4 février 2010

There will be blood (2007) de Paul Thomas Anderson

There Will Be BloodElle :
Impossible de pénétrer dans cet univers étouffant (abandon).
Note : pas d'étoile

Lui :
Dès le début de There will be blood, Paul Thomas Anderson ne ménage pas ses effets pour mettre le spectateur mal à l’aise : climat lourd d’imminence de catastrophe, peu de dialogues, musique dissonante et décalée… Le réalisateur appuie très fort sur la pédale et il le fera durant toute cette histoire de pionnier du pétrole californien afin de le rendre hautement haïssable à nos yeux. Daniel Day-Lewis franchit très souvent la ligne jaune et surjoue inutilement son personnage. En plus (ou du fait) de ce manque de subtilité, l’histoire apparaît plutôt ennuyeuse : ce face à face entre la frénésie de l’argent et le fanatisme religieux manque singulièrement de texture et de matière. Le film s’étire et paraît interminable.
Note : 1 étoile

Acteurs: Daniel Day-Lewis, Paul Dano, Dillon Freasier, David Warshofsky
Voir la fiche du film et la filmographie de Paul Thomas Anderson sur le site IMDB.

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3 février 2010

Tirez sur le pianiste (1960) de François Truffaut

Tirez sur le pianisteElle :
(pas vu)

Lui :
Pour son deuxième long métrage, François Truffaut choisit un univers qu’il a souvent défendu en tant que critique, le film noir américain. Il adapte un roman de Davis Goodis mettant en scène un pianiste de café dont le frère est poursuivi par deux truands. Il va ainsi se retrouver impliqué de force dans une histoire qui ne semble pas être sienne. Truffaut restitue avant tout l’atmosphère des films policiers, avec beaucoup de scènes de nuit, très contrastées. Il amplifie les ruptures de tons du roman, passant ainsi très rapidement d’une forte tension dramatique au burlesque le plus farfelu, souvent au moment où l’on s’y attend le moins. Il ajoute aussi ces discussions sur la vie et surtout sur les femmes, mélange de fascination, d’attirance et de méfiance. Tirez sur le pianiste se situe ainsi tout à fait dans l’esprit de la Nouvelle Vague. Tous ces aspects sont habilement mêlés : ainsi, entre les scènes d’action, les deux truands ne semblent qu’intéressés par de longues discussions sur la vie et les femmes (Tarantino n’a rien inventé…) Charles Aznavour est assez étonnant, il parvient à donner une réelle épaisseur à son personnage timide, fragile, effacé, qui semble subir la vie. On notera aussi la présence d’une rare prestation scénique de Boby Lapointe dans une chanson intégralement montrée (avec sous-titres, s’il vous plait, afin que l’on puisse en saisir au vol tous les jeux de mots).
Note : 3 étoiles

Acteurs: Charles Aznavour, Marie Dubois, Nicole Berger, Michèle Mercier, Serge Davri, Claude Mansard
Voir la fiche du film et la filmographie de François Truffaut sur le site IMDB.

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Remarque :
On peut rapprocher Tirez sur le pianiste du dernier film de François Truffaut, Vivement Dimanche. La démarche est en effet pratiquement la même, le résultat étant bien entendu différent.

1 février 2010

Les sensuels (1957) de Martin Ritt

Titre original : « No down payment »
Autre titre (Belgique) : « L’homme d’en face »

No Down Payment Lui :
Il faut mieux le préciser d’emblée : regarder Les Sensuels après avoir été attiré par le titre français risque de générer une certaine déception. Cette « traduction » est probablement le fait d’un distributeur qui a pris ses désirs pour la réalité… car il n’y a pas une once de sensualité à l’horizon. S’il est indéniablement moins affriolant, le titre original est au moins plus explicite. Il fait référence au système des ventes à crédit : « No down payment » signifie « sans apport initial ». Car c’est bien de cela qu’il s’agit : le film est une peinture sociale de la bourgeoisie moyenne de l’Amérique des années 50, celle qui adhérait si fortement à cet american way of life reposant sur le crédit, où tout est proposé avec no down payment. No Down Payment Nous observons ainsi quatre couples qui viennent de s’installer dans l’une de ces petites villes résidentielles de bon standing qui poussent comme des champignons. Le film montre bien leurs valeurs, leur désir de progression sociale, la pression de l’argent et des conventions, leurs frustrations en cas d’échec et l’impact sur leurs vies personnelles. Il en est presque documentaire, tout en sachant rester prenant et vivant car remarquablement bien interprété par ses huit acteurs principaux. Un peu maladroitement, Martin Ritt ajoute une note dramatique trop appuyée en fin de film, elle semble bien inutile. No Down Payment est un film étonnamment peu connu, une superbe peinture sociale qui ne manque pas d’intensité.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Joanne Woodward, Sheree North, Tony Randall, Jeffrey Hunter, Cameron Mitchell, Patricia Owens, Barbara Rush, Pat Hingle
Voir la fiche du film et la filmographie de Martin Ritt sur le site IMDB.

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Remarque :
L’affiche américaine ci-dessus aurait tendance à montrer que cette volonté de sensualiser l’ensemble viendrait aussi des distributeurs américains. Ce qui est amusant, c’est que le producteur aurait demandé à Martin Ritt d’écarter tous les passages trop intimes du roman de John MacPartland… c’est toute l’ambivalence des studios hollywoodiens.

31 janvier 2010

Sommaire de janvier 2010

AngeLe sport favori de l'hommePanique à l'hôtelLargo WinchVivement dimanche!LazybonesJ.F. partagerait appartementOh! La belle voiture

Ange

(1937) de Ernst Lubitsch

Le sport favori de l’homme

(1964) de Howard Hawks

Panique à l’hôtel

(1938) de William A. Seiter

Largo Winch

(2008) de Jérôme Salle

Vivement dimanche!

(1983) de François Truffaut

Lazybones

(1925) de Frank Borzage

J.F. partagerait appartement

(1992) de Barbet Schroeder

Oh! La belle voiture

(1920) de Hal Roach

Ma fille est somnambuleLa mer cruelleUn soir, un trainC'est arrivé demainThey're a weird mobThe DuchessBumping into BroadwayBilly Blazes, Esq.

Ma fille est somnambule

(1920) de Hal Roach

La mer cruelle

(1953) de Charles Frend

Un soir, un train

(1968) de André Delvaux

C’est arrivé demain

(1944) de René Clair

They’re a weird mob

(1966) de Michael Powell

The Duchess

(2008) de Saul Dibb

Bumping into Broadway

(1919) de Hal Roach

Billy Blazes, Esq.

(1919) de Hal Roach

Le dictateurCharlot policemanDeux nigauds chez les tueursL'enclosStalag 17Arsenic et vieilles dentellesLes parents terriblesCharade

Le dictateur

(1940) de Charles Chaplin

Charlot policeman

(1917) de Charles Chaplin

Deux nigauds chez les tueurs

(1949) de Charles Barton

L’enclos

(1961) de Armand Gatti

Stalag 17

(1953) de Billy Wilder

Arsenic et vieilles dentelles

(1944) de Frank Capra

Les parents terribles

(1948) de Jean Cocteau

Charade

(1963) de Stanley Donen

Le temps d'aimer et le temps de mourirLe passeport jauneLe signe de ZorroBons baisers de BrugesLe meilleur des mondes possible2010, l'année du premier contact

Le temps d’aimer et le temps de mourir

(1958) de Douglas Sirk

Le passeport jaune

(1931) de Raoul Walsh

Le signe de Zorro

(1940) de Rouben Mamoulian

Bons baisers de Bruges

(2008) de Martin McDonagh

Le meilleur des mondes possible

(1973) de Lindsay Anderson

2010, l’année du premier contact

(1984) de Peter Hyams

Nombre de billets : 30

31 janvier 2010

Ange (1937) de Ernst Lubitsch

Titre original : « Angel »

AngeLui :
Sans dévoiler son identité, la femme d’un diplomate anglais fait la rencontre à Paris d’un homme qui tombe amoureux d’elle. Il fait tout pour la retrouver. Angel repose donc sur un classique triangle amoureux mais le ton de Lubitsch est cette fois beaucoup plus grave, sans les grands traits d’humour dans les dialogues ni le rythme très vif qui lui sont coutumiers. L’approche est ici plus subtile, mesurée, tout en retenue. Même s’il semble que Lubitsch n’ait pu parvenir au résultat qu’il souhaitait du fait de dissensions sur le tournage (1), il est tout de même probable que cette approche soit volontaire de sa part. Angel prit tout le monde à contre-pied et même l’incroyable robe toute incrustée de diamants de Marlene Dietrich ne put empêcher le film d’être un échec retentissant. La carrière de Marlene fut sérieusement ébranlée (2). Vu avec le recul, c’est un film qui ne manque pas de charme, il juste savoir qu’il est différent des autres films de Lubitsch, moins spectaculaire certes, mais empreint d’une certaine douceur subtile.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Marlene Dietrich, Herbert Marshall, Melvyn Douglas, Edward Everett Horton, Ernest Cossart
Voir la fiche du film et la filmographie de Ernst Lubitsch sur le site IMDB.

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(1) D’après le livre de sa fille Maria Riva, Marlene Dietrich n’avait dès le départ aucune envie de tourner pour Lubitsch. A la fin du tournage, le réalisateur et l’actrice ne s’adressaient même plus la parole…
(2) En 1938, un sondage auprès des exploitants de salles de cinéma donnait la liste des « épouvantails du Box Office » (Box Office poison). Figuraient en tête de liste Joan Crawford, Bette Davis, Marlene Dietrich, Greta Garbo et Katharine Hepburn. Cette liste fait bien entendu sourire aujourd’hui car c’est pratiquement la liste des cinq plus grandes actrices hollywoodiennes des années trente…
Paramount fit savoir à Marlene Dietrich que son contrat ne serait pas renouvelé. Dépitée, Marlene quitta Hollywood pour plus d’un an.

Homonymes :
Angel de François Ozon (2007) avec Romola Garai et Sam Neill

30 janvier 2010

Le sport favori de l’homme (1964) de Howard Hawks

Titre original : « Man’s favorite sport? »

Le sport favori de l'hommeElle :
(pas vu)

Lui :
Sur une trame très similaire à celle de son Impossible Monsieur Bébé, Howard Hawks nous a concocté une comédie dans la droite ligne des « screwballs » (comédies américaines des années trente). Le sport favori en question est la pêche à la ligne mais ce sont aussi les filles comme nous le précise la chanson du générique de début (on notera d’ailleurs la présence d’un point d’interrogation dans le titre original, subtilité qui a disparu à la traduction). Un vendeur, expert reconnu en pêche à la ligne, est en réalité totalement néophyte en la matière ; il se retrouve forcé de participer à un concours à la suite de l’intervention d’une jeune femme auprès de son patron. Le thème global repose donc bien comme dans les screwballs sur l’opposition des sexes, on retrouve ici le face à face de l’Impossible Monsieur Bébé entre un homme simple, innocent et gauche, et une jeune femme futée qui a tendance à provoquer des catastrophes dans la vie du premier. Sans être parfait, le film comporte de très bons moments, surtout dans ses deux derniers tiers. C’est aussi un film qui gagne à être revu. Une fois de plus, Rock Hudson tire vers le bas, inexpressif, pataud, encore plus balourd que le rôle ne l’exige. Nous sommes hélas très loin d’un Cary Grant. En revanche, face à lui, la jeune Paula Prentiss est pétulante, avec un jeu extrêmement varié ; elle donne au film toute sa vitalité. Les seconds rôles sont plus effacés mais on appréciera un amusant faux indien interprété par Norman Alden. Finalement, avec Le Sport favori de l’homme, Howard Hawks parvient à un ensemble très relevé et surtout amusant, où l’on retrouve à la fois son style et ses thèmes favoris.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Rock Hudson, Paula Prentiss, Maria Perschy, John McGiver, Roscoe Karns, Norman Alden
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Remarque :
Parmi les points communs avec l’Impossible Monsieur Bébé, ou les clins d’oeil, on remarquera entre autres une scène d’accrochage automobile au début (ici l’accrochage est verbal ceci dit) et la scène de la robe déchirée dans le dos à l’entrée d’un restaurant.

29 janvier 2010

Panique à l’hôtel (1938) de William A. Seiter

Titre original : « Room Service »

Room ServiceElle :
(pas vu)

Lui :
Au départ, Room Service était une pièce à (très grand) succès jouée à Broadway. La RKO venait d’en acheter les droits pour une somme plutôt substantielle. Les Marx Brothers, vexés de voir la MGM traîner les pieds pour renouveler leur contrat, acceptèrent le scénario. Ce fut d’ailleurs la première fois où ils jouaient une comédie qu’ils n’avaient pas eux-mêmes écrite. Le résultat est bien décevant. Affublé d’un réalisateur sans imagination (du moins sur ce film, William Seiter est tout de même un ancien de l’équipe Max Sennett), l’ensemble est horriblement statique : 95% du film se déroule dans la même pièce (le film est déconseillé aux claustrophobes). Même si l’on peut être indulgent et se forcer à trouver quelques scènes vraiment amusantes (comme le repas express où Harpo montre qu’il a un sacré coup de fourchette…), il faut bien reconnaître que Panique à l’hôtel est assez poussif, en tout cas bien en dessous du niveau habituel des Marx Brothers. Le fait qu’ils n’aient pas écrit les dialogues nous prive de tous les mots d’esprit habituels…
Note : 2 étoiles

Acteurs: Groucho Marx, Chico Marx, Harpo Marx, Lucille Ball, Ann Miller, Frank Albertson, Donald MacBride
Voir la fiche du film et la filmographie de William A. Seiter sur le site IMDB.

Remarques :
1) Panique à l’hôtel, le film, n’eut que peu de succès. Pour amortir ses frais, la RKO réutilisera ses droits d’adaptation pour produire Step Lively de Tim Whelan (1944), une comédie musicale avec Frank Sinatra.
2) C’est le premier film depuis La Soupe aux canards sans les traditionnels morceaux de piano et de harpe.
3) Ce fut le seul film des Marx Brothers à la RKO. Le contrat avec la MGM fut finalement prolongé. Louis B. Mayer (patron de la MGM) haïssait les Marx Brothers, c’est Irving Thalberg (décédé en 1936) qui les avait fait entrer à la MGM et les deux hommes ne s’aimaient guère.

28 janvier 2010

Largo Winch (2008) de Jérôme Salle

Largo WinchLui :
Largo Winch est une bande dessinée des années quatre-vingt-dix qui avait un certain charme et avait réussi à nous captiver avec un sujet pas bien passionnant à priori : une histoire d’héritier caché d’un grand groupe industriel qui se retrouve, malgré lui, victime de viles manœuvres de luttes de pouvoir. La bande dessinée de Jean Van Hamme et Philippe Francq jouait sur le choc de cultures, un (beau) garçon bourré d’idéaux lâché dans un panier de crabes, le tout saupoudré d’une bonne dose d’aventures. Le film ne parvient bien pas à retrouver cet équilibre. Menée tambour battant, cette histoire devient confuse et finalement pas très intéressante.
Note : 2 étoiles

Acteurs: Tomer Sisley, Kristin Scott Thomas, Miki Manojlovic, Mélanie Thierry, Gilbert Melki, Anne Consigny
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27 janvier 2010

Vivement dimanche! (1983) de François Truffaut

Vivement dimanche!Elle :
Note : 3 étoiles

Lui :
Vingt trois ans après Tirez sur le Pianiste, François Truffaut rend à nouveau hommage au film noir et à la comédie policière. Filmé en noir et blanc, Vivement Dimanche retrace l’enquête d’une secrétaire plutôt débrouillarde pour innocenter son patron accusé de plusieurs meurtres. Les clins d’œil de Truffaut et références sont innombrables, parfois assez appuyés, que ce soit à des classiques américains, français ou encore à lui-même. Vivement Dimanche est aussi un film qui met remarquablement en valeur Fanny Ardant, qui était alors sa compagne. Elle est resplendissante de vitalité et charme. L’histoire en elle-même passe un peu au second plan, le cinéaste se concentrant beaucoup plus sur la forme et c’est ainsi qu’il faut le voir pour apprécier cet amusant hommage au film noir. Vivement Dimanche fut, hélas, le dernier film de François Truffaut.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Fanny Ardant, Jean-Louis Trintignant, Jean-Pierre Kalfon, Philippe Laudenbach, Philippe Morier-Genoud, Caroline Sihol
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26 janvier 2010

Lazybones (1925) de Frank Borzage

LazybonesLui :
(Film muet) Par peur d’annoncer à une mère tyrannique la naissance de son enfant, une jeune femme tente de se suicider. Elle est sauvée par un brave gars surnommé Lazybones en raison de sa paresse chronique (1). Elle lui confie l’enfant et il accepte de garder le secret… Adapté d’un roman d’Owen Davis, l’histoire de Lazybones est poignante, propre à tirer des larmes, mais Frank Borzage adopte cette fois une interprétation assez sobre, pleine de cette atmosphère champêtre de l’Amérique profonde. On peut juste noter une pointe un peu appuyée due au jeu de Zasu Pitts, actrice étonnante qui a toujours une très forte expressivité avec ses yeux écarquillés et son jeu tourmenté Lazybones (actrice que l’on connaît mieux par ses films tournés avec Erich von Stroheim). Le scénario est solidement construit, Frank Borzage sachant en tirer l’essentiel pour créer de beaux moments d’émotions. Jolis gros plans. Lazybones est le premier film que Frank Borzage tourna après être passé à la Fox. C’est un très beau film.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Buck Jones, Zasu Pitts, Madge Bellamy, Leslie Fenton, Jane Novak
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(1) Lazy-bones = gros fainéant (lazy=paresseux et bone=os)