22 juin 2025

Un si noble tueur (1952) de Basil Dearden

Titre original : « The Gentle Gunman »

Un si noble tueur (The Gentle Gunman)En 1941, un commando de l’IRA est chargé de placer des bombes dans des stations de métro à Londres. Leur chef Terence déserte car il ne croit plus à la violence comme moyen d’action. Son frère Matt arrive d’Irlande pour le remplacer. Après l’arrestation de deux membres du commando, Matt croit que son frère les a trahis. Il rentre en Irlande pour voir le chef local de l’IRA…
Un si noble tueur (The Gentle Gunman) est un film britannique réalisé par Basil Dearden et produit par Ealing Studios. Adaptation d’une pièce de Roger MacDougall, il s’agit d’un film noir qui fustige la lutte armée des activistes de l’IRA et le jusqu’au-boutisme d’hommes prêts à tout pour ce qu’ils considèrent une « cause noble ». Le récit montre aussi la difficulté de sortir du fanatisme et de la spirale de la violence. Le sujet était encore peu traité au cinéma à cette époque, le film le plus notable étant The Informer (1935) de John Ford. Sans atteindre une telle perfection, Basil Dearden met en scène avec un indéniable talent. Il parvient à établir une tension qui culmine lors de scènes d’action parfaitement réglées. Il sait en outre donner de la force à son propos. Les éclairages sont travaillés. L’ensemble est vraiment convainquant. On se demande pourquoi le film fut mal reçu à sa sortie et reste aujourd’hui si peu connu.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: John Mills, Dirk Bogarde, Robert Beatty, Elizabeth Sellars, Joseph Tomelty
Voir la fiche du film et la filmographie de Basil Dearden sur le site IMDB.

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Robert Beatty, Dirk Bogarde et John Mills dans Un si noble tueur (The Gentle Gunman) de Basil Dearden.

12 juin 2025

Rafles sur la ville (1958) de Pierre Chenal

Rafles sur la villeLe truand Léonce Pozzi, dit « Le Fondu », (Charles Vanel) s’évade et tue un inspecteur de police. L’inspecteur Vardier (Michel Piccoli) , policier expérimenté et retors, fait de l’arrestation du Fondu une affaire personnelle. On lui adjoint cependant un jeune policier inexpérimenté et peu motivé marié à une charmante jeune bourgeoise. Or l’inspecteur Vardier est connu pour son intérêt à séduire les femmes…
Rafles sur la ville est un film français réalisé par Pierre Chenal, adapté d’un roman policier d’Auguste Le Breton. En plus de la trame policière, le réalisateur s’intéresse au caractère de ses personnages et parvient ainsi à créer une tension qui s’installe sur plusieurs axes. Le déroulement du récit est concis, sans temps mort, paraissant presque précipité parfois. Pierre Chenal ne donne pas dans les effets et l’ensemble est brut. Son film est beaucoup plus classique que les films de Becker ou de Melville. Même s’il n’est qu’en second sur l’affiche, Michel Piccoli a le rôle principal. Acteur encore peu connu, il montre une belle présence dans ce personnage ambigu, sans toutefois le rendre inoubliable. Tous les rôles, jusqu’aux plus petits, sont parfaitement tenus. Le film a connu un certain succès à sa sortie.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Charles Vanel, Michel Piccoli, Bella Darvi, Danik Patisson, François Guérin, Marcel Mouloudji, Jean Brochard
Voir la fiche du film et la filmographie de Pierre Chenal sur le site IMDB.

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Michel PIccoli, François Guérin et Mouloudji dans Rafles sur la ville de Pierre Chenal.

28 mai 2025

Le Vampire noir (1953) de Román Viñoly Barreto

Titre original : « El vampiro negro »

Le Vampire noir (El vampiro negro)A Buenos-Aires, une chanteuse de cabaret aperçoit furtivement un homme dans une ruelle jeter le cadavre d’une fillette dans les égouts. Par peur du scandale, elle ne dit rien à la police qui manque cruellement d’indices pour traquer ce meurtrier en série…
Le Vampire noir est un film argentin réalisé par Román Viñoly Barreto. Bien que classé (à tort) dans les films d’horreur, il s’agit en réalité d’un remake non déclaré du chef d’œuvre de Fritz Lang M le Maudit (1931). L’histoire est très proche sans toutefois avoir la richesse de son modèle qui était un véritable portrait de l’Allemagne en pleine montée du nazisme. L’acteur qui interprète le tueur a un petit air de Peter Lorre et siffle même le même air (Dans l’antre du roi de la montagne, extrait de Perr Gynt de Grieg). Même s’il manque d’intensité dans son interprétation, le film a d’indéniables qualités, ne serait-ce que sur le plan de la photographie avec des éclairages nocturnes travaillés et des scènes dans les égouts qui ne sont pas sans rappeler Le Troisième homme de Carol Reed (1949). Les tentatives d’enrichir le scénario avec le personnage du procureur et de sa femme infirme ne sont pas hélas totalement abouties. Le film est plus qu’une curiosité, il vaut la peine d’être découvert. Quasiment inédit en France, il est récemment sorti en version restaurée.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Olga Zubarry, Roberto Escalada, Nelly Panizza, Mariano Vidal Molina, Nathán Pinzón
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Gogó et Nathán Pinzón dans Le Vampire noir (El vampiro negro) de Román Viñoly Barreto.
Roberto Escalada et Gloria Castilla dans Le Vampire noir (El vampiro negro) de Román Viñoly Barreto.

16 avril 2025

Le Comte de Monte-Cristo (1954) de Robert Vernay

Le Comte de Monte-Cristo: La trahisonLe Comte de Monte-Cristo: La vengeanceVictime d’un complot, le jeune Edmond Dantès est arrêté le jour de son mariage pour un crime qu’il n’a pas commis. Après 18 ans (4 ans de plus que dans le roman!) de détention au château d’If, il parvient à s’évader. Devenu immensément riche grâce à un secret de son voisin de cellule, il revient sous l’identité du comte de Monte-Cristo…
Rares sont les réalisateurs qui tournent un remake de leur propre film (1) mais c’est le cas de Robert Vernay qui a réalisé deux fois l’adaptation du roman d’Alexandre Dumas Le Comte de Monte-Cristo. Onze ans après sa version en noir et blanc, il tourne cette fois en couleurs avec un acteur très populaire dans le rôle principal. Durant trois heures, le film est une fois encore divisé en deux « époques », projetées séparément : La Trahison et La Vengeance. Le ton n’est plus sombre, mais assez gai. L’histoire est modifiée, simplifiée : des personnages-clés ont disparu et les plans du comte pour se venger ne paraissent plus si élaborés que cela. L’histoire paraît finalement plus anodine. Hormis Jean Marais, mis en valeur comme il se doit, les autres acteurs sont un peu fades. Les couleurs ont bien mal vieilli (procédé Gevacolor de Gevaert, dérivé de l’Agfacolor), même après restauration. Cette nouvelle version connut un grand succès populaire.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Jean Marais, Lia Amanda, Daniel Ivernel, Folco Lulli, Louis Seigner, Noël Roquevert, Daniel Cauchy, Jean-Pierre Mocky
Voir la fiche du film et la filmographie de Robert Vernay sur le site IMDB.

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Jean Marais dans Le Comte de Monte-Cristo: La trahison de Robert Vernay.

Adaptations les plus notables :
* 1915-1917 : Le Comte de Monte-Cristo (France) en six parties découpées en 15 épisodes, un « roman-cinéma » réalisé par Henri Pouctal pour Le Film d’Art et sorti en 1918. Le film ressort en 1923 en version raccourcie de trois heures.
* 1922 : Monte Cristo (USA) par Emmett J. Flynn avec John Gilbert.
* 1929 : Monte-Cristo (France) par Henri Fescourt avec Jean Angelo (3h45 en deux parties).
* 1943 : Le Comte de Monte-Cristo (France) par Robert Vernay avec Pierre Richard-Willm (en 2 parties)
* 1954 : Le Comte de Monte-Cristo (France) par Robert Vernay avec Jean Marais (en 2 parties).
* 1961 : Le Comte de Monte-Cristo (France) par Claude Autant-Lara avec Louis Jourdan.
* 1968 : Sous le signe de Monte-Cristo (France) par André Hunebelle avec Paul Barge.
* 1979 : Le Comte de Monte-Cristo (TV, France), mini-série (4 × 90 min) de Denys de La Patellière avec Jacques Weber
* 1998 : Le Comte de Monte-Cristo (TV, France), mini-série (4 × 100 min) de Josée Dayan avec Gérard Depardieu
* 2024 : Le Comte de Monte-Cristo (France) par Matthieu Delaporte et Alexandre de La Patellière avec Pierre Niney.

(1) Le cas le plus célèbre est Alfred Hitchcock qui a tourné deux fois L’Homme qui en savait trop (1934 et 1956) mais il y en a quelques autres :
Leo McCarey avec Elle et Lui (1939 et 1957),
Frank Capra avec Grande Dame d’un jour (Lady for a day, 1933) et Milliardaire pour un jour (Pocketfull of Miracles, 1961),
Frank Capra (encore lui) avec La Course de Broadway Bill (Broadway Bill, 1934) et Jour de chance (Riding High, 1950),
Cecil B. De Mille avec Les Dix Commandements (1923 et 1956),
Yasujiro Ozu avec Histoire d’herbes flottantes (1934) et Herbes flottantes (1959).
Plus récemment il y a le cas Michael Mann avec L.A. Takedown (1989) et Heat (1995),
etc.
Sans parler du cas le plus extrême qui, à ma connaissance, est unique :

Cecil B. DeMille a tourné 3 fois The Squaw Man en 1914, 1918 et 1931.

28 mars 2025

Un meurtre pour rien (1956) de Fernando Ayala

Titre original : « Los tallos amargos »

Un meurtre pour rien (Los tallos amargos)Argentine, années 50. Frustré par le manque de sens de son métier, un journaliste se laisse convaincre par un immigré hongrois de lancer une trompeuse école de journalisme. Même s’il s’agit de profiter de la crédulité des gens, il a tout de même l’impression de travailler pour une cause noble : gagner assez d’argent pour faire venir le jeune fils de son associé resté en Hongrie…
Los tallos amargos (= « Les Tiges amères ») est un film argentin réalisé par Fernando Ayala. Il s’agit d’un film noir dans la droite ligne des suspenses psychanalytiques de la seconde moitié des années quarante : il fait ainsi penser à certains Hitchcock, à certains Fritz Lang notamment. Hélas, le distributeur français (récent, puisque le film n’est sorti en France qu’en 2024) a cru bon de choisir un titre français qui supprime grandement la partie suspense et le film perd ainsi tout son équilibre. Il ne reste plus que la partie psychologique à se mettre sous la dent : le personnage principal a un fort traumatisme dû à son défunt père militaire admirateur des allemands (1) ce qui nous vaut une belle séquence surréaliste de rêve, style expressionnisme allemand. On retrouve aussi, bien entendu, le thème de la culpabilité. Même si le film manque souvent de subtilité dans sa forme, il aurait été certainement plus remarquable s’il n’avait pas été affublé d’un tel titre français.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Carlos Cores, Julia Sandoval, Vassili Lambrinos
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Remarque :
Fernando Ayala a réalisé une petite cinquantaine de films entre 1955 et 1991. Celui-ci est son deuxième.

(1) Dans toute la première moitié du XXe siècle, l’Argentine (notamment ses chefs militaires) a nourri une admiration pour l’histoire militaire allemande. Officiellement neutre, l’Argentine a refusé de rejoindre les Alliés après Pearl Harbour.

Vassili Lambrinos et Carlos Cores dans Un meurtre pour rien (Los tallos amargos) de Fernando Ayala.
(le travail sur les lumières pour exprimer l’enfermement est un peu excessif !)

22 février 2025

Que la bête meure (1952) de Román Viñoly Barreto

Titre original : « La bestia debe morir »

Que la bête meure (La bestia debe morir)Le jour de ses quarante ans, un auteur de romans policiers perd son jeune fils, renversé par un chauffard qui a pris la fuite. Après un bref séjour dans une maison de repos, il va tout mettre en œuvre pour retrouver le meurtrier…
Avant d’être magistralement adapté par Claude Chabrol en 1969, le roman de Nicholas Blake (pseudonyme du poète britannique Cecil Day-Lewis) Que la bête meure avait déjà été porté à l’écran par l’argentin Román Viñoly Barreto en 1952. Hélas, cette première version n’était pas sortie en France et, même, n’avait que peu franchi les frontières de son pays d’origine. C’est un vrai bonheur de pouvoir le voir aujourd’hui, après restauration. La construction est totalement différente : la narration passe en flash-back après une bonne vingtaine de minutes (la transition n’est d’ailleurs pas très nette) pour nous révéler toute une histoire dont nous connaissons déjà l’issue. Malgré cela, le récit reste étonnamment puissant par la force de ses personnages. Comme chez Chabrol, c’est un portrait mordant de la bourgeoisie mais c’est aussi une réflexion sur le bien et le mal que la citation tirée de l’Ecclésiaste, montrée au début et à la fin du film, éclaire sous un jour fataliste (« La bête doit mourir mais l’homme bon aussi, les destins sont les mêmes… »). Belle photographie en noir et blanc. L’interprétation est adéquate. L’actrice d’origine roumaine Laura Hidalgo, louée à l’époque pour sa beauté et comparée à Hedy Lamarr, n’a que peu tourné. Cette première adaptation vaut la peine d’être découverte.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs : Narciso Ibáñez Menta, Laura Hidalgo, Guillermo Battaglia,
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Remarque :
• L’argentin Román Viñoly Barreto a réalisé 26 longs métrages entre 1947 et 1965.

Laura Hidalgo et Narciso Ibáñez Menta dans Que la bête meure (La bestia debe morir) de Román Viñoly Barreto.
Guillermo Battaglia (« la bête », au centre) dans Que la bête meure (La bestia debe morir) de Román Viñoly Barreto.

Autre adaptation :
Que la bête meure de Claude Chabrol (1969) avec Jean Yanne et Michel Duchaussoy.

13 janvier 2025

La Porte de l’enfer (1953) de Teinosuke Kinugasa

Titre original : « Jigokumon »

La Porte de l'enfer (Jigokumon)En l’an 1159 au Japon, les luttes entre clans font rage. Celui du Minamoto tente de renverser le Taira au pouvoir. Afin de protéger la fuite de la princesse, une de ses dames de compagnie, Kesa,se porte volontaire pour être envoyée comme leurre sous la protection du valeureux guerrier Morito. Celui-ci tombe sous le charme de Kesa mais ignore qu’elle est déjà mariée…
La Porte de l’enfer est un film japonais de Teinosuke Kinugasa. Il en a cosigné le scénario avec son producteur, Masaichi Nagata (producteur habituel de Mizoguchi). Il s’agit de la libre adaptation d’une pièce de Kan Kikuchi, elle-même très librement inspirée du récit historique Gempei Seisuki. Le film est le premier film en couleurs japonais à avoir atteint l’occident et ces couleurs sont flamboyantes, tout en restant fondues. Le directeur de la photographie Kohei Sugiyama a utilisé un Eastmancolor modifié qui fait ressortir les couleurs vives. Certaines scènes ont des dominantes de couleurs (rouge et orange lors de la révolte, bleue durant la course de chevaux, des touches de rose dans les scènes de nuit). Les cadrages sont très travaillés avec souvent un ou plusieurs cadres dans le cadre. L’histoire reste très simple (et inexacte sur le plan historique) mais ce qui frappe nos yeux d’occidentaux est la violence des passions associé à la grande retenue des comportements et à une esthétique enchanteresse. La force du film est là. Palme d’or à Cannes 1954, sous la présidence de Jean Cocteau pour qui le film possédait « les plus belles couleurs du monde ». Le film fut moins bien reçu au Japon (1).
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Kazuo Hasegawa, Machiko Kyô, Isao Yamagata, Kôtarô Bandô, Koreya Senda, Tatsuya Ishiguro
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(1) Lire à ce sujet un article intéressant qui souligne les différences de perception et avance que le film est fait (consciemment ou inconsciemment) pour un public occidental : Koichi Nakamura, June H. Nakamura et John Allyn, « Love and Death in the Japanese Cinema (3): Re-evaluation of Gate of Hell (Jigokumon) », Bulletin, Faculty of Arts, Tokyo Institute of Polytechnics, vol. 3,‎ 1997, p. 23-27.
>> De plus, il semble que les couleurs exubérantes de l’Eastmancolor soient moins attirantes aux yeux d’un japonais qui préférera souvent les couleurs pastels et fondues.
>> Enfin, certains critiques occidentaux s’étaient moqués à l’époque de leurs homologues japonais (qui avaient tous ignoré le film), sous-entendant que les critiques japonais étaient incapables de déceler les grands films de leur cinéma. Ce qui fut très mal perçu au Japon.

Kazuo Hasegawa et Machiko Kyô dans La Porte de l’enfer (Jigokumon) de Teinosuke Kinugasa.
Koreya Senda, ?, Kazuo Hasegawa, et Isao Yamataga dans La Porte de l’enfer (Jigokumon) de Teinosuke Kinugasa.
Isao Yamataga et Machiko Kyô dans La Porte de l’enfer (Jigokumon) de Teinosuke Kinugasa.

23 septembre 2024

Les Trafiquants du Dunbar (1951) de Basil Dearden

Titre original : « Pool of London »

Les trafiquants du Dunbar (Pool of London)Port de Londres, 1950. Dan, un Américain, et Johnny, un Jamaïcain, débarquent du navire marchand Dunbar, où ils sont marins. Dan fait de la petite contrebande, bas et cigarettes ; il utilise parfois Johnny pour passer des choses à la douane. Cette fois, Dan va être recruté par des malfrats pour quelque chose de bien plus important…
Les Trafiquants du Dunbar est un film britannique réalisé par Basil Dearden et produit par Ealing Studios. Il s’agit d’un film policier à suspense, le second du réalisateur après le succès de The Blue Lamp (1950), mais Basil Dearden y montre un penchant encore plus net vers le thème du social. Il prend le temps d’approfondir ses personnages, de laisser se développer une romance entre le marin jamaïcain et une jeune vendeuse de tickets. C’est ainsi le premier film britannique à montrer un amour interracial (s’il reste platonique et sans lendemain, il n’est est pas moins bien réel). Le suspense intervient dans la dernière partie du film qui se montre assez intense. Les nombreuses séquences nocturnes montrent un certain travail sur les lumières. Le film est aujourd’hui peu connu. Un excellent polar à connotation sociale. Une fois encore, on se demande pourquoi Basil Dearden est si méconnu.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Bonar Colleano, Susan Shaw, Renée Asherson, Earl Cameron
Voir la fiche du film et la filmographie de Basil Dearden sur le site IMDB.

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Remarque :
• Explication du titre original : La Pool of London (en français : « bassin de Londres ») est la partie de la Tamise située entre le London Bridge et Rotherhithe. C’est l’endroit où les grands navires (qui ne pouvaient aller au-delà du London Bridge) accostaient pour décharger leurs marchandises. Avec la généralisation des containers, les années 1960 verront la fermeture de tous les quais et les années 1980 le début de la gentrification des quartiers avoisinants.

Bonar Colleano et Earl Cameron dans Les Trafiquants du Dunbar (Pool of London) de Basil Dearden.
Earl Cameron et Susan Shaw dans Les Trafiquants du Dunbar (Pool of London) de Basil Dearden.

18 septembre 2024

Police sans armes (1950) de Basil Dearden

Titre original : « The Blue Lamp »
Autre titre français : « La Lampe bleue »

Police sans armes (The Blue Lamp)Londres, 1949. Dans le quartier populaire de Paddington, le policier vétéran George Dixon apprend le métier à une jeune recrue, Andy Mitchell. Ailleurs dans la ville, deux jeunes désœuvrés préparent le hold-up d’une bijouterie…
The Blue Lamp est un film britannique réalisé par Basil Dearden et produit par Ealing Studios. Le scénario est signé par l’excellent T.E.B. Clarke (Thomas Ernest Bennett Clarke) qui a été lui-même policier volontaire pendant la guerre. L’histoire dresse un portrait du travail des policiers anglais, un portrait qui s’aligne sur l’image traditionnelle du bobby bienveillant. Petit à petit, le rythme s’accélère et la seconde moitié montre une traque des braqueurs de plus en plus haletante. La longue séquence finale sur un champ de courses de lévriers est assez remarquable. La construction est très bien faite. On peut trouver l’ensemble assez classique mais il a un cachet très britannique qui change agréablement des films américains. L’un des deux délinquants est interprété par Dick Bogarde dans l’un de ses tous premiers rôles, il montre une belle présence à l’écran. The Blue Lamp connu un très grand succès au Royaume-Uni : c’est le film qui réalisa le plus d’entrées de l’année 1950. Le personnage du bobby George Dixon sera repris dans une série télévisée, Dixon of Dock Green, qui dura plus de vingt ans sur BBC1 !
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Jack Warner, Jimmy Hanley, Dirk Bogarde, Robert Flemyng, Bernard Lee, Peggy Evans, Patric Doonan, Bruce Seton
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Remarque :
• Le film étant en noir et blanc, le sens du titre original peut échapper au spectateur non britannique : il fait référence à lanterne bleue qui traditionnellement orne le fronton des commissariats de quartier (et que l’on voit en gros plan au début et à la fin du film).

Dora Bryan et Jack Warner dans Police sans armes (The Blue Lamp) de Basil Dearden.
Dirk Bogarde, Patric Doonan, and Peggy Evans
dans Police sans armes (The Blue Lamp) de Basil Dearden.

9 septembre 2024

Les Grands Espaces (1958) de William Wyler

Titre original : « The Big Country »

Les grands espaces (The Big Country)Le capitaine James McKay a quitté la marine, désireux de s’installer dans l’Ouest pour y rejoindre sa fiancée Pat Terrill rencontrée sur la côte Est. Très vite, il est confronté à des mœurs et des valeurs viriles qui ne sont pas les siennes. Il se retrouve alors bien malgré lui au cœur d’un conflit opposant la famille de sa fiancée avec celle des Hannassey qui se vouent une animosité réciproque. En cause: un lopin de terre convoité par les deux clans…
Les Grands Espaces est un western américain réalisé par William Wyler, d’après le roman The Big Country de Donald Hamilton. L’histoire se situe dans l’Ouest profond à l’époque de l’open land, avant l’installation de la Loi (le shérif le plus proche est à plus de 300 kms). Deux propriétaires se vouent une haine féroce et le héros de cette histoire va prôner une attitude pacifique en s’immisçant entre les deux, refusant de répondre à la violence par la violence. Si la présence de Gregory Peck ne surprendra personne, car cela correspond à ses convictions, celle de Charlton Heston (qui plus est, dans un second rôle, ce qu’il n’apprécie guère) est plus inattendue mais il faut se souvenir que l’acteur n’a pas toujours été le fanatique supporteur des armes qu’il est devenu à partir des années 70. Au-delà de son propos pacifique, ce qui est remarquable dans ce film est la mise en valeur des grands espaces, le big country du titre. Rarement, les paysages de vastes prairies de l’Ouest ont été si bien mis en valeur à l’écran. Les personnages sont bien définis et assez intenses. L’interprétation est parfaite, pourtant le tournage a été difficile du fait du perfectionnisme de Wyler et de constantes réécritures de scénario (amis avant le tournage, Peck et Wyler sont restés ensuite plusieurs années sans vouloir se parler). La musique, signée Jerome Moross, a été oscarisée. Le succès fut au rendez-vous pour ce grand western de 2h45.
Elle:
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Gregory Peck, Jean Simmons, Carroll Baker, Charlton Heston, Burl Ives, Charles Bickford, Alfonso Bedoya, Chuck Connors
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Gregory Peck dans Les Grands Espaces (The Big Country) de William Wyler.
Jean Simmons et Gregory Peck dans Les Grands Espaces (The Big Country) de William Wyler.
Charles Bickford et Charlton Heston dans Les Grands Espaces (The Big Country) de William Wyler.
Burl Ives, Chuck Connors, Jean Simmons, Gregory Peck et Alfonso Bedoya
dans Les Grands Espaces (The Big Country) de William Wyler.
Carroll Baker et Jean Simmons dans Les Grands Espaces (The Big Country) de William Wyler.
Gregory Peck dans Les Grands Espaces (The Big Country) de William Wyler.