7 juillet 2009

L’esprit de la ruche (1973) de Víctor Erice

Titre original : « El espíritu de la colmena »

L’Esprit de la RucheElle :
Dans la même veine que Carlos Saura ou Luis Bunuel, Victor Erice nous offre un beau cinéma, un cinéma de l’étrange et du fascinant au coeur des terres de Castille en 1940. Un père apiculteur, une mère vivant un amour secret, une sœur chaleureuse et la petite Anna aux yeux écarquillés qui écoute et voit. La projection du film Frankenstein bouleverse Anna au plus profond d’elle même. La mort d’une enfant lui fait prendre conscience du prix de la vie et de sa place sur terre parmi les siens. D’un seul coup, elle perd son innocence et son insouciance. Elle essaie de comprendre, frôle le danger, aide un homme blessé, enchaîne les expériences, se libère de sa sœur et de ses parents pour vivre sa vie. Les paysages de terre et de craie effleurés par des ombres mouvantes sont de toute beauté. Compositions et lumières parfaites. L’atmosphère frôle le fantastique et l’initiatique.
Note : 4 étoiles

Lui :
L’Esprit de la Ruche est l’un des films les plus originaux du cinéma espagnol. Dans un petit village isolé de Castille, une petite fille de cinq ans assiste à la projection du film Frankenstein. Elle est très marquée par le monstre et ses rapports avec une petite fille du même âge qu’elle. Au-delà de l’histoire de cette petite fille qui a bien du mal à dissocier l’imaginaire du réel et prend conscience du danger et de la mort, il faut voir une allégorie politique car, en 1973, l‘Espagne est encore sous le régime de Franco et il est impossible de traiter directement le fond du propos de Victor Erice, c’est-à-dire les conséquences de la guerre civile et l’emprise du régime totalitaire en place. Le paysage désolé, quasi désertique, qui entoure le village évoque une atmosphère post-apocalyptique et la mort est assez présente. En considérant que le monstre symbolise le totalitarisme et la petite Ana l’Espagne, on parvient à une lecture bien différente du film et ce n’est que l’interprétation la plus simple. L’Esprit de la Ruche se déroule très lentement, au rythme des préoccupations de la fillette en quelque sorte car c’est au travers de ses yeux que nous vivons cette histoire.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Fernando Fernán Gómez, Teresa Gimpera, Ana Torrent, Isabel Tellería
Voir la fiche du film et la filmographie de Víctor Erice sur le site imdb.com.

Remarque :
Les extraits de Frankenstein sont tirés de la version de James Whale (1931) avec Boris Karloff.

6 juillet 2009

Cette sacrée vérité (1937) de Leo McCarey

Titre original : « The awful truth »

Cette sacrée véritéElle :
(pas vu)

Lui :
Cette sacrée vérité de Leo McCarey fait partie des grands classiques de la comédie américaine d’avant-guerre. Le film met en scène un couple dont le divorce, basé sur des soupçons infondés, sera effectif dans 90 jours. Toujours amoureux l’un de l’autre, ils vont tout faire pour se gêner mutuellement dans leurs nouvelles aventures amoureuses. Cette sacrée vérité est donc une série de quiproquos, de chassés-croisés qui mènent quasi systématiquement à des situations embarrassantes. Leo McCarey est un réalisateur spécialiste du burlesque et aussi un maître de l’improvisation ; ce fut le cas pour ce film où les dialogues furent écrits au jour le jour et le tournage se passa assez mal : un des deux scénaristes demanda à retirer son nom du générique et Cary Grant essaya par tous les moyens de quitter le tournage. S’il est vrai que l’ensemble manque d’une certaine cohérence, le film comporte de nombreuses scènes amusantes avec des dialogues bien enlevés et une situation évoluant de façon vive. Le jeu avec les éléments du décor et le chien ‘Mr Smith’ (c’est son nom) sont franchement remarquables. Certains gags jouent même sur un certain nonsense que n’auraient pas renié les Marx Brothers (que McCarey a dirigé). Le film fut un grand succès. Tout en restant une comédie plaisante, Cette sacrée vérité est probablement un peu surestimée toutefois : il lui manque une certaine alchimie globale pour posséder la perfection des meilleures comédies de cette époque.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Irene Dunne, Cary Grant, Ralph Bellamy, Alexander D’Arcy, Cecil Cunningham
Voir la fiche du film et la filmographie de Leo McCarey sur le site IMDB.
Voir les autres films de Leo McCarey chroniqués sur ce blog…

Il s’agit de l’adaptation d’une pièce d’Arthur Richman jouée dans les années 20 à Broadway. Autres adaptations :
The awful truth de Paul Powell (1925) avec Agnes Ayres et Warner Baxter
The awful truth de Marshall Neilan (1929) avec Ina Claire et Henry Daniell (film perdu, pas de copie connue)
Let’s do it again (Remarions-nous) de Alexander Hall (1953), une comédie musicale avec Jane Wyman et Ray Milland.

5 juillet 2009

Norway of life (2006) de Jens Lien

Titre original : « Den brysomme mannen »

Norway of LifeElle :
(pas vu)

Lui :
Sans qu’il ne sache vraiment pourquoi ni comment, un homme se retrouve parachuté dans une ville où tout semble facile et idéal : on lui donne un logement, du travail, toutes les personnes qu’il côtoie sont gentilles et attentionnées, il fait des rencontres féminines. Tout semble parfait… trop parfait. Si le début de Norway of Life est un énorme clin d’œil à Paris, Texas de Wim Wenders, la suite du film évoque plutôt un univers orwellien ou huxleyien, une société totalement aseptisée, sans problème mais où saveurs et odeurs ont disparu. Jens Lien insuffle beaucoup d’humour dans Norway of Life, un humour à froid avec quelques pointes violentes et gore, heureusement peu nombreuses. Son film est à la fois étrange et burlesque, un cocktail plutôt réussi, même si on peut regretter un certain manque profondeur à l’ensemble.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Trond Fausa Aurvaag, Petronella Barker, Per Schaaning, Birgitte Larsen
Voir la fiche du film et la filmographie de Jens Lien sur le site imdb.com.

4 juillet 2009

Soyez sympas, rembobinez (2008) de Michel Gondry

Titre original : « Be Kind Rewind »

Soyez sympas, rembobinezElle :
(pas vu)

Lui :
L’idée de départ de Soyez sympas, rembobinez du français Michel Gondry est amusante : ayant effacé par mégarde toutes les cassettes VHS d’un antique vidéoclub, deux compères décident de tourner leurs propres versions de certains films à succès, en utilisant les moyens du bord… Le film doit beaucoup au personnage gentiment déjanté incarné par Jack Black et les courts extraits des films bricolés sont vraiment amusants par leur inventivité. La scène du sabotage du générateur (avec ses vêtements de camouflage) est, elle aussi, hilarante. Hélas Soyez sympas, rembobinez dans son ensemble manque un peu d’étoffe au niveau du scénario et le film est un peu victime de ses bonnes intentions qu’il affiche avec un peu trop d’insistance.
Note : 2 étoiles

Acteurs: Jack Black, Mos Def, Danny Glover, Mia Farrow, Melonie Diaz
Voir la fiche du film et la filmographie de Michel Gondry sur le site IMDB.

Voir les autres films de Michel Gondry chroniqués sur ce blog…

3 juillet 2009

L’odyssée du docteur Wassell (1944) de Cecil B. DeMille

Titre original : « The story of Dr. Wassell »

L'odyssée du docteur WassellElle :
(pas vu)

Lui :
L’odyssée du Docteur Wassell est basé sur des faits réels qui se sont déroulés en 1942. Alors que les japonais sont sur le point d’envahir l’île de Java, l’armée américaine ne peut évacuer que les personnes valides. Le Docteur Wassell choisit de rester sur place avec une douzaine de grands blessés, bien décidé à les sortir de ce guêpier. Cecil B. DeMille tourne ce film alors que la guerre bat son plein (le film sortira au moment du débarquement en Normandie) ; L'odyssée du docteur Wassell son film exalte donc le courage et met en relief les grandes valeurs humaines, mais il le fait de façon remarquable. Le déroulement du récit montre une perfection assez rare, jusque dans les moindres détails, l’histoire fourmillant de facettes, de personnages au caractère bien dessiné pour se révéler au final très prenante, sans aucun temps mort. Gary Cooper porte admirablement son personnage, probablement l’un de ses meilleurs rôles au cinéma. La force épique de L’odyssée du Docteur Wassell montre encore aujourd’hui toute sa vigueur.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Gary Cooper, Laraine Day, Signe Hasso, Dennis O’Keefe, Carol Thurston
Voir la fiche du film et la filmographie de Cecil B. DeMille sur le site IMDB.

Voir les autres films de Cecil B. DeMille chroniqués sur ce blog…

Remarque :
L’épisode où le Président Roosevelt raconte l’épopée du docteur à la radio est bien réel : c’est en l’entendant que Cecil B. DeMille eut l’idée d’en faire un film.

2 juillet 2009

Bonne chance! (1935) de Sacha Guitry et Fernand Rivers

Bonne chance!Elle :
(pas vu)

Lui :
Bonne Chance est le premier film parlant de Sacha Guitry (il avait réalisé toutefois un film muet 20 ans auparavant). Une jeune femme, qui vient de se fiancer sans enthousiasme à un garçon gauche et emprunté, gagne à la loterie après qu’un artiste de son quartier, bien plus âgé qu’elle, lui ait souhaité bonne chance. Elle lui avait promis de partager les gains et ils partent tous deux en voyage avant son mariage. Le scénario a été écrit par Sacha Guitry spécialement pour le film, l’auteur ne croyant pas vraiment encore au cinéma mais désirant tenter l’expérience. C’est un film que l’on a longtemps cru perdu qui permet de profiter de ce couple fabuleux formé par Jacqueline Delubac, au sourire enjôleur, et Guitry. L’ensemble est léger avec beaucoup de bons mots dans les dialogues (la scène où ils passent commande dans un restaurant est un délice). S’il n’a pas la qualité de réalisation des longs métrages suivants du Guitry, Bonne Chance en a toute la fraîcheur et se révèle même assez brillant.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Sacha Guitry, Jacqueline Delubac, Pauline Carton, Paul Dullac
Voir la fiche du film et la filmographie de Sacha Guitry sur le site imdb.com.

Voir les autres films de Sacha Guitry chroniqués sur ce blog…

Remake :
Lucky Partners (Double chance) de Lewis Milestone (1940) avec Ronald Coleman et Ginger Rodgers.

30 juin 2009

Sommaire de juin 2009

J'irai cracher sur vos tombesLa femme au gardéniaCharlie BubblesSylvie et le fantômeVacancesCrimes à OxfordSur les quaisLa chevauchée de la vengeance

J’irai cracher sur vos tombes

(1959) de Michel Gast

La femme au gardénia

(1953) de Fritz Lang

Charlie Bubbles

(1967) de Albert Finney

Sylvie et le fantôme

(1946) de Claude Autant-Lara

Vacances

(1938) de George Cukor

Crimes à Oxford

(2008) de Álex De La Iglesia

Sur les quais

(1954) de Elia Kazan

La chevauchée de la vengeance

(1959) de Budd Boetticher

Les citronniersLes randonneurs à Saint-TropezL'invraisemblable véritéAdorable menteuseJuliaA l'angle du mondeWaitressHome

Les citronniers

(2008) de Eran Riklis

Les randonneurs à Saint-Tropez

(2008) de Philippe Harel

L’invraisemblable vérité

(1956) de Fritz Lang

Adorable menteuse

(1962) de Michel Deville

Julia

(2008) de Erick Zonca

A l’angle du monde

(1937) de Michael Powell

Waitress

(2007) de Adrienne Shelly

Home

(2009) de Yann Arthus-Bertrand

Notre univers impitoyableLe grand silenceLes femmes de l'ombreLa dame du vendredi

Notre univers impitoyable

(2008) de Léa Fazer

Le grand silence

(1968) de Sergio Corbucci

Les femmes de l’ombre

(2008) de Jean-Paul Salomé

La dame du vendredi

(1940) de Howard Hawks

Nombre de billets : 20

23 juin 2009

J’irai cracher sur vos tombes (1959) de Michel Gast

J'irai cracher sur vos tombesElle :
(pas vu)

Lui :
Un commentaire sur ce film n’est certainement pas, hélas, la meilleure façon de rendre hommage à Boris Vian, mort il y a exactement 50 ans, jour pour jour, en assistant à la première de ce film : il ne tenait pas en haute estime cette adaptation et avait même demandé à ce que son nom soit enlevé du générique. J’irai cracher sur vos tombes est son premier roman, publié en 1946 sous le pseudonyme Vernon Sullivan. Dans le sud des Etats-Unis, un noir à la peau blanche quitte sa ville natale après que son frère ait été lynché. Il se rend dans le Nord dans une petite ville tenue par un homme riche aidé d’une bande de jeunes désoeuvrés. La déception de Boris Vian est compréhensible : l’adaptation au cinéma de son roman par Michel Gast paraît bien plate et manque singulièrement de punch. Si le contenu anti-raciste, avec au centre le mariage mixte, est bien toujours présent, tout le côté sarcastique et satirique qui permet au roman d’avoir un grand équilibre a disparu dans cette adaptation et, de ce fait, il ne reste qu’un ensemble peu crédible et manquant d’intensité. J’irai cracher sur vos tombes méritait certainement mieux. A noter la présence de Claude Berri et de Jean Sorel (dont c’est ici le premier film).
Note : 2 étoiles

Acteurs: Christian Marquand, Paul Guers, Fernand Ledoux, Antonella Lualdi, Claude Berri, Daniel Cauchy, Jean Sorel
Voir la fiche du film et la filmographie de Michel Gast sur le site IMDB.

21 juin 2009

La femme au gardénia (1953) de Fritz Lang

Titre original : « The Blue Gardenia »

La femme au gardéniaElle :
(pas vu)

Lui :
La femme au gardénia passe pour être un film mineur dans la filmographie de Fritz Lang, à juste titre car il est vrai que, si le film ne montre aucun défaut particulier, nous sommes très loin de la perfection de Règlements de comptes que Lang tournera juste après. Le réalisateur a lui-même exprimé qu’il le tenait en petite estime et qu’il avait été obligé de le tourner très rapidement. La femme au gardéniaIl s’agit d’un film noir, assez original car il est centré sur trois jeunes femmes standardistes habitant le même appartement et aussi parce que l’intrigue policière ne débute qu’après trente minutes. Sans montrer beaucoup de force, La femme au gardénia n’en est pas moins plaisant, on ne s’ennuie à aucun moment. Ann Baxter est parfaitement à son aise dans ce rôle de charmante ingénue qui s’est mise dans un drôle de pétrin. On peut aussi y voir une critique de la presse à scandale. La femme au gardénia a beau être un film mineur de Fritz Lang, il n’en pas moins très bien fait.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Anne Baxter, Richard Conte, Ann Sothern, Raymond Burr, Jeff Donnell
Voir la fiche du film et la filmographie de Fritz Lang sur le site IMDB.

Voir les autres films de Fritz Lang chroniqués sur ce blog…

La femme au gardénia

20 juin 2009

Charlie Bubbles (1967) de Albert Finney

Charlie BubblesElle :
(pas vu)

Lui :
L’acteur anglais Albert Finney a réalisé un (seul) film à la fin des années soixante, un film particulièrement original sur un jeune auteur à succès, d’origine modeste, qui retourne dans sa ville natale. Charlie Bubbles traite de la difficulté à gérer cette notoriété soudaine, du dilemme à tirer ou pas un trait sur son passé. Charlie n’est plus parfaitement à l’aise avec ses anciens amis mais ne l’est guère plus avec ses nouveaux. Albert Finney tient lui-même le rôle principal. Charlie Bubbles comporte des petites originalités, comme cette façon amusante de montrer l’intérieur de sa maison au travers de caméras de surveillance, mais l’ensemble manque de relief et de mordant. Le propos n’est pas toutefois de dresser un portrait au vitriol de l’un ou l’autre milieu social mais plutôt de montrer le malaise de cet homme entre deux chaises. Le propos est en tous cas assez désabusé et sombre. Albert Finney étant lui-même d’origine modeste, on pourrait penser qu’il y a une part autobiographique dans Charlie Bubbles.
Note : 2 étoiles

Acteurs: Albert Finney, Colin Blakely, Billie Whitelaw, Liza Minnelli
Voir la fiche du film et la filmographie de Albert Finney sur le site IMDB.

A noter la présence du jeune Stephen Frears en tant qu’assistant-réalisateur.
S’il n’a réalisé qu’un seul long métrage, Albert Finney a produit plusieurs films aux alentours de 1970 sans être crédité au générique, dont le premier Mike Leigh, le If d’Anderson et les premiers films de Stephen Frears. Une (fausse) rumeur lui attribuait même la paternité (en tant que réalisateur) de Gumshoe (1971).