19 mai 2010

Le massacre de Fort Apache (1948) de John Ford

Titre original : « Fort Apache »

Le massacre de Fort ApacheLui :
Premier film de la trilogie de John Ford sur la cavalerie (1), Le Massacre de Fort Apache retrace la défaite du Général Custer à Little Big Horn. John Ford s’attache à la réalité historique, du moins une version de celle-ci (2), tout au plus déplace t-il la scène un peu plus au sud en la plaçant dans le décor majestueux de Monument Valley, son décor préféré. C’est d’ailleurs la beauté des images qui frappent en premier, perfection dans le cadrage, la composition et la position de la caméra. Certains plans vous coupent le souffle par leur perfection. Cette maestria frappe d’autant plus que John Ford entrait alors dans une période où il avait atteint une simplicité qui fait fantasmer tous les réalisateurs depuis 50 ans : c’est parfait et évident. On retrouve cette simplicité dans le déroulement du récit et dans les dialogues, aucune scène ne semble superflue. Sur le fond, John Ford rétablit « la vérité » sur la fin de Custer tout en justifiant son édulcoration : nous avons besoin de héros (3). Avec Le Massacre de Fort Apache, il redonne aussi aux indiens une dignité dans le sens où leur combat nous est montré comme étant légitime, justifié par les faits, pendant que Custer est dépeint comme un raciste et sans respect de la parole donnée. Au final, si on peut, bien entendu, être effarouché par les grandes valeurs d’exaltation véhiculées, Le Massacre de Fort Apache n’en est pas moins un film quasiment parfait par sa force et son évidence.
Note : 5 étoiles

Acteurs: John Wayne, Henry Fonda, Shirley Temple, Pedro Armendáriz, Ward Bond, George O’Brien
Voir la fiche du film et la filmographie de John Ford sur le site IMDB.
Voir les autres films de John Ford chroniqués sur ce blog…

(1) Trilogie sur la cavalerie par John Ford :
Le Massacre de Fort Apache (Fort Apache) (1948)
La Charge Héroïque (She wore a yellow ribbon) (1949)
Rio Grande (1951)
(2) Le sujet fait toujours couler beaucoup d’encre. Plusieurs théories s’affrontent. John Ford adopte celle où c’est l’aveuglement de Custer qui l’a conduit à la défaite.
(3) Cette fin fait penser à celle de l’Homme qui tua Liberty Valance qu’il tournera 13 ans plus tard où le patron de presse dit : « Quand la légende devient si réelle, il faut imprimer la légende » (« When the legend becomes fact, print the legend. »)

18 mai 2010

Le mystère du château noir (1952) de Nathan Juran

Titre original : « The black castle »

Le mystère du château noirLui :
Un intrépide anglais se fait inviter chez un comte qui a fait disparaître deux de ses amis, afin de le démasquer et le faire juger. Le Mystère du Château Noir a tout ce qu’il faut pour nous offrir une atmosphère gothique à souhait : l’époque, le XVIIIe siècle, un château isolé en pleine Forêt-Noire à l’atmosphère épaisse avec portes dérobées, cachots et mécanismes, une chasse au léopard (très bien faite, juste un peu trop courte) dont l’ambiance n’est pas sans rappeler Les Chasses du Comte Zaroff, des crocodiles qui ne semblent pas manger tous les jours, des cercueils, des poisons, un serviteur muet et difforme, homme à vraiment tout faire (surtout le pire), une belle et candide comtesse… la panoplie semble complète mais contrairement à ce que l’on pourrait croire à la lecture de cette liste, le film n’est pas un fourre-tout, tous ces éléments sont à leur juste place et sans excès. Boris Karloff, cette fois, ne joue pas le rôle du méchant mais au contraire désapprouve celui-ci. Son rôle est toutefois assez effacé. L’ensemble est vraiment crédible. Le scénario aurait sans doute gagné à être développé davantage. Le Mystère du Château Noir est surtout un film d’atmosphère, réalisé dans le style des productions Universal des années 30 et 40. C’est réussi.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Richard Greene, Boris Karloff, Stephen McNally, Rita Corday, Lon Chaney Jr.
Voir la fiche du film et la filmographie de Nathan Juran sur le site IMDB.

17 mai 2010

Little Odessa (1994) de James Gray

Little OdessaElle :
Un premier film d’une grande maturité pour le jeune réalisateur de 25 ans qu’est James Gray en 1994. Un film d’une grande intensité visuelle, dramatique et sensorielle. Le côté polar n’est qu’un des aspects du film; il permet de naviguer dans le sombre Brooklyn de la mafia russe et d’analyser les relations familiales complexes qui unissent les personnages de cette famille au bord de la destruction. En ce sens, le film est âpre, sépulcral, émouvant aussi car les personnages retrouvent de temps à autre des éclairs d’humanité bien qu’ils courent à leur perte. La mort rôde dans chaque plan. Le format cinémascope met en relief la grande beauté des espaces enneigés et désolés de New-York, la solitude des personnages, les rues dans la pénombre. Chaque plan est une magnifique photo.
Note : 5 étoiles

Lui :
A 25 ans, James Gray réalise un premier film vraiment étonnant qui mêle habilement plusieurs genres. A un simple thriller, un tueur à gages forcé de revenir dans son quartier natal pour un contrat, il donne une profondeur remarquable en montrant les relations complexes qu’il entretient avec sa famille. Rancoeurs, haine, connivence, amour, tous les sentiments semblent être réunis au sein de cette famille écartelée. James Grays fait preuve d’une grande maitrise dans tous les aspects de la réalisation de Little Odessa, le plus enthousiasmant étant probablement la qualité graphique de ses plans et sa façon d’utiliser merveilleusement le format large de l’image cinéma. Le montage est assez doux, malgré le thème assez sombre, utilisant des plans assez longs mais jamais avec excès. Le cinéma de James Gray possède également une force, amplifiée par un beau jeu d’acteurs : ce n’est guère étonnant de Vanessa Redgrave mais cela l’est plus de Tim Roth ou Edward Furlong qui sont des acteurs dont le jeu est généralement plus inégal. Little Odessa forme un ensemble complet, complexe et parfaitement maitrisé.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Tim Roth, Edward Furlong, Vanessa Redgrave, Maximilian Schell, Moira Kelly
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16 mai 2010

L’homme qui rétrécit (1957) de Jack Arnold

Titre original : « The incredible shrinking man »

L'homme qui rétrécitLui :
L’homme qui rétrécit est l’un des films de science-fiction les plus remarquables de la décennie des années cinquante (à laquelle on doit plusieurs des plus belles perles du genre). Richard Matheson a écrit lui-même l’adaptation de son second roman de science-fiction (1), l’histoire d’un homme qui rétrécit après avoir traversé un nuage d’insecticide radioactif. Au-delà des trompe-l’œil et des effets spéciaux, remarquables pour l’époque, le film possède une dimension psychologique, l’influence de cette infirmité sur les rapports affectifs et sociaux, une dimension philosophique, puisque qu’il aborde les notions de l’existence de l’Homme et de sa place dans l’univers, et aussi un aspect écologique avec la crainte de l’énergie atomique et cette notion que l’homme doit redéfinir sa place. Toute la seconde partie du film se déroule presque sans parole, seule une voix off nous fait partager les angoisses et raisonnements du héros, ce qui rend le film très intense, une tension qui monte pour ne plus se relâcher. La fin est étonnante, totalement ouverte, très audacieuse pour le Hollywood de cette époque. Un très beau film qui, hélas, ne va pas échapper à l’épidémie du remake (2).
Note : 5 étoiles

Acteurs: Grant Williams, Randy Stuart, April Kent, Paul Langton
Voir la fiche du film et la filmographie de Jack Arnold sur le site IMDB.

(1) Le premier roman de science-fiction de Richard Matheson est Je suis une Légende qui sera adapté plusieurs fois au grand écran (dont deux fois par Hollywood).
(2) Un remake de L’homme qui rétrécit est prévu pour 2012, réalisé par Brett Ratner (Rush Hour) avec… Eddie Murphy. Au moins, il ne cherchera probablement pas à copier l’original… (nota: il ne s’est finalement pas fait)

15 mai 2010

La bataille du rail (1946) de René Clément

La bataille du railLui :
Premier film de René Clément, La Bataille du Rail était à l’origine un court métrage commandé par le CNR (Conseil National de la Résistance) au lendemain de la Libération. Les premières épreuves furent jugées si intéressantes qu’il fut décidé d’en faire un long métrage. La Bataille du Rail se présente en premier non comme une fiction mais comme un document, montrant les actions de la Résistance et de nombreux cheminots anonymes au moment du débarquement des forces alliées. L’art de René Clément est d’impliquer le spectateur et de nous faire adhérer totalement sans jamais utiliser le sentimentalisme ou le spectaculaire gratuit. En tant que premier grand film sur la Résistance, La Bataille du Rail définit de facto un certain nombre de codes que suivront bon nombre de films sur le sujet. L’image d’une résistance pratiquée par tous les français répondait un besoin légitime de glorification immédiate, au lendemain de la Libération. Le film fut tourné en grande partie avec des acteurs non professionnels, en utilisant des balles réelles (les plus faciles à se procurer). Ses scènes les plus fortes restent marquées durablement dans les esprits : l’exécution des otages, l’attaque du train blindé et le déraillement de l’Apfelkern, reconstitué avec un train réel et filmé par trois caméras. Le film garde ainsi toute sa force soixante-cinq ans plus tard.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Jacques Desagneaux, Tony Laurent, Robert Le Ray
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Remarques :
Le film fut primé à Cannes en 1946 mais ne fut que très peu distribué à l’étranger, ce qui explique sa faible notoriété hors de France.

14 mai 2010

Les ailes pourpres – Le mystère des flamants (2008) de Matthew Aeberhard et Leander Ward

Titre original : « The Crimson Wing: Mystery of the Flamingos »

Les ailes pourpres - Le mystère des flamantsElle :
Le lac Natron en Tanzanie, un lac fascinant en permanente métamorphose tant sur le plan des couleurs que des éléments qui le composent … un volcan qui crache des cendres au-dessus du lac et une eau de source particulière qui descend de la montagne … cela suffit à créer un univers hors du commun qui permet, à la saison des pluies, aux flamants roses de se reproduire par centaines de milliers malgré des conditions de vie extrêmes : il y fait très chaud et la concentration en sel est tellement élevée qu’il recouvre le lac d’une croute. Les flamants roses se nourrissent d’algues rouges uniques qui donnent ce beau pigment à leur plumage. Les prises de vues sont époustouflantes de beauté, les atmosphères de brumes et de reflets extraordinaires. On assiste à d’étonnantes parades amoureuses, à la nidification, à la naissance puis à l’envol. Un film-documentaire à grand spectacle pour un grand bain de nature.
Note : 4 étoiles

Lui :
Des images belles et étonnantes, toute la magie de la Nature à l’œuvre. Cette production Disney Nature (nouvelle société de production basée à Paris) bénéficie d’une réalisation, artistique et technique, parfaite. Le commentaire sait heureusement rester assez discret mais part parfois dans des digressions inutiles pour forcer l’émerveillement. Les Ailes Pourpres est un ravissement pour l’œil.
Note : 4 étoiles

Acteurs: (voix)  Zabou Breitman, Mariella Frostrup
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13 mai 2010

Coco avant Chanel (2009) de Anne Fontaine

Coco avant ChanelElle :
Je me suis laissée entraînée avec plaisir dans l’univers de la Belle Epoque aux côtés de cette femme attachante et téméraire qui transgresse les conventions et codes de la bienséance. Face au machisme des hommes qui détiennent le pouvoir et l’argent, elle revendique sa liberté de vie, son désir de travailler et son indépendance avec courage et ténacité. Le jeu d’Audrey Tautou est délicat et convaincant. Anne Fontaine parvient à bien faire passer l’importance de l’influence de Coco Chanel sur une société corsetée et des codes vestimentaires dépassés. Les femmes de cette époque étaient bridées dans leur corps, leurs vêtements, leur tête et contraintes de dépendre de leurs amants ou de leurs maris sur le plan financier car elles ne travaillaient pas.
Note : 4 étoiles

Lui :
Coco avant Chanel nous fait découvrir la jeune créatrice avant qu’elle ne crée sa maison de couture. D’abord chanteuse, elle vit ensuite chez son protecteur, Etienne Balsan et manifeste une liberté d’esprit peu courante à son époque. Audrey Tautou est assez convaincante dans ce rôle de femme anticonformiste et déterminée, montrant ainsi une profondeur inhabituelle pour l’actrice. L’histoire, qui paraît quelque peu romancée, n’échappe pas aux conventions du genre mais le film d’Anne Fontaine est plutôt réussi. Un film plaisant.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Audrey Tautou, Benoît Poelvoorde, Alessandro Nivola, Marie Gillain, Emmanuelle Devos
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12 mai 2010

La fièvre de l’or noir (1942) de Lewis Seiler

Titre original : « Pittsburgh »

La fièvre de l'or noirLui :
Tourné en 1942, peu après l’attaque de Pearl Harbour, La Fièvre de l’Or Noir est en premier destiné à exalter le patriotisme et servir l’effort de guerre. L’or noir dont il est question, c’est le charbon. Le film retrace l’ascension de deux copains (John Wayne et Randolph Scott), jeunes mineurs sans le sou mais audacieux, qui vont se retrouver à la tête d’un complexe industriel du charbon et de l’acier. Ils sont aiguillonnés par le désir de se faire valoir aux yeux d’une femme (Marlene Dietrich) dont ils sont tous deux amoureux. C’est le rêve américain dans toute sa splendeur… sachant que toutes les querelles et tensions vont être écartées pour soutenir l’effort de guerre. L’histoire en elle-même est sans suspense ni surprises, puisque le film nous donne le dénouement dès les premières minutes. L’intérêt est plutôt sur la nature des relations entre les trois acteurs principaux, trio qui avait déjà réuni quelques mois plus tôt dans The Spoilers (Les écumeurs), l’électricité entre John Wayne et Marlene Dietrich étant attisée par leurs relations personnelles (1). Sans la présence et le charme de ces trois acteurs, La Fièvre de l’Or Noir, par ailleurs très conventionnel, aurait certainement été oublié.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Marlene Dietrich, Randolph Scott, John Wayne, Frank Craven, Louise Allbritton
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(1) Marlene Dietrich est célèbre pour ses aventures multiples et notamment pour avoir eu une liaison avec tous ses partenaires masculins. Tous ?… non, pas John Wayne qui n’a jamais succombé malgré tous les efforts déployés par l’actrice pendant les trois films qu’ils firent ensemble. Marlene Dietrich en est restée furieuse après lui et a inventé tout un tas d’histoires sur son compte. Commentaire (ultérieur) de l’intéressé : « Je n’ai jamais aimé faire partie d’une écurie… ». Commentaire (ultérieur) de l’intéressée : « Les cowboys… ces grands échalas comme Cooper et Wayne, ils sont tous pareils… Tout ce qu’ils savent faire c’est faire cliqueter leurs éperons, marmonner  » ‘Jour, m’dame » et se taper leurs chevaux ! »

11 mai 2010

Missouri Breaks (1976) de Arthur Penn

Titre original : « The Missouri Breaks »

Missouri BreaksLui :
Près de la frontière canadienne, l’un des membres d’une petite bande de voleurs de chevaux s’installe près d’un grand propriétaire, sans savoir que celui-ci a fait venir un « régulateur » aux méthodes peu orthodoxes… Avec Missouri Breaks, Arthur Penn casse l’image et les codes du western et y ajoute une bonne dose de dérision. La situation est ici loin d’être simple et certainement pas binaire : le voleur redécouvre une certaine humanité et le justicier est plutôt bestial et cynique. Le scénario a été écrit par Thomas McGuane (1) et le film fut tourné assez rapidement du fait de la disponibilité limitée dans le temps de ses deux énormes stars, Marlon Brando et Jack Nicholson, qui apportent au film une certaine dimension. Nicholson donne beaucoup de présence à son personnage de voleur qui aspire à une autre vie et Marlon Brando campe un tueur accrédité totalement baroque, excentrique, sardonique, exubérant dans ses accoutrements, sadique… et plus encore. En outre, il adopte un phrasé très maniéré et, chose un peu difficile à percevoir pour nous français, un accent irlandais (2). Missouri Breaks est ainsi un western hautement original, qui sous ses atours excentriques apporte une vision claire et réaliste du rôle joué par la violence et par certains propriétaires terriens dans les zones sauvages du nord des Etats-Unis. Le film fut éreinté assez sévèrement par la critique américaine de l’époque. Avec le recul, nous pouvons mesurer combien ces dépréciations furent injustes car Missouri Breaks apparaît comme l’un des westerns majeurs des années soixante-dix.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Marlon Brando, Jack Nicholson, Randy Quaid, Kathleen Lloyd, Harry Dean Stanton
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Remarques :
(1) Thomas McGuane venait de finir de tourner 92 in the shade (qui sera son unique réalisation) et ne participa qu’assez peu à la préparation du film.
(2) C’est Brando qui aurait l’idée de prendre un accent irlandais. Certaines scènes, comme son dialogue un peu ambigu avec sa jument, ont été improvisées par lui. Arthur Penn affirme avoir trouvé toutes ses idées très bonnes et a su bien gérer les deux grandes stars. Sur Missouri Breaks, Penn regrette surtout n’avoir eu que six semaines de préparation pour le film. (Interview dans Cinéma n°221 de mai 1977)

10 mai 2010

Prix de beauté (1930) de Augusto Genina

Autre Titre : « Prix de beauté (Miss Europe) »

Prix de beautéLui :
Après avoir tourné Loulou et Journal d’une fille perdue en Allemagne avec Georg Wilhelm Pabst, Louise Brooks fait une escale en France avant de retourner à Hollywood. C’est Pabst qui aurait eu l’idée de départ de l’histoire et c’est René Clair qui la développe : une jeune dactylo gagne un concours de beauté. Elle est amoureuse d’un ouvrier d’imprimerie qui voit cela d’un très mauvais œil, d’autant plus qu’elle doit aller en Espagne concourir pour le titre de Miss Europe. Nous retrouvons ici certains des thèmes de Loulou : l’attrait de la célébrité et son aspect éphémère. Prix de beauté a été tourné au moment du passage au parlant, le film a d’ailleurs été commencé comme un muet. A ce titre, il revêt un intérêt historique dans la mesure où nous assistons aux balbutiements du parlant. Contrairement à d’autres films de la même période qui donnent l’impression que le parlant a été maitrisé très rapidement, Prix de Beauté est loin d’être parfait sur le plan sonore : bruitages cacophoniques, dialogues souvent insipides, paroles difficilement audibles et dites de façon emphatique, mauvaise balance avec la musique. Le pire est toutefois le doublage de Louise Brooks avec une voix à l’accent parisien très marqué, une voix bien peu gracieuse qui vient détruire toute l’image visuelle de Louise Brooks. C’est épouvantable ! Il est symptomatique que les plus belles scènes soient celles qui fonctionnent tout aussi bien en muet : la fête foraine où Louise Brooks nous fait ressentir son impression d’enfermement par ses yeux seuls et surtout toute la scène finale, absolument admirable qui domine magistralement tout le film par sa force. La façon de filmer est assez étonnante, très moderne, notamment dans les scènes de vie : le montage est très vif, enchaînant les très gros plans de façon presque excessive. Malgré ses défauts sonores et ses moments de faiblesse, Prix de Beauté est un film qui vaut la peine d’être vu, pour Louise Brooks bien entendu et pour sa fin, l’une des plus belles fins du cinéma.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Louise Brooks, Georges Charlia, Augusto Bandini
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