9 février 2010

Blonde Vénus (1932) de Josef von Sternberg

Titre original : « Blonde Venus »

Blonde VénusLui :
Une ex-chanteuse de cabaret accepte de reprendre son ancien métier pour pouvoir payer une cure qui peut sauver son mari gravement atteint par des rayons X. Entretenue par un jeune et riche protecteur, elle doit fuir pour pouvoir rester avec son enfant lorsque revient le mari. L’histoire est à la base assez faible, peu crédible même. Sternberg voyait là surtout un moyen de montrer Marlene Dietrich, dont il était amoureux, sous plusieurs visages et aussi de lui donner une vraie dimension d’acrice dramatique : elle est ainsi tour à tour naïade nue, épouse parfaite, mère dévouée d’un jeune garçon, femme fatale, prostituée, meneuse de revue, riche élégante, fauchée au bout du rouleau, etc… C’est certainement un peu beaucoup pour un seul film et l’ensemble paraît inévitablement plutôt décousu. Blonde Venus est marqué par deux grands numéros musicaux de Marlene : Hot Voodoo où, déguisée en gorille, elle retire sa combinaison (contraste étonnant quand apparaissent ses mains) et enfile une perruque à la Harpo Marx… et I could not be annoyed où Sternberg joue à nouveau sur l’ambiguïté des sexes, dans un registre beaucoup plus élégant que pour l’Ange Bleu puisque Marlene Dietrich a un superbe smoking blanc avec haut de forme de la même couleur. Cela ne suffît pas : Blonde Venus n’eut aucun succès. On peut supposer que la vision de Marlene Dietrich en ménagère dérouta le public… A noter la présence d’un jeune acteur dans son premier grand rôle, Cary Grant.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Marlene Dietrich, Herbert Marshall, Cary Grant, Dickie Moore
Voir la fiche du film et la filmographie de Josef von Sternberg sur le site IMDB.

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Blonde Vénus Remarques:
1) En plus de jouer son rôle, Cary Grant vendait des chemises sur le plateau pour arrondir ses fins de mois. « Il est si charmant que tout le monde lui en achète » précise Marlene Dietrich. Cary Grant avait été découvert par Mae West qui était, elle aussi, sous contrat à la Paramount.

2) La fille de Marlene Dietrich raconte que c’est elle-même qui avait suggéré à sa mère de faire briller les revers du smoking pour qu’ils ressortent sur le blanc. Elle avait alors à peine 8 ans. « Le début d’une longue collaboration » ajoute-t-elle (Marlene Dietrich concevait elle-même beaucoup de ses robes).

3) La scène d’ouverture où l’on voit six jeunes baigneuses (dont Marlene Dietrich) entièrement nues, imparfaitement masquées par les branches d’un saule pleureur, est étonnante. Elle a beau rester assez chaste, elle n’aurait probablement pas passé la censure du Code Hays ne serait-ce que deux ans plus tard. C’est en tout cas une scène extrêmement poétique pour du Sternberg.

4) Fait suffisamment rare pour être noté, l’excellent et séduisant acteur anglais Herbert Marshall était unijambiste, ce qui n’est le plus souvent guère visible à l’écran, tout au plus remarque-t-on qu’il boîte.

8 février 2010

Le fleuve sauvage (1960) de Elia Kazan

Titre original : « Wild River »

Le fleuve sauvageElle :
(pas vu)

Lui :
Dans les années trente, au moment de la construction de grands barrages sur le fleuve Tennessee surnommé « le fleuve sauvage » à cause de ses crues fréquentes et meurtrières, un jeune ingénieur est chargé par l’Administration d’aller convaincre une vieille femme qui refuse de vendre sa terre. Il s’agit en réalité d’une petite île sur laquelle elle vit avec sa famille et de nombreux ouvriers agricoles noirs. Dans cet affrontement entre l’intérêt collectif et l’individualisme, le plus étonnant est qu’Elia Kazan ne prend pas partie. Il ne prend, en tout cas, certainement pas le chemin que l’on pensait le voir prendre (il a souvent mis en avant des personnages forts et un certain individualisme). Le Fleuve Sauvage est ainsi un film complexe. Il est avant tout profondément humaniste. Le personnage principal, brillamment interprété par Montgomery Clift, peut paraître fade au tout premier abord mais révèle ensuite une profondeur étonnante. Très belle interprétation également de Lee Remick qui montre beaucoup de présence à l’écran tout en ayant un jeu assez retenu. Il y a aussi dans Le Fleuve Sauvage un lyrisme peu coutumier au réalisateur, lyrisme inspiré par cette nature sauvage qui semble l’inspirer. Le film déconcerta le public à sa sortie. Il reste aujourd’hui encore mal connu, assez injustement.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Montgomery Clift, Lee Remick, Jo Van Fleet, Albert Salmi, Frank Overton
Voir la fiche du film et la filmographie de Elia Kazan sur le site IMDB.

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5 février 2010

Katyn (2007) de Andrzej Wajda

KatynElle :
Un témoignage bouleversant sur une tragédie de la Seconde Guerre mondiale qui n’est toujours pas pleinement reconnue, un film dénonçant la barbarie humaine et la falsification de la vérité.
Note : 3 étoiles

Lui :
Au printemps 1940, dans la forêt de Katyn, l’armée soviétique exécute des milliers d’officiers polonais qu’ils avaient fait prisonniers quelques mois plus tôt. Les charniers seront découverts plus tard par les allemands qui les utiliseront pour leur propagande. De leur côté, les soviétiques attribueront la responsabilité du massacre aux allemands (1). Avec ce film, Andrzej Wajda tient à rétablir une vérité, vérité qui le touche de près puisque son propre père fait partie des officiers exécutés à Katyn. Il nous fait revivre cette période par les yeux de trois femmes d’officiers, pendant et après la guerre. Son film montre à quel point le peuple polonais était pris en étau entre allemands et soviétiques, il montre que les méthodes soviétiques n’avaient hélas rien à envier aux méthodes nazies, il montre enfin que la falsification de la vérité est un outil courant de propagande. Wajda ne s’étend pas en revanche sur les motivations des soviétiques, motivations qui n’étaient pas, bien évidemment, purement militaires mais aussi idéologiques (ces officiers assassinés étaient majoritairement issus de la bourgeoisie). Le film bénéficie d’une réalisation parfaitement maîtrisée. Si l’on peut reprocher à Wajda une certaine confusion dans la présentation des personnages et une utilisation parfois excessive de la caméra à l’épaule, ces reproches paraissent bien futiles et secondaires en regard du sujet traité : tout en étant très facilement abordable, Katyn fait partie de ces films dont l’importance et la portée dépassent largement le cadre pur du cinéma car cette page d’Histoire n’est pas encore totalement écrite.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Andrzej Chyra, Maja Ostaszewska, Artur Zmijewski, Danuta Stenka
Voir la fiche du film et la filmographie de Andrzej Wajda sur le site IMDB.

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(1) Le Massacre de Katyn sera largement utilisé par Staline et les régimes soviétiques suivants comme symbole de la lutte contre la barbarie. Il faudra attendre 1990 pour que Mikhaïl Gorbatchev reconnaisse la responsabilité soviétique dans ce massacre. Cependant, la Tragédie de Katyn est toujours l’objet de polémiques à propos de sa reconnaissance, cette tragédie n’étant toujours pas qualifiée de « crime contre l’humanité ». Une demande polonaise reste en suspens.

4 février 2010

There will be blood (2007) de Paul Thomas Anderson

There Will Be BloodElle :
Impossible de pénétrer dans cet univers étouffant (abandon).
Note : pas d'étoile

Lui :
Dès le début de There will be blood, Paul Thomas Anderson ne ménage pas ses effets pour mettre le spectateur mal à l’aise : climat lourd d’imminence de catastrophe, peu de dialogues, musique dissonante et décalée… Le réalisateur appuie très fort sur la pédale et il le fera durant toute cette histoire de pionnier du pétrole californien afin de le rendre hautement haïssable à nos yeux. Daniel Day-Lewis franchit très souvent la ligne jaune et surjoue inutilement son personnage. En plus (ou du fait) de ce manque de subtilité, l’histoire apparaît plutôt ennuyeuse : ce face à face entre la frénésie de l’argent et le fanatisme religieux manque singulièrement de texture et de matière. Le film s’étire et paraît interminable.
Note : 1 étoile

Acteurs: Daniel Day-Lewis, Paul Dano, Dillon Freasier, David Warshofsky
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3 février 2010

Tirez sur le pianiste (1960) de François Truffaut

Tirez sur le pianisteElle :
(pas vu)

Lui :
Pour son deuxième long métrage, François Truffaut choisit un univers qu’il a souvent défendu en tant que critique, le film noir américain. Il adapte un roman de Davis Goodis mettant en scène un pianiste de café dont le frère est poursuivi par deux truands. Il va ainsi se retrouver impliqué de force dans une histoire qui ne semble pas être sienne. Truffaut restitue avant tout l’atmosphère des films policiers, avec beaucoup de scènes de nuit, très contrastées. Il amplifie les ruptures de tons du roman, passant ainsi très rapidement d’une forte tension dramatique au burlesque le plus farfelu, souvent au moment où l’on s’y attend le moins. Il ajoute aussi ces discussions sur la vie et surtout sur les femmes, mélange de fascination, d’attirance et de méfiance. Tirez sur le pianiste se situe ainsi tout à fait dans l’esprit de la Nouvelle Vague. Tous ces aspects sont habilement mêlés : ainsi, entre les scènes d’action, les deux truands ne semblent qu’intéressés par de longues discussions sur la vie et les femmes (Tarantino n’a rien inventé…) Charles Aznavour est assez étonnant, il parvient à donner une réelle épaisseur à son personnage timide, fragile, effacé, qui semble subir la vie. On notera aussi la présence d’une rare prestation scénique de Boby Lapointe dans une chanson intégralement montrée (avec sous-titres, s’il vous plait, afin que l’on puisse en saisir au vol tous les jeux de mots).
Note : 3 étoiles

Acteurs: Charles Aznavour, Marie Dubois, Nicole Berger, Michèle Mercier, Serge Davri, Claude Mansard
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Remarque :
On peut rapprocher Tirez sur le pianiste du dernier film de François Truffaut, Vivement Dimanche. La démarche est en effet pratiquement la même, le résultat étant bien entendu différent.

1 février 2010

Les sensuels (1957) de Martin Ritt

Titre original : « No down payment »
Autre titre (Belgique) : « L’homme d’en face »

No Down Payment Lui :
Il faut mieux le préciser d’emblée : regarder Les Sensuels après avoir été attiré par le titre français risque de générer une certaine déception. Cette « traduction » est probablement le fait d’un distributeur qui a pris ses désirs pour la réalité… car il n’y a pas une once de sensualité à l’horizon. S’il est indéniablement moins affriolant, le titre original est au moins plus explicite. Il fait référence au système des ventes à crédit : « No down payment » signifie « sans apport initial ». Car c’est bien de cela qu’il s’agit : le film est une peinture sociale de la bourgeoisie moyenne de l’Amérique des années 50, celle qui adhérait si fortement à cet american way of life reposant sur le crédit, où tout est proposé avec no down payment. No Down Payment Nous observons ainsi quatre couples qui viennent de s’installer dans l’une de ces petites villes résidentielles de bon standing qui poussent comme des champignons. Le film montre bien leurs valeurs, leur désir de progression sociale, la pression de l’argent et des conventions, leurs frustrations en cas d’échec et l’impact sur leurs vies personnelles. Il en est presque documentaire, tout en sachant rester prenant et vivant car remarquablement bien interprété par ses huit acteurs principaux. Un peu maladroitement, Martin Ritt ajoute une note dramatique trop appuyée en fin de film, elle semble bien inutile. No Down Payment est un film étonnamment peu connu, une superbe peinture sociale qui ne manque pas d’intensité.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Joanne Woodward, Sheree North, Tony Randall, Jeffrey Hunter, Cameron Mitchell, Patricia Owens, Barbara Rush, Pat Hingle
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Remarque :
L’affiche américaine ci-dessus aurait tendance à montrer que cette volonté de sensualiser l’ensemble viendrait aussi des distributeurs américains. Ce qui est amusant, c’est que le producteur aurait demandé à Martin Ritt d’écarter tous les passages trop intimes du roman de John MacPartland… c’est toute l’ambivalence des studios hollywoodiens.

31 janvier 2010

Sommaire de janvier 2010

AngeLe sport favori de l'hommePanique à l'hôtelLargo WinchVivement dimanche!LazybonesJ.F. partagerait appartementOh! La belle voiture

Ange

(1937) de Ernst Lubitsch

Le sport favori de l’homme

(1964) de Howard Hawks

Panique à l’hôtel

(1938) de William A. Seiter

Largo Winch

(2008) de Jérôme Salle

Vivement dimanche!

(1983) de François Truffaut

Lazybones

(1925) de Frank Borzage

J.F. partagerait appartement

(1992) de Barbet Schroeder

Oh! La belle voiture

(1920) de Hal Roach

Ma fille est somnambuleLa mer cruelleUn soir, un trainC'est arrivé demainThey're a weird mobThe DuchessBumping into BroadwayBilly Blazes, Esq.

Ma fille est somnambule

(1920) de Hal Roach

La mer cruelle

(1953) de Charles Frend

Un soir, un train

(1968) de André Delvaux

C’est arrivé demain

(1944) de René Clair

They’re a weird mob

(1966) de Michael Powell

The Duchess

(2008) de Saul Dibb

Bumping into Broadway

(1919) de Hal Roach

Billy Blazes, Esq.

(1919) de Hal Roach

Le dictateurCharlot policemanDeux nigauds chez les tueursL'enclosStalag 17Arsenic et vieilles dentellesLes parents terriblesCharade

Le dictateur

(1940) de Charles Chaplin

Charlot policeman

(1917) de Charles Chaplin

Deux nigauds chez les tueurs

(1949) de Charles Barton

L’enclos

(1961) de Armand Gatti

Stalag 17

(1953) de Billy Wilder

Arsenic et vieilles dentelles

(1944) de Frank Capra

Les parents terribles

(1948) de Jean Cocteau

Charade

(1963) de Stanley Donen

Le temps d'aimer et le temps de mourirLe passeport jauneLe signe de ZorroBons baisers de BrugesLe meilleur des mondes possible2010, l'année du premier contact

Le temps d’aimer et le temps de mourir

(1958) de Douglas Sirk

Le passeport jaune

(1931) de Raoul Walsh

Le signe de Zorro

(1940) de Rouben Mamoulian

Bons baisers de Bruges

(2008) de Martin McDonagh

Le meilleur des mondes possible

(1973) de Lindsay Anderson

2010, l’année du premier contact

(1984) de Peter Hyams

Nombre de billets : 30

31 janvier 2010

Ange (1937) de Ernst Lubitsch

Titre original : « Angel »

AngeLui :
Sans dévoiler son identité, la femme d’un diplomate anglais fait la rencontre à Paris d’un homme qui tombe amoureux d’elle. Il fait tout pour la retrouver. Angel repose donc sur un classique triangle amoureux mais le ton de Lubitsch est cette fois beaucoup plus grave, sans les grands traits d’humour dans les dialogues ni le rythme très vif qui lui sont coutumiers. L’approche est ici plus subtile, mesurée, tout en retenue. Même s’il semble que Lubitsch n’ait pu parvenir au résultat qu’il souhaitait du fait de dissensions sur le tournage (1), il est tout de même probable que cette approche soit volontaire de sa part. Angel prit tout le monde à contre-pied et même l’incroyable robe toute incrustée de diamants de Marlene Dietrich ne put empêcher le film d’être un échec retentissant. La carrière de Marlene fut sérieusement ébranlée (2). Vu avec le recul, c’est un film qui ne manque pas de charme, il juste savoir qu’il est différent des autres films de Lubitsch, moins spectaculaire certes, mais empreint d’une certaine douceur subtile.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Marlene Dietrich, Herbert Marshall, Melvyn Douglas, Edward Everett Horton, Ernest Cossart
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(1) D’après le livre de sa fille Maria Riva, Marlene Dietrich n’avait dès le départ aucune envie de tourner pour Lubitsch. A la fin du tournage, le réalisateur et l’actrice ne s’adressaient même plus la parole…
(2) En 1938, un sondage auprès des exploitants de salles de cinéma donnait la liste des « épouvantails du Box Office » (Box Office poison). Figuraient en tête de liste Joan Crawford, Bette Davis, Marlene Dietrich, Greta Garbo et Katharine Hepburn. Cette liste fait bien entendu sourire aujourd’hui car c’est pratiquement la liste des cinq plus grandes actrices hollywoodiennes des années trente…
Paramount fit savoir à Marlene Dietrich que son contrat ne serait pas renouvelé. Dépitée, Marlene quitta Hollywood pour plus d’un an.

Homonymes :
Angel de François Ozon (2007) avec Romola Garai et Sam Neill

30 janvier 2010

Le sport favori de l’homme (1964) de Howard Hawks

Titre original : « Man’s favorite sport? »

Le sport favori de l'hommeElle :
(pas vu)

Lui :
Sur une trame très similaire à celle de son Impossible Monsieur Bébé, Howard Hawks nous a concocté une comédie dans la droite ligne des « screwballs » (comédies américaines des années trente). Le sport favori en question est la pêche à la ligne mais ce sont aussi les filles comme nous le précise la chanson du générique de début (on notera d’ailleurs la présence d’un point d’interrogation dans le titre original, subtilité qui a disparu à la traduction). Un vendeur, expert reconnu en pêche à la ligne, est en réalité totalement néophyte en la matière ; il se retrouve forcé de participer à un concours à la suite de l’intervention d’une jeune femme auprès de son patron. Le thème global repose donc bien comme dans les screwballs sur l’opposition des sexes, on retrouve ici le face à face de l’Impossible Monsieur Bébé entre un homme simple, innocent et gauche, et une jeune femme futée qui a tendance à provoquer des catastrophes dans la vie du premier. Sans être parfait, le film comporte de très bons moments, surtout dans ses deux derniers tiers. C’est aussi un film qui gagne à être revu. Une fois de plus, Rock Hudson tire vers le bas, inexpressif, pataud, encore plus balourd que le rôle ne l’exige. Nous sommes hélas très loin d’un Cary Grant. En revanche, face à lui, la jeune Paula Prentiss est pétulante, avec un jeu extrêmement varié ; elle donne au film toute sa vitalité. Les seconds rôles sont plus effacés mais on appréciera un amusant faux indien interprété par Norman Alden. Finalement, avec Le Sport favori de l’homme, Howard Hawks parvient à un ensemble très relevé et surtout amusant, où l’on retrouve à la fois son style et ses thèmes favoris.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Rock Hudson, Paula Prentiss, Maria Perschy, John McGiver, Roscoe Karns, Norman Alden
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Remarque :
Parmi les points communs avec l’Impossible Monsieur Bébé, ou les clins d’oeil, on remarquera entre autres une scène d’accrochage automobile au début (ici l’accrochage est verbal ceci dit) et la scène de la robe déchirée dans le dos à l’entrée d’un restaurant.

29 janvier 2010

Panique à l’hôtel (1938) de William A. Seiter

Titre original : « Room Service »

Room ServiceElle :
(pas vu)

Lui :
Au départ, Room Service était une pièce à (très grand) succès jouée à Broadway. La RKO venait d’en acheter les droits pour une somme plutôt substantielle. Les Marx Brothers, vexés de voir la MGM traîner les pieds pour renouveler leur contrat, acceptèrent le scénario. Ce fut d’ailleurs la première fois où ils jouaient une comédie qu’ils n’avaient pas eux-mêmes écrite. Le résultat est bien décevant. Affublé d’un réalisateur sans imagination (du moins sur ce film, William Seiter est tout de même un ancien de l’équipe Max Sennett), l’ensemble est horriblement statique : 95% du film se déroule dans la même pièce (le film est déconseillé aux claustrophobes). Même si l’on peut être indulgent et se forcer à trouver quelques scènes vraiment amusantes (comme le repas express où Harpo montre qu’il a un sacré coup de fourchette…), il faut bien reconnaître que Panique à l’hôtel est assez poussif, en tout cas bien en dessous du niveau habituel des Marx Brothers. Le fait qu’ils n’aient pas écrit les dialogues nous prive de tous les mots d’esprit habituels…
Note : 2 étoiles

Acteurs: Groucho Marx, Chico Marx, Harpo Marx, Lucille Ball, Ann Miller, Frank Albertson, Donald MacBride
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Remarques :
1) Panique à l’hôtel, le film, n’eut que peu de succès. Pour amortir ses frais, la RKO réutilisera ses droits d’adaptation pour produire Step Lively de Tim Whelan (1944), une comédie musicale avec Frank Sinatra.
2) C’est le premier film depuis La Soupe aux canards sans les traditionnels morceaux de piano et de harpe.
3) Ce fut le seul film des Marx Brothers à la RKO. Le contrat avec la MGM fut finalement prolongé. Louis B. Mayer (patron de la MGM) haïssait les Marx Brothers, c’est Irving Thalberg (décédé en 1936) qui les avait fait entrer à la MGM et les deux hommes ne s’aimaient guère.