26 septembre 2023

On l’appelle Trinita (1970) de Enzo Barboni

Titre original : « Lo chiamavano Trinità… »

On l'appelle Trinita (Lo chiamavano Trinità...)Trinita et Bambino sont deux demi-frères aux physiques et caractères diamétralement opposés. L’un est longiligne et séducteur, l’autre massif et bougon. Ensemble, ils repoussent les assauts de bandits qui voulaient attaquer une colonie de pacifiques mormons…
On l’appelle Trinita est un film italien écrit et réalisé par Enzo Barboni. Il s’agit d’un western spaghetti totalement atypique, on peut même parler de parodie burlesque. Contrairement au cliché du justicier taciturne et impitoyable, les personnages sont ici plutôt bavards. Les duels et confrontations se terminent souvent de façon comique, les plus gros problèmes se règlent avec les poings plutôt qu’au révolver. L’ensemble est amusant. Le film fut tourné avec un tout petit budget dans les environs de Rome. Le succès au box-office fut très important, apportant la notoriété aux acteurs italiens Terence Hill et Bud Spencer (respectivement Mario Girotti et Carlo Pedersoli de leur vrai nom) qui avaient précédemment plusieurs fois tournés ensemble dans de petites productions.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Terence Hill, Bud Spencer, Farley Granger
Voir la fiche du film et la filmographie de Enzo Barboni sur le site IMDB.

Remarque :
Le film ne connut qu’une suite On continue à l’appeler Trinita (…continuavano a chiamarlo Trinità) en 1971 mais les distributeurs français ont ressorti les anciens films de Terence Hill et Bud Spencer en changeant leur titre pour y placer le mot « Trinita » :
* Dieu pardonne… moi pas ! de Giuseppe Colizzi (1967) est devenu Trinita ne pardonne pas.
* La Colline des bottes de Giuseppe Colizzi (1969) est devenu Trinita va tout casser.
* La Colère du vent de Maro Camus (1970) est devenu Trinita voit rouge.
* Django, prépare ton cercueil ! de Ferdinando Baldi (1968) devient Trinita, prépare ton cercueil !
* Rita nel West de Ferdinando Baldi (1968) devient T’as le bonjour de Trinita.

Bud Spencer et Terence Hill dans On l’appelle Trinita (Lo chiamavano Trinità…) de Enzo Barboni.

17 janvier 2018

Le Roi du racket (1955) de Maxwell Shane

Titre original : « The Naked Street »

Le Roi du racketLe journaliste raconte l’histoire du gangster Phil Regal (Anthony Quinn), qui fait la loi dans son quartier de New York…
Ex-journaliste et scénariste, Maxwell Shane a écrit et réalisé ce film noir à petit budget (et assez rare) d’après une histoire écrite par Léo Katcher. L’histoire est très classique, celle d’un truand très attaché à sa famille mais qui n’est pas, pour une fois, d’origine italienne : il est d’origine slave. Hormis cette originalité, Maxwell Shane ne se montre pas vraiment remarquable, que ce soit sur le plan de l’écriture ou de la réalisation. Le film est néanmoins sauvé par la bonne interprétation du trio d’acteurs principaux. La fin est particulièrement fade. On pourra toutefois remarquer qu’elle s’inscrit dans l’évolution du film noir en ce milieu des années cinquante qui présente souvent les « mauvais garçons » avec compassion : par un étonnant virage final dans le propos, le jeune personnage joué par Farley Granger est ainsi soudainement présenté comme une victime.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Farley Granger, Anthony Quinn, Anne Bancroft, Peter Graves
Voir la fiche du film et la filmographie de Maxwell Shane sur le site IMDB.

Naked street
Anthony Quinn et Farley Granger dans Le Roi du racket de Maxwell Shane.

The Naked Street
Anthony Quinn et Anne Bancroft dans Le Roi du racket de Maxwell Shane.

23 février 2013

Les Amants de la nuit (1948) de Nicholas Ray

Titre original : « They Live by Night »

Les amants de la nuitLe jeune Bowie vient de s’évader de prison avec deux complices. Il tombe amoureux de Keechie, la nièce de l’un deux chez qui ils se sont réfugiés. Après un cambriolage de banque, commence une cavale sans fin… Les amants de la nuit est adapté d’un roman d’Edward Anderson « Thieves like us ». C’est le premier film de Nicholas Ray qui a bénéficié d’une grande autonomie sur le tournage et a pu se livrer à quelques expérimentations. Si le film peut évidemment être classé parmi les films noirs, c’est aussi et surtout une histoire d’amour, celle de deux êtres qui ne peuvent trouver leur place dans la société (on apprend très tôt dans le film que Bowie n’a au départ rien d’un gangster et qu’il a été emprisonné pour un crime qu’il n’a pas commis). Ils sont condamnés à errer malgré leur très forte envie de s’établir et mener une vie normale. La grande réussite du film est dans son atmosphère, sombre, distillant une certaine claustrophobie qui nous fait partager les sentiments du jeune couple. Farley Granger et Cathy O’Donnell sont très touchants, montrant beaucoup de naïveté et de vulnérabilité. Les amants de la nuit est un très beau film, très personnel aussi. Tourné en 1947, le film est resté deux ans dans les tiroirs de la RKO. Quand il a fini par sortir, il n’a pas vraiment été bien reçu sauf en Europe.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Farley Granger, Cathy O’Donnell, Howard Da Silva, Jay C. Flippen
Voir la fiche du film et la filmographie de Nicholas Ray sur le site IMDB.

Voir les autres films de Nicholas Ray chroniqués sur ce blog…

Remarque :
They Live by Night a été souvent rapproché d’autres films sur des couples en cavale, des rapprochements aussi superficiels qu’inutiles. Le film de Nicholas Ray est ainsi très différent de You only live once (1937) de Fitz Lang, il est encore plus différent de Gun Crazy de Joseph H. Lewis (1950). Dire qu’il préfigure Bonnie & Clyde d’Arthur Penn (1967) est une affirmation vraiment incompréhensible. Ces trois films sont toutefois de grande valeur et c’est sans doute là leur plus principal point commun avec They Live by Night !

Remake :
Nous sommes tous des voleurs (Thieves like us) de Robert Altman (1974) avec Keith Carradine et Shelley Duvall.

8 juin 2012

La corde (1948) de Alfred Hitchcock

Titre original : « Rope »

La cordeDeux jeunes intellectuels étranglent avec une cordelette leur camarade de collège, un acte gratuit basé sur une théorie vaguement nietzschéenne, et reçoivent ensuite les parents de leur victime avec quelques amis pour un cocktail…
La corde est le premier film en couleurs d’Alfred Hitchcock mais il est surtout célèbre pour la gageure technique de filmer en un seul plan comme l’était la pièce en seul acte de Patrick Hamilton dont le film est adapté. En réalité, il y a onze plans en tout (1), à l’époque les bobines ne pouvaient dépasser dix minutes. Unité de lieu, un appartement new-yorkais, unité de temps, l’histoire commence à 19h30 et se termine à 21h15. Par des mouvements de camera, Hitchcock expérimente une autre façon de faire le découpage. La corde est donc en premier un exploit technique qui nécessita une grande préparation, des murs qui pouvaient être écartés pour laisser passer la caméra, un ballet de techniciens pour que personne ne soit dans le champ au mauvais moment. La vue panoramique sur New York que laissent voir les grandes baies vitrées évolue elle aussi : les nuages se déplacent, la nuit tombe lentement. La forme fait passer le contenu au second plan, l’histoire n’étant pas très forte en soi. Le plus remarquable est le climat malsain qui s’installe, c’est d’ailleurs l’un des rares films d’Hitchcock où l’on ne peut s’identifier à l’un des personnages.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: James Stewart, John Dall, Farley Granger, Edith Evanson, Douglas Dick, Cedric Hardwicke
Voir la fiche du film et la filmographie de Alfred Hitchcock sur le site IMDB.

Voir les autres films de Alfred Hitchcock chroniqués sur ce blog…

Remarques :
* Dans ses entretiens avec Truffaut, Hitchcock (qui aime toujours surprendre par des formules-choc) appelle tout cela « un truc » et ajoute même « complètement idiot ». Il préfère ensuite parler longuement du travail sur l’éclairage que l’utilisation de la couleur obligeait à reconsidérer entièrement.
* La corde est le premier film produit par la propre compagnie d’Hitchcock : Transatlantic pictures (le second et ultime film sera Les Amants du Capricorne).

(1) Les plans durent respectivement 1’54" (ouverture), 9’36", 7’51", 7’18", 7’09", 9’57", 7’36", 7’47", 10′, 4’36" et 5’39" (Jacques Lourcelles – Dictionnaire du cinéma). Plusieurs fois, Hitchcock utilise le moment où un personnage passe devant la caméra pour changer de bobine mais on peut compter 5 changements normaux, dont un large champ-contrechamp.

8 septembre 2011

La fille sur la balançoire (1955) de Richard Fleischer

Titre original : « The girl in the red velvet swing »

La fille sur la balançoireStanford White, un architecte connu, marié et presque cinquantenaire, s’éprend une très jolie danseuse de Broadway âgée de 16 ans. Harry Thaw, un jeune millionnaire au caractère très instable, en est également amoureux… La fille sur la balançoire est inspiré d’un fait divers qui a ému l’Amérique de 1906. Les scénaristes n’ont pu coller totalement à la réalité par crainte de la censure et l’histoire est, il faut bien l’avouer, un peu plate. Tous les détails révélés lors du procès sur le petit nid d’amour secret ont sagement été gommés. L’interprétation, retenue et parfois même terne, ne montre guère de flamboyance ; elle est surtout marquée par la noble rigidité de Ray Milland qui fait une belle prestation. La jeune actrice anglaise, Joan Collins, montre surtout la beauté de son visage. Richard Fleischer s’est plus attaché à fournir une belle reconstitution de l’ambiance mondaine du début de siècle, utilisant avec beaucoup de style et de minutie le (nouveau) format Cinémascope et c’est là le point fort du film qui reste assez plaisant à visionner. Le réalisateur souligne également comment les différences sociales sont bien l’un des moteurs du drame.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Ray Milland, Joan Collins, Farley Granger, Glenda Farrell
Voir la fiche du film et la filmographie de Richard Fleischer sur le site IMDB.

Voir les autres films de Richard Fleischer chroniqués sur ce blog…

Remarques :
La véritable Evelyn Nesbit, alors âgée de 65 ans, aurait été consultée pour l’écriture du scénario.

Autre adaptations de l’affaire Thaw-Stanford White :
Ragtime de Milos Forman (1981) (l’affaire n’est pas le sujet principal mais elle est largement évoquée)
La fille coupée en deux de Claude Chabrol (2007), l’affaire étant transposée à la période actuelle.