5 décembre 2011

La montée au ciel (1952) de Luis Buñuel

Titre original : « Subida al cielo »

La montée au cielDans un village isolé du Mexique, un jeune homme se voit forcé d’interrompre son voyage de noces pour aller au chevet de sa mère mourante. A sa demande expresse, il doit aller par delà les montagnes quérir un avocat pour enregistrer ses dernières volontés… La montée au ciel (c’est le nom d’un col que le héros doit passer) est un film tourné assez rapidement dans des conditions assez précaires. Le scénario s’inspire d’aventures survenues au producteur du film, le poète espagnol Altolaguirre. Le film est donc le récit d’un voyage en autobus, passablement mouvementé et constamment retardé. Le manque de moyens se sent sur certaines scènes où des maquettes simplettes ont été utilisées. Deux scènes célèbres : la petite fille conduisant les deux bœufs que personne n’arrivait à contrôler et la scène onirique où une démesurément longue épluchure de pomme de terre symbolise le cordon ombilical avec sa mère. Si l’on retrouve l’image de plusieurs sentiments forts, la symbolique et la caricature sont bien mois abouties que dans ses autres films.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Lilia Prado, Esteban Márquez, Luis Aceves Castañeda, Manuel Dondé
Voir la fiche du film et la filmographie de Luis Buñuel sur le site IMDB.

Voir les autres films de Luis Buñuel chroniqués sur ce blog…

4 décembre 2011

F comme Fairbanks (1976) de Maurice Dugowson

F comme FairbanksSon service militaire achevé, André a bien du mal à trouver du travail malgré son diplôme d’ingénieur. En attendant, il vit chez son père, projectionniste et passionné de cinéma. Un soir, il fait la connaissance de Marie… Dans la lignée de son premier long métrage Lily, aime-moi, Maurice Dugowson écrit et réalise F comme Fairbanks en reprenant certains de ses personnages. Douglas Fairbanks, c’est le monde du cinéma, le héros qui surmonte toutes les difficultés, qui finit toujours par triompher des pires situations. Ce monde de rêve, qui a été inculqué à André par son père, va se heurter durement aux réalités. Que ce soit sur la recherche du travail (nous sommes juste après la première crise du pétrole) ou la recherche amoureuse, rien ne se passe comme dans le monde idéalisé du cinéma. Patrick Dewaere apporte beaucoup de fougue et de liberté tout en montrant sa fragilité, Miou-Miou est particulièrement désarmante par sa simplicité et son naturel. S’ils forment un beau duo à l’écran, il faut savoir que les deux acteurs venaient de se séparer dans la vraie vie, ce qui a dû rendre le tournage assez difficile pour eux. La mise en scène de Dugowson met en avant une certaine désinvolture. Même si le contexte économique est aujourd’hui différent (la crise n’est plus une nouveauté, plutôt une constante), F comme Fairbanks ne semble pas avoir tant vieilli : son thème du passage à l’âge adulte est atemporel et le film repose sur un magnifique duo d’acteurs.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Patrick Dewaere, Miou-Miou, John Berry, Michel Piccoli, Jean-Michel Folon
Voir la fiche du film et la filmographie de Maurice Dugowson sur le site IMDB.

Remarques :
Dans les rôles secondaires, on remarque Diane Kurys, l’une des deux colocataires de Marie (elle réalisera son premier film, Diabolo Menthe,  l’année suivante), ainsi qu’une brève apparition de Thierry Lhermitte (à l’ANPE) et de Christian Clavier (le garçon de café).

3 décembre 2011

The Circle (1925) de Frank Borzage

The Circle(film muet) En 1890, Lady Catherine quitte son mari et son fils pour partir avec son amant. 30 ans plus tard, le fils est marié à une jeune femme sur le point de faire la même chose. Mais avant de fuir, la jeune femme invite Lady Catherine à venir dans la maison familiale car elle veut savoir si elle a été heureuse ou malheureuse après sa fugue… The Circle est adapté d’une pièce de Somerset Maugham. Ce genre de sujet, le mari ou la femme volage, faisait fureur en ce milieu des années vingt. Frank Borzage parvient à combler le handicap du manque de paroles (particulièrement criant dans les adaptations de pièces qui reposent sur les dialogues) par des intertitres assez nombreux et surtout des expressions de visages assez marquées, quelquefois trop. L’ensemble est très amusant, vif et relevé. On peut regretter que Borzage ait sacrifié la fin originale de la pièce pour terminer sur un happy end, enlevant ainsi une partie du sens du titre, le cercle symbolisant un éternel recommencement.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Eleanor Boardman, Malcolm McGregor, Joan Crawford
Voir la fiche du film et la filmographie de Frank Borzage sur le site IMDB.

Voir les autres films de Frank Borzage chroniqués sur ce blog…

Remarques :
La jeune Lady Catherine, en 1890 donc, est interprétée par Joan Crawford. The Circle est ainsi son premier film tourné sous le nom qu’elle gardera ensuite. Elle avait tourné trois films auparavant, un sous le nom de Lucille Le Sueur (son vrai nom) et deux autres pour lesquels elle ne figurait pas au générique (l’un des deux est La Veuve Joyeuse d’Erich von Stroheim).

Autre adaptation de la pièce de Somerset Maugham:
Strictly Unconventional de David Burton (1930)

2 décembre 2011

La chevauchée des bannis (1959) de André De Toth

Titre original : « Day of the outlaw »

La chevauchée des bannisDans un minuscule village du Wyoming, isolé par la neige, un éleveur de bétail vient pour s’opposer par la force à la pose de clôture par un fermier… La situation de départ de La chevauchée des bannis peut paraître assez conventionnelle mais, alors qu’ils sont prêts à s’entretuer, arrive une bande de bandits en cavale qu’un ex-capitaine de l’armée tient d’une main de fer. La bande prend le contrôle du village avec l’intention de repartir le lendemain matin. Dès lors tout bascule et la situation, que l’on prévoyait banale, devient très originale et intéressante. La neige, omniprésente dans les extérieurs, donne une certaine épure à l’image et permet de très beaux plans, notamment avec les chevaux qui s’y enfoncent. André de Toth soigne ses cadrages, ils sont superbes, et utilise joliment les panoramiques latéraux, parfois à 360 degrés. Il n’hésite pas à placer sa caméra au centre de l’action. C’est étonnant. Les mines patibulaires des malfrats, un assemblage particulièrement hétéroclite de types, ajoute même à la beauté graphique. La chevauchée des bannis est un western très original, d’une beauté austère et froide.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Robert Ryan, Burl Ives, Tina Louise, Jack Lambert
Voir la fiche du film et la filmographie de André De Toth sur le site IMDB.

Remarque :
Le film est basé sur un roman de Lee E. Wells, le scénario est signé Philip Yordan.

1 décembre 2011

Macadam cowboy (1969) de John Schlesinger

Titre original : « Midnight cowboy »

Macadam cowboyJoe Buck quitte son Texas natal pour aller à New York, persuadé de pouvoir vendre ses charmes comme gigolo auprès de femmes riches. Il doit vite déchanter et fait la rencontre de Ratso, un paumé boiteux et tuberculeux qui vit d’expédients… Macadam cowboy est le premier film que le réalisateur anglais John Schlesinger a tourné aux Etats-Unis. Adapté d’un roman de James Leo Herlihy, le film montre avec une certaine empathie le destin de deux personnages échoués dans les quartiers pauvres de New York, deux êtres très différents en apparence mais qui ont chacun un rêve inaccessible. Leur dégradation commune fera naître une amitié profonde entre eux. John Schlesinger a choisi un duo d’acteurs qui semble parfait : Dustin Hoffman fait une performance incroyable dans un rôle difficile, son talent explose vraiment au grand jour avec ce film. Jon Voight donne beaucoup de crédibilité à son personnage de texan naïf. Macadam cowboy est un film impressionnant par la force de ses personnages qui, malgré leur déchéance, conservent leurs rêves et leur dignité. A sa sortie, le film a choqué certains esprits et l’indignation  redoubla lorsqu’il fut nominé pour l’Oscar du meilleur film (qu’il remporta).  La chanson Everybody’s talking interprétée par Nilsson eut un immense succès.
Elle: 4 étoiles
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Dustin Hoffman, Jon Voight
Voir la fiche du film et la filmographie de John Schlesinger sur le site IMDB.
Voir les autres films de John Schlesinger chroniqués sur ce blog…

Remarques :
* Bob Dylan a écrit la chanson Lay Lady Lay pour être incluse dans Macadam cowboy mais il ne la termina pas à temps.
* Macadam cowboy a été classé X aux Etats Unis, classement normalement réservé aux films pornographiques. Le film est ainsi devenu le seul film classé X à remporter un Oscar! Deux ans plus tard, le classement a été légèrement revu pour le ramener à R (= interdit aux moins de 17 ans non accompagnés). En France, il fut seulement interdit aux moins de 12 ans.