3 décembre 2010

Les gens de la pluie (1969) de Francis Ford Coppola

Titre original : « The rain people »

Les gens de la pluieLui :
Etouffant face à la perspective d’une vie de mère de famille bien rangée, une jeune femme qui vient d’apprendre qu’elle est enceinte décide de partir à l’aventure, pour essayer de prendre du recul et de réfléchir. En chemin, elle recueille un ex-footballer devenu simplet à la suite d’un accident. Les Gens de la Pluie est le quatrième long métrage de Francis Ford Coppola. Il l’a filmé entièrement en extérieurs avec une équipe légère. Le scénario a été en grande partie improvisé ce qui donne beaucoup d’authenticité au film, une grande impression de liberté… mais aussi une fin aussi improbable qu’insatisfaisante. Le thème du rejet d’une vie toute tracée d’avance par la société revient dans de nombreux films importants de la fin des années soixante et début des années soixante-dix ; en revanche, il est plus rare que le personnage principal en soit une femme et c’est ce personnage qui fait toute la force du film de Coppola, par sa complexité et sa richesse. Désemparée, ne trouvant aucun point d’appui (parents très fermés et mari incompréhensif), elle semble partir dans tous les sens, pleine de contradictions, déterminée et peu sûre d’elle, égocentrique mais généreuse, naturelle mais se maquillant parfois excessivement. Effrayée par cette grossesse qui arrive bien trop tôt, elle cherche surtout à garder sa liberté qu’elle sent s’éloigner… La mise en scène est soignée, ne traduisant pas du tout l’improvisation du scénario. Le plus spectaculaire est cette série de flashbacks très courts (le mot « flash » est ici très approprié) que Coppola utilise pour exprimer les pensées de ses personnages. Plusieurs scènes sont très complexes, telle celle dans la chambre de motel qui a été filmée dans une lumière faible à travers un et même deux miroirs. Souvent éclipsé par ses succès plus voyants, Les Gens de la Pluie est à ranger parmi les meilleurs films de Coppola.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Shirley Knight, James Caan, Robert Duvall
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2 décembre 2010

Parlez-moi de la pluie (2008) de Agnès Jaoui

Parlez-moi de la pluieLui :
Une intellectuelle féministe retourne dans son Var natal pour se présenter aux élections régionales. Un réalisateur de documentaires sur le retour (il vit toujours sur la gloire d’un court métrage remarqué il y a 20 ans) fait équipe avec un jeune rencontré dans un stage de cinéma pour une série sur « les femmes qui ont réussi »… Les trois personnages centraux de Parlez-moi de la pluie ne sont pas bardés d’assurance, aucun c’est sûr de lui-même ni de sa voie ; leurs hésitations provoquent ratés et controverses. Leur vie sentimentale prend le dessus. Le défaut du film d’Agnès Jaoui est sans doute de sembler partir dans plusieurs directions sans vraiment en explorer une seule. Il y a de tout… un peu. L’ensemble reste plaisant mais, malgré une bonne prestation d’acteurs, nous laisse plutôt sur notre faim (la fin, quant à elle, est franchement gentillette). Djamel Debbouze est assez étonnant, quittant son habituel personnage exubérant et poseur, pour adopter un jeu retenu avec plus de délicatesse et donc de richesse.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Jean-Pierre Bacri, Jamel Debbouze, Agnès Jaoui, Pascale Arbillot, Frédéric Pierrot, Florence Loiret Caille
Voir la fiche du film et la filmographie de Agnès Jaoui sur le site IMDB.

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30 novembre 2010

Sommaire de novembre 2010

Amère victoireUne femme a passéLe silence de LornaCharlot à la plageMax veut faire du théâtreMax célibataireMy Father, my LordL'Aigle Noir

Amère victoire

(1957) de Nicholas Ray

Une femme a passé

(1928) de René Jayet

Le silence de Lorna

(2008) de Jean-Pierre & Luc Dardenne

Charlot à la plage

(1915) de Charles Chaplin

Max veut faire du théâtre

(1911) de René Leprince & Max Linder

Max célibataire

(1910) de Max Linder

My Father, my Lord

(2007) de David Volach

L’Aigle Noir

(1925) de Clarence Brown

Les pirates du railL'empreinteLa frontière de l'aubeLe jugement des flèchesMalec l'insaisissableLes faubourgs de New YorkLes garçonsLe voyage à travers l'impossible

Les pirates du rail

(1938) de Christian-Jaque

L’empreinte

(2008) de Safy Nebbou

La frontière de l’aube

(2008) de Philippe Garrel

Le jugement des flèches

(1957) de Samuel Fuller

Malec l’insaisissable

(1921) de Buster Keaton & Malcolm St. Clair

Les faubourgs de New York

(1933) de Raoul Walsh

Les garçons

(1959) de Mauro Bolognini

Le voyage à travers l’impossible

(1904) de Georges Méliès

Le sang d'un poèteThe visitorDaddy-Long-LegsLa stradaReligoloLe pré de BéjineOctobreLa fée aux choux

Le sang d’un poète

(1930) de Jean Cocteau

The visitor

(2007) de Thomas McCarthy

Daddy-Long-Legs

(1919) de Marshall Neilan

La strada

(1954) de Federico Fellini

Religolo

(2008) de Larry Charles

Le pré de Béjine

(1937) de Sergueï Eisenstein

Octobre

(1928) de Sergueï Eisenstein

La fée aux choux

(1900) de Alice Guy

Sept ans de malheurLa forêt interditeLa loi et l'ordreLa fin de Saint-PétersbourgLa charge héroïqueSans Sarah, rien ne va

Sept ans de malheur

(1921) de Max Linder

La forêt interdite

(1958) de Nicholas Ray

La loi et l’ordre

(2008) de Jon Avnet

La fin de Saint-Pétersbourg

(1927) de Vsevolod Poudovkine

La charge héroïque

(1949) de John Ford

Sans Sarah, rien ne va

(2008) de Nicholas Stoller

Nombre de billets : 30

30 novembre 2010

Amère victoire (1957) de Nicholas Ray

Titre original : « Bitter Victory »

Amère victoireLui :
En 1943, l’état major britannique en Lybie envoie un petit commando s’emparer de documents militaires allemands. Il place à sa tête le major David Brand, un militaire de carrière qui n’a pas vraiment d’expérience du combat (Curt Jürgens), secondé par le capitaine Leith (Richard Burton), archéologue de profession. Les deux hommes se connaissent mais ne s’estiment guère, tous deux étant de tempéraments opposés et amoureux de la même femme. Face au danger, Brand fait preuve de lâcheté et Leith doit agir à sa place, ce qui ne fera que renforcer la rivalité pendant le long et périlleux trajet de retour dans le désert. L’histoire d’Amère Victoire, adaptée d’un roman à succès de René Hardy (1),Amère victoire met en relief la façon dont les vraies personnalités se dévoilent entièrement face au danger. Nicholas Ray retranscrit parfaitement cette opposition de caractères somme toute très humains. Sous la surface, chacun a des contradictions qu’il ne parvient pas toujours à gérer. Belle mise en scène de Nicholas Ray avec un jeu d’acteurs très retenu et parfaitement contrôlé. L’image est un beau noir en blanc en cinémascope qui magnifie les grandes étendues du désert.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Richard Burton, Curd Jürgens, Ruth Roman, Raymond Pellegrin
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(1) René Hardy est un ancien résistant, soupçonné d’être responsable de l’arrestation de Jean Moulin et sept autres grands résistants en juin 1943 mais, en l’absence de preuves suffisantes, n’a jamais été condamné. Après la guerre, il a écrit plusieurs livres qui ont rencontré un certain succès.

Remarques :
Amère Victoire est une production française : les producteurs sont Paul Graetz et l’éditeur Robert Laffon. S’il fut, bien évidemment, tourné en anglais, il s’agit donc bien d’un film français.

29 novembre 2010

Une femme a passé (1928) de René Jayet

Une femme a passéLui :
(Film muet) Une femme a passé est un film très méconnu qui, heureusement, a été récemment restauré. Il s’agit du premier long métrage du réalisateur français René Jayet, réalisateur qui s’est hélas illustré par la suite avec des films marqués d’un comique pas toujours très fin… Mais, rien de tel dans ce premier film, bien au contraire. Il s’agit d’un grand drame de la jalousie dans le monde des mariniers, une histoire de femme fatale. La plus grande partie du film se déroule sur une péniche (nous sommes, notons-le, six ans avant L’Atalante de Jean Vigo) et ce lieu clos exacerbe bien entendu les tensions. L’environnement et l’atmosphère générale sont très populaires ; René Jayet montre là une indéniable influence de l’expressionisme allemand. Les gros plans sur le décor ou sur une partie de la scène sont toujours très réalistes, on sent presque la poussière. Certains gros plans sur les visages sont assez remarquables. Une femme a passé est un film qui mérite d’être découvert.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Suzanne Talba, Camille Bardou, Gilbert Périgneaux, Gaby Dary
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28 novembre 2010

Le silence de Lorna (2008) de Jean-Pierre et Luc Dardenne

Le silence de LornaLui :
Pour réaliser son projet d’ouvrir un snack à Liège avec son petit ami, une jeune albanaise s’est laissé embarquer par un truand dans un plan criminel de double mariage blanc : pour obtenir la nationalité belge, elle a épousé un junkie en espérant qu’il meure rapidement d’une overdose, au besoin en l’aidant un peu. Elle permettra ensuite à un russe de l’épouser moyennant finances. Alors que les personnages des films précédents des frères Dardenne avaient souvent des choix à faire, les personnages du Silence de Lorna n’en ont pas vraiment. Leurs trajectoires sont fermées. En revanche, il est un moment où l’humain peut reprendre le dessus, sorte de basculement qui s’opère lentement en Lorna. Notre basculement à nous, spectateurs, l’avait précédé : si au début du film, il est difficile d’être en empathie avec Lorna, les frères Dardenne nous font rapidement changer notre vision. Tourné en 35mm, sans caméra à l’épaule, Le Silence de Lorna est plus posé, le film délaissant la force pure pour une plus grande subtilité. Les Dardenne sont allés chercher Arta Dobroschi au Kosovo où ils ont auditionné une centaine d’actrices. Elle montre une belle présence dans ce rôle riche et complexe.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Arta Dobroshi, Jérémie Renier, Fabrizio Rongione, Alban Ukaj
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27 novembre 2010

Charlot à la plage (1915) de Charles Chaplin

Titre original : « By the Sea »

Charlot à la plageLui :
(Muet, 15 min) Par une journée très venteuse à la plage, Charlot passe à côté d’un homme qui attend sa femme. Tous deux ont accroché leur chapeau avec une ficelle pour ne pas qu’il s’envole. Leurs ficelles s’emmêlent et ils en viennent rapidement aux mains… Ils finissent par se réconcilier et prennent ensemble le cornet de glace de la réconciliation mais se battent à nouveau au moment de payer… Tourné juste après The Tramp qui introduisait le personnage du vagabond,Charlot à la plage By the Sea ne reprend pas vraiment cette figure de marginal : Chaplin est ici un homme ordinaire qui vient se promener à la plage. Ce court métrage est dans la pure tradition des slapstick comedies, les coups volent bas ! Charlot trouve tout de même le moyen d’essayer de séduire une jeune femme de passage (Edna Purviance) et les scènes où il se sert de son adversaire inconscient comme siège ou marchepied pour tenter de la faire rire sont assez hilarantes. Si elle ne figure pas parmi les plus originales, cette petite comédie de la période Essanay est très réussie : elle ne comporte aucun temps mort et aucune longueur.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Charles Chaplin, Billy Armstrong, Bud Jamison, Edna Purviance, Margie Reiger
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Remarques :
Le film fut tourné sur la plage de Malibu qui, à cette époque, était visiblement beaucoup moins courrue qu’aujourd’hui!

27 novembre 2010

Max veut faire du théâtre (1911) de René Leprince et Max Linder

Max veut faire du théâtreLui :
(Muet, 12 mn) Max veut faire du théâtre et n’a donc aucune envie de se marier. Son père le force à rencontrer une jeune fille qui serait un beau parti. En réalité, celle-ci n’a aucune envie de se marier car elle nourrit les mêmes ambitions. Tous deux vont faire en sorte de se montrer le plus laid possible pour rebuter l’autre. Il y a de bonnes trouvailles et l’humour fonctionne bien, grandement basé sur les mimiques et les manières de nos deux tourtereaux. La fin repose sur un faux-semblant amusant.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Max Linder, Jane Renouardt
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27 novembre 2010

Max célibataire (1910) de Max Linder

Max célibataireLui :
(Muet, 8 mn) A la suite d’une petite querelle de ménage, la femme de Max retourne chez sa mère. Il se voit contraint de faire les tâches ménagères ce qui ne va pas se passer sans casse… Il faut bien avouer que cet humour qui repose sur les maladresses d’un homme forcé de faire la vaisselle, la cuisine ou les courses fonctionne beaucoup moins bien aujourd’hui. La toute dernière partie où Max retourne toute la maison pour trouver sa cravate est toutefois assez amusante.
Note : 2 étoiles

Acteurs: Max Linder
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Remarques :
Le nom du réalisateur n’est pas connu de façon certaine.

26 novembre 2010

My Father, my Lord (2007) de David Volach

Titre original : « Hofshat Kaits »

Mon père mon seigneurLui :
Menahem est un jeune garçon qui porte un regard plein de curiosité sur le monde qui l’entoure. Il ne trouve pas toutes les réponses auprès de son père, rabbin qui a dédié sa vie à l’étude et l’enseignement de la Torah, ni de sa mère qui le chérit fortement tout en restant, elle aussi, dans le cadre strict du respect de la religion. My Father, My Lord est le premier film de l’israélien David Volach qui connaît très bien le milieu ultra-orthodoxe qu’il décrit puisqu’il a grandi en son sein. Il porte un regard à la fois hautement critique mais aussi plein de tendresse et c’est cet équilibre qui rend son film attachant. Il ne condamne pas mais critique l’obéissance aveugle. Plus que le drame qui clôt le film, c’est la scène du précepte du « renvoi du nid » qui résume bien tout le film, l’application d’un précepte qui, vu de l’extérieur, semble tout à fait gratuit : le père l’applique mais peine à en expliquer les fondements, le fils ne comprend pas, la mère arrondit les angles en tentant de réintroduire un peu d’humanité. La mise en scène de David Volach est très épurée ; centrée sur l’essentiel, elle donne beaucoup de présence à ses trois personnages centraux. A noter également, la très belle musique de Michael Hope et Martin Tillman. Un premier film très réussi.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Assi Dayan, Ilan Griff, Sharon Hacohen
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