25 novembre 2011

Movie Crazy (1932) de Clyde Bruckman

Autre titre (Belgique) : « Silence, on tourne! »

Movie CrazyA la suite d’une méprise, un provincial qui rêve de faire carrière dans le cinéma est convoqué à Hollywood pour faire des essais… Les grands burlesques du cinéma muet ont souffert du passage au parlant. Sans échapper totalement à la règle, Harold Lloyd est celui qui a le mieux réussi à prendre le virage, avec même quelques belles réussites comme ce Movie Crazy. C’est son premier film vraiment écrit comme un parlant (et non comme un muet sonorisé). L’histoire n’est guère originale en soi et pourtant Harold Lloyd parvient à Movie Crazy éviter les situations les plus faciles et nous livre de très bons gags. Les scènes de la piste de danse et de la bagarre finale sont assez mémorables. Movie Crazy montre un bel équilibre entre l’humour et la romance, avec un personnage féminin (joué par Constance Cummings) assez travaillé. C’est inhabituel pour le burlesque muet et témoigne donc de l’évolution d’Harold Lloyd pour aborder le parlant. Le succès fut au rendez-vous, un succès justifié car Movie Crazy est au niveau de ses meilleurs films.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Harold Lloyd, Constance Cummings
Voir la fiche du film et la filmographie de Clyde Bruckman sur le site IMDB.

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Remarques :
* Le film fut tourné sans le son, les voix étant ajoutées en post-production.
* Bien que Clyde Bruckman soit crédité comme seul réalisateur, le film a été en grande partie dirigé par Harold Lloyd lui-même du fait de l’alcoolisme chronique de Bruckman.

12 novembre 2011

Fatty cabotin (1919) de Roscoe Arbuckle

Titre original : « Back Stage »

Fatty cabotin(Muet, 22 minutes) Fatty est régisseur du Hickville Bijou, un vaudeville house (petite salle de music-hall). Avec son assistant (Buster Keaton), ils accueillent deux nouveaux artistes… Back Stage est l’un des derniers films de Fatty Arbuckle avec Buster Keaton. Il comporte de très bons gags dont plusieurs variations autour des trompe-l’œil (très belle variante du gag de l’escalier notamment). Back Stage est surtout célèbre pour préfigurer la très dangereuse cascade de Buster Keaton dans Steamboat Bill Jr (Cadet d’eau douce, 1928) : une façade de maison lui tombe dessus mais, heureusement, il se trouve juste à l’emplacement d’une fenêtre. Ici, c’est Fatty qui reçoit une fausse façade, bien plus légère toutefois, alors qu’il joue la sérénade à sa belle.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Roscoe ‘Fatty’ Arbuckle, Buster Keaton, Al St. John, Molly Malone
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Fatty cabotinFatty cabotinFatty cabotinFatty cabotin

Remarques :
* Back Stage fut le premier film Paramount de Fatty Arbuckle à être distribué en version teintée. Pendant longtemps, seules des versions en noir et blanc étaient couramment visibles mais une version teintée a récemment été restaurée.
* La danse égyptienne (dansée par Alice Lake) est une parodie de Theda Bara dans Cléopâtre, film de 1917 hélas aujourd’hui perdu.
* Le danseur très souple et efféminé est John Coogan, le père de Jackie Coogan, le petit garçon du Kid de Chaplin.

11 novembre 2011

Bromo and Juliet (1926) de Leo McCarey

Bromo and JulietPour faire plaisir à sa fiancée, Charley doit interpréter Roméo lors d’un gala de bienfaisance. Il doit aussi veiller à ce que le père de la jeune fille, assez porté sur la boisson, se présente bien sur scène à l’heure…
Charley Chase est un grand comique du cinéma muet, aujourd’hui hélas oublié. Bromo and Juliet fait partie de ses excellents films : plein d’inventivité dans les gags, avec des situations les plus absurdes et les plus inattendues qui soient. L’acteur joue ici l’homme saoul pendant une bonne partie du film  et, bien que ce ne soit pas vraiment sa spécialité, il s’en sort fort bien. Oliver Hardy a ici un second rôle, sans grande scène comique (1). (muet, 24 minutes)
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Charley Chase, Corliss Palmer, William Orlamond, Oliver Hardy
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(1) A noter que le duo Laurel et Hardy sera vraiment formé en cette même année 1926.

16 octobre 2011

Yoyo (1965) de Pierre Étaix

Yoyo1925 : un milliardaire s’ennuie dans une immense demeure, entouré d’une armée de domestiques. Un cirque passe. Il reconnaît en l’écuyère la seule femme qu’il ait jamais aimée… Ce n’est que le point de départ de Yoyo qui se déroule sur près de quarante ans. Toute la première partie se déroulant avant le cinéma parlant, elle est donc muette (!) (avec toutefois des effets sonores) et la vitesse est très légèrement accélérée. C’est un véritable florilège de gags, de détournement d’objets, une véritable merveille qui force l’admiration. C’est un hommage aux films muets, on pense en premier à Buster Keaton bien entendu du fait de son personnage placide et sans expression, mais aussi à Max Linder. Le film devient ensuite parlant quand l’histoire passe le cap de 1928 et le film évoque alors plus les films de Chaplin, avec une belle poésie bucolique et toujours de nombreux gags qui s’enchaînent parfois très rapidement. Yoyo Car il y a beaucoup de rythme dans Yoyo. Les transitions sont toutefois quelquefois brutales. Les gags ne donnent pas dans le spectaculaire, ils sont au contraire fins, délicats, parfois très discrets ; ils créent une atmosphère amusante et chaleureuse qui donne une belle personnalité au film. C’est un vrai bonheur de pouvoir enfin voir (et revoir à loisir) les films de Pierre Etaix, longtemps bloqués par un imbroglio juridique. Yoyo est son deuxième long métrage, sans doute son meilleur. C’est une merveille, un petit bijou.
Elle: 5 étoiles
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Pierre Étaix, Claudine Auger, Philippe Dionnet, Luce Klein
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Remarques :
* Pierre Etaix venait de voir 8 ½ de Fellini, un film qui l’avait fortement impressionné. A noter ce clin d’œil sur l’affiche d’une représentation de cirque ambulant : l’heure du spectacle est marquée « 8 ½ h ». On remarque ainsi tout au long du film de petits clins d’œil.

* Après des années et des années de blocage, les films de Pierre Etaix sont enfin distribués à nouveau, notamment dans un beau coffret DVD.

24 septembre 2011

Tillie’s punctured romance (1914) de Mack Sennett

Titre français : « Le roman comique de Charlot et Lolotte »

Le roman comique de Charlot et LolotteUne jeune fille de la campagne se laisse persuader par un beau parleur de voler l’argent de son père et de s’enfuir avec lui en ville… Tillie’s Punctured Romance est le premier long métrage comique de l’histoire du cinéma. Il a été conçu pour mettre en valeur Marie Dressler, actrice à la carrure imposante qui lui permet de jouer des rôles de maitresse-femmes. L’actrice connaissait bien l’histoire pour l’avoir jouée à Broadway en 1910. Mais le second rôle, Charlie Chaplin, lui vola la vedette. Le roman comique de Charlot et Lolotte Le public et la critique n’eut d’yeux que pour lui. S’il n’a pas son costume de vagabond, il utilise largement toute sa gestuelle comique et manifeste comme toujours une forte présence à l’écran. L’humour est dans la pure tradition slapstick,  avec beaucoup de coups mais également une bonne utilisation certaines situations. Forcé de produire à la Keystone plusieurs courts métrages chaque semaine, Mack Sennett mit trois mois pour tourner Tillie’s Punctured Romance du fait des difficultés pour avoir tous ses acteurs disponibles.  (Film muet)
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Marie Dressler, Charles Chaplin, Mabel Normand, Mack Swain, Charles Bennett, Chester Conklin
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Remarques :
Le roman comique de Charlot et Lolotte A noter la présence de Charlie Chase (le détective assis à côté de Mabel Normand dans la salle de cinéma), de Roscoe Fatty Arbuckle (c’est l’un des Keystone Cops à la fin). Le petit garçon, vendeur de journaux, serait (d’après ses dires) Milton Berle, acteur qui eut une longue carrière notamment à la télévision américaine ; on pense néanmoins qu’il s’agit en réalité de Gordon Griffith (le jeune acteur qui interprétera Tarzan-enfant dans la première version de Tarzan). Edward Sutherland (également l’un des policiers) est un futur réalisateur, il réalisera même un film homonyme en 1928.

Le roman comique de Charlot et Lolotte Le film a été charcuté et tronqué au fil des ans. Il est ressorti plusieurs fois. Ces versions traficotées commencent généralement par montrer Chaplin (au lieu de montrer Marie Dressler). La version originale de 84 minutes a été restaurée en 2003. On la trouve notamment dans le coffret récent consacré à la période Keystone de Chaplin : « La naissance de Charlot »

Du fait de son immense succès, le film eut deux suites (avec Marie Dressler mais sans Chaplin et sans Mabel Normand) :
1. Tillie’s Tomato Surprise (1915) (film perdu)
2. Tillie wakes up (1917)

Homonyme :
Tillie’s Punctured Romance (1928) de Eddie Sutherland avec W.C. Fields (ce ne serait pas un remake) (film perdu)

17 août 2011

Frigo l’esquimau (1922) de Buster Keaton et Edward F. Cline

Titre original : « The Frozen North »

Frigo l'esquimauDans le Grand Nord, un homme sans scrupule tente de cambrioler un saloon et se comporte avec les femmes avec une certaine brutalité… Dans Frigo l’esquimau (The Frozen North), Buster Keaton se moque de William S. Hart, acteur célèbre de l’époque qui interprétait dans tous ses films un cowboy jouant au dur (1). Il y a beaucoup de belles trouvailles de gags, de nombreux détournements d’objets. L’ensemble est très inventif. Quelques éléments ont probablement inspiré Chaplin pour sa Ruée vers l’Or. L’enchainement des scènes est parfois surprenant mais nous en avons l’explication à la toute fin. On remarquera les petits clins d’œil à Theda Bara et à Erich von Stroheim (Folies de femmes venait de sortir).
(Court métrage de 17 minutes.)
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Buster Keaton, Joe Roberts, Sybil Seely
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(1) William S. Hart avait publiquement condamné Fatty Arbuckle, ancien partenaire et ami de Buster Keaton, dans l’affaire qui mit fin à sa carrière (une jeune fille avait été retrouvée morte chez Fatty dans une de ses soirées débridées). Keaton avait donc de bonnes raisons de vouloir se moquer de lui.

Remarque :
Il est probable que la version de 17 minutes qui est parvenue jusqu’à nous soit une version incomplète. Il manquerait 3 minutes.

16 août 2011

La noce de Fatty (1917) de Roscoe Arbuckle

Titre original : « His Wedding Night »

La noce de FattyFatty est employé dans un drugstore de campagne qui vend de tout, fait office de bar et de station à essence. Il est amoureux de la fille du patron mais un rival est bien décidé à l’empêcher de l’épouser… Le thème de l’amoureux qui doit se battre pour épouser la femme qu’il aime est un thème assez récurrent dans les films de Roscoe Arbuckle. La noce de Fatty est très classique, sans grand attrait particulier, mais on y voit Buster Keaton (c’est sa quatrième apparition dans un film), certes dans un rôle assez réduit. C’est l’un de ses très rares films où on peut le voir sourire largement
Elle:
Lui : 1 étoiles

Acteurs: Roscoe ‘Fatty’ Arbuckle, Al St. John, Buster Keaton
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Remarques :
* Lors du tournage de l’une des scènes de bagarre, Al St. John ne se releva pas. Il fallut de longues minutes pour qu’il revienne à lui. Il ne se rappelait de rien. En regardant les rushes attentivement, ils s’aperçurent qu’un des extras l’avait volontairement assommé. Lors d’une nouvelle prise, Buster Keaton et Al St John prient soin de l’importun qui resta à son tour de nombreuses minutes sur le sol. Cette anecdote témoigne de l’âpreté des tournages de bagarre à cette époque.
* Détail amusant : quand Fatty sert de l’essence, on peut remarquer que le prix est fixé non pas à la quantité réellement servie mais au « fill-up » (remplissage du réservoir). Ceci dit, les réservoirs semblaient être très petits à cette époque.

4 août 2011

Quelle joie de vivre (1961) de René Clément

Titre italien : « Che gioia vivere »

Quelle joie de vivreDans l’Italie de 1921, Ulysse s’engage par désœuvrement dans les Chemises Noires fascistes avant de se retrouver adopté par une famille de sympathisants anarchistes. Pour les beaux yeux de Franca, la jeune fille de la famille, il va se faire passer pour un poseur de bombes… Juste après Plein Soleil, René Clément tourne à nouveau avec le tout jeune Alain Delon qu’il montre dans un registre totalement différent : la comédie. L’acteur s’en tire d’ailleurs avec une grande aisance. Tout est parfaitement farfelu dans cette histoire, à commencer par ces anarchistes d’opérette mais le principal ressort de l’humour est cette famille haute en couleur avec un grand-père assez pittoresque. Nous faisant passer du rire au sérieux, le traitement de René Clément rappelle certains grands films burlesques américains. Quelle joie de vivre est toutefois pénalisé par son casting international : Quelle joie de vivre Delon joue en français, Barbara Lass (alors femme de Roman Polanski) est polonaise, beaucoup d’acteurs sont italiens… Ugo Tognazzi fait même une petite apparition (en terroriste baragouinant en russe !), René Clément joue le général français. La version vue ici était en français, donc hélas doublée (assez correctement toutefois). Quelle joie de vivre n’eut aucun succès à l’époque de sortie : la France étant alors en pleine période des attentats de l’OAS, personne n’avait envie de rire sur le sujet. Malgré quelques longueurs, le film est pourtant amusant… et puis c’est tellement rare de voir Delon nous faire rire!
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Alain Delon, Barbara Lass, Gino Cervi, Carlo Pisacane, Paolo Stoppa, Ugo Tognazzi
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Homonyme :
Quelle joie de vivre (Joy of living) comédie américaine de Tay Garnett (1938) avec Irene Dunne et Douglas Fairbanks Jr.

27 juillet 2011

Hot Water (1924) de Fred C. Newmeyer et Sam Taylor

Titre français parfois utilisé : « Une riche famille »

Hot WaterLui :
Marié à une charmante jeune femme, Hubby (Harold Lloyd) doit supporter la présence de sa belle-mère acariâtre et de son beau-frère oisif. Toute la famille veut essayer l’automobile qu’il vient d’acheter… Hot Water s’appuie sur un thème toujours fédérateur, la satire de la belle-famille envahissante dont on cherche à se débarrasser. Le début du film où Harold Lloyd tente de ramener à la maison toutes les courses et un dindon vivant (!) peut paraître un peu répétitif. Les meilleurs passages viennent ensuite : le petit tour dans la nouvelle  voiture va se révéler être assez mouvementé et la fin du film où beaucoup de gags reposent sur la peur du gendarme puis sur la peur des fantômes est assez relevé. Hot Water Il y a là de belles trouvailles. La belle-mère est vraiment terrifiante, de quoi décourager tout candidat au mariage ! Originalité de Hot Water : alors que dans la plupart de ses films, Harolf Lloyd doit surmonter beaucoup d’obstacles pour gagner le cœur de sa belle, ici la belle est déjà conquise mais des obstacles se dressent pour l’empêcher de jouir de son bonheur. (Muet, 59 minutes)
Note : 3 étoiles

Acteurs: Harold Lloyd, Jobyna Ralston, Josephine Crowell
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22 juillet 2011

Now or Never (1921) de Hal Roach et Fred C. Newmeyer

Titre français : « Harold bonne d’enfant »

Harold bonne d'enfantLui :
L’histoire de Now or Never est assez difficile à raconter. Déjà en retard pour aller à son rendez-vous, Harold Lloyd est délesté de son argent par un vagabond. Il le poursuit et voyage avec lui clandestinement sous un train. Ayant rejoint sa bien-aimée, il poursuit son voyage avec elle et une fillette dont elle a la garde… Ce court métrage de trois bobines se déroule pour sa plus grande partie dans un train, ou plutôt dans, sur et sous un train. Il y a beaucoup de bons gags, il est évident que l’inspiration ne manquait pas. Beaucoup d’acrobaties également et de situations très dangereuses : on le voit par exemple courir sur le toit d’un train en sens inverse de la marche pour éviter un tunnel qui est à moins d’un mètre dans son dos. L’autre ressort du comique est l’embarras d’Harold face à la fillette qu’il doit coucher (c’est un train de nuit) et habiller le lendemain matin. Harold Lloyd était alors dans une période faste et Now or Never témoigne de sa vitalité créative. (Muet, 35 minutes)
Note : 4 étoiles

Acteurs: Harold Lloyd, Mildred Davis
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