6 juillet 2013

La Dixième Victime (1965) de Elio Petri

Titre original : « La Decima Vittima »
Autre Titre (Belgique) : « La Grande Chasse »

La dixième victimeAu 21e siècle, un jeu a été créé pour canaliser la violence et éradiquer les guerres : des « chasseurs » doivent traquer des « victimes » désignées par un ordinateur et les tuer. Les joueurs sont tour à tour chasseur et victime et doivent tenir dix rounds pour être sacré champion. C’est ainsi que le romain Marcello se retrouve chassé par une jeune new yorkaise Caroline. Tous deux sont de redoutables joueurs… Adapté d’une courte nouvelle de Robert Sheckley, La Dixième Victime d’Elio Petri joue plus sur le registre de la satire et de la comédie que sur celui de la prospective sérieuse. C’est donc avec ces yeux-là qu’il faut le regarder et goûter le style pop art des décors futuristes, des réflexions sur le divorce (l’italien explique à l’américaine qu’en Italie on ne se marie plus car il est devenu trop difficile de divorcer), sur le culte de la jeunesse (il garde ses parents chez lui dans une sorte de grand placard) ou sur la religion (amusante scène des adorateurs du soleil, cérémonie interrompue par des manifestants que Mastroianni traite de « néoréalistes »), La dixième victime des costumes (certains auraient été dessinés par Courrèges) et, bien entendu, la critique des media, la télévision américaine en l’occurrence. Elio Petri exploite la plastique d’Ursula Andress (qui bien entendu a une scène où elle sort de l’eau…), l’actrice apportant une note un peu facile de charme. De son côté, Marcello Mastroianni (teint en blond) traverse tout cela avec grand flegme, il semble même quelque peu absent. La Dixième Victime est loin d’être un grand film mais il reste intéressant pour ses multiples petites notes satiriques et son atmosphère pop art.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Marcello Mastroianni, Ursula Andress, Elsa Martinelli
Voir la fiche du film et la filmographie de Elio Petri sur le site IMDB.

Voir les autres films de Elio Petri chroniqués sur ce blog…

Remarques :
* La Dixième Victime est basé sur une nouvelle d’une vingtaine de pages que Robert Sheckley a écrite en 1953 : La Septième Victime. Peu après, il développera à nouveau le thème pour écrire une autre nouvelle, Le Prix du danger, qui sera adaptée au cinéma par Yves Boisset en 1983. A noter enfin que Robert Sheckley a novelisé le film d’Elio Petri sous le titre La Dixième Victime en 1965.
* La façon dont Ursula Andress se débarrasse de son chasseur au début du film a inspiré Mike Myers pour ses fembots d’Austin Powers.

5 juillet 2013

Bruegel, le moulin et la croix (2011) de Lech Majewski

Titre original : « The Mill and the Cross »

Bruegel, le moulin et la croixCe film du polonais  Lech Majewski nous permet de plonger littéralement dans l’univers d’un tableau peint par Bruegel en 1564. Il s’agit du tableau Le Portement de la croix, un tableau qui, avec ses quelque 500 personnages, reste difficile à interpréter sur le plan du symbolisme. Adapté d’un livre du critique d’art Michael Francis Gibson, le film Bruegel, le moulin et la croix met en scène une journée d’une douzaine de personnages du tableau Bruegel, Le Portement de la croix en utilisant habilement différentes techniques : images réelles, images de synthèse, personnages filmés sur fond vert puis incrustés. Le travail sur les costumes est remarquable. Le film comporte très peu de paroles, les personnages agissant généralement dans un mutisme plutôt grave. Le résultat est réussi, l’ensemble est très beau, prolongement de l’esthétisme du tableau. C’est une façon séduisante d’étudier un tableau, de nous faire pénétrer son univers étonnant et d’essayer de mieux le comprendre.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Rutger Hauer, Michael York, Charlotte Rampling
Voir la fiche du film et la filmographie de Lech Majewski sur le site IMDB.

Remarque :
* Bruegel n’avait que 35 ans au moment où il a peint ce tableau. L’acteur Rutger Hauer, qui en a presque le double, est donc très âgé pour le rôle.

4 juillet 2013

La Servante (1960) de Kim Ki-young

Titre original : « Hanyo »

La servanteMarié et père de deux enfants, un séduisant professeur de musique est aimé en secret de ses jeunes élèves. Il embauche comme servante une très jeune femme au comportement étrange… Film perdu récemment retrouvé et restauré, La Servante est un film vraiment très étonnant. En rupture avec le cinéma de son époque, le coréen Kim Ki-young crée un huis clos oppressant et puissant. La progression de la tension est presque insidieuse : le film débute de façon anodine, presque légère mais l’atmosphère vire lentement à l’étrange et finit par devenir perturbante et dérangeante. Certes, Kim Ki-young n’hésite pas à appuyer très fort ses effets, de façon presque outrancière parfois, mais jamais sans excès. La servante Il joue très bien avec la configuration des lieux, comme par exemple avec une baie vitrée ouvrant sur un grand balcon. Il joue également beaucoup avec l’éclairage pour renforcer le sentiment d’étrangeté, les murs apparaissant parfois presque vivants. La performance de l’actrice Lee Eun-shim est remarquable, elle tint si bien son rôle que sa carrière en fut perturbée : après La Servante, les producteurs étaient réticents à l’engager car une bonne partie des spectatrices continuaient de la haïr profondément. Kim Ki-young tournera à nouveau la même histoire par deux fois.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Lee Eun-shim, Ju Jeung-nyeo, Kim Jin Kyu
Voir la fiche du film et la filmographie de Kim Ki-young sur le site IMDB.

Remakes :
Hwanyeo de Kim Ki-young (1970)
Hwanyeo ’82 de Kim Ki-young (1982)
The Housemaid (Hanyo) de Im Sang-soo (2010)

Pour en savoir plus, lire la présentation d’Olivier Bitoun sur DVDClassik

3 juillet 2013

La Ciociara (1960) de Vittorio De Sica

Titre français parfois utilisé : « La Paysanne aux pieds nus »

La ciociaraEn 1943, une jeune veuve fuit les bombardements de Rome pour retourner dans son village natal, dans les montagnes du Latium. Elle espère ainsi mettre sa fille à l’abri en attendant que la guerre finisse enfin…
Adapté d’un roman d’Alberto Moravia (1957), La Ciociara marque le retour au pays de Sophia Loren après quelques années à Hollywood. Agée de 26 ans à peine, elle personnifie de façon magistrale l’idéal de la mère italienne, opiniâtre et généreuse. L’actrice s’impose non seulement par sa beauté souveraine mais aussi et surtout par son jeu, étonnamment riche et puissant. Les autres personnages sont inexistants et c’est là sans doute un peu le défaut du film. De Sica a eu beau lui opposer un jeune acteur français très prometteur, Jean-Paul Belmondo, pour interpréter le jeune intellectuel pacifiste qu’elle rencontre ; rien n’y fait, on ne voit qu’elle. Vittorio De Sica, qui a été l’une des grandes figures du néoréalisme, fait évoluer son style pour se rapprocher du mélodrame à l’américaine mais sans excès toutefois, il parvient à conserver un bonne part d’authenticité et de naturel. La Ciociara fut un immense succès et reçut de nombreux prix.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Sophia Loren, Jean-Paul Belmondo, Eleonora Brown
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La Ciociara

Remarques :
* Le projet d’adapter le livre de Moravia avait été envisagé dès 1957 à Hollywood pour être dirigé par Cukor avec Anna Magnani dans le rôle de la mère et Sophia Loren dans le rôle de la fille. Anna Magnani craignant d’être éclipsée, le projet ne se fit pas.
* Signification du titre : La Ciociara = « la femme de Ciociarie », Ciociara (Ciociarie en français) désignant dans le langage populaire une région du centre de l’Italie dans le Latium, au sud-est de Rome.
* Sophia Loren reçut un Oscar pour La Ciociara, le premier Oscar attribué à un acteur s’exprimant dans une autre langue que l’anglais. Le film reçut la Palme d’Or à Cannes en 1961 et Sophia Loren le prix de la meilleure actrice.
* La scène dans l’église est hélas basée sur des faits réels. Entre avril et juin 1944, les Goumiers marocains du corps expéditionnaire français se sont rendus coupables de crimes de guerre dans les environs de Monte Cassino, c’est-à-dire la Ciociarie : un rapport récent estime que plus de 2 000 femmes ainsi que 600 hommes auraient ainsi été victimes de viol et de violences. Le chiffre est certes discuté mais la réalité ces exactions est certaine. Il faut toutefois souligner que ces viols n’étaient pas le fait uniquement des soldats d’origine africaine : ceux commis par les G.I. sont également très nombreux et les estimations du nombre de viols commis par les soldats russes en Allemagne sont ahurissantes.

La Ciociara

Remake :
La Ciociara de Dino Risi (TV, 1989) avec Sophia Loren dans le même rôle.

2 juillet 2013

To Rome with Love (2012) de Woody Allen

To Rome with LoveQuatre histoires différentes se déroulant à Rome… Avec To Rome with Love, Woody Allen poursuit sa tournée des grandes villes européennes : après Londres, Barcelone et Paris, c’est à Rome qu’il rend hommage et aussi à la grande tradition italienne des films à sketches puisque son film est composé de quatre histoires indépendantes. Bien qu’elles se déroulent sur des laps de temps très différents (de quelques heures à plusieurs mois),  nous les suivons toutefois en parallèle. La mise en place est un peu laborieuse et il faut attendre une bonne demi-heure pour que la magie opère. L’ensemble peut paraître un peu inégal mais il y a de bonnes choses, les meilleurs moments étant ceux où Woody Allen se laisse aller sans trop se soucier de vraisemblance. Côté acteur, on remarquera que Woody Allen interprète lui-même l’un des rôles, la première fois depuis Scoop (2006), que cela faisait bien longtemps que nous n’avions pas vu Roberto Benigni, et la petite apparition d’Ornella Muti. Au final, même si l’on pouvait attendre un peu plus que cela, To Rome with Love est un film plaisant et divertissant.
Elle: 3 étoiles
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Woody Allen, Alec Baldwin, Jesse Eisenberg, Roberto Benigni, Penélope Cruz, Ellen Page, Greta Gerwig, Alessandro Tiberi, Alessandra Mastronardi
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Remarque :
Pour écrire To Rome with Love, Woody Allen dit s’être inspiré du Décaméron, ce recueil de cent nouvelles écrit au XIVe siècle par l’écrivain humaniste Boccace. Le Décaméron a déjà été porté à l’écran par Pasolini en 1971, du moins dix nouvelles parmi les cent, film que Pasolini a plus ou moins renié par la suite d’ailleurs.

1 juillet 2013

Comment savoir (2010) de James L. Brooks

Titre original : « How Do You Know »

Comment savoirJoueuse de softball (genre de baseball), Lisa est désemparée quand elle apprend qu’elle n’a pas été sélectionnée en équipe nationale. Elle fait alors la connaissance de Matty, un sportif nombriliste qui n’a pas inventé la poudre, et de George, un fils à papa accusé de malversations financières auxquelles il est étranger… James L. Brooks a écrit et réalisé cette comédie sentimentale Comment savoir dans laquelle il joue sur la difficulté de communication : ses personnages n’arrivent pas à exprimer leurs sentiments, un ressort assez classique pour étoffer une histoire plutôt réduite et apporter un peu d’humour. Les personnages sont très typés et les effets sont appuyés. James L. Brooks ne donne pas dans la subtilité.
Elle:
Lui : 1 étoile

Acteurs: Reese Witherspoon, Paul Rudd, Owen Wilson, Jack Nicholson
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