roh, la brigade des loups est un film d’animation japonais de science-fiction réalisé par Hiroyuki Okiura, scénarisé par Mamoru Oshii (le réalisateur de Ghost in the Shell). Il s’appuie sur l’univers de son Kerberos Panzer Cop, une série de mangas publiés entre 1988 et 2006 illustrés par plusieurs artistes. Mamoru Oshii l’avait déjà porté à l’écran par deux fois en personnages réels (1). Il s’agit d’un univers uchronique où le Japon vient d’être occupé par une armée dont les uniformes rappellent fortement ceux des soldats de l’Allemagne nazie. L’atmosphère est très noire. L’histoire est plutôt compliquée avec une symbolique un peu lourde, inspirée du Petit Chaperon rouge. Le réalisateur Okiura étant allergique aux ordinateurs, le film a entièrement été fait à la main de façon traditionnelle. L’animation est saccadée et imprécise. Mon avis, plutôt mitigé, n’est pas majoritaire : le film est généralement bien considéré.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs:
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Voir les livres sur Mamoru Oshii

(1) The Red Spectacles de Mamoru Oshii (1987) et Stray Dogs de Mamoru Oshii (1991).

Jin-Roh: La Brigade des loups (Jin-Rô)Jin-Roh: La Brigade des loups (Jin-Rô) de Hiroyuki Okiura.

Jin-Roh: La Brigade des loups (Jin-Rô)Jin-Roh: La Brigade des loups (Jin-Rô) de Hiroyuki Okiura.

21 avril 2023

Suis-moi, je te fuis (2020) de Kôji Fukada

Autre titre : « Fuis-moi, je te suis »
Titre original : « Honki no shirushi: Gekijō ban »

Suis-moi, je te fuisEntre ses deux collègues de bureau, le cœur de Tsuji balance. Jusqu’à cette nuit où il rencontre Ukiyo, en lui sauvant la vie sur un passage à niveau. Malgré les mises en garde de son entourage, il est irrémédiablement attiré par la jeune femme… qui n’a de cesse de disparaître.
Suis-moi, je te fuis est un film japonais réalisé par Kōji Fukada. Il s’agit de l’adaptation d’un manga de Mochiru Hoshisato que le réalisateur a d’abord adapté en une série de dix épisodes de 23 minutes, diffusée au Japon en 2019. Le succès a été tel que la chaîne a demandé à Fukada de remonter la série pour l’exploiter en un long-métrage de près de 4 heures. Il est sorti en France en deux parties : Suis-moi, je te fuis et Fuis-moi, je te suis mais il s’agit bien d’un seul et unique film : il n’est pas envisageable le voir le second sans avoir vu le premier et ne voir que le premier serait dommage car les personnages acquièrent vraiment de l’épaisseur dans la seconde partie. L’histoire n’est pas banale. Les personnages des films de Fukada ont toujours quelque chose d’étrange et c’est encore le cas ici. La première partie nous laisse plutôt insatisfait mais la seconde nous permet de mieux les cerner et de comprendre leur comportement. L’ensemble est beaucoup trop long (il me semble qu’il aurait très possible d’en faire un film de 2 heures) mais les spectateurs les plus motivés ne seront pas déçus : les films de Kōji Fukada sont semblables à nul autre.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Win Morisaki, Kaho Tsuchimura, Shôhei Uno, Kei Ishibashi, Akari Fukunaga
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Remarque :
* La version complète du film, sous le titre The Real Thing, a été sélectionnée en compétition lors du festival de Cannes 2020 (festival annulé).
* Le cinéaste découvrit le manga The Mark of Truth (Honki no Shirushi) de Mochiru Hoshisato lorsqu’il était étudiant de cinéma au début des années 2000.

Suis-moi, je te fuisKaho Tsuchimura et Win Morisaki dans Suis-moi, je te fuis de Kôji Fukada.

8 février 2023

Mademoiselle Ogin (1962) de Kinuyo Tanaka

Titre original : « Ogin-sama »

Mademoiselle Ogin (Ogin-sama)À la fin du XVIe siècle, alors que le Christianisme venu d’Occident est proscrit, Ogin, la fille du célèbre maître de thé Rikyu, tombe amoureuse du samouraï Ukon Takayama, qui est chrétien. Le guerrier refuse ses avances, préférant se consacrer à sa foi, et Ogin prend pour époux un homme qu’elle n’aime pas. Mais quelques années plus tard, Ukon revient et lui avoue son amour. Ogin veut reprendre sa liberté mais le redoutable Hideyoshi, qui règne sur le pays, a entamé des persécutions anti-chrétiennes…
Mademoiselle Ogin est un film japonais réalisé par Kinuyo Tanaka, sa sixième et ultime réalisation. Le scénario est l’œuvre de Masashige Narusawa, d’après un roman de Tōkō Kon paru en 1956. Comme pour ses réalisations précédentes, Kinuyo Tanaka s’empare du sujet pour en faire un récit de femme vue par une femme. Le mélodrame est certes un peu appuyé, une histoire d’un amour fou et destructeur, mais le film enchante par la qualité de sa réalisation et la beauté de ses images en couleurs. Certains cadrages sont absolument superbes. Kinuyo Tanaka a cette fois profité d’un budget important qu’elle utilise à merveille. Elle dirige Ineko Arima, actrice qui a joué avec les plus grands (Naruse, Ozu, Kobayashi,…) Les raisons pour lesquelles Kinuyo Tanaka n’a pas continué à réaliser ne semblent pas connues avec certitude. C’est un grand dommage car il ne fait nul doute qu’elle aurait continué à signer de grands films.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Ineko Arima, Tatsuya Nakadai, Ganjirô Nakamura, Mieko Takamine, Osamu Takizawa, Kôji Nanbara
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Mademoiselle Ogin (Ogin-sama)Mieko Takamine et Ineko Arima dans Mademoiselle Ogin (Ogin-sama) de Kinuyo Tanaka.

Mademoiselle Ogin (Ogin-sama)Ineko Arima et Hisaya Itô dans Mademoiselle Ogin (Ogin-sama) de Kinuyo Tanaka.

7 février 2023

La Nuit des femmes (1961) de Kinuyo Tanaka

Titre original : « Onna bakari no yoru »

La Nuit des femmes (Onna bakari no yoru)À la fin des années 1950 au Japon, les lois anti-prostitution entrainent la fermeture des maisons closes. Des centres de réinsertion pour anciennes prostituées sont créés. La jeune Kuniko est particulièrement motivée pour retrouver une nouvelle place dans la société japonaise. Avec l’aide de la responsable du centre, elle déniche un emploi dans une épicerie à Tokyo…
La Nuit des femmes est un film japonais réalisé par Kinuyo Tanaka. Le scénario est signé Sumie Tanaka (pas de relation familiale), il est basé sur un roman de Masako Yana. Après une grosse production en couleurs (La Princesse errante), la réalisatrice se lance dans un projet plus modeste en moyens où elle nous parle de nouveau de femmes vues par des femmes. L’histoire met en relief les difficultés de réinsertion de ces anciennes prostituées : si certaines n’en ont aucune envie, d’autres désirent repartir sur de nouvelles bases mais le passé revient toujours en force. Kinuyo Tanaka a toutefois tenu à donner une fin positive à son récit, ce n’était pas le cas dans le roman. Le récit met en avant les rapports des femmes entre elles, il n’y a que peu d’hommes. La réalisatrice a choisi une actrice très peu connue pour le rôle principal, Chisako Hara. Elle fait une belle prestation : elle exprime à la fois de la fragilité et une grande détermination. Le film possède une indéniable force. Certains analystes ont rapproché La Nuit des femmes des films de la Nouvelle Vague japonaise, tel Contes cruels de la jeunesse de Nagisa Ôshima par sa façon d’aborder les personnages.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Chisako Hara, Akemi Kita, Kyôko Kagawa, Chikage Awashima, Yôsuke Natsuki
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La Nuit des femmes (Onna bakari no yoru)Chisako Hara dans La Nuit des femmes (Onna bakari no yoru) de Kinuyo Tanaka.

La Nuit des femmes (Onna bakari no yoru)Yôsuke Natsuki et Chisako Hara dans La Nuit des femmes (Onna bakari no yoru) de Kinuyo Tanaka.

6 février 2023

La Princesse errante (1960) de Kinuyo Tanaka

Titre original : « Ruten no ôhi »

La Princesse errante (Ruten no ôhi)Tokyo, 1937. Ryūkō est une jeune fille insouciante d’origine noble qui se rêve en artiste peintre et vit auprès de ses parents et de sa grand-mère. Elle accepte d’épouser le frère de l’empereur de Maundchourie. Ce mariage est destiné à renforcer les relations entre les deux nations et introduire le sang japonais dans la famille impériale mandchoue…
La Princesse errante est un film japonais réalisé par Kinuyo Tanaka, son quatrième long métrage, son premier en couleurs. Il s’agit de l’adaptation de la biographie homonyme de Hiro Saga, publiée quelques mois plus tôt. Cette princesse a connu un destin peu commun, mouvementé et tragique. La société de production Daiei a voulu ouvertement en faire un film pour les femmes et fait par des femmes : la présentation du film à l’époque en témoigne. Le budget fut assez important. La mise en place est assez longue, s’attardant sur les protocoles des familles impériales. La suite est plus tragique, lorsque survient la guerre, avec la difficile position mandchoue dans un conflit qui déchire le pays. Pour le premier rôle, Kinuyo Tanaka a choisi Machiko Kyô, l’actrice qui l’a remplacée comme égérie de Mizoguchi. L’actrice est de tous les plans ou presque, elle fait une très belle prestation.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Machiko Kyô, Eiji Funakoshi, Chieko Higashiyama, Kuniko Miyake, Mitsuko Mito, Chishû Ryû, Tatsuya Ishiguro
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Remarque :
• La fin est un peu abrupte car l’histoire était encore en cours : en 1961, soit un an après la sortie du film, le couple fut enfin réuni grâce à la permission du Premier ministre chinois et s’installe à Pékin. Hiro Saga y vivra jusqu’à sa mort en 1987, à l’âge de 73 ans. Son mari lui survivra quelques années. Leur deuxième fille (totalement absente du film), née en 1940 deux ans après l’aînée, est toujours en vie.

La Princesse errante (Ruten no ôhi)Machiko Kyô dans La Princesse errante (Ruten no ôhi) de Kinuyo Tanaka.

5 février 2023

Maternité éternelle (1955) de Kinuyo Tanaka

Titre original : « Chibusa yo eien nare »

Maternité éternelle (Chibusa yo eien nare)Fumiko Shimojō a deux enfants et son mariage avec un homme qui la trompe est malheureux. Ses meilleurs moments sont ceux qu’elle passe à son club de poésie : elle compose des tanka (1) et y rencontre deux amis d’enfances, Kuniko et son mari Takashi Hori dont elle est secrètement amoureuse…
Après deux longs métrages reposant sur des scénarios qui lui avaient été proposés par d’autres personnes, Maternité éternelle est la première réalisation vraiment personnelle de Kinuyo Tanaka. Elle en a choisi le sujet : elle avait été profondément touchée par l’histoire de Fumiko Nakajô, jeune et brillante poétesse, morte foudroyée par un cancer du sein à 31 ans (le titre français n’est pas très bien trouvé, le sens du titre original est proche de « seins éternels »). C’est un portrait de femme possédant une grande force de caractère et dont l’émancipation sera stoppée nette par la maladie. Le film possède une liberté de ton à l’image de son héroïne qui aspire à une liberté interdite aux femmes. Résolument du côté du point de vue des femmes, le film nous montre des choses qu’un cinéaste homme ne filmera jamais, il aborde en tous cas des thèmes pas ou très peu évoqués dans les années cinquante (que ce soit au Japon ou ailleurs). Le drame est puissant, extrêmement fort. L’interprétation de Yumeji Tsukioka est parfaite.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Yumeji Tsukioka, Ryôji Hayama, Hiroko Kawasaki, Shirô Ôsaka, Masayuki Mori
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(1) Le tanka (traduction littérale  « chant court ») est un poème japonais sans rimes, de 31 mores (sons élémentaires émis lors de la phonation) sur cinq lignes.

Maternité éternelle (Chibusa yo eien nare)Yumeji Tsukioka dans Maternité éternelle (Chibusa yo eien nare) de Kinuyo Tanaka.

4 février 2023

La Lune s’est levée (1955) de Kinuyo Tanaka

Titre original : « Tsuki wa noborinu »

La Lune s'est levée (Tsuki wa noborinu)Mokichi Asai vit à Nara auprès de ses trois filles : l’aînée Chizuru, revenue au domicile familial après la mort de son mari ; la cadette Ayako, en âge de se marier mais peu pressée de quitter les siens ; et la benjamine Setsuko, la plus exubérante, qui rêve de partir s’installer à la capitale. Cette dernière est très proche de Shoji, le jeune beau-frère de Chizuru qui loge provisoirement dans un temple à proximité…
La Lune s’est levée est un film japonais réalisé par Kinuyo Tanaka. C’est le deuxième long métrage de cette actrice-star passée à la réalisation (1). Le scénario a été écrit en 1947 par Yasujirō Ozu qui pensait le tourner lui-même mais le projet n’a pu voir le jour. Kinuyo Tanaka connait Ozu de longue date, elle a tourné dans ses tous premiers films dans les années 20 : de plus Ozu l’a activement soutenue dans les difficultés qu’elle rencontrait pour devenir réalisatrice (contrairement à Mizoguchi, dont elle fut l’égérie, qui chercha à la dissuader). De ce fait, le cinéma de Kinuyo Tanaka montre une influence marquée, on retrouve l’atmosphère des films d’Ozu et ses thèmes de prédilection : la famille, le mariage. Cela explique aussi que la réalisatrice n’a pas cherché à modifier le scénario, elle avait un grand respect pour le travail d’Ozu. Certaines phrases notamment dans l’épilogue sont ainsi inattendues de la part d’une femme-réalisatrice. Elle a su toutefois ici et là apporter une touche féminine dans les détails sur le quotidien des femmes. La Lune s’est levée parle de l’éveil à l’amour, de la difficulté à exprimer ses sentiments dans un cadre social assez rigide.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Chishû Ryû, Shûji Sano, Yôko Sugi, Mie Kitahara, Kô Mishima, Shôji Yasui, Kinuyo Tanaka
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Remarque :
• Le scénario a été amendé à la demande d’un sponsor, la Nippon Telegraph and Telephone Public Corporation (ce qui explique ce passage si étrange sur les télécommunications!)
• La réalisatrice Kinuyo Tanaka tient le rôle d’une servante (Yoneya).

(1) Immense star dans son pays, Kinuyo Tanaka avait plus de 100 films à son actif quand elle est passée à la réalisation. Le désamour de son public suite à une campagne de dénigrement (elle était accusée de s’être trop américanisée lors d’une tournée aux Etats-Unis) la poussa à passer derrière la caméra. Elle fut ainsi la première femme réalisatrice japonaise après la guerre.

La Lune s'est levée (Tsuki wa noborinu)Hisako Yamane, Yôko Sugi et Mie Kitahara dans La Lune s’est levée (Tsuki wa noborinu) de Kinuyo Tanaka.
La Lune s'est levée (Tsuki wa noborinu)Chishû Ryû, Hisako Yamane et Yôko Sugi dans La Lune s’est levée (Tsuki wa noborinu) de Kinuyo Tanaka.