27 octobre 2008

Stand-by (2000) de Roch Stéphanik

Stand-byElle :
Belle découverte que ce premier long métrage. Une rupture amoureuse brutale juste au moment d’embarquer pour l’Argentine change totalement le destin d’Hélène. L’aéroport de verre devient son lieu de résidence ; elle s’y prostitue pour subvenir à ses moyens. Le scénario est simple, bien construit et plein d’intensité. Rendez-vous étonnants parfois amusants mais aussi rencontres violentes font que l’on s’attache à cette jeune femme déstabilisée. Elle revendique à sa manière sa liberté et son indépendance après avoir été sous la coupe d’un compagnon trop égoïste. Dominique Blanc joue une subtile partition entre la femme fragile et la femme fatale. L’aéroport d’Orly est formidablement bien filmé. Le film est jalonné de beaux et chauds éclairages, de jeux de flous et de reflets qui donnent l’illusion d’une bulle de verre dans laquelle on se sent bien.
Note : 5 étoiles

Lui :
Stand-by est un film vraiment étonnant. La base de départ est somme toute assez simple mais assez dramatique : en partance pour une nouvelle vie à l’étranger, une jeune femme se fait « plaquer » malproprement par son compagnon en plein aéroport. Sous le choc, elle reste à Orly dans l’aérogare. Ce qui est remarquable dans Stand-by, c’est tout d’abord l’apparente maturité et la maîtrise de Roch Stephanik alors qu’il s’agit de son premier long métrage. Il utilise les travellings originaux et audacieux, des effets de ralentis, sans jamais en abuser et joue admirablement avec la profondeur de champ ; il a en tout cas une façon très personnelle d’utiliser le décor de l’aérogare d’Orly Sud et le résultat est franchement séduisant. Ensuite, il y a la formidable prestation de Dominique Blanc dans ce rôle multi facettes et lui donne une profondeur mélancolique. Stand-by est un très beau film et on peut se demander pourquoi le film est passé à ce point inaperçu (malgré 2 Césars) et surtout pourquoi, diable, Roch Stéphanik n’a pas tourné de long métrage après celui-ci.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Dominique Blanc, Roschdy Zem, Patrick Catalifo, Jean-Luc Bideau
Voir la fiche du film et la filmographie de Roch Stéphanik sur le site IMDB.

26 octobre 2008

Laissons Lucie faire! (2000) de Emmanuel Mouret

Laissons Lucie faire!Elle :
Inconstance de l’amour pour un jeune homme lunaire aux allures de Fernandel et son amie Lucie. Ce badinage sentimental gentillet est un peu trop léger et est loin de la qualité des films de Rohmer.
Note : 2 étoiles

Lui :
Il y a beaucoup de bonnes choses dans Laissons Lucie Faire… à commencer par une rare fraîcheur. A 30 ans, le jeune Emmanuel Mouret apporte un ton différent, à contre-courant du cinéma français actuel. Pourtant il semble s’inscrire dans la droite lignée des Rohmer, de la nouvelle vague, de Woody Allen mais il semble aussi s’en affranchir totalement. Son cinéma est léger, semblant effleurer son sujet, faussement futile. Il parsème son film d’un humour multi facettes, parfois absurde, souvent farfelu, de nombreux gags de situations ou de dialogues pas toujours parfaitement mis en valeur. Emmanuel Mouret interprète lui-même le personnage principal, un jeu homme candide, timide et gauche, utilisant à merveille son faux air de Fernandel. Bien entendu on pourra reprocher à Laissons Lucie Faire d’être trop léger mais il y a un beau style en puissance dans le cinéma d’Emmanuel Mouret et, en attendant, on passe un bon moment car tout cela est vraiment très drôle.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Marie Gillain, Emmanuel Mouret, Dolores Chaplin, Georges Neri
Voir la fiche du film et la filmographie de Emmanuel Mouret sur le site imdb.com.

25 octobre 2008

Secrets et mensonges (1996) de Mike Leigh

Titre original : Secrets & Lies

Secrets et mensongesElle :
(En bref) A la mort de sa mère adoptive, une jeune femme noire recherche sa véritable mère et découvre qu’elle est blanche. Le film de Mike Leigh n’est pas tant sur le racisme mais plutôt la reconstruction d’une relation mère-fille rendue plus délicate par le choc de milieux sociaux différents.
Note : 3 étoiles

Lui :
(En bref) Bien que le film soit en grande partie improvisé, Mike Leigh parvient à dresser de beaux portraits dans un milieu très populaire. Cette improvisation donne un ton très naturel au film. Brenda Blethyn fait une remarquable interprétation de cette mère « découverte » par sa fille, plus évoluée socialement. (Palme d’Or 1996)
Note : 4 étoiles

Acteurs: Timothy Spall, Brenda Blethyn, Marianne Jean-Baptiste, Claire Rushbrook
Voir la fiche du film et la filmographie de Mike Leigh sur le site IMDB.

Voir les autres films de Mike Leigh chroniqués sur ce blog…

25 octobre 2008

Grand bonheur (1993) de Hervé Le Roux

Grand bonheurElle :
(En bref) En plein mois de juillet dans un Paris déserté, une bande d’une vingtaine d’étudiants se sépare. J’avoue avoir décroché très rapidement.
Note : 0 étoiles

Lui :
(En bref) Je n’ai pas vraiment accroché à ces déambulations sentimentales et professionnelles d’un groupe d’étudiants. Le film semble un peu partir dans tous les sens et manque de direction.
Note : 1 étoile

Acteurs: Charlotte Léo, Pierre Gérard, Lucas Belvaux
Voir la fiche du film et la filmographie de Hervé Le Roux sur le site imdb.com.

24 octobre 2008

Le prisonnier de Zenda (1952) de Richard Thorpe

Titre original : « The prisoner of Zenda »

Le prisonnier de ZendaElle :
(pas vu)

Lui :
Le Prisonnier de Zenda de Richard Thorpe est la quatrième adaptation du roman d’Anthony Hope. C’est probablement la meilleure alors qu’elle est calquée sur la précédente version de Cromwell, parfois identique plan par plan. Le scénario est assez riche en aventures : un anglais venu se délasser dans un petit pays imaginaire, la Ruritanie, se révèle être le sosie du futur roi. Le prisonnier de ZendaPour déjouer un complot, il va accepter de prendre la place du monarque lors du couronnement. La suite allie aventure, romance et rebondissements en un cocktail habilement dosé ; bien que se déroulant au XIXe siècle, Le Prisonnier de Zenda est un superbe film de cape et d’épée. Cette version de Richard Thorpe est très efficacement réalisée, reposant sur un rythme parfait, avec un Stewart Granger qui insuffle beaucoup d’énergie à l’ensemble : il interprète donc ici deux rôles et se révèle particulièrement fascinant dans son personnage d’aventurier.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Stewart Granger, Deborah Kerr, James Mason, Louis Calhern, Jane Greer
Voir la fiche du film et la filmographie de Richard Thorpe sur le site IMDB.
Voir les autres films de Richard Thorpe chroniqués sur ce blog…

Les principales adaptations du roman d’Anthony Hope :
The prisoner of Zenda de George Loane Tucker (1915), avec Henry Ainley
The prisoner of Zenda de Rex Ingram (1922), avec Lewis Stone et Alice Terry
The prisoner of Zenda de John Cromwell (1937), avec Ronald Coleman, Maleine Carroll et Douglas Fairbanks Jr
The prisoner of Zenda de Richard Thorpe (1952), avec Stewart Granger et Deborah Kerr (cette version)
The prisoner of Zenda de Richard Quine (1979), avec Peter Sellers et Lynne Frederick

A noter que Lewis Stone, acteur principal de la version de Rex Ingram en 1922 joue un petit rôle (le cardinal) dans la version de Thorpe, quelque 30 ans plus tard…
Et aussi : IMDB liste une version encore antérieure (1913) attribuée à Edwin S. Porter (le réalisateur du Great Train Robbery de 1903) dont une seule copie subsisterait.

Le roman Le Prisonnier de Zenda eut une suite, Rupert of Hentzau, qui fut adapté à la télévision par 2 fois.

23 octobre 2008

Au gré du courant (1956) de Mikio Naruse

Titre original : « Nagareru »

Au Gré du CourantElle :
Les femmes des films de Naruse sont toujours très touchantes. Non seulement leur visage laisse souvent transparaître la tristesse mais leur destin est tragique et sans espoir. Naruse nous plonge au coeur d’une maison de geishas qui n’ont qu’un sombre horizon devant elles car elles se font exploiter ou abandonner par leurs amants vociférants et lâches. Cette vision traditionnelle au son du shamisen côtoie un Japon en mutation dans lequel les jeunes femmes s’interrogent sur leur avenir et rêvent de fonder une famille et d’exercer un vrai métier. Dans les petites ruelles, les kimonos et sabots de bois de ces femmes soumises cohabitent avec les tailleurs et les hauts talons à l’occidentale de femmes qui tentent de s’émanciper. Un film fort et émouvant en bordure d’un fleuve qui emportent les rêves.
Note : 4 étoiles

Lui :
Au Gré du Courant se situe entièrement à l’intérieur d’une maison de geishas, sans qu’il ne s’y déroule beaucoup d’évènements ; nous les regardons vivre mais Naruse s’attarde plus particulièrement sur deux femmes : la maîtresse de maison, criblée de dettes, qui ne peut qu’assister impuissante à la lente disparition de sa maison sans pouvoir la transmettre à sa fille, et la nouvelle bonne, une femme veuve arrivée de sa province pour pouvoir subvenir seule à ses besoins. La caméra de Naruse semble faire corps avec la maison, offrant à chaque fois un angle parfait. Le jeu très naturel des acteurs (ou plus exactement actrices puisque les hommes sont quasiment inexistants) contribue à nous faire pénétrer ce microcosme si particulier. Rien de futile dans tout cela, Naruse dresse le portrait de femmes dont le monde s’écroule et Au Gré du Courant semble s’achever sur un chant du cygne.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Kinuyo Tanaka, Isuzu Yamada, Hideko Takamine, Mariko Okada
Voir la fiche du film et la filmographie de Mikio Naruse sur le site IMDB.

Voir les autres films de Mikio Naruse chroniqués sur ce blog…

22 octobre 2008

Waiter! (2006) de Alex van Warmerdam

Titre original : « Ober »

Waiter!Elle :
(pas vu)

Lui :
Edgar est serveur dans un restaurant un peu miteux, il a une épouse malade, des voisins odieux, une maîtresse qui le harcèle… Peu satisfait de son sort, il va se plaindre auprès du scénariste qui est en train d’écrire l’histoire qu’il vit. Telle est la situation de base de Waiter!, une situation qui semble prometteuse. Hélas, si le film comporte des bonnes trouvailles, l’ensemble manque de souffle et repose trop sur les réactions démesurées de certains personnages. C’est parfois très amusant, comme dans la scène du cabillaud, mais ce type de situation revient trop souvent sans que cela forme vraiment un tout. Le réalisateur Alex Van Warmerdam joue lui-même le rôle principal.
Note : 2 eacute;toiles

Acteurs: Alex van Warmerdam, Ariane Schluter, Jaap Spijkers, Thekla Reuten
Voir la fiche du film et la filmographie de Alex van Warmerdam sur le site imdb.com.

21 octobre 2008

Qu’est-ce que maman comprend à l’amour? (1958) de Vincente Minnelli

Titre original : « The reluctant debutante »

The reluctant debutanteElle :
(pas vu)

Lui :
The Reluctant Debutante, qui n’est guère servi par une traduction puérile de son titre en Qu’est-ce que maman comprend à l’amour?, n’est sans aucun doute pas l’un des films majeurs de Minelli mais cela ne l’empêche pas d’être un vrai petit bijou. Une toute jeune fille, élevée en Amérique, rentre à Londres. Sa mère décide de la « faire débuter dans le monde ». Rien ne va se passer comme prévu… Ce scénario, adapté d’une pièce par son auteur, William Douglas-Home, permet à Minelli de concocter une comédie vive et brillante qui se moque sans équivoque des rites de la vieille Angleterre Qu'est-ce que maman comprend à l'amour? et de sa haute société engoncée dans ses principes et ses apparences. Le rythme est très enlevé avec un humour omniprésent et de nombreux moments vraiment jubilatoires. Les personnages sont vraiment hauts en couleur à commencer par la mère, formidablement interprétée par Kay Kendall qui insuffle beaucoup de vivacité à l’ensemble et aussi beaucoup de charme avec son petit nez retroussé… Plusieurs scènes évoquent la perfection, tout semblant parfaitement en place au service de la comédie. Oui, Qu’est ce que Maman comprend à l’amour? est certainement mésestimé, un vrai petit bijou.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Rex Harrison, Kay Kendall, John Saxon, Sandra Dee, Angela Lansbury
Voir la fiche du film et la filmographie de Vincente Minnelli sur le site IMDB.

Voir les autres films de Vincente Minnelli chroniqués sur ce blog…

Note :
Au moment du tournage, Rex Harrisson et Kay Kandall étaient depuis peu mari et femme et leur complicité est évidente dans le film. L’actrice devrait être emportée un an plus tard par une leucémie à l’âge de 33 ans.

Remake :
Ce dont rêvent les filles (2003, What a girl wants) de Dennis Gordon avec Amanda Bynes et Colin Firth.

20 octobre 2008

Fur, un portrait imaginaire de Diane Arbus (2006) de Steven Shainberg

Titre original : « Fur: An imaginary portrait of Diane Arbus »

Fur, un portrait imaginaire de Diane ArbusElle :
On connaît l’attirance de la célèbre photographe Diane Arbus pour les gens hors norme, les gens décalés, les univers imaginaires. Le réalisateur tente ici d’imaginer ce qui a conduit Diane Arbus vers une telle approche photographique. Le film oscille entre réalité et fiction puisqu’on voit la photographe évoluer de l’artificialité de son milieu d’origine réel vers l’univers fantasmagorique d’un voisin qui vit à l’écart de la normalité tant dans sa vie que dans son apparence physique. L’ensemble tient surtout grâce à la présence mystérieuse de Nicole Kidman. Le film a le mérite de nous inciter à redécouvrir la vie et les photos de Diane Arbus.
Note : 3 étoiles

Lui :
Si le film de Steven Shainberg a le mérite de mieux faire connaître la photographe américaine Diane Arbus, on peut s’interroger sur l’intérêt de créer une biographie imaginaire, sorte de fourre-tout hollywoodien où les scénaristes inventent des scènes censées avoir inspiré l’artiste new-yorkaise. Le seul point réel dans tout cela est le milieu d’où elle est issue : fille d’un riche négociant en fourrures, elle fut d’abord assistante de son mari, photographe de mode. La rencontre avec ce voisin si particulier n’a donc certainement jamais eu lieu. Le film reste plaisant à regarder même s’il a un peu tendance à abuser d’images et de situations décalées et hors normes. Il faut dire que la présence de Nicole Kidman porte le film : l’actrice donne une interprétation très délicate d’une Diane Arbus en recherche, prête à l’exploration de nouvelles voies.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Nicole Kidman, Robert Downey Jr., Ty Burrell
Voir la fiche du film et la filmographie de Steven Shainberg sur le site IMDB.

19 octobre 2008

Les anges aux figures sales (1938) de Michael Curtiz

Titre original : « Angels with dirty faces »

Les anges aux figures salesElle :
(pas vu)

Lui :
Deux gamins chapardeurs d’un quartier très populaire de New-York se retrouvent 15 ans plus tard. L’un est devenu prêtre alors que l’autre est un petit caïd admiré par une bande de gamins du quartier. Le scénario de Les anges aux figures sales n’est franchement pas novateur en cette fin des années 30 mais le traitement que Curtiz en fait est néanmoins remarquable. Si le film connut un franc succès au moment de sa sortie, il est généralement moins bien considéré aujourd’hui où il est de bon ton de railler les films un tant soit peu moralisateurs. C’est dommage car la réalisation de Michael Curtiz est irréprochable : un rythme très bien enlevé avec un joli mélange de scènes d’action et de scènes de réalisme social, une belle photographie jouant avec les ombres et surtout une parfaite interprétation, James Cagney en tête qui fait à nouveau tandem avec Pat O’Brien. Les anges aux figures sales propulsa la carrière d’Ann Sheridan et celle des Dead End Kids qui interprètent ici la petite bande de gamins. Bogart est ici dans un second rôle, plutôt effacé.
Note : 4 étoiles

Acteurs: James Cagney, Pat O’Brien, Humphrey Bogart, Ann Sheridan, George Bancroft
Voir la fiche du film et la filmographie de Michael Curtiz sur le site IMDB.

Voir les autres films de Michael Curtiz chroniqués sur ce blog…

Pour capitaliser sur le succès de Les anges aux figures sales, la Warner sortit un  an plus tard Angels Wash Their Faces (cela ne s’invente pas!) avec Ann Sheridan, Ronald Reagan et les Dead End Kids. Ce n’est pas une suite mais plutôt un film sur le même thème. Un film hélas de bien moindre intérêt.