12 janvier 2011

Viva Maria! (1965) de Louis Malle

Viva Maria!Lui :
Au début du XXe siècle en Amérique Centrale, Maria, fille d’un terroriste irlandais, rencontre Maria, chanteuse dans une troupe ambulante. Elles mettent sur pied un numéro de cabaret et « inventent » le striptease avant de prendre la tête d’une révolution. Viva Maria est un élégant divertissement, dynamisé par un couple de charme : Brigitte Bardot et Jeanne Moreau. Entre les deux actrices, la symbiose fonctionne parfaitement. La première partie du film est la plus réussie, assez pétillante et relevée par une série de gags. La seconde partie peut paraître un peu plus longue ; plus parodique, elle s’enlise parfois. Il faut saluer les effets pyrotechniques, les explosions n’étant jamais petites… Le scénario est un peu décousu, part parfois dans tous les sens mais l’ensemble reste très divertissant.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Brigitte Bardot, Jeanne Moreau, Paulette Dubost, George Hamilton
Voir la fiche du film et la filmographie de Louis Malle sur le site IMDB.

Voir les autres films de Louis Malle chroniqués sur ce blog…

Remarques : 
* La musique est de Georges Delerue.
* Parmi les assistants-réalisateurs de Viva Maria, on peut noter la présence de Juan Luis Buñuel (fils de Luis Buñuel) et celle de Volker Schlöndorff.
* Louis Malle décrit ainsi son film : « Un film d’action, avec des rires, des décors exotiques, et sans traumatisme de l’esprit. »

11 janvier 2011

Le signal de l’amour (1921) de Frances Marion

Titre original : « The Love Light »

The Love Light Lui :
(Film muet) Sur la côte italienne, une jeune femme et ses deux frères vivent dans une maison isolée près du phare qu’ils allument tous les soirs. Lorsque ses deux frères partent à la guerre, elle reste seule. Un matin, elle sauve un naufragé qui se dit être un américain déserteur. Elle le cache chez elle et en tombe peu à peu amoureux… Frances Marion est l’une des plus grandes scénaristes d’Hollywood (1) et il paraît donc logique que le premier film qu’elle réalise soit une intrigue assez complexe. Aussi incroyable qu’elle puisse paraître dans son développement, elle est basée sur une histoire vraie. Mary Pickford interprète ici un personnage qui convient plus à son âge réel (elle a alors 28 ans), plus mature. The Love Light L’actrice parvient à s’écarter des rôles de jeunes filles espiègles pour montrer qu’elle sait aussi donner une vraie dimension dramatique à son personnage. L’acteur Fred Thomson fait ici ses débuts (2) et se révèle avoir une forte présence à l’écran. Le Signal de l’Amour ne fut qu’un demi-succès, le public étant certainement dérouté de ne pas retrouver la Mary Pickford mutine et turbulente qu’il avait l’habitude de voir. Il avait tort…
Note : 3 étoiles

Acteurs: Mary Pickford, Fred Thomson, Raymond Bloomer
Voir la fiche du film et la filmographie de Frances Marion sur le site IMDB.

(1) A côté de ses très nombreux scénarios, Frances Marion n’a dirigé que trois films. Le Signal de l’Amour est hélas le seul qui ait survécu. Les femmes-réalisatrices étaient extrêmement rares à Hollywood à cette époque (et après aussi, d’ailleurs…) A noter que Frances Marion et Mary Pickford étaient très amies dans la vie.
(2) Fred Thomson, qui venait d’épouser Frances Marion, n’avait à priori aucune envie de devenir acteur.  Il se laissa convaincre à la demande pressante de sa femme et de Mary Pickford. Après ces débuts prometteurs, cet acteur au superbe physique tourna une trentaine de films (dont très peu ont survécu) et devint une grande star du western. Sa carrière fut hélas très courte du fait de son décès en 1928 (dû au tétanos).

10 janvier 2011

Looking for Eric (2009) de Ken Loach

Looking for EricLui :
Admirateur d’Eric Cantona, un postier anglais dont la vie est en déroute voit son idole apparaître en chair et en os pour lui prodiguer des conseils qui vont lui permettre de reprendre goût à la vie… Looking for Eric est un film assez étonnant de Ken Loach, une variation sur le « thème de l’ange », thème souvent abordé au cinéma mais en tout cas jamais sous les traits d’un (vrai) footballer! C’est plutôt amusant mais je suppose qu’une partie de l’humour a du m’échapper du fait que je connais très mal Eric Cantona (je le connais surtout par les Guignols des années 90, donc je l’ai plus souvent vu peindre des tableaux que pousser un ballon…!) Sur le déroulement, Ken Loach est moins convaincant qu’à l’habitude, moins subtil aussi : il charge beaucoup son personnage principal. Il vire ensuite vers le polar à mi-parcours, incursion un peu longuette mais qui lui permet de mettre en place un final inattendu et amusant.
Note : 2 étoiles

Acteurs: Steve Evets, Eric Cantona, Stephanie Bishop, Gerard Kearns
Voir la fiche du film et la filmographie de Ken Loach sur le site IMDB.

Voir les autres films de Ken Loach chroniqués sur ce blog…

9 janvier 2011

Le passage du Rhin (1960) de André Cayatte

Le passage du RhinLui :
Le passage du Rhin nous fait suivre le parcours de deux français aux tempéraments opposés pendant la Seconde Guerre mondiale. Tous deux sont faits prisonniers dès le début de la guerre et envoyé travailler dans des fermes allemandes. L’un est un journaliste qui se bat par idéal pour défendre la Liberté, l’autre est un pâtissier qui subit un peu sa vie. On comprend aisément que le film d’André Cayatte ait pu désarçonner à sa sortie : il prend le contrepied de l’image classique du héros et, en outre, montre la guerre vue du côté allemand. Pour ne rien arranger, il montre aussi une certaine collaboration ordinaire. Le Passage du Rhin a effectivement souvent été critiqué pour son « propos discutable ». Avec le recul, on s’aperçoit que le propos du cinéaste est surtout profondément humaniste. Charles Aznavour se révèle une fois de plus étonnant par la justesse de son interprétation. Avec Tirez sur le Pianiste (1), ce film contribuera à montrer au grand jour ses qualités d’acteur. En réalité, le seul reproche que l’on puisse faire à ce Passage du Rhin est sa construction un peu brouillonne : Cayatte saute parfois d’une scène à l’autre sans liaison et c’est à nous de combler les trous…
Note : 4 étoiles

Acteurs: Charles Aznavour, Nicole Courcel, Georges Rivière, Cordula Trantow
Voir la fiche du film et la filmographie de André Cayatte sur le site IMDB.

(1) Il est amusant qu’Aznavour ait enchaîné les deux films car on ne peut pas dire que Cayate ait été un cinéaste très apprécié par la Nouvelle Vague…!

8 janvier 2011

Agora (2009) de Alejandro Amenábar

AgoraLui :
Nous sommes à Alexandrie au IVe siècle, alors que la ville est l’objet de grandes tensions entre le peuple majoritairement chrétien et les notables païens. Une philosophe tente de préserver les connaissances accumulées depuis des siècles… Agora est librement adapté de la vie d’Hypatie d’Alexandrie, philosophe platonicienne et probablement astronome dont nous ne savons que peu de choses puisque tous ses travaux ont disparu dans l’incendie de la bibliothèque d’Alexandrie (1). Le film met l’accent sur l’obscurantisme religieux qui s’oppose à la science et sur les luttes de pouvoirs entre païens et chrétiens, puis entre juifs et chrétiens. Mais Agora est avant tout un film à grand spectacle ; il n’échappe pas à un maniérisme très marqué du genre : c’est le spectaculaire qui est privilégié à grands renforts d’infrabasses qui font vibrer les murs. Le propos quant à lui est très simple, extrêmement manichéen et nourri de stéréotypes.
Note : 2 étoiles

Acteurs: Rachel Weisz, Max Minghella, Oscar Isaac, Ashraf Barhom, Michael Lonsdale, Rupert Evans
Voir la fiche du film et la filmographie de Alejandro Amenábar sur le site IMDB.

Voir les autres films de Alejandro Amenábar chroniqués sur ce blog…

(1) Rappelons que nous ne savons toujours pas comment a disparu la bibliothèque d’Alexandrie. Il n’y a même aucun vestige matériel étudiable. Les historiens sont divisés et avancent plusieurs hypothèses hélas invérifiables. Le film Agora repose sur l’une d’elles (assez contestée) : la bibliothèque aurait été détruite par les chrétiens lors de la destruction des temples païens à la fin du IVe siècle.

Voir une critique plus récente du même film : Agora

7 janvier 2011

Vive le roi (1926) de Leo McCarey

Titre original : « Long fliv the King »

Vive le roiLui :
(Muet, 22 minutes) A la suite d’un concours de circonstances assez inhabituel, un américain se retrouve sacré roi d’une petite nation. Un autre prétendant au trône est bien décidé à écarter ce gêneur inattendu… Long Fliv the King est un film assez rare de Charley Chase, acteur comique des années 20 dont la notoriété n’a jamais égalé celle des trois grands (Chaplin, Keaton et Lloyd). Le film est plaisant avec des gags assez originaux mais qui ne sont pas assez soutenus pour fonctionner pleinement. A noter, un petit rôle d’Oliver Hardy.
Note : 2 étoiles

Acteurs: Charley Chase, Martha Sleeper, Max Davidson, Oliver Hardy
Voir la fiche du film et la filmographie de Leo McCarey sur le site IMDB.

Voir les autres films de Leo McCarey chroniqués sur ce blog…

Remarque :
Le scénario est très proche du film d’Harold Lloyd His Royal Slyness (Le royaume de Tulipatan) (1920).

Long Fliv the King

7 janvier 2011

Les amis (1912) de David W. Griffith

Titre original : « Friends »

FriendsLui :
(Muet 13 min) Dans l’Ouest, une aventurière qui vit au premier étage d’un saloon fréquente un chercheur d’or qui a réussi. Quand celui-ci lui annonce qu’il doit partir vers le nord pour d’autres affaires, la jeune femme se trouve rapidement un nouveau fiancé, en réalité un ami du premier. David W. Griffith a tourné assez peu de westerns. Celui-ci n’est sans doute pas parmi les plus remarquables, l’intrigue (basée sur le thème de deux amis amoureux de la même femme) étant relativement peu développée. Il permet toutefois de voir Lionel Barrymore dans l’un des ses tous premiers films, l’acteur ayant débuté l’année précédente avec Griffith. Ce serait son cinquième film.
Note : 2 étoiles

Acteurs: Mary Pickford, Henry B. Walthall, Lionel Barrymore
Voir la fiche du film et la filmographie de David W. Griffith sur le site IMDB.

Voir les autres films de David W. Griffith chroniqués sur ce blog…

6 janvier 2011

L’échange (2008) de Clint Eastwood

Titre original : « Changeling »

L'échangeLui :
L’inconcevable histoire de L’échange aurait certainement été difficile à accepter si un carton ne nous avait prévenus dès le début qu’il s’agissait d’une histoire vraie. Clint Eastwood a même respecté de très près le fil réel des évènements. En 1928, la police de Los Angeles est fortement corrompue. Dans une affaire de disparition d’enfant, elle ramène à une mère un enfant qui n’est pas le sien et s’obstine, pour ne pas perdre la face devant la presse. Elle ira assez loin pour accuser la mère de ne pas reconnaitre son enfant. Le film de Clint Eastwood est d’un grand classicisme, s’appuyant sur une belle reconstitution du Los Angeles des années vingt. Mais, le point fort de L’échange est plutôt son équilibre global et sa délicatesse de traitement : aucun excès de dramatisation, ni d’effets faciles, Eastwood trouve le ton juste pour traiter cette histoire émouvante tout en donnant beaucoup d’intensité à son film. La performance d’Angelina Jolie est assez étonnante, bien qu’un peu inégale : son jeu est très plat dans certaines scènes (retrouvailles à la gare) mais parfois beaucoup plus fort (scène de la prison). Elle est tout de même le pivot du film. Le choix d’une telle actrice, plus réputée pour ses côtés people que pour ses talents d’actrice, était passablement audacieux de la part Clint Eastwood.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Angelina Jolie, John Malkovich, Jeffrey Donovan, Michael Kelly, Jason Butler Harner
Voir la fiche du film et la filmographie de Clint Eastwood sur le site IMDB.

Voir les autres films de Clint Eastwood chroniqués sur ce blog…

5 janvier 2011

La proposition (2009) d’ Anne Fletcher

Titre original : « The proposal »

La propositionLui :
Une directrice de collection littéraire d’origine canadienne force son assistant à l’épouser pour pouvoir rester aux Etats-Unis. Si le scénario de La proposition est aussi improbable que simplet, le film repose sur de solides recettes pour fonctionner : inversion des genres dans la situation de départ, immersion dans un monde de riches, un acteur principal au physique à faire craquer toute la gent féminine et… du rythme, du rythme, du rythme. On ne peut pas dire que le résultat soit mauvais, mais il est très loin d’être bon ! Accessoirement, on s’aperçoit que Sandra Bullock a certainement fréquenté les salles de fitness beaucoup plus assidûment que les cours d’art dramatique.
Note : 2 étoiles

Acteurs: Sandra Bullock, Ryan Reynolds, Mary Steenburgen, Craig T. Nelson, Betty White
Voir la fiche du film et la filmographie de Anne Fletcher sur le site IMDB.

Homonymes :
La Proposition (The proposition) de l’américaine Lesli Linka Glatter (1998) avec Kenneth Branagh
The Proposition de l’autralien John Hillcoat (2005) avec Guy Pearce et Ray Winstone.

4 janvier 2011

La foire aux chimères (1946) de Pierre Chenal

La foire aux chimèresLui :
La foire aux chimères est un petit bijou qui a été oublié pendant quarante ans pour être redécouvert dans les années quatre-vingt. C’est à la fois un mélodrame et un film policier qui repose sur un scénario riche et complexe, même s’il est plutôt improbable. Un brillant graveur de billets de banque (officiels) est l’objet de moqueries car il a été défiguré par un accident. Solitaire, il rencontre dans une foire une jeune femme aveugle d’une grande beauté qu’il épouse et couvre d’attentions assez coûteuses… Au-delà du caractère policier de l’intrigue, c’est le traitement que fait Pierre Chenal qui fait tout l’attrait de La Foire aux Chimères. L’atmosphère est étrange, à la frontière de l’irréel ou du conte de fées, une atmosphère souvent épaisse, parfois légère, s’appuyant sur des décors habilement cadrés. De nombreuses scènes sont des petites merveilles. Eric von Stroheim exprime toute la complexité de son personnage avec son jeu multi-facettes et forme avec Madeleine Sologne, beauté froide presque irréelle et aérienne, un couple étonnant de contrastes. Il faut aussi mentionner le troisième personnage du gangster mondain et poète (Louis Salou) et les merveilleux dialogues de Louis Ducreux. Le caractère inéluctable de l’issue (on sait, bien entendu, que tout cela va mal se terminer) ajoute à ce sentiment de d’instabilité et d’irréalité. Et quelles étonnantes dernières minutes filmées entièrement en cadrages inclinés ! On peut se demander comment un film comme La foire aux chimères peut rester si méconnu.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Erich von Stroheim, Madeleine Sologne, Louis Salou, Margo Lion, Yves Vincent
Voir la fiche du film et la filmographie de Pierre Chenal sur le site IMDB.

Voir les autres films de Pierre Chenal chroniqués sur ce blog…

Anecdote :
La chanteuse dans le cabaret est… Line Renaud, alors âgée de 17 ans !