19 février 2024

L’art d’être aimé (1963) de Wojciech Has

Titre original : « Jak byc kochana »

L'art d'être aimé (Jak byc kochana)Le temps d’un voyage en avion, une célèbre actrice de radio se remémore un amour douloureux pendant l’Occupation. Tout en travaillant comme serveuse pour survivre, elle avait caché un de ses collègues-acteurs dont elle était amoureuse et qui était accusé d’avoir tué un collaborateur. Elle est allé jusqu’à accepter de jouer dans un théâtre allemand pour le protéger…
L’art d’être aimée est un film polonais écrit par Kazimierz Brandys et réalisé par Wojciech Jerzy Has. Si le film se montre d’abord un peu hermétique, il se révèle de plus en puissant par la suite. C’est une histoire vraiment tragique, sur deux plans, celui d’un grand amour non partagé et celui d’une victime de la guerre, une de ces victimes invisibles non seulement pendant l’Occupation mais aussi à la Libération puisque cette femme se laissera accuser de collaboration pour préserver l’homme qu’elle aime. C’est assez terrible car, de toutes ces souffrances, elle ne retirera rien, sinon des désillusions et des espoirs déçus. L’histoire est très forte. Dans sa forme, si le film ne montre pas la perfection esthétique des films suivants du réalisateur, on ne peut que remarquer certains très beaux plans, dûs à sa façon de placer la caméra. Barbara Krafftówna fait une remarquable prestation.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Barbara Krafftówna, Zbigniew Cybulski, Artur Mlodnicki, Wienczyslaw Glinski
Voir la fiche du film et la filmographie de Wojciech Has sur le site IMDB.

Voir les autres films de Wojciech Has chroniqués sur ce blog…
Voir les livres sur Wojciech Has

Barbara Krafftówna et Zbigniew Cybulski dans L’art d’être aimé (Jak byc kochana) de Wojciech Has.

Film visible sur le site de Cinémathèque polonaise (sous-titres en anglais ou en polonais uniquement)

9 septembre 2023

Journal intime d’un pécheur (1986) de Wojciech Has

Titre original : « Osobisty pamietnik grzesznika przez niego samego spisany »

Journal intime d'un pécheur (Osobisty pamietnik grzesznika przez niego samego spisany)Europe, XVIe siècle. Un jeune homme issu d’une famille noble est exhumé et raconte son histoire. Contrairement à son frère aîné, il fut élevé par sa mère et son prêtre, qu’il soupçonne d’être son père, dans de grands principes moraux. Il fait la rencontre d’un homme inconnu qui le pousse à tuer son frère…
Journal intime d’un pécheur est un film polonais réalisé par Wojciech Has, adaptation du roman Confession du pécheur justifié de l’écossais James Hogg (1770-1835). Le récit est basé sur l’opposition du Bien et du Mal et de la recherche d’un absolu. L’ensemble est hélas franchement austère, très janséniste et par moments un peu nébuleux dans ses exposés : si l’on comprend rapidement que l’inconnu est l’incarnation du diable, l’explication de la présence du « double cynique » nécessite de bien suivre (se sentant issu du péché, le héros rejette sa propre nature). Il faut bien avouer que tout cela est assez aride et même un peu ennuyeux. Mais il y a la forme… Visuellement, c’est un délice, le travail sur les plans est remarquable, ce sont de véritables tableaux. Wojciech Has joue avec la profondeur de champ pour créer des arrière-plans qui semblent être à la lisière du réel et de l’imaginaire. Il ajoute souvent une brume ou un halo qui renforcent encore cette impression. Et que dire de ce tableau de dix mètres de long qui remplace un mur de la salle à manger de la demeure familiale ? Du jamais vu ! Les scènes ont une grande ampleur et l’esthétisme est poussé à des extrêmes. Superbe visuellement mais un peu ennuyeux (du moins à la première vision car j’ai comme un léger pressentiment que j’apprécierais beaucoup plus ce film à une deuxième vision).
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Piotr Bajor, Maciej Kozlowski, Janusz Michalowski, Hanna Stankówna, Ewa Wisniewska, Franciszek Pieczka, Anna Dymna, Katarzyna Figura
Voir la fiche du film et la filmographie de Wojciech Has sur le site IMDB.

Voir les autres films de Wojciech Has chroniqués sur ce blog…
Voir les livres sur Wojciech Has

Journal intime d'un pécheur (Osobisty pamietnik grzesznika przez niego samego spisany)
Piotr Bajor dans Journal intime d’un pécheur (Osobisty pamietnik grzesznika przez niego samego spisany) de Wojciech Has.
Journal intime d'un pécheur (Osobisty pamietnik grzesznika przez niego samego spisany)
Katarzyna Figura et Anna Dymna dans Journal intime d’un pécheur (Osobisty pamietnik grzesznika przez niego samego spisany) de Wojciech Has.

8 septembre 2023

L’écrivain (1985) de Wojciech Has

Titre original : Pismak

PismakDurant la Première Guerre mondiale en Pologne, un jeune journaliste plein d’ambitions littéraires, est emprisonné pour avoir publié un magazine satirique et anticlérical. Il doit y attendre que l’enquête établisse les charges d’accusation. En cellule, il rencontre un célèbre perceur de coffres-forts et un ancien moine taciturne accusé de meurtre. L’apprenti écrivain commence alors à construire une intrigue de roman à partir des histoires que racontent ses compagnons de cellule…
Pismak est un film polonais réalisé par Wojciech Has. Le film est l’adaptation d’un roman de Władysław Terlecki. Il a pour thème les affres de l’écriture et ses corollaires : la difficulté de séparer la réalité et l’imaginaire, la difficulté de définir une éthique de la littérature, la difficulté de donner un but à son écriture. Les dialogues sont d’une grande qualité et la richesse de l’ensemble séduit. Le réalisateur fait également des incursions sur le plan politique fustigeant principalement la bureaucratie et le manque d’humanisme du pouvoir tsariste. Hormis les scènes imaginées par le personnage (ou issues de son passé, on ne sait pas vraiment), toute l’histoire se déroule à l’intérieur de la prison qui ressemble en réalité à un ancien monastère : la cellule est étonnamment vaste et les acteurs semblent y évoluer comme sur une scène de théâtre. De ce fait, une certaine austérité se dégage de l’ensemble mais elle est travaillée et parfaitement sous contrôle : la forme est très belle avec comme toujours avec Wojciech Has cette superbe construction des plans à plusieurs niveaux de profondeur. Le film n’est, semble-t-il, jamais sorti en France.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Wojciech Wysocki, Gustaw Holoubek, Janusz Michalowski, Jan Peszek, Zdzislaw Wardejn, Gabriela Kownacka
Voir la fiche du film et la filmographie de Wojciech Has sur le site IMDB.

Voir les autres films de Wojciech Has chroniqués sur ce blog…
Voir les livres sur Wojciech Has

Pismak
Wojciech Wysocki et Jan Peszek dans Pismak de Wojciech Has
Gabriela Kownacka dans Pismak de Wojciech Has
Zdzislaw Wardejn et Jan Peszek dans Pismak de Wojciech Has

6 août 2023

Adieu jeunesse (1961) de Wojciech Has

Titre original : « Rozstanie »

Adieu jeunesse (Rozstanie)Magdalena, actrice et femme libre, revient dans sa ville natale après de nombreuses années pour les funérailles de son grand-père. Dans le train, elle rencontre un homme bien plus jeune qu’elle. Sur place, elle découvre que la maison de son grand-père va être préemptée par la ville…
Adieu jeunesse (Rozstanie) est un film polonais réalisé par Wojciech J. Has. Le scénario est l’œuvre de Jadwiga Zylinska, une écrivaine polonaise qui avait écrit une nouvelle du même nom. Wojciech Has aurait conçu le film comme une comédie sentimentale ; il y règne surtout un fort sentiment de mélancolie. En revenant dans sa ville natale, cette femme s’y sent étrangère. Elle a acquis une maturité et un modernisme que toutes ses anciennes connaissances n’ont pas ; elle a tourné la page du passé, les autres non. Seul un jeune homme, audacieux et curieux, lui paraît différent ; elle apprécie sa compagnie tout en sachant que cette relation restera sans lendemain. Adieu jeunesse est un film assez étrange car l’histoire ne comporte pas de temps fort et semble n’aboutir sur rien. L’image est belle mais l’ensemble nous laisse sur un sentiment de légère vacuité.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Lidia Wysocka, Wladyslaw Kowalski, Gustaw Holoubek, Irena Netto, Adam Pawlikowski
Voir la fiche du film et la filmographie de Wojciech Has sur le site IMDB.

Voir les autres films de Wojciech Has chroniqués sur ce blog…
Voir les livres sur Wojciech Has

Adieu jeunesse (Rozstanie)Wladyslaw Kowalski et Lidia Wysocka dans Adieu jeunesse (Rozstanie) de Wojciech Has.

24 juillet 2023

Chambre commune (1960) de Wojciech Has

Titre original : « Wspólny pokój »

Chambre commune (Wspólny pokój)A la fin des années 1920, le jeune Lucjan arrive à Varsovie avec l’espoir de se lancer dans une carrière littéraire. Il emménage dans un appartement à pièce unique sous-loué à plusieurs personnes : il y a là un de ses amis, poète et journaliste à ses heures, un poète, deux étudiants et la sœur de l’un d’eux…
Chambre commune est un film polonais réalisé par Wojciech Has, adaptation, d’un roman de Zbigniew Unilkowski, paru en 1932, qui décrivait les membres du groupe littéraire et poétique « Kwadryga » (1). Le film décrit l’état d’esprit de l’époque de l’entre-deux guerres à travers un petit groupe de co-locataires qui passent leur temps entre leur appartement et le café. Leurs discussions sont marquées par un humour constant, qui se présente comme un dérivatif au fort pessimisme ambiant. Le sentiment d’imminence d’une catastrophe transparaît. La mise en scène de Wojciech Has est très maitrisée avec des cadrages précis et, une fois encore, de très beaux gros plans.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Mieczyslaw Gajda, Gustaw Holoubek, Adam Pawlikowski, Anna Lubienska, Beata Tyszkiewicz
Voir la fiche du film et la filmographie de Wojciech Has sur le site IMDB.

Voir les autres films de Wojciech Has chroniqués sur ce blog…
Voir les livres sur Wojciech Has

(1) Actif de 1926 à 1933, Kwadryga est un groupe d’amis, membres du Cercle littéraire de l’Université de Varsovie, créé à l’initiative de Stanisław Dobrowolski (1907-1985). Leurs poèmes, très éclectiques, s’articulent autour des postulats de l’art socialisé, de la justice sociale et de la dignité de travail. Le groupe Żagary (1931-1934) réunit les étudiants de la faculté de belles lettres polonaises de l’Université de Vilnius dont Czesław Miłosz (1911-2004), Jerzy Putrament (1910-1986), Jerzy Zagórski (1907-1984) et (pendant un moment) Stanisław Mackiewicz (1896-1966). Ils recherchent un nouveau chemin poétique, en croyant comme les symbolistes et les romantiques avant eux, à la force des symboles. Leur poésie, remplie d’anxiété, est dominée par un pressentiment funeste de la guerre. La poésie de Miłosz est plus intellectuelle, philosophique, pleine d’élan, de métaphores et des visions de l’apocalypse, tandis que le radicalisme de Putrament le conduit droit au communisme. (extrait de Wikipédia)

Chambre commune (Wspólny pokój)Mieczyslaw Gajda et Gustaw Holoubek dans Chambre commune (Wspólny pokój) de Wojciech Has.

Chambre commune (Wspólny pokój)Adam Pawlikowski et Zdzislaw Maklakiewicz dans Chambre commune (Wspólny pokój) de Wojciech Has.

Chambre commune (Wspólny pokój)Beata Tyszkiewicz et Adam Pawlikowski dans Chambre commune (Wspólny pokój) de Wojciech Has.

18 juillet 2023

Les Adieux (1958) de Wojciech Has

Titre original : « Pozegnania »

Les adieux (Pozegnania)Pawel est étudiant, issu d’une famille aristocratique. Il s’oppose à son père et un soir décide d’avoir une aventure avec Lidka, une entraineuse de cabaret. Quelques années plus tard, à la fin de la Seconde Guerre mondiale, ils se rencontreront de nouveau mais les rapports seront très différents…
Les Adieux est un film polonais écrit et réalisé par Wojciech Jerzy Has, son second long métrage, d’après un roman de Stanislaw Dygat paru en 1948. Le récit met tout d’abord en relief les rapports de classe sociale entre l’étudiant et l’entraineuse pour mieux les retourner dans une seconde partie : l’entraineuse est en effet devenue comtesse après avoir épousé le cousin de l’étudiant. Ce dernier, qui semble avoir tout perdu, va accepter d’être serveur dans un restaurant. La guerre a donc « rebattu les cartes ». Il est difficile de percevoir l’intention du propos et l’histoire manque de force, elle est même un peu confuse dans la seconde partie. Sur la plan de la forme, on ne retrouve pas les audaces de cadrages de son précédent film, l’ensemble est moins remarquable. Le film fut néanmoins très bien accueilli, ce serait le plus grand succès de la Polish Film School (1).
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Maria Wachowiak, Tadeusz Janczar, Gustaw Holoubek
Voir la fiche du film et la filmographie de Wojciech Has sur le site IMDB.

Voir les autres films de Wojciech Has chroniqués sur ce blog…
Voir les livres sur Wojciech Has

(1) Le terme Polish Film School (Polska Szkoła Filmowa) désigne un groupe informel de réalisateurs polonais de la période 1956-1963 : Andrzej Wajda, Jerzy Kawalerowicz, Andrzej Munk, Tadeusz Konwicki, Wojciech Jerzy Has, Kazimierz Kutz, Stanisław Różewicz. Ces réalisateurs montraient souvent une influence du néoréalisme italien.

Remarque :
Le site de Cinémathèque polonaise propose l’étonnante interprétation suivante : « Le film est basé sur une structure de chanson, avec des strophes, des intervalles et un refrain. Le refrain se compose des regards du protagoniste à travers la fenêtre. »

Les adieux (Pozegnania)Tadeusz Janczar dans Les adieux (Pozegnania) de Wojciech Has.

Les adieux (Pozegnania)Maria Wachowiak dans Les adieux (Pozegnania) de Wojciech Has.

16 juillet 2023

Le Noeud coulant (1958) de Wojciech Has

Titre original : « Petla »

Le Noeud coulant (Petla)Kuba, un artiste alcoolique, est réveillée par Krystyna, la jeune femme qui l’aime. Elle l’a convaincu d’aller voir un docteur à 18h00 pour se faire soigner. Il est bien décidé à tenir jusqu’au soir mais les heures vont être bien longues avant l’heure du rendez-vous…
Le Nœud coulant est un film polonais réalisé par Wojciech J. Has, son premier long métrage à l’âge de 33 ans. Il en a co-écrit le scénario avec Marek Hłasko, écrivain que l’on peut décrire (très) succinctement comme un Jack Kerouac polonais. Outre les tentations et les à priori des personnes à l’entour, le récit décrit la profonde crise existentielle du personnage principal, ce qui donne au film une indéniable profondeur. Pour sa première réalisation, Wojciech J. Has montre déjà une étonnante maitrise et surtout son attrait pour les cadrages et la composition. Il affectionne déjà d’étoffer son image en créant des avant-plans. Ses gros plans sont superbes. L’utilisation de la lumière montre une influence de l’expressionnisme allemand, ce qui bien entendu sied parfaitement au sujet. Tout cela donne un ensemble assez intense.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Gustaw Holoubek, Aleksandra Slaska, Teresa Szmigielówna, Tadeusz Fijewski, Stanislaw Milski
Voir la fiche du film et la filmographie de Wojciech Has sur le site IMDB.

Voir les autres films de Wojciech Has chroniqués sur ce blog…
Voir les livres sur Wojciech Has

Remarque :
Vu sur le site de la cinémathèque polonaise (sous-titres anglais ou polonais seulement).

Gustaw Holoubek et Aleksandra Slaska dans Le Noeud coulant (Petla) de Wojciech Has.

Le Noeud coulant (Petla)Gustaw Holoubek dans Le Noeud coulant (Petla) de Wojciech Has.

Le Noeud coulant (Petla)Gustaw Holoubek dans Le Noeud coulant (Petla) de Wojciech Has.

8 juillet 2023

Une histoire banale (1983) de Wojciech Has

Titre original : « Nieciekawa historia »

Une histoire banale (Nieciekawa historia)XIXe siècle. Considéré et honoré comme une sommité de la médecine, un professeur soixantenaire fait face à une profonde crise existentielle. Il se sent vieillir, regarde avec aigreur et mépris les gens qui l’entourent, sa famille, ses collègues, ses étudiants, à l’exception d’une ancienne assistante dont il est le tuteur, une jeune femme désillusionnée après une tentative ratée de devenir actrice…
Une histoire banale (parfois nommé en français Une histoire sans intérêt, traduction plus appropriée car l’histoire n’a rien de « banal ») est un film polonais écrit et réalisé par Wojciech Jerzy Has. Devenu professeur à l’école de cinéma de Lodz après La Clepsydre en 1974, Wojciech Has ne revient à la réalisation que huit ans plus tard avec cette adaptation d’une nouvelle d’Anton Tchekhov. Il s’agit d’un film psychologique et même philosophique (l’affiche ci-dessus n’a rien à voir avec le contenu du film, elle semble plus se situer dans le sillage de La Clepsydre). Le réalisateur expose d’abord l’aigreur de son personnage, sans craindre de le rendre antipathique, avant de nous en livrer les raisons, bien plus tard. De même, il nous faut un certain temps pour comprendre vraiment la teneur de son attirance, mêlée de regrets, envers sa jeune pupille. Le personnage est complexe et d’une grande profondeur. Les réflexions philosophiques sont poussées assez loin dans la dernière scène du film.
Dans sa forme, le film est superbe avec une belle lenteur, une grande utilisation de la voix-off et une photographie très picturale. Presque chaque plan pourrait être un tableau. Wojciech Jerzy Has a un talent pour filmer les objets, ce sont des véritables natures mortes qu’il crée dans son objectif. Il affectionne les premiers plans, il y place très souvent des objets. Ses lents travellings latéraux sont plus que jamais aériens et envoutants. Tout semble parfait, y compris la musique, une maitrise cinématographique rare. Certes ce n’est pas un film pour tous les publics (et c’est sans doute là son seul défaut), mais il est difficile de comprendre pourquoi un tel film est si méconnu.
Elle:
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Gustaw Holoubek, Hanna Mikuc, Anna Milewska, Elwira Romanczuk, Janusz Gajos
Voir la fiche du film et la filmographie de Wojciech Has sur le site IMDB.

Voir les autres films de Wojciech Has chroniqués sur ce blog…
Voir les livres sur Wojciech Has

Elwira Romanczuk et Gustaw Holoubek dans Une histoire banale (Nieciekawa historia) de Wojciech Has.

Une histoire banale (Nieciekawa historia)Gustaw Holoubek dans Une histoire banale (Nieciekawa historia) de Wojciech Has.

Une histoire banale (Nieciekawa historia)Janusz Gajos et Elwira Romanczuk dans Une histoire banale (Nieciekawa historia) de Wojciech Has.

Une histoire banale (Nieciekawa historia)Hanna Mikuc et Gustaw Holoubek dans Une histoire banale (Nieciekawa historia) de Wojciech Has.

Remarque :
Film vu sur le site de la  Cinémathèque polonaise ( V.O. avec sous-titres anglais ou polonais)

7 juillet 2023

La Clepsydre (1973) de Wojciech Has

Titre original : Sanatorium pod Klepsydra

Sanatorium pod KlepsydraJoseph rend visite à son père soigné dans un étrange sanatorium dirigé par le docteur Gotard. Commence alors pour lui un voyage intérieur dans son passé…
La Clepsydre est un film polonais écrit et réalisé par Wojciech Has, d’après l’œuvre de l’écrivain polonais Bruno Schulz (1892-1942). C’est un film très énigmatique et particulièrement déroutant. Il nous fait explorer les souvenirs et le subconscient (individuel et même collectif) de son personnage, que l’on suit dans une succession de scènes sans lien apparent entre elles. Le passage de l’une à l’autre est souvent déroutant, les époques se télescopent. Les décors sont surchargés à la manière d’un grenier où l’on entasse beaucoup d’objets inutiles (comme nos mémoires). Beaucoup de scènes et de représentations relèvent de la tradition judaïque et paraissent donc ésotériques au non-initié. D’autres scènes feraient référence à l’histoire polonaise. En réalité, la plupart des scènes restent assez impénétrables (du moins à la première vision) mais on y retrouve les angoisses du personnage et, toujours très présente, la peur de la mort. La mise en scène est très maitrisée et les mouvements de caméra sont superbes, le travail sur les décors paraît colossal. Le film fut très remarqué à sa sortie (Prix du Jury à Cannes en 1973) permettant à Wojciech Has de se faire connaitre plus largement, tout en l’associant de façon irrémédiable au surréalisme. Personnellement, je ne sais qu’en penser. C’est un film qu’il faudrait que je revoie car cette première vision m’a surtout dérouté.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Jan Nowicki, Tadeusz Kondrat, Irena Orska, Halina Kowalska, Gustaw Holoubek
Voir la fiche du film et la filmographie de Wojciech Has sur le site IMDB.

Voir les autres films de Wojciech Has chroniqués sur ce blog…
Voir les livres sur Wojciech Has

Remarque :
Une clepsydre est  « un instrument à eau qui permet de définir la durée d’un événement » (merci Wikipedia). Exemple : un orateur peut parler le temps que l’eau se vide d’un récipient percé d’un petit trou.

La Clepsydre (Sanatorium pod Klepsydra)Jan Nowicki dans La Clepsydre (Sanatorium pod Klepsydra) de Wojciech Has.

La Clepsydre (Sanatorium pod Klepsydra)Jan Nowicki dans La Clepsydre (Sanatorium pod Klepsydra) de Wojciech Has.

La Clepsydre (Sanatorium pod Klepsydra) La Clepsydre (Sanatorium pod Klepsydra) de Wojciech Has.

3 juillet 2023

Le Manuscrit trouvé à Saragosse (1965) de Wojciech Has

Titre original : « Rekopis znaleziony w Saragossie »

Le Manuscrit trouvé à Saragosse (Rekopis znaleziony w Saragossie)Au début du XIXe siècle, en Espagne, pendant les guerres napoléoniennes, un officier français et un partisan espagnol réfugiés dans une auberge découvrent un vieux manuscrit qui, curieusement, relate l’histoire d’Alfonse van Worden, capitaine de la garde wallonne et grand-père de l’officier. Le récit commence alors qu’Alfonse cherchait un raccourci pour traverser une redoutable montagne : la Sierra Morena…
Le Manuscrit trouvé à Saragosse est un film polonais de 182 minutes réalisé par Wojciech Has. Il s’agit de l’adaptation du roman homonyme de Jan Potocki (1761-1815), aristocrate, savant et écrivain polonais. Ce roman, considéré comme une œuvre majeure de la littérature française (car Jan Potocki l’a écrit en français), était réputé inadaptable du fait de sa construction en roman à tiroirs. Il y a en effet plusieurs histoires imbriquées les unes dans les autres (un personnage raconte son histoire dans laquelle un autre personnage raconte une autre histoire) et l’on peut compter jusqu’à cinq niveaux de flashbacks. C’est un conte philosophique et fantastique, surréaliste, libertin, parfois horrifique. On y retrouve aussi le mythe du Juif errant. Le voyage du jeune capitaine prend la forme d’une épreuve initiatique. Le récit est particulièrement riche, surtout dans sa seconde moitié. Il aborde de nombreux thèmes : le Bien et le Mal, le désir, les fantasmes, les croyances. Wojciech Has l’a mis en scène de façon magnifique, avec une belle photographie et de subtils mouvements de caméra. Très original et puissant. L’ensemble évoque l’univers des films de Luis Buñuel qui d’ailleurs adorait le film.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Zbigniew Cybulski, Iga Cembrzynska, Elzbieta Czyzewska, Gustaw Holoubek, Beata Tyszkiewicz
Voir la fiche du film et la filmographie de Wojciech Has sur le site IMDB.

Voir les autres films de Wojciech Has chroniqués sur ce blog…
Voir les livres sur Wojciech Has

Remarques :
* Le film donne envie de lire le roman qui n’a été découvert en France que tardivement. Il a fallu attendre 1958 pour une première publication en français (un quart environ du roman) et 1989 pour une version complète. Sa traduction polonaise fut publiée dans une version complète dès 1847.

* Jerry Garcia (Grateful Dead) avait adoré ce film à sa sortie. Il a commencé à financer sa restauration dans les années quatre-vingt dix en finançant l’achat de la seule copie sous-titrée connue au monde. Hélas, celle-ci s’est révélée être incomplète.  Martin Scorsese a poursuivi après sa mort, en rachetant la version personnelle de Wojciech Has pour la restaurer.

* A sa sortie, le film de 182 minutes fut réduit à 147 minutes aux Etats-Unis et à 127 minutes au Royaume-Uni.

Le Manuscrit trouvé à Saragosse (Rekopis znaleziony w Saragossie)Iga Cembrzynska, Zbigniew Cybulski et Joanna Jedryka dans Le Manuscrit trouvé à Saragosse (Rekopis znaleziony w Saragossie) de Wojciech Has.

Le Manuscrit trouvé à Saragosse (Rekopis znaleziony w Saragossie)Zbigniew Cybulski et Krzysztof Litwin dans Le Manuscrit trouvé à Saragosse (Rekopis znaleziony w Saragossie) de Wojciech Has.

Le Manuscrit trouvé à Saragosse (Rekopis znaleziony w Saragossie)Zbigniew Cybulski  dans Le Manuscrit trouvé à Saragosse (Rekopis znaleziony w Saragossie) de Wojciech Has.

Le Manuscrit trouvé à Saragosse (Rekopis znaleziony w Saragossie)Beata Tyszkiewicz dans Le Manuscrit trouvé à Saragosse (Rekopis znaleziony w Saragossie) de Wojciech Has.

Le Manuscrit trouvé à Saragosse (Rekopis znaleziony w Saragossie)Beata Tyszkiewicz et Krzysztof Litwin dans Le Manuscrit trouvé à Saragosse (Rekopis znaleziony w Saragossie) de Wojciech Has.