21 juin 2011

So this is Paris (1926) de Ernst Lubitsch

Titre français : « Les surprises de la TSF »

Les surprises de la TSFLui :
(Film muet) C’est après avoir émigré aux Etats-Unis qu’Ernst Lubitsch affine vraiment son style et développe la fameuse « Lubitsch touch ». So This Is Paris est son septième film américain (en seulement trois années), l’adaptation d’une pièce de théâtre française. La situation de départ est très simple, deux couples bourgeois dont les fenêtres se font face, de part et d’autre de la rue, et la comédie va se développer autour des attirances, des mensonges, des stratagèmes aussi inventifs qu’inavouables… L’humour est omniprésent avec d’excellents dialogues et de très bons gags ; l’ensemble est gentiment immoral, tournant en dérision la bienséance et le couple bourgeois. Les surprises de la TSF Le rythme est, comme toujours avec Lubitsch, enlevé. De plus, So This Is Paris est remarquable par l’inventivité de certains plans : pour la longue scène du Bal des Artistes, il utilise des effets de prisme étonnants, des superpositions, des angles osés pour restituer tout le côté frénétique et débridé du Charleston de ces folles soirées des années vingt. L’effet de rapetissement du personnage principal à la fin est, lui aussi, admirable. Lubitsch est généralement peu coutumier de tels effets. So This Is Paris eut un grand succès à l’époque. Il procure encore beaucoup de plaisir aujourd’hui.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Monte Blue, Patsy Ruth Miller, Lilyan Tashman, George Beranger
Voir la fiche du film et la filmographie de Ernst Lubitsch sur le site IMDB.

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Remarques :
* La femme de chambre des Lalle (que l’on voit deux secondes quand le docteur se rend à leur domicile) est la jeune Myrna Loy.
* La scène du début est une satire de cet attrait pour un orientalisme de pacotille qui a déferlé après le gigantesque succès de Rudolph Valentino dans The Sheik (dont la suite The son of the Sheik sortait la même année que So This Is Paris).

20 juin 2011

Network, main basse sur la T.V. (1976) de Sidney Lumet

Titre original : « Network »

Network, main basse sur la T.V.Lui :
Un présentateur de journal télévisé apprend qu’il va être mis à la porte parce que ses chiffres d’audience sont en baisse. Désespéré, il annonce qu’il va se suicider en direct puis commence à exprimer sa rage. L’audience remonte… Dénoncer une télévision déshumanisée inféodée à l’audimat et aux parts de marché, le propos de Network, main basse sur la T.V. peut paraître banal aujourd’hui mais, en 1976, il était assez nouveau. En France, au moment de sa sortie, le sujet fut même jugé très américain car « Dieu merci, notre télévision n’est pas comme cela ». Nous ne savions pas encore que nous aurions la même quelques années plus tard ! Sidney Lumet étale au grand jour tous les mécanismes de cette nouvelle industrie et met face à face un quinquagénaire pétri d’éthique (William Holden) et une trentenaire ambitieuse et étrangère à tout sentiment (Faye Dunaway), prête à tout pour faire de l’audience ; le tout se déroule sous la bienveillance du grand groupe qui a pris possession de la chaîne. Le film est efficace, à la fois comique et consternant. Sidney Lumet a visiblement poussé ses acteurs car l’interprétation est assez explosive, y compris dans les scènes intimes. Network, main basse sur la T.V.eut beaucoup de succès à l’époque et, avec le recul, le film paraît particulièrement clairvoyant.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Faye Dunaway, William Holden, Peter Finch, Robert Duvall, Ned Beatty, Beatrice Straight
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Remarques :
* On peut se demander pourquoi Sidney Lumet s’égare un peu en montrant la dérive d’un groupuscule d’activistes d’extrême-gauche (le personnage principal est visiblement calqué sur Angela Davis) dont les membres deviennent cupides et arrivistes. Il voulait sans doute montrer que ces activistes nourrissent les médias à sensation et en sont ainsi leurs alliés.
* Dans le film, la chaîne fictive UBS est concurrente de ABC, CBS et NBC. Le film prévoit ainsi la création d’un quatrième groupe (ce sera 11 ans plus tard la chaîne Fox, sur des bases assez similaires). Il se montre aussi prémonitoire à l’irruption de la télé-réalité (ce sera 13 ans plus tard, la série « Cops » sur la Fox).
* L’un des deux tireurs parmi les spectateurs à la fin n’est autre que le tout jeune Tim Robbins, sa première apparition (non créditée) dans un film.

19 juin 2011

Pandora (1951) de Albert Lewin

Titre original : « Pandora and the Flying Dutchman »

PandoraLe mythe du Hollandais volant a été source d’inspiration pour de nombreux films mais le Pandora d’Albert Lewin reste incontestablement le plus beau. Albert Lewin est un esthète, amoureux des arts et de la peinture, il l’a prouvé dans ses précédents films (1) et Pandora est avant tout un film très beau, d’une élégance presque onirique. Bien que les scènes soient souvent nocturnes, l’image est de toute beauté avec une utilisation harmonieuse et mesurée du Technicolor. L’histoire est tout aussi belle, c’est l’amour qui surpasse le temps. Pandora Le scénario, assez littéraire, a été écrit par Lewin lui-même qui s’est inspiré du mythe du Hollandais volant, condamné à errer sur les mers pour l’éternité, et du mythe de Pandore (2). Ava Gardner est d’une beauté à couper le souffle, d’une élégance infinie dans chacun de ses mouvements ; sa voix est d’une incomparable douceur. Véritable déesse personnifiée, elle contribue, tout comme le très beau jeu placide et énigmatique de James Mason, à donner cette dimension mythologique au film. Pandora est un film magnifique, élégant, envoutant. Toute la magie du cinéma…
Elle: 5 étoiles
Lui : 5 étoiles

Acteurs: James Mason, Ava Gardner, Nigel Patrick, Sheila Sim, Harold Warrender, Mario Cabré
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Remarques :
Ava Gardner par Man Ray * Pandora a été tourné en Espagne, à Tossa del Mar au nord de Barcelone. Ava Gardner tomba amoureuse de l’Espagne et quand elle voudra s’écarter d’Hollywood en 1955, elle viendra y vivre 13 ans avant de s’installer à Londres.
* Le jeu d’échecs a été créé par Man Ray qui a aussi peint certaines des toiles visibles dans le film. La photo ci-contre d’Ava Gardner est également signée Man Ray. L’artiste surréaliste et Albert Lewin étaient amis.
* Le film est une production anglaise pour des raisons fiscales. En réalité, le film est américain.
* Ava Gardner raconte dans ses mémoires que l’acteur Mario Cabré, qui interprète le toréador, s’est comporté dans la vie comme son personnage : très machiste, il considérait qu’Ava Gardner devait tomber amoureuse de lui ce qui a occasionné beaucoup de problèmes.

Pandora (1) Le portrait de Dorian Gray (1945) a pour point central une peinture, Bel Ami (1947) montre une série de toiles de grands peintres faites spécialement pour le film, et The Moon and Sixpence (1942) est consacré à la vie de Gauguin.
(2) Dans la mythologie grecque, Pandore est la première femme. Zeus lui a remis une jarre contenant tous les maux de l’humanité (la Maladie, la Vieillesse, la Misère, etc.) avec interdiction de l’ouvrir. Pandore cède à la curiosité et ouvre la jarre, libérant ainsi tous les maux. Elle la referme aussitôt mais ne réussit qu’à garder enfermée l’Espérance.

Pandora a été restauré en 2019 et a bénéficié d’une nouvelle sortie en coffret livre+DVD en 2021. Lire…

18 juin 2011

Un envoyé très spécial (1938) de Jack Conway

Titre original : « Too hot to handle »

Un envoyé très spécialLui :
Les reporters envoyés en Chine filmer la guerre sino-japonaise se lamentent du manque d’action. Ils n’hésitent pas à recourir à des mises en scène. L’un de ces reporters rencontre une jeune américaine, pilote d’avion, qui veut monter une expédition pour rechercher son frère en Amazonie… Pour Un envoyé très spécial, la MGM réutilise le tandem Clark Gable / Myrna Loy et une de fois de plus le succès fut au rendez-vous puisque ce fut l’un des plus gros succès de l’année 1938. Cette comédie saupoudrée d’exotisme utilise les recettes connues et ne prend guère de risques. Pour la énième fois, Clark Gable interprète un personnage rusé, débrouillard et plein de gouaille. Face à lui, Myrna Loy est tellement flegmatique qu’elle semble détachée de cette histoire. Tout est un peu outré, l’ensemble est assez bavard et bruyant. A défaut de s’intéresser à cette histoire, on peut regarder Un envoyé très spécial pour avoir une idée de la concurrence effrénée que se menaient les agences de presse à cette époque. Le film est inspiré des mémoires d’un vrai reporter, Len Hammond.
Note : 2 étoiles

Acteurs: Clark Gable, Myrna Loy, Walter Pidgeon, Walter Connolly
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Remarques :
Ce serait Buster Keaton qui aurait conçu les mécanismes utilisés dans la mise en scène de l’avion avec l’enfant. Buster Keaton était alors employé comme gagman en free-lance par la MGM.

Homonyme :
Too Hot to Handle (La blonde et les nus de Soho) de Terence Young (1960) avec Jayne Mansfield

17 juin 2011

Soudain l’été dernier (1959) de Joseph L. Mankiewicz

Titre original : « Suddenly, last summer »

Soudain l'été dernierLui :
Une richissime veuve cherche à soudoyer un chirurgien afin qu’il pratique une lobotomie sur sa nièce. Celle-ci est internée depuis la mort mystérieuse du fils de la milliardaire, l’été précédent… La courte pièce de Tennessee Williams (un seul acte) a été largement allongée par Gore Vidal (1). Le tournage de Soudain l’été dernier, fut difficile du fait de tensions entre Katharine Hepburn et Mankiewicz et de la maladie de Montgomery Clift, très faible. L’histoire traite de sujets tabous comme l’homosexualité, l’inceste et le cannibalisme ; la censure a rendu la scène finale moins cohérente (2). Sur le plan de l’interprétation, c’est Katharine Hepburn qui est la plus remarquable ; Montgomery Clift de son côté a un jeu très passif, assez intéressant par sa subtile fragilité. L’interprétation d’Elizabeth Taylor a été largement louangée, mais on peut trouver qu’elle montre par moments ses limites. La mise en scène du flashback dans la scène finale en surimpression est admirable. Malgré la censure, Soudain l’été dernier a su garder toute sa force.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Elizabeth Taylor, Katharine Hepburn, Montgomery Clift
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Remarques :
Contactée en premier par le producteur Sam Spiegel, Elizabeth Taylor a assorti son faramineux contrat d’exigences sur le choix du réalisateur (elle a donné quatre noms dont celui de Mankiewicz) et de son partenaire masculin.

(1) D’après le générique, l’adaptation a été coécrite avec Tennessee Williams mais, d’après Gore Vidal, l’auteur n’a pas écrit un seul mot.
(2) D’après Gore Vidal, environ une dizaine de minutes ont été coupées de la scène finale de Soudain l’été dernier par la censure, essentiellement tout ce qui avait trait à l’homosexualité qui ne devait pas être citée et encore moins montrée. La motivation principale de vengeance dans la scène finale est ainsi moins nette.
(3) Alors que la pièce se déroulait en un seul lieu, le jardin tropical, le film se déroule en plusieurs lieux.

 

15 juin 2011

Camille (1921) de Ray C. Smallwood

La dame aux caméliasLui :
(Film muet) Version moderne de La dame aux camélias d’Alexandre Dumas Fils, Camille met en scène l’un des couples les plus fascinants du cinéma : Alla Nazimova et Rudolph Valentino. Actrice d’origine russe, Alla Nazimova a acquis une très grande popularité en tant qu’actrice à Broadway puis à Hollywood. Ses nombreuses liaisons lesbiennes et ses réceptions fastueuses firent grand scandale. Sur scène ou à l’écran, elle est assez remarquable : un jeu très stylisé, avec des postures de corps jaillies de son passé de danseuse, elle a une façon très particulière de se jeter sa tête en arrière, son corps semblant se muer en une courbe gracieuse qui évoque la passion, l’abandon, la fragilité, … Elle eut une grande influence sur Valentino, apportant un peu de féminité à son personnage auparavant un peu fade ce qui lui permettra de devenir le plus célèbre des latin lovers du cinéma. Alla Nazimova et Rudolph Valentino C’est nettement perceptible dans son interprétation d’Armand Duval dans Camille. Les décors de style Art-déco, signés par la créatrice Natacha Rambova (qui épousera Valentino peu après), sont absolument superbes, avec une belle utilisation des ronds et des ovales. La chambre de Marguerite Gautier est une merveille. Il semble que la réalisation soit plus l’œuvre d’Alla Nazimova que de Ray C. Smallwood (1).
Note : 3 étoiles

Acteurs: Alla Nazimova, Rudolph Valentino, Rex Cherryman, Arthur Hoyt, Patsy Ruth Miller
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La dame aux camélias .
(1) C’est du moins ce qu’a affirmé le caméraman Paul Ivano. Selon lui, Smallwood n’a été qu’un assistant sur le tournage… Cela ne paraît guère étonnant vu la personnalité très affirmée d’Alla Nazimova qui était en outre productrice du film.
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Alla Nazimova et Rudolph Valentino Parmi les innombrables versions, citons :
Camille de Fred Niblo (1926) avec Norma Talmadge
Camille (Le roman de Marguerite Gautier) de George Cukor (1936) avec Greta Garbo
La dame aux camélias de Mauro Bolognini (1981) avec Isabelle Huppert

14 juin 2011

Man-Proof (1938) de Richard Thorpe

Man-ProofLui :
Après avoir vu l’homme de ses rêves convoler dans les bras d’une de ses amies, la jeune Mimi tente de l’oublier. Mais tout change lorsque le couple rentre de son voyage de noces… Habitué à voir Myrna Loy personnifier l’épouse idéale, le public a certainement été surpris de la voir jouer dans Man-Proof une célibataire voleuse de mari. Hélas, le scénario est conventionnel et sans originalité, d’une grande banalité et même alourdi par les conventions sociales les plus conservatrices de l’époque. Il n’y a donc guère d’intérêt à visionner le film aujourd’hui.
Note : 1 étoile

Acteurs: Myrna Loy, Franchot Tone, Rosalind Russell, Walter Pidgeon
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Remarques :
Le film semble avoir subi des coupes puisque les cinquièmes et septièmes acteurs listés au générique ne figurent pas dans la version finale.

13 juin 2011

The earl of Chicago (1940) de Richard Thorpe

Titre français ( Belgique) : « Le gangster de Chicago »

The Earl of ChicagoLui :
Un petit caïd de Chicago, cupide et sans éducation, apprend qu’il est l’héritier d’une longue lignée nobiliaire anglaise. Intéressé par l’argent que représente son grand domaine, il se rend en Angleterre pour revendre le tout au plus vite… Assez peu connu, The Earl of Chicago ne manque pas d’attrait. Adaptation d’un livre de Brock Williams, cette comédie utilse comme ressort le fort contraste entre un gangster inculte et le milieu de la vieille noblesse anglaise, empreint de rites et de traditions. C’est Robert Montgomery qui donne au film tout son sel : avec un jeu très particulier, sobre avec des temps de latence où il reste comme interdit, il compose un personnage étonnant, assez stupide mais finalement attachant. Le fait qu’il soit ici utilisé plutôt à contre-emploi, du moins de façon inhabituelle, pourra toutefois dérouter. Les seconds rôles contribuent à donner du corps à l’ensemble. Contrairement à ce que le titre laisserait supposer, The Earl of Chicago n’est donc pas un film de gangster ni même un film noir mais une amusante comédie.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Robert Montgomery, Edward Arnold, Reginald Owen, Edmund Gwenn
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Remarques :
* Inédit en France, The Earl of Chicago doit à Patrick Brion du Cinéma de Minuit d’être visible pour le public français.
* Traduction littérale du titre : « Le comte de Chicago ».

11 juin 2011

Shadows (1922) de Tom Forman

ShadowsLui :
Rescapé d’un naufrage, un chinois âgé (Lon Chaney) se retrouve dans un petit village isolé. Considéré comme païen, il est tenu à l’écart mais parvient à s’installer dans une baraque comme blanchisseur. Le nouveau pasteur le protège car il espère le convertir, mais ce pasteur, après avoir épousé une veuve de marin, se retrouve être la cible d’un chantage… L’histoire de Shadows prône la tolérance et l’acceptation de l’autre, tout en fustigeant un certain conservatisme bigot. Avec assez peu de maquillage mais un corps très expressif, Lon Chaney (« l’acteur aux mille visages ») crée un étonnant personnage, vouté, montrant le poids des ans sur ses épaules. Comme souvent, il parvient aussi à rendre son personnage attachant. La réalisation de Tom Forman, acteur passé depuis à la réalisation, est assez classique, peut-être plus dans la veine des années dix que dans celle des années vingt.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Lon Chaney, Marguerite De La Motte, Harrison Ford, John St. Polis, Walter Long
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Shadows Remarques :
* Shadows est produit par B.P. Schulberg, ancien acolyte d’Adolph Zukor et que l’on retrouvera d’ailleurs à la tête des Studios Paramount dans les années trente.
* Tom Forman a eu une carrière assez courte car il est mort en 1926 (suicide), la veille d’un début de tournage.
* Comme on l’aura deviné, l’acteur Harrison Ford de Shadows n’a rien à voir avec celui qui interprétera Indiana Jones (qui naîtra vingt ans plus tard) …

Homonyme :
Shadows de John Cassavetes (1959)

10 juin 2011

Du plomb pour l’inspecteur (1954) de Richard Quine

Titre original : « Pushover »

Du plomb pour l'inspecteurLui :
Pour piéger de l’auteur d’un hold-up meurtrier, la police surveille sa maitresse. Un inspecteur est chargé de séduire la jeune femme… Pushover (titre traduit sans grande subtilité par Du plomb pour l’inspecteur) a été conçu par Columbia pour lancer la jeune Kim Novak, alors âgée de 21 ans, comme une nouvelle Marylin (1). Si l’on peut trouver le type d’histoire assez conventionnel, le scénario est en réalité assez subtil car il ne s’agit pas vraiment du schéma classique de la femme fatale. S’il y en a un qui exerce sa fatale attraction, c’est l’argent et la femme n’est finalement qu’une jeune oie blanche, victime elle aussi. Mais Pushover est surtout remarquable par sa construction : peu de scènes d’action (une au début et une à la fin) et une belle importance donnée à la surveillance, des scènes de planque soulignées par une tension habilement distillée tout au long du film. La construction est un modèle du genre, elle s’appuie sur une grande vraisemblance. On notera également une musique assez présente qui contribue à l’atmosphère du film.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Fred MacMurray, Philip Carey, Kim Novak, Dorothy Malone
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Du plomb pour l'inspecteur (1) Columbia avait bêtement laissé passer l’original : Harry Cohn avait choisi de ne pas renouveler le contrat de six mois de Marylin Monroe en 1948… A noter que, par une amusante coïncidence, le vrai prénom de Kim Novak est Marylin.

Remarques:
Le titre original peut être interprété de différentes façons car Pushover signifie ‘faire tomber’ mais c’est aussi un mot d’argot désignant quelque chose de facile, qui tombe tout cuit dans le bec, et aussi une femme qui se laisse facilement pigeonner. Le titre français Du plomb pour l’inspecteur est loin d’offrir cette subtilité et, de plus, dévoile bêtement la fin du film.

Par facilité, le film a été (trop) souvent comparé à Double Indemnity. Ce genre de comparaison ne peut être que négatif. Si on peut remarquer une certaine similitude dans le personnage d’un homme qui se laisse écarter du droit chemin (interprété par Fred MacMurray dans les deux cas), les constructions des deux films n’ont rien en commun. Le fond du propos est assez différent également.