Une jeune femme paralysée depuis un accident d’auto, Marie Kastner, meurt écrasée par sa propre voiture. Son mari, Paul Kastner, hérite de sa fortune à de surprenantes conditions. De plus, un homme lui fait un étrange chantage… Un meurtre est un meurtre est un film français réalisé par le belge Étienne Périer. Il est basé sur le roman du même nom de Dominique Fabre qui en a co-écrit l’adaptation avec le réalisateur. Il s’agit d’un suspense qui ressemble à du Claude Chabrol (qui joue d’ailleurs un petit rôle, assez burlesque) et la présence de Stéphane Audran renforce cette impression. Hélas, le film n’en a pas les mêmes qualités. L’histoire est pourtant bien agencée mais la réalisation reste terne. Malgré une distribution prestigieuse, il manque l’étincelle qui donnerait une personnalité au film. Cela se regarde toutefois sans déplaisir mais reste anodin. Elle: – Lui :
Remarque : Le réalisateur belge Etienne Périer a principalement tourné des films policiers dont de nombreux téléfilms. Dans Un si petit village (1978) il a reconstitué la célèbre affaire de Brouay-en-Artois.
Marc s’enfuit avec toute son équipe dans un petit village des Cévennes pour finir son film chez sa tante Denise. Sur place, sa créativité se manifeste par un million d’idées qui le plongent dans un drôle de chaos. Marc se lance alors dans l’écriture du Livre des Solutions, un guide de conseils pratiques qui pourrait bien être la solution à tous ses problèmes… Le Livre des solutions est un film français écrit et réalisé par Michel Gondry. C’est une autofiction. Le réalisateur a précisé lors d’une interview : « Le personnage que joue Pierre Niney, c’est moi à 70%, environ ». Il n’hésite donc pas à mettre au jour sa bipolarité, découverte lors de la production douloureuse de L’Écume des jours. « On a commencé le montage et j’ai arrêté mon traitement. Là, mon esprit a explosé. Un mélange de mégalomanie et de peur, avec des moments super intenses où j’avais l’impression de faire partie de l’Histoire, de créer des choses totalement innovantes. » Le personnage colle au mythe du créateur lunaire, partant sur la moindre petite idée, mais aussi particulièrement pénible à côtoyer, égoïste et despotique. Ce qui aurait pu être amusant en court ou moyen métrage devient un peu pénible en long métrage. Belle prestation de Pierre Niney qui s’est donné à fond dans son personnage. La critique a adoré, le public beaucoup moins. Elle: – Lui :
Au début du XXème siècle en Oklahoma, le pétrole a apporté la fortune au peuple Osage qui, du jour au lendemain, est devenu l’un des plus riches du monde. La richesse de ces Amérindiens attire aussitôt la convoitise de Blancs peu recommandables qui intriguent, soutirent et volent autant d’argent Osage que possible avant de recourir au meurtre… Killers of the Flower Moon est un film américain réalisé par Martin Scorsese. Il en a écrit le scénario avec Eric Roth en se basant sur le roman non fictionnel du même nom (La Note américaine en français) de David Grann, paru en 2017. L’histoire est hélas véridique. Contrairement au livre, Martin Scorsese centre son récit non pas sur l’enquête mais sur les méfaits de deux des protagonistes : l’un est machiavélique et cupide, l’autre est imbécile, capable de tout détruire sans penser à mal. Le film a été doté d’un très gros budget, 200 millions, le plus gros pour le réalisateur. La mise en scène de Scorsese est parfaite, sans aucun défaut si ce n’est la longueur : c’est beaucoup, beaucoup, trop long (3h30). Il a réuni ses deux acteurs fétiches et on reste sans voix devant la performance de Leonardo DiCaprio : vraiment un très grand acteur. Et Martin Scorsese prouve, à 80 ans, qu’il est toujours l’un des plus grands. Elle: – Lui :
Remarque : • Explication du titre : la « Lune des fleurs » (Flower Moon) est une fleur qui pousse dans les prairies des terres de la tribu Osage en Oklahoma, là où se sont déroulés les meurtres d’amérindiens dans les années 1920.
En avril 1976, débute le deuxième procès de Pierre Goldman, militant d’extrême gauche condamné en première instance à la réclusion criminelle à perpétuité pour quatre braquages à main armée, dont un ayant entraîné la mort de deux pharmaciennes. Il clame son innocence dans cette dernière affaire et devient en quelques semaines l’icône de la gauche intellectuelle. Georges Kiejman, jeune avocat, assure sa défense. Mais très vite, leurs rapports se tendent. Goldman, insaisissable et provocateur, risque la peine capitale et rend l’issue du procès incertaine… Le Procès Goldman est un film français réalisé par Cédric Kahn. Sa scénariste Nathalie Hertzberg a effectué une profonde enquête pour recueillir tous les éléments permettant cette reconstitution. Elle a notamment rencontré Georges Kiejman et Francis Chouraqui, les avocats de la défense. Précisons qu’il ne s’agit pas de réhabiliter Pierre Goldman ou de le condamner : Cédric Kahn ne porte pas de jugements, il a voulu recréer le déroulement de ce procès. Malgré le décor unique (une minuscule salle de tribunal), le film est assez passionnant grâce à la personnalité assez unique de Pierre Goldman. L’acteur Arieh Worthalter donne une interprétation très intense de ce personnage complexe qui fait montre d’un incroyable aplomb pour clamer son innocence : « Je suis innocent parce que je suis innocent ! ». Les autres acteurs ne sont pas hélas aussi convaincants (du moins à mes yeux, car il me semble être le seul à en avoir été gêné). L’image évoque les années 70, non seulement par les costumes et le décor mais aussi par la qualité d’image. Le Procès Goldman est un film assez unique en son genre et qui, sans nul doute, marque les esprits. Très bon accueil de la critique et du public. César du meilleur acteur pour Arieh Worthalter. Elle: Lui :
Voir les autres films de Cédric Kahn chroniqués sur ce blog…
Remarque : * Pierre Goldman est le demi-frère aîné de Jean-Jacques Goldman. Celui-ci apparaît d’ailleurs brièvement dans le film sous les traits du jeune comédien Ulysse Dutilloy-Liégeois (dixit le dossier de presse).
Surendettés et en bout de course, Albert et Bruno croisent des jeunes activistes écolos. Plus attirés par la bière et les chips gratuites que par leurs arguments, ils vont peu à peu intégrer le mouvement avec une idée derrière la tête… Une année difficile est un film français écrit et réalisé par Éric Toledano et Olivier Nakache. Après avoir tourné deux saisons de la série TV En Thérapie, les réalisateurs ressentaient un besoin de comédie. Le thème du surendettement et celui de l’activisme écologique ne sont des plus faciles à traiter en comédie mais ils y parviennent brillamment, grâce à un grand équilibre. Malgré tous leurs défauts, les personnages sont attachants et la satire n’est jamais excessive et l’ironie jamais méchante. Le scénario semble s’essouffler dans le dernier tiers mais les réalisateurs parviennent à finir joliment. Il y a une réelle qualité dans l’écriture. Éric Toledano et Olivier Nakache se disent influencés par la comédie italienne et il est vrai que l’on retrouve ici certaines des qualités des meilleures comédies italiennes. L’accueil de la critique professionnelle a été mitigé. Elle: Lui :
Grèce, 1941. Les italiens occupent le pays gagné par les allemands. Un lieutenant a pour mission d’escorter un groupe de douze prostituées qui doivent être réparties dans divers campements de soldats. Ces filles ont accepté pour survivre et échapper à la faim… Des filles pour l’armée est un film italien réalisé par Valerio Zurlini, adapté d’un roman de Ugo Pirro paru en 1956. C’est une sorte de road-movie, un voyage en camion constamment en butte à des évènements contraires pendant lequel nous voyons évoluer le regard de ce lieutenant sur ces femmes qu’il comprend de mieux en mieux. Son caractère intègre contraste avec ceux des deux autres militaires, plus opportunistes, qui l’accompagnent. Le portrait de trois ou quatre femmes acquiert peu à peu une belle profondeur. Zurlini est le cinéaste des sentiments et il le prouve une fois encore par son approche délicate. Mais si le film assez unique en son genre, c’est aussi parce qu’il ne cache rien de l’histoire de l’Italie, d’abord sur les circonstances de l’invasion de la Grèce (une bravade inutile de Mussolini) et surtout sur les exactions des forces italiennes d’occupation (sans chercher à se défausser sur les soldats allemands). Le film ne fut pas bien considéré par la critique qui, assez bizarrement, considérait que la charge contre le fascisme n’était pas assez forte (ce sont des soldats italiens ordinaires qui commettent ces exactions et non les chemises noires ouvertement fascistes). Des filles pour l’armée est cependant un film très complet, étonnamment féministe, parfaitement équilibré. L’interprétation est en outre excellente. Elle: – Lui :
Steve Rogers, alias Captain America, est désormais à la tête des Avengers dont la mission est de protéger l’humanité. À la suite d’une de leurs interventions qui a causé d’importants dégâts collatéraux, le gouvernement décide de mettre en place un organisme de commandement et de supervision. Cette nouvelle donne provoque une scission au sein de l’équipe. Captain America: Civil War est un film américain réalisé par Anthony et Joe Russo. Suite de Captain America : Le Soldat de l’hiver (2014) et de Avengers : L’Ère d’Ultron (2015), cet opus est le 13e film de l’univers cinématographique Marvel. Le scénario est réduit à sa plus simple expression, reposant principalement sur l’idée de faire combattre les super-héros entre eux. Assez logiquement, les combats ont une place de choix, paraissant assez répétitifs et les scènes intercalées permettent à chacun de dire « ah, quel malheur de devoir se battre entre nous ». Cela m’est paru être plutôt un film Avengers qu’un film Captain America mais j’avoue ne pas être un grand spécialiste de l’Univers Marvel. Assez long (2h20). Très gros succès au box office. Elle: – Lui :
Titre original : « Captain America: The Winter Soldier »
S’associant à Black Widow (Scarlett Johansson), Captain America (Chris Evans) lutte pour désamorcer une inquiétante conspiration au sein même du SHIELD (l’agence de renseignement et d’intervention qui l’emploie). Ils se retrouvent bientôt face à un inattendu et redoutable ennemi, le Soldat de l’Hiver, mais ils vont pouvoir compter sur l’aide du Faucon (Anthony Mackie)… Captain America : Le Soldat de l’hiver est un film de super-héros américain réalisé par les frères Anthony et Joe Russo. Le film raconte la suite de l’histoire de Steve Rogers, un jeune homme frêle de Brooklyn transformé en un super-soldat nommé Captain America, personnage de comix créé en 1940 par par Joe Simon et Jack Kirby. L’histoire ne présente rien de vraiment original, recyclant le thème rebattu de la conspiration secrète qui met le monde en danger. En revanche, la réalisation est parfaite, sans excès ni démesure, malgré une belle exubérance dans les vaisseaux. Certaines scènes d’action (telle l’attaque en pleine rue de la voiture blindée) sont stupéfiantes et nous laissent abasourdis. Le personnage propre et lisse de Captain America est bien complété par ses deux acolytes, plus humains. Certainement pas un film mémorable mais un divertissement très bien réalisé. Pourquoi s’en priver ? Elle: – Lui :
Titre original : « Captain America: The First Avenger »
Dans le New Jersey, en juin 1943, Steve Rogers tente désespérément de s’engager dans l’armée mais sa demande est rejetée : il est petit et frêle. Par sa motivation, il se fait néanmoins remarquer par un scientifique en charge de créer une armée de super-soldats. Au même temps, dans les Alpes autrichienne, un officier et un savant allemand sont sur le point de mettre au point une arme de destruction massive grâce au Cube cosmique… Captain America: First Avenger est un film de super-héros américain réalisé par Joe Johnston, d’après le comics Captain America créé par Joe Simon et Jack Kirby en 1940 (à noter que cette figure patriotique américaine s’opposant aux nazis est apparue avant l’entrée en guerre des Etats-Unis). Depuis la publication du premier album, la bande dessinée s’est vendue à plus de 210 millions d’exemplaires dans quelque 70 pays. Cette adaptation à gros budget est bien équilibrée, sans aucun excès, sans céder aux facilités trop souvent rencontrées dans les blockbusters. L’histoire est assez fournie et bien écrite. Elle évoque par certains aspects Les Aventuriers de l’arche perdue mais le film n’a pas le panache de ce dernier. En revanche, il montre une indéniable clairvoyance sur les fonctions idéologiques du thème du super héros, avec une bonne dose d’auto-dérision. Globalement, pour un film sur une figure patriotique, l’ensemble est assez intelligent. Le succès fut au rendez-vous. Elle: – Lui :
Vincent et Françoise sont mariés depuis deux ans. Insatisfaits de la routine de leur vie à Genève, ils décident de s’expatrier en Afrique pour donner un sens à leur vie. Ils contactent un ami en poste à Alger qui facilitera leur insertion mais, la veille du départ, un télégramme d’Algérie leur demande de surseoir au départ et d’attendre une lettre explicative. Ils s’enferment dans leur appartement vide… Le Retour d’Afrique est un film suisse écrit et réalisé par Alain Tanner. Dans sa filmographie, il vient après La Salamandre qui avait reçu un accueil dithyrambique. En introduction, le cinéaste définit son film comme une ode à la parole et aux mots, « ceux qu’on dit aux autres, ceux qu’on dit en silence ». Sur le fond, il retourne l’argumentaire tiers-mondiste des années 70, le couple étant empêché de partir. S’enfermant dans leur appartement vidé de tout, ils s’isolent du reste du monde et découvrent, petit à petit, les véritables motifs de leur envie de départ. Le propos fustige le mode de vie bourgeois et sa routine aliénante. Le dénouement peut surprendre mais il s’inscrit dans l’idée de Tanner qu’il est impossible de se libérer de ce mode de vie bourgeois. (1) Même s’ils n’ont pas toujours la profondeur attendue, du moins en apparence, les dialogues sont bien écrits. L’ensemble est inégal, avec des moments plus faibles, mais reste suffisamment intéressant et suscite une réflexion. L’accueil critique fut cette fois plus mitigé, beaucoup n’y voyant qu’un pamphlet politique mais le film connut un certain succès en salles. Elle: – Lui :
(1) Le cinéaste précise : « La première partie du film, le couple enfermé dans la chambre attendant de partir, c’est moi il y a vingt ans, et la seconde partie, qui décrit l’installation dans la vie quotidienne neuf mois après, c’est en fait moi aujourd’hui, c’est-à-dire que ces neuf mois de durée cinématographique correspondent à vingt années de ma propre évolution dans la vie. » Enfin, Tanner poursuit en développant ce qu’il appelle les « techniques de distanciation ». « J’ai horreur de raconter une histoire au premier degré, de laisser le spectateur être trompé par l’apparence de réalité et donc se couper de toute possibilité de réflexion … » C’est pour cette raison que Tanner conçoit notamment son film, dès le stade du scénario, comme une soixantaine de courts métrages, chaque scène ayant un début et une fin, le tout formant, plutôt qu’un récit lié, un ensemble fragmenté en petits épisodes. Sources : Marthe Porret – « Histoire du cinéma suisse de 1962 à 2000 » sous la direction d’Hervé Dumont et de Maria Tortajada – Editions Cinémathèque suisse et Gilles Attinger – 2007