14 octobre 2008

La race des seigneurs (1974) de Pierre Granier-Deferre

La race de seigneursElle :
(pas vu)

Lui :
Adapté du roman Creezy de Félicien Marceau, La race des seigneurs nous plonge dans le monde de la politique et du pouvoir : un homme de gauche, sur le point d’accepter un portefeuille de ministre dans un gouvernement de droite, doit choisir entre sa carrière politique et son amour pour une jeune femme mannequin…(!) Le film de Granier-Deferre offre à Alain Delon un rôle qui semble avoir été fait sur mesure pour lui. Il colle merveilleusement à son personnage, une « bête politique », hyperactif, qui vise son but ultime ignorant les méandres et déconvenues en chemin. Delon occupe logiquement tout le terrain mais il est bien épaulé par de beaux seconds rôles bien définis et surtout remarquablement interprétés (Claude Rich, Jeanne Moreau, …) La plastique de Sidne Rome est bien mise en valeur par une belle photographie, le côté légèrement sulfureux du film (plans assez appuyés sur sa poitrine nue) ayant bien entendu disparu avec le temps. Le film de Granier-Deferre fait partie de ces grands films commerciaux français de qualité des années 70. Le fond du propos de La race des seigneurs, sur les sacrifices nécessaires à faire pour réussir sa carrière politique, est toujours aussi actuel et le film n’a donc pas vieilli.
Note : 3 eacute;toiles

Acteurs: Alain Delon, Sydne Rome, Jeanne Moreau, Claude Rich, Jean-Marc Bory, Jean-Pierre Castaldi
Voir la fiche du film et la filmographie de Pierre Granier-Deferre sur le site IMDB.

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11 octobre 2008

Chut, chut, chère Charlotte (1964) de Robert Aldrich

Titre original : « Hush… hush, sweet Charlotte »
Autre titre parfois utilisé :
« Berceuse pour un massacre » (Belgique)

Chut, chut, chère CharlotteAvec Chut chut, chère Charlotte, Robert Aldrich poursuit dans la veine du terrifiant Qu’est-il arrivé à Baby Jane qui venait de remporter un franc succès : c’est un film assez noir et même cruel, un polar à la frontière du fantastique. Charlotte vit seule dans son immense demeure de Louisiane ; tout le monde la dit folle mais quel terrible secret cache t-elle ? Charlotte, c’est bien entendu Bette Davis, absolument magistrale quand elle paraît au bord de la démence. Chut, chut, chère Charlotte Il est plus surprenant de trouver en face Olivia de Havilland dans un rôle de personnage trouble qui cache admirablement ses intentions. Agnes Moorehead, en bonne à tout faire haute en couleur, complète cet admirable trio d’acteurs qui tient tout le film par une interprétation puissante. Le scénario est plutôt complexe, faisant intervenir moult mensonges et hallucinations, assez inattendu dans son explication finale. Chut chut chère Charlotte n’est généralement pas très bien considéré par la critique, étant jugé inférieur à Baby Jane. C’est un peu injuste car le film est puissant à la fois dans son interprétation et son scénario. Il vaut vraiment la peine d’être (re)vu.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Bette Davis, Olivia de Havilland, Agnes Moorehead, Joseph Cotten, Mary Astor, Bruce Dem
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Berceuse pour un massacre Remarque :
Originellement, Joan Crawford devait faire face à Bette Davis, comme dans Baby Jane. L’actrice se déclara « malade » peu avant le début du tournage, refusant de sortir de l’hôpital… Elle fut donc remplacée de façon un peu précipitée par Olivia de Havilland.

10 octobre 2008

La guerre à sept ans (1987) de John Boorman

Titre original : Hope and Glory

Hope and GloryElle :
(En bref) Film très réussi sur cette période de la seconde guerre mondiale vue par les yeux d’un enfant. Bon scénario, émotion, humour et excellents acteurs font un cocktail qui fonctionne merveilleusement bien.
Note : 5 étoiles

Lui :
(En bref) John Boorman raconte sa propre enfance et c’est la raison pour laquelle on trouve dans son récit beaucoup de sensibilité. La vision d’un garçon de sept ans sur la guerre est obligatoirement très différente et Hope and Glory est ainsi un film particulièrement original.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Sebastian Rice-Edwards, Geraldine Muir, Sarah Miles
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9 octobre 2008

Echec à la Gestapo (1942) de Vincent Sherman

Titre original : « All through the night »

Echec à la GestapoElle :
(pas vu)

Lui :
Comme le titre français le laisse supposer sans subtilité, Echec à la Gestapo est un de ces films dits « de propagande » sortis pendant la seconde guerre mondiale : un joueur professionnel qui n’a pas froid aux yeux démasque un dangereux réseau d’activistes nazis de la 5e Colonne agissant en plein New York. Le film est traité sous forme d’une comédie, qui donne à l’ensemble beaucoup de légèreté, avec une bonne dose de suspense. La qualité de l’interprétation donne un film assez plaisant, Humphrey Bogart semblant particulièrement à l’aise dans ce rôle où il donne parfois l’impression de se parodier lui-même. Les seconds rôles sont particulièrement bien tenus, y compris les rôles de vilains qui ont ainsi une certaine ampleur. Echec à la Gestapo fut mal reçu à sa sortie : la première eut lieu le lendemain de Pearl Harbour et, dès lors, plus aucun américain n’avait le cœur à rire ni même à sourire sur le sujet d’espions ennemis infiltrés.
Note : 3 eacute;toiles

Acteurs: Humphrey Bogart, Conrad Veidt, Kaaren Verne, Peter Lorre, William Demarest, Frank McHugh
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8 octobre 2008

Un héros très discret (1996) de Jacques Audiard

Un héros très discretElle :
Un cinéaste que j’aime bien, de bons acteurs, un sujet a priori intéressant et original, une bonne réalisation et pourtant, je ne parviens pas à entrer dans le film. Le montage haché et confus finit par m’irriter.
Note : 1 étoiles

Lui :
Un héros très discret est adapté du livre homonyme de Jean-François Deniau : en 1944, un jeune provincial part à Paris où il s’invente un passé de résistant. Il parvient à être promu dans l’armée et à jouer un rôle dans l’après-guerre. Au-delà de la spectaculaire imposture, Un héros très discret est une réflexion sur le mensonge et sur la reconstruction. Que peut-on bâtir sur le mensonge ? Pour traiter cette histoire surprenante, Jacques Audiard utilise une construction particulièrement brillante et enlevée qui alterne entre scènes de l’époque et témoignages actuels de personnes qui ont croisé ce prétendu héros de la Résistance. Ces témoignages donnent un parfum de réalité à l’ensemble alors que (bien entendu) ce personnage n’a jamais existé… Deux niveaux de mensonges donc. Au centre du film, Mathieu Kassovitz livre une interprétation à la fois fragile et puissante de cet imposteur brillant.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Mathieu Kassovitz, Anouk Grinberg, Sandrine Kiberlain, Jean-Louis Trintignant, Albert Dupontel
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7 octobre 2008

Pharaon (1966) de Jerzy Kawalerowicz

Titre original : « Faraon »

Pharaon Elle :
(pas vu)

Lui :
Pharaon relate l’accession au pouvoir du jeune Ramsès XIII. Refusant d’entrer dans le jeu des intrigues, il s’oppose aux grands prêtres qui usent de leur pouvoir spirituel pour mieux asseoir leurs positions. Précisons d’emblée que Ramsès XIII n’a jamais existé (le dernier pharaon de la XXe dynastie est Ramsès XI). Non, il s’agit d’un souverain inventé par l’écrivain polonais Boleslaw Prus pour son roman Le Pharaon paru en 1895. Ce film en est l’adaptation. Pharaon est plus une réflexion sur le pouvoir, sur l’oppression du peuple (illustrant ainsi l’oppression du peuple polonais par les Tsars en cette fin du XIXe siècle), thèmes assortis d’un anticléricalisme marqué, ces grands prêtres étant totalement coupés du peuple. La réalisation est assez grandiose, le tournage dans le désert d’Ouzbekistan ayant nécessité deux années de préparation et deux milles figurants prêtés par l’Armée Rouge. Toutefois, à la différence de certains péplums hollywoodiens, le décorum ne prend pas le dessus sur le contenu et cela rend Pharaon d’autant plus passionnant. Cette vision du pouvoir, des forces qui s’y exercent et de ses contradictions est suffisamment profonde pour être marquante.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Jerzy Zelnik, Wieslawa Mazurkiewicz, Barbara Brylska, Piotr Pawlowski
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Pour en savoir plus :
Lire une analyse précise du film et de son contexte sur le site peplums.info

6 octobre 2008

Nuages flottants (1955) de Mikio Naruse

Titre original : « Ukigumo »

Nuages FlottantsElle :
Une histoire forte pleine d’intensité dramatique et une femme au visage de porcelaine qui est victime de la muflerie des hommes. Naruse nous invite comme souvent à entrer dans un scénario construit autour de flash back. On remonte ici dans la vie d’une jeune femme qui tombe amoureuse pour toujours d’un homme qui profite d’elle quand il en a besoin et l’abandonne quand il va bien. Elle se sacrifie totalement pour lui. Le cinéaste dénonce la lâcheté et l’égoïsme des hommes. Il nous fait également découvrir la vie des petites rues, l’atmosphère de pauvreté qui règne en cette année 1946. Un film riche et poignant d’une grande beauté visuelle.
Note : 4 étoiles

Lui :
Juste après la fin de la guerre, une jeune femme tente de revoir un homme dont elle s’est éprise alors qu’elle était secrétaire. Cet homme marié lui avait alors promis de vivre avec elle. Nuages Flottants nous montre la vie d’une femme qui ne recherche qu’une chose : vivre avec l’homme qu’elle aime. Hélas, elle se heurtera à son égoïsme. Hideko Takamine est assez bouleversante dans ce rôle, avec ce mélange de candeur et de détermination qui rend son personnage attachant. Beaucoup de résignation aussi et ce, dans tous les personnages féminins. Les hommes, eux, ne sont guère à la fête, lâches, manipulateurs ou pire encore. Sans insister, Mikio Naruse aborde de nombreux sujets difficiles : le viol, la prostitution, l’avortement, les difficultés de l’après-guerre. Très belle (et intense) scène finale.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Hideko Takamine, Masayuki Mori, Mariko Okada, Isao Yamagata
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5 octobre 2008

Le Parrain 3 (1990) de Francis Ford Coppola

Titre original : « The Godfather, part III »

Le Parrain 3Elle :
(pas vu)

Lui :
C’est contraint et forcé que Francis Ford Coppola s’attelle, 15 ans plus tard, à filmer un troisième film sur le thème du Parrain de Mario Puzo : ses difficultés financières des années 80 ne lui laissent guère d’autre choix. Sur le plan du scénario, ce 3e volet est plutôt plus intéressant que les deux précédents car il montre un homme qui cherche à échapper à son destin, qui tente par-dessus tout d’inverser le cours des choses. Hélas, pour faire bonne figure à côté des deux premiers Parrain, Coppola étire le récit au maximum et nous sommes presque pressés d’en finir alors qu’arrive la plus belle scène, la scène finale de l’opéra, réglée comme du papier à musique (!) La mise en scène est assez fastueuse sans que ce soit, cette fois, de façon trop ostensible. Le fond du propos s’ancre dans le thème de la « conspiration occulte » (des hommes puissants et invisibles tirent les ficelles), théorie qui est devenue très en vogue depuis, mais il faut reconnaître qu’elle ne l’était pas autant en 1990 ; on ne peut accuser les scénaristes d’avoir cédé à la mode. C’était certainement pour Coppola un moyen de donner à la mafia un adversaire à sa mesure et de lancer au passage des piques bien appuyées à l’Eglise. Sur le plan des acteurs, on peut noter la présence au premier plan de la sœur de Coppola, Talia Shire, et de sa fille, Sofia Coppola. Mais le rôle en or, le rôle du jeune protégé que tant d’acteurs convoitaient, c’est Andy Garcia qui le décrocha et il fait là une belle prestation, pleine de vigueur et de colère contenue. Le succès populaire du Parrain 3 fut moindre et le film n’eut donc cette fois aucun Oscar… C’est toutefois, à mes yeux du moins, le meilleur des 3 volets.
Note : 3 eacute;toiles

Acteurs: Al Pacino, Andy Garcia, Eli Wallach, Diane Keaton, Talia Shire
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La trilogie du Parrain de Francis Ford Coppola :
Le Parrain (1972) avec Marlon Brando et Al Pacino
Le Parrain 2 (1974) Avec Al Pacino et Robert De Niro
Le Parrain 3 (1990) Avec Al Pacino et Andy Garcia.

4 octobre 2008

Le Parrain 2 (1974) de Francis Ford Coppola

Titre original : « The Godfather, part II »

Le Parrain 2Elle :
(pas vu)

Lui :
Si Francis Ford Coppola n’avait pas eu tous les moyens qu’il désirait pour réaliser Le Parrain, il est visible qu’il a pu se rattraper avec Le Parrain 2 : les reconstitutions sont spectaculaires avec un nombre impressionnant de figurants dans certaines scènes. Le film se déroule sur deux périodes mises en parallèle. Les scènes de la période contemporaine sont assez ennuyeuses, plombées par des sempiternelles histoires de famille pas bien passionnantes. Toutes les scènes se déroulant au début du siècle sont bien plus intéressantes, avec une belle photographie et une reconstitution réussie. Marlon Brando ayant mis dans son contrat initial une clause par laquelle il refusait toute suite, c’est De Niro qui joue le rôle du Parrain jeune et c’est amusant de le voir imiter Brando au niveau de la voix (en italien s’il vous plait). Le film est vraiment très long, plus de 3 heures ; il paraît d’autant plus long qu’il n’a pas la vivacité du premier volet dans le montage, il est beaucoup plus policé, standardisé. Le Parrain 2 fut comme son prédécesseur un gros succès commercial, un succès qu’Hollywood salua en lui accordant pas moins de six Oscars.
Note : 2 eacute;toiles

Acteurs: Al Pacino, Robert De Niro, Robert Duvall, Diane Keaton
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La trilogie du Parrain de Francis Ford Coppola :
Le Parrain (1972) avec Marlon Brando et Al Pacino
Le Parrain 2 (1974) Avec Al Pacino et Robert De Niro
Le Parrain 3 (1990) Avec Al Pacino et Andy Garcia.

3 octobre 2008

Après lui (2007) de Gaël Morel

Après luiElle :
Après Lui est un film douloureux sur le travail de deuil d’une mère après le décès de son fils dans un accident de voiture. Celle-ci est interprétée par une Catherine Deneuve émouvante et habitée par sa douleur. Au lieu de se réfugier auprès sa famille et ses amis, elle les repousse. Elle préfère entretenir une relation ambiguë avec le meilleur ami de son fils qui conduisait la voiture. Elle le harcèle, tente d’en faire son deuxième fils alors qu’il faudrait le laisser oublier ce tragique accident pour qu’il déculpabilise. Est-ce pour mieux vivre les derniers instants de son fils, pour mieux le connaître ou pour mieux se chercher…. Tout est possible. Le réalisateur ne donne pas de clé. Il montre une belle maîtrise de sa caméra, de son scénario troublant et révèle une grande sensibilité.
Note : 4 étoiles

Lui :
Sur un sujet qui peut faire peur, Gaël Morel réussit à faire un film assez surprenant. Le comportement déroutant de cette mère noyée de chagrin tourne presque à l’obsession sans que l’on puisse vraiment comprendre ses motivations, ce qui la pousse réellement à se rapprocher de l’ami de son fils. Catherine Deneuve fait une interprétation assez riche et restitue bien toute l’ambiguïté et la détresse de son personnage.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Catherine Deneuve, Guy Marchand, Thomas Dumerchez, Elodie Bouchez
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