23 décembre 2017

Yakuza (1974) de Sydney Pollack

Titre original : « The Yakuza »

YakuzaEn Californie, un détective à la retraite est rappelé par un ancien ami devenu trafiquant, parce que sa fille a été enlevée par un chef yakuza mécontent d’une commande d’armes non livrée. Le détective se rend au Japon et fait appel à ses anciennes connaissances, notamment le frère d’une femme qu’il a aimée…
Martin Scorsese voulait tourner cette histoire écrite par Paul Schrader (auteur de Taxi Driver) mais les studios décidèrent que ce serait Sydney Pollack. Le réalisateur s’est trouvé très dépaysé pour la tourner, que ce soit sur le plan des acteurs, de l’équipe et même du lieu puisque la très grand grande majorité du film a été tourné au Japon (1). Malgré cela, Yakuza est un film personnel, ce n’est pas un film de genre. Il y a beaucoup de choses dans Yakuza, on pourrait même dire que c’est autant un film romantique qu’un film d’action, mais ce sont les différences de civilisation qui ont visiblement le plus intéressé Pollack, notamment le formalisme de certaines règles. Il tente ainsi de faire comprendre la mentalité japonaise et la rigueur consentie de son système de valeurs à un public occidental. Cela n’a visiblement pas marché car le film n’a pas trouvé son public. A cette époque, beaucoup de critiques avaient, par méconnaissance (2), de forts à-priori contre l’univers du cinéma japonais. Il est plus estimé aujourd’hui, assez justement car c’est un film joliment complexe.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Robert Mitchum, Ken Takakura, Brian Keith, Herb Edelman, Richard Jordan, Keiko Kishi, Eiji Okada
Voir la fiche du film et la filmographie de Sydney Pollack sur le site IMDB.

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(1) Sydney Pollack raconte que son directeur de la photographie (Kôzô Okazaki) ne parlant pas anglais et lui-même ne parlant pas japonais, ils communiquaient en utilisant un simple nuancier de gris.
(2) Le public occidental découvrira vraiment la richesse du cinéma japonais quelques années plus tard.

Yakusa
Ken Takakura et Robert Mitchum dans Yakuza de Sydney Pollack.

Yakuza
Ken Takakura dans Yakuza de Sydney Pollack.

7 mai 2017

L’Île nue (1960) de Kaneto Shindô

Titre original : « Hadaka no shima »

L'île nueSur une minuscule île de la mer intérieure du Japon, un couple vit avec ses deux jeunes enfants. Avec beaucoup d’efforts, ils en cultivent les parois escarpées, faisant d’innombrables allers-retours en barque pour arroser les plants avec de l’eau douce… Ce film néoréaliste si particulier de Kaneto Shindō fut remarqué au Festival de Moscou en 1961. Avec L’Île nue, le réalisateur japonais a tenté de faire un film « universel », supprimant toutes paroles. Il parvient à, en quelque sorte, poétiser le misérabilisme par la structure du récit et par la beauté des images. La répétitivité des transports d’eau est particulièrement pathétique tant cela paraît (à nos yeux du moins) inefficace et dérisoire. Il y a bien entendu un côté artificiel à tout cela (dans la réalité, personne ne cultive cette île) mais Kaneto Shindō a semble t-il puisé dans ses propres souvenirs pour montrer la dure vie quotidienne d’une famille de paysans pauvres. L’Île nue est un film assez frappant et indéniablement assez unique en son genre.
Elle: 4 étoiles
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Nobuko Otowa, Taiji Tonoyama
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Remarques :
* L’île est l’île de Sukune. Voir sur Google Maps
* Le film rencontra un tel succès en France qu’une chanson, L’île nue, fut créée en ajoutant des paroles (écrites par Eddy Marnay) sur la musique de Hikaru Hayashi. Cette chanson fut interprétée par Jacqueline Danno (1962) puis Mathé Altery (1968).

L'île nue
L’île nue de Kaneto Shindô.

17 avril 2017

Mishima – une vie en quatre chapitres (1985) de Paul Schrader

Titre original : « Mishima: A Life in Four Chapters »

Mishima - une vie en quatre chapitresYukio Mishima est un célèbre écrivain japonais qui, au nom d’un nationalisme radical et meurtri, s’est donné la mort par seppuku, après avoir pris en otage un général et donné un discours aux soldats d’une caserne pour les exhorter à se soulever, le 25 novembre 1970. Ce film de Paul Schrader, issu des studios Zoetrope de Coppola et de LucasFilm de George Lucas, nous retrace son parcours pour tenter d’expliquer son geste dont la signification reste assez obscure et ouverte à interprétations. Il est, en tous cas, plus complexe que l’œuvre d’un simple illuminé d’extrême-droite. S’agit-il d’un geste purement artistique ? Quelle est l’influence de son homosexualité et de son masochisme ? D’où lui viennent ce désir obsessionnel d’agir et cette aspiration à harmoniser action et beauté ? Il faut bien avouer que, en tant qu’occidentaux, certains aspects nous échappent quelque peu (1). Le film offre seulement des pistes. Si l’on peut être déçu de l’absence d’explication, le film est indéniablement enthousiasmant par sa forme. La construction, tout d’abord : quatre chapitres explorant un thème précis, et largement constitués par la mise en scène de trois de ses livres les plus marquants. La photographie ensuite, notamment dans les passages littéraires qui jouissent d’une mise en scène épurée avec de magnifiques décors stylisés créés par Eiko Ishioka. Toute l’équipe artistique est en effet japonaise. Et enfin la musique de Philip Glass, très belle, envoutante dès les premières notes du générique de début. Tous ces éléments contribuent à faire de Mishima – une vie en quatre chapitres un film assez unique en son genre.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Ken Ogata
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Remarques :
* Palettes de couleurs :
– Les scènes de 1970 sont en couleurs faiblement saturées.
– Les flashbacks réels sont en noir et blanc.
– Les mises en scène des livres sont en couleurs vives :
– – dominante vert et or pour Temple of the Golden Pavilion
– – dominante rose et grise pour Koko’s House
– – dominante orange/rouge et noir pour Runaway Horses
* La musique :
– Scènes de 1970 : cordes et percussions
– Flashbacks réels : cordes
– Mise en scène des livres : orchestre
* Le film a ouvert le Festival de Cannes 1985 où il fut récompensé du Prix de la meilleure contribution artistique. Malgré ce prix, le film fut un échec commercial.

Mishima
Ken Ogata dans Mishima – une vie en quatre chapitres de Paul Schrader.

Mishima
Le Temple du Pavillon d’or : l’un des décors créés Eiko Ishioka pour dans Mishima – une vie en quatre chapitres de Paul Schrader.

Mishima
Chishû Ryû dans Mishima – une vie en quatre chapitres de Paul Schrader. La courte scène avec l’acteur fétiche d’Ozu avait été coupée de la version distribuée en 1985. Elle a été rétablie dans la version « director’s cut » apparue en 2008.

* Quelques éléments historiques :
– L’empereur Hirohito a renoncé à sa « nature divine » en 1946, au lendemain de la défaite du Japon.
– Depuis 1945, le Japon n’a officiellement plus d’armée mais des « forces d’autodéfense » (il faudra attendre les années 2000 pour voir des militaires japonais engagés dans des actions offensives internationales).
– L’organisation paramilitaire créée par Mishima en 1968, le Takenokai (Société du Bouclier), aspirait au rétablissement de l’empereur et de l’armée. Sa milice a compté jusqu’à 300 hommes, essentiellement des étudiants nationalistes (aujourd’hui, on dit « souverainistes »…) De façon totalement inhabituelle, ils ont pu bénéficier des facilités des forces officielles pour s’entraîner.

* Autre film sur le même sujet :
25 novembre 1970: Le jour où Mishima choisit son destin (2012) de Kôji Wakamatsu. Le cinéaste (plutôt sympathisant des mouvements d’extrême-gauche) analyse le geste de Mishima essentiellement sur le plan de l’engagement politique.

(1) La rapport de Mishima à la beauté est notamment très étrange : le héros de son livre Le Temple du Pavillon d’or veut détruire la beauté car elle le rabaisse, il est incapable de s’élever. Pour Mishima, la beauté est en effet une élévation. Il la mêle avec l’action, pour former l’aspiration ultime. D’où cette étrange fascination pour les corps et pour le sang versé. Faut-il avoir des ancêtres samouraï pour appréhender pleinement cette harmonie entre beauté et action ?

12 avril 2017

Feux dans la plaine (1959) de Kon Ichikawa

Titre original : « Nobi »

Feux dans la plaineFin 1944, sur une île des Philippines, l’armée impériale japonaise défaite est coupée de ses bases. Désormais incapables de combattre, ses soldats éparpillés tentent de survivre. Atteint d’une maladie grave, le soldat Tamura est condamné à errer seul : son chef d’escouade ne veut plus de lui… Feux dans la plaine est basé sur un roman de Shōhei Ōoka, l’un des romans majeurs de la littérature japonaise sur la guerre. Natto Wada (qui n’est autre que la femme de Kon Ichikawa) en a écrit l’adaptation. C’est un film très noir qui explore les limites de la nature humaine. Il est très différent de La Harpe de Birmanie et de sa dimension spirituelle : ici, les hommes sont cloués au sol, implacablement prisonniers de leur sort qui les force à perdre leur humanité. Dès le début du film, l’acteur Eiji Funakoshi exprime parfaitement le caractère extrême des situations ; avec son air hagard, halluciné même, avec sa démarche mécanique, il transmet au spectateur beaucoup de sentiments : l’épuisement, la résignation, l’impression d’être au bord de la folie, d’être vidé de sa substance. Feux dans la plaine va beaucoup plus loin que tous les autres films dénonçant les horreurs de la guerre, son approche n’est comparable qu’avec celle de certains films des années 80 (Apocalypse Now, Platoon, …) Comme tous les films d’Ichikawa, il a été diversement apprécié. C’est pourtant un film d’une grande puissance.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Eiji Funakoshi, Osamu Takizawa, Mickey Curtis
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Feux dans la plaine
Eiji Funakoshi dans Feux dans la plaine de Kon Ichikawa.

Remake :
Nobi de Shin’ya Tsukamoto (2014)

18 février 2017

Atout coeur à Tokyo pour OSS 117 (1966) de Michel Boisrond

À tout coeur à Tokyo pour OSS 117Une mystérieuse organisation criminelle cherche à vendre de force aux américains une arme secrète et font sauter une base militaire dans le Pacifique pour démontrer sa puissance. Hubert Bonisseur de la Bath, alias OSS 117, est envoyé à Tokyo où il semble qu’une employée de l’ambassade américaine a transmis des codes secrets sous la menace… Terence Young (réalisateur des premiers James Bond) a co-écrit l’adaptation de ce roman de Jean Bruce. André Hunebelle se contente cette fois de produire et laisse à Michel Boisrond, réalisateur de plusieurs films mineurs avec Brigitte Bardot, le soin de réaliser Atout coeur à Tokyo pour OSS 117. L’histoire n’est pas d’une grande originalité mais elle est bien ficelée et pleine de péripéties. Frederick Stafford tient une nouvelle fois le rôle de l’agent secret et Marina Vlady apporte une belle note de charme, tout comme la japonaise Jitsuko Yoshimura, assez craquante. Plus inattendu, le facétieux Jacques Legras (ah, La Caméra invisible) campe… un méchant japonais (si !). L’ensemble est de bonne facture, apte à rivaliser avec les productions internationales.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Frederick Stafford, Marina Vlady, Jitsuko Yoshimura, Jacques Legras, Henri Serre
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Atout coeur à Tokyo pour OSS 117
Marina Vlady et Frederick Stafford dans À tout coeur à Tokyo pour OSS 117 de Michel Boisrond.

1 août 2016

Still Walking (2008) de Hirokazu Koreeda

Titre original : « Aruitemo aruitemo »

Still walkingComme chaque année, la famille Yokoyama se réunit le jour anniversaire de la mort tragique du fils aîné, décédé quinze ans plutôt en sauvant un enfant de la noyade. Dans la maison familiale, qui fut autrefois aussi le cabinet médical du père, la mère prépare un petit festin pour ses enfants et ses petits-enfants. Malgré la permanence de certaines choses, l’action du temps montre ses effets : les uns et les autres ont imperceptiblement changé… Pour écrire Still Walking, Hirokazu Kore-eda s’est fortement inspiré de sa propre histoire familiale. Il est parvenu à en faire une chronique familiale très délicate, sans effet dramatique, un subtil mélange d’humour, de chagrin et de mélancolie où ici et là les secrets que chacun porte en lui-même apparaissent discrètement. Des réflexions sur le ressentiment et sur l’accomplissement viennent encore enrichir le film. La filiation avec Yasujirô Ozu est évidente, non seulement par le sujet (une chronique familiale) mais aussi, et surtout, dans la mise en scène et la façon de construire ses plans : caméra fixe et cette façon si élégante d’utiliser les portes et les murs de la maison pour créer un cadre dans le cadre. Le cinéaste cite également Mikio Naruse parmi ses sources d’inspiration. C’est donc dans ce très beau classicisme que l’on peut classer ce Still Walking.
Elle: 4 étoiles
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Hiroshi Abe, Yui Natsukawa, You
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Remarques :
* Le film a été tourné à Yokosuka, petite ville au sud de Yokohama sur la baie de Tokyo.
* Hommage à Ozu :
Le premier plan du film montre la mère et la fille en train de peler des carottes et des radis. Or, lorsque Yasujirô Ozu est mort (en 1963), il travaillait sur le scénario d’un film intitulé Daikon to ninjin (littéralement : radis et carottes), projet qu’il n’a pu mener à terme. Le scénario sera finalement tourné par Minoru Shibuya en 1965 avec Chishû Ryû en acteur principal.

Still Walking
Yoshio Harada, You, Kirin Kiki, Shohei Tanaka, Yui Natsukawa et Hiroshi Abe (et un beau cadre dans le cadre) dans Still walking de Hirokazu Kore-eda.

Still Walking
Yoshio Harada, Shohei Tanaka et Kirin Kiki dans Still walking de Hirokazu Kore-eda.

Still Walking
Yui Natsukawa et Hiroshi Abe dans Still walking de Hirokazu Kore-eda.

12 juin 2016

Tel père, tel fils (2013) de Hirokazu Koreeda

Titre original : « Soshite chichi ni naru »

Tel père, tel filsRyoata est un architecte qui s’investit beaucoup dans son travail. Avec sa femme et le fils, ils semblent former la famille idéale et aisée mais tout s’écroule lorsque le couple apprend de la maternité que leur fils n’est pas le leur. Il y a eu échange de nourrissons et leur fils biologique a grandi dans une autre famille, plus modeste… Si la base de départ évoque celle de La vie est un long fleuve tranquille, le développement de Tel père, tel fils est totalement différent : ce n’est nullement une comédie mais plutôt une réflexion sur le sens de la filiation et de la transmission. Hirokazu Koreeda a écrit et mis en scène cette histoire de façon très délicate et épurée, évitant tous les clichés et tout pathos inutile. La différence de milieux sociaux ne l’intéresse pas en tant que telle, il se concentre plutôt sur la différence des rapports parents/enfants et sur la place de l’enfant. Hirokazu Koreeda signe là un film attachant et élégant, une belle source de réflexion.
Elle: 5 étoiles
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Masaharu Fukuyama, Machiko Ono, Yôko Maki, Rirî Furankî
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Remarques :
* Masaharu Fukuyama est une très grande star au Japon : c’est un chanteur qui a vendu des millions de singles dans les années 90.
* Un remake américain est en cours de production, il serait dirigé par les frères Weitz, les réalisateurs d’American Pie, Pour un garçon, Mon beau-père et nous, … (si !)

Tel père, tel fils
Masaharu Fukuyama et Machiko Ono dans Tel père, tel fils de Hirokazu Koreeda.

Tel père, tel fils
Masaharu Fukuyama dans Tel père, tel fils de Hirokazu Koreeda.

9 mars 2016

Le Vent se lève (2013) de Hayao Miyazaki

Titre original : « Kaze tachinu »

Le Vent se lèveDès son plus jeune âge, Jiro a rêvé de dessiner de magnifiques avions. Remarqué lors ses études, il est engagé par une importante entreprise d’ingénierie en 1927. Brillant ingénieur, il deviendra l’un des grands concepteurs aéronautiques japonais… Le vent se lève est le onzième et ultime long métrage d’animation réalisé par Hayao Miyazaki. Ce grand dessinateur et réalisateur japonais a en effet décidé de prendre sa retraite à l’âge de 72 ans, du moins dans le domaine du long métrage. Pour la première fois, son personnage principal est inspiré de personnes réelles, l’ingénieur en aéronautique Jiro Horikoshi et le romancier Tatsui Hori, tous deux nés au début du XXe siècle, sans aucune incursion dans le domaine du fantastique (si ce n’est quelques séquences de rêve). L’amour de l’aviation et le rejet de la guerre se retrouve une fois de plus au centre de ce beau récit qui nous émerveille par la beauté des images, le lyrisme du récit, et même l’humanisme du propos malgré toutes les réserves que l’on peut faire sur le fond. Miyazaki a gommé tout aspect polémique et présente son héros comme un idéaliste aveuglé par sa passion, qui n’a cure de savoir comment ses avions seront employés. Le vent se lève est ainsi une belle oeuvre poétique d’une grande perfection  formelle qui vient clore en beauté la filmographie d’Hayao Miyazaki.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs:
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Remarque :
* Le séisme au début du film est le séisme de Kantō de 1923 (magnitude 7.9) qui a ravagé la région juste au sud de Tokyo : 580 00 bâtiments détruits et 140 000 morts, beaucoup ayant péri dans les scènes de panique lors des gigantesques incendies se propageant rapidement dans Tokyo.

Le vent se lève
Le vent se lève

Homonymes :
Le vent se lève de Yves Ciampi (1959) avec Curd Jürgens et Mylène Demongeot
Le vent se lève (The Wind that Shakes the Barley) de Ken Loach (2006) avec Cillian Murphy.

12 janvier 2016

Furyo (1983) de Nagisa Ôshima

Titre original : « Merry Christmas Mr. Lawrence »

Furyo1942. Sur l’île de Java en Indonésie, un camp de prisonniers anglais est dirigé par un capitaine japonais implacable qui a un sens profond de l’honneur et de la discipline. A ses yeux, les anglais sont des lâches qui ont préféré le déshonneur d’être capturé au suicide. L’arrivée d’un nouveau prisonnier va ébranler ses croyances… Parmi les quelques films dans lesquels David Bowie a tourné en tant qu’acteur, Furyo est sans aucun doute le plus remarquable. Pour cette adaptation d’un roman de Laurens van der Post dont le sujet principal est la différence de culture entre l’Orient et l’Occident, Nagisa Ôshima a choisi deux stars de la musique pour les rôles principaux, l’occidental David Bowie et l’oriental Ryuichi Sakamoto. Les codes stricts et les rituels, la brutalité et le sadisme, créent une atmosphère de tension amplifiée par l’incompréhension entre les deux cultures. Le film n’est pas sans défaut, comme ce flash-back assez lénifiant et une focalisation sur le thème de l’honneur. Les deux rock-stars ont physiquement en commun un certain caractère androgyne. David Bowie a une forte présence à l’écran, trop peut-être, rendant son personnage presque irréel. Quand il est dans le champ, il éclipse tout le monde. Le jeu de Ryuichi Sakamoto (qui n’avait jamais tourné auparavant) est assez mauvais, il l’a lui-même reconnu ; en revanche, la musique qu’il a composée pour le film est une pure merveille, devenue rapidement un succès planétaire. Malgré ses imperfections, Furyo est un film assez unique en son genre.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: David Bowie, Tom Conti, Ryuichi Sakamoto, Takeshi Kitano, Jack Thompson
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La revue l’Avant-Scène Cinéma a consacré un numéro à Furyo, il y a quelques mois.

Remarques :
* David Bowie a rapporté que, autant Nagisa Ôshima dirigeait très précisément les acteurs japonais, autant il laissait les acteurs anglais faire ce qu’ils sentaient devoir faire (pour ne pas influencer leur comportement apparent avec sa culture japonaise).
* Ryuichi Sakamoto aura à nouveau la double casquette d’acteur et de compositeur dans Le Dernier Empereur de Bertolucci (1987).

Furyo
David Bowie et Ryuichi Sakamoto sur le tournage de Furyo de Nagisa Ôshima (photo publicitaire).

12 octobre 2015

Contes cruels de la jeunesse (1960) de Nagisa Ôshima

Titre original : « Seishun zankoku monogatari »

Contes cruels de la jeunesseLa jeune Makoto rencontre l’étudiant Kiyoshi lorsqu’il la sauve des griffes d’un homme qui tentait d’abuser d’elle. Kiyoshi en profite pour dépouiller l’homme. L’épisode leur donne l’idée de répéter le scénario pour racketter des hommes d’âge mûr… Découvert très tardivement en France (1), Contes cruels de la jeunesse fait partie des premiers films de la Nouvelle Vague japonaise. Il fut par exemple tourné au moment-même où Godard réalisait A bout de souffle. Nagisa Ôshima n’a alors que 28 ans et sort des sentiers battus et du cinéma codifié non seulement par son sujet, montrer le malaise de sa génération au travers des errances criminelles d’un très jeune couple, mais aussi par sa façon de le traiter : il filme en décors naturels dans la rue en utilisant, chose rarissime pour du format Scope à l’époque, une caméra à l’épaule. Ses parti-pris esthétiques sont assez radicaux, refusant la couleur verte qui « apaise et affadit les sentiments », préférant des couleurs assez saturées, et usant largement de gros plans, de décadrages. Les intérieurs sont assez oppressant et l’atmosphère générale est plutôt dérangeante, traduction du désenchantement de ses deux personnages principaux. Les aspects novateurs de Contes cruels de la jeunesse le rendent vraiment remarquable, même un demi-siècle plus tard.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Miyuki Kuwano, Yûsuke Kawazu
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Contes cruels de la jeunesse
Yûsuke Kawazu et Miyuki Kuwano dans Contes cruels de la jeunesse de Nagisa Ôshima.

Remarque :
Yûsuke Kawazu était également l’un des acteurs principaux du très beau film Bon à rien (Rokudenashi) de Yoshishige Yoshida (1960), film de la Nouvelle Vague qui sortit sur les écrans à quelques semaines d’intervalle.

(1) Le film n’est sorti en France qu’en 1986. Il a été récemment redécouvert à Cannes en 2014 dans une version restaurée.