23 octobre 2008

Au gré du courant (1956) de Mikio Naruse

Titre original : « Nagareru »

Au Gré du CourantElle :
Les femmes des films de Naruse sont toujours très touchantes. Non seulement leur visage laisse souvent transparaître la tristesse mais leur destin est tragique et sans espoir. Naruse nous plonge au coeur d’une maison de geishas qui n’ont qu’un sombre horizon devant elles car elles se font exploiter ou abandonner par leurs amants vociférants et lâches. Cette vision traditionnelle au son du shamisen côtoie un Japon en mutation dans lequel les jeunes femmes s’interrogent sur leur avenir et rêvent de fonder une famille et d’exercer un vrai métier. Dans les petites ruelles, les kimonos et sabots de bois de ces femmes soumises cohabitent avec les tailleurs et les hauts talons à l’occidentale de femmes qui tentent de s’émanciper. Un film fort et émouvant en bordure d’un fleuve qui emportent les rêves.
Note : 4 étoiles

Lui :
Au Gré du Courant se situe entièrement à l’intérieur d’une maison de geishas, sans qu’il ne s’y déroule beaucoup d’évènements ; nous les regardons vivre mais Naruse s’attarde plus particulièrement sur deux femmes : la maîtresse de maison, criblée de dettes, qui ne peut qu’assister impuissante à la lente disparition de sa maison sans pouvoir la transmettre à sa fille, et la nouvelle bonne, une femme veuve arrivée de sa province pour pouvoir subvenir seule à ses besoins. La caméra de Naruse semble faire corps avec la maison, offrant à chaque fois un angle parfait. Le jeu très naturel des acteurs (ou plus exactement actrices puisque les hommes sont quasiment inexistants) contribue à nous faire pénétrer ce microcosme si particulier. Rien de futile dans tout cela, Naruse dresse le portrait de femmes dont le monde s’écroule et Au Gré du Courant semble s’achever sur un chant du cygne.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Kinuyo Tanaka, Isuzu Yamada, Hideko Takamine, Mariko Okada
Voir la fiche du film et la filmographie de Mikio Naruse sur le site IMDB.

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22 octobre 2008

Waiter! (2006) de Alex van Warmerdam

Titre original : « Ober »

Waiter!Elle :
(pas vu)

Lui :
Edgar est serveur dans un restaurant un peu miteux, il a une épouse malade, des voisins odieux, une maîtresse qui le harcèle… Peu satisfait de son sort, il va se plaindre auprès du scénariste qui est en train d’écrire l’histoire qu’il vit. Telle est la situation de base de Waiter!, une situation qui semble prometteuse. Hélas, si le film comporte des bonnes trouvailles, l’ensemble manque de souffle et repose trop sur les réactions démesurées de certains personnages. C’est parfois très amusant, comme dans la scène du cabillaud, mais ce type de situation revient trop souvent sans que cela forme vraiment un tout. Le réalisateur Alex Van Warmerdam joue lui-même le rôle principal.
Note : 2 eacute;toiles

Acteurs: Alex van Warmerdam, Ariane Schluter, Jaap Spijkers, Thekla Reuten
Voir la fiche du film et la filmographie de Alex van Warmerdam sur le site imdb.com.

21 octobre 2008

Qu’est-ce que maman comprend à l’amour? (1958) de Vincente Minnelli

Titre original : « The reluctant debutante »

The reluctant debutanteElle :
(pas vu)

Lui :
The Reluctant Debutante, qui n’est guère servi par une traduction puérile de son titre en Qu’est-ce que maman comprend à l’amour?, n’est sans aucun doute pas l’un des films majeurs de Minelli mais cela ne l’empêche pas d’être un vrai petit bijou. Une toute jeune fille, élevée en Amérique, rentre à Londres. Sa mère décide de la « faire débuter dans le monde ». Rien ne va se passer comme prévu… Ce scénario, adapté d’une pièce par son auteur, William Douglas-Home, permet à Minelli de concocter une comédie vive et brillante qui se moque sans équivoque des rites de la vieille Angleterre Qu'est-ce que maman comprend à l'amour? et de sa haute société engoncée dans ses principes et ses apparences. Le rythme est très enlevé avec un humour omniprésent et de nombreux moments vraiment jubilatoires. Les personnages sont vraiment hauts en couleur à commencer par la mère, formidablement interprétée par Kay Kendall qui insuffle beaucoup de vivacité à l’ensemble et aussi beaucoup de charme avec son petit nez retroussé… Plusieurs scènes évoquent la perfection, tout semblant parfaitement en place au service de la comédie. Oui, Qu’est ce que Maman comprend à l’amour? est certainement mésestimé, un vrai petit bijou.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Rex Harrison, Kay Kendall, John Saxon, Sandra Dee, Angela Lansbury
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Note :
Au moment du tournage, Rex Harrisson et Kay Kandall étaient depuis peu mari et femme et leur complicité est évidente dans le film. L’actrice devrait être emportée un an plus tard par une leucémie à l’âge de 33 ans.

Remake :
Ce dont rêvent les filles (2003, What a girl wants) de Dennis Gordon avec Amanda Bynes et Colin Firth.

20 octobre 2008

Fur, un portrait imaginaire de Diane Arbus (2006) de Steven Shainberg

Titre original : « Fur: An imaginary portrait of Diane Arbus »

Fur, un portrait imaginaire de Diane ArbusElle :
On connaît l’attirance de la célèbre photographe Diane Arbus pour les gens hors norme, les gens décalés, les univers imaginaires. Le réalisateur tente ici d’imaginer ce qui a conduit Diane Arbus vers une telle approche photographique. Le film oscille entre réalité et fiction puisqu’on voit la photographe évoluer de l’artificialité de son milieu d’origine réel vers l’univers fantasmagorique d’un voisin qui vit à l’écart de la normalité tant dans sa vie que dans son apparence physique. L’ensemble tient surtout grâce à la présence mystérieuse de Nicole Kidman. Le film a le mérite de nous inciter à redécouvrir la vie et les photos de Diane Arbus.
Note : 3 étoiles

Lui :
Si le film de Steven Shainberg a le mérite de mieux faire connaître la photographe américaine Diane Arbus, on peut s’interroger sur l’intérêt de créer une biographie imaginaire, sorte de fourre-tout hollywoodien où les scénaristes inventent des scènes censées avoir inspiré l’artiste new-yorkaise. Le seul point réel dans tout cela est le milieu d’où elle est issue : fille d’un riche négociant en fourrures, elle fut d’abord assistante de son mari, photographe de mode. La rencontre avec ce voisin si particulier n’a donc certainement jamais eu lieu. Le film reste plaisant à regarder même s’il a un peu tendance à abuser d’images et de situations décalées et hors normes. Il faut dire que la présence de Nicole Kidman porte le film : l’actrice donne une interprétation très délicate d’une Diane Arbus en recherche, prête à l’exploration de nouvelles voies.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Nicole Kidman, Robert Downey Jr., Ty Burrell
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19 octobre 2008

Les anges aux figures sales (1938) de Michael Curtiz

Titre original : « Angels with dirty faces »

Les anges aux figures salesElle :
(pas vu)

Lui :
Deux gamins chapardeurs d’un quartier très populaire de New-York se retrouvent 15 ans plus tard. L’un est devenu prêtre alors que l’autre est un petit caïd admiré par une bande de gamins du quartier. Le scénario de Les anges aux figures sales n’est franchement pas novateur en cette fin des années 30 mais le traitement que Curtiz en fait est néanmoins remarquable. Si le film connut un franc succès au moment de sa sortie, il est généralement moins bien considéré aujourd’hui où il est de bon ton de railler les films un tant soit peu moralisateurs. C’est dommage car la réalisation de Michael Curtiz est irréprochable : un rythme très bien enlevé avec un joli mélange de scènes d’action et de scènes de réalisme social, une belle photographie jouant avec les ombres et surtout une parfaite interprétation, James Cagney en tête qui fait à nouveau tandem avec Pat O’Brien. Les anges aux figures sales propulsa la carrière d’Ann Sheridan et celle des Dead End Kids qui interprètent ici la petite bande de gamins. Bogart est ici dans un second rôle, plutôt effacé.
Note : 4 étoiles

Acteurs: James Cagney, Pat O’Brien, Humphrey Bogart, Ann Sheridan, George Bancroft
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Pour capitaliser sur le succès de Les anges aux figures sales, la Warner sortit un  an plus tard Angels Wash Their Faces (cela ne s’invente pas!) avec Ann Sheridan, Ronald Reagan et les Dead End Kids. Ce n’est pas une suite mais plutôt un film sur le même thème. Un film hélas de bien moindre intérêt.

18 octobre 2008

Mon frère (1998) de Gianni Amelio

Titre original : Così Ridevano

Mon frèreElle :
(En bref) L’histoire de ces deux frères siciliens montés à Turin aurait pu être intéressante mais la construction est vraiment déroutante et les complications dans lesquelles les deux frères s’empêtrent semblent interminables.
Note : 2 étoiles

Lui :
(En bref) Gianni Amelio s’attarde surtout sur les erreurs de ces deux frères siciliens, en occultant trop l’environnement économique et social de l’Italie du Nord de ce début des années soixante. On reste trop extérieur au film pour s’y intéresser vraiment.
Note : 2 étoiles

Acteurs: Francesco Giuffrida, Enrico Lo Verso
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18 octobre 2008

D’une vie à l’autre (1998) de Richard LaGravenese

Titre original : Living Out Loud

D'une vie à l'autreElle :
(En bref) Après son divorce, une femme de la bourgeoise new-yorkaise se retrouve face à elle-même et cherche un nouveau sens à donner à sa vie. D’une vie à l’autre se laisse regarder sans déplaisir mais ne laissera pas de trace. Le scénario manque quelque peu de richesse.
Note : 3 étoiles

Lui :
(En bref) On reste assez étranger à cette histoire et les portraits des personnages manquent de profondeur.
Note : 2 étoiles

Acteurs: Holly Hunter, Danny DeVito, Queen Latifah
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17 octobre 2008

La fille coupée en deux (2007) de Claude Chabrol

La Fille coupée en deuxElle :
Une vision acérée et mordante de la bourgeoisie de province comme aime le faire Claude Chabrol. La bourgeoisie des notables et des gens de médias avec ses vices, ses perversités, ses obsessions. Et au milieu de ces hommes imbus d’eux même et assoiffés de sexe, une jeune femme innocente, pure comme la neige qui se laisse séduire et embarquer dans des aventures et des milieux sociaux qui ne lui ressemblent pas.
Note : 3 étoiles

Lui :
La Fille coupée en deux est inspirée d’un fait divers qui secoua l’Amérique du tout début du XXe siècle : l’affaire Thaw-Stanford White, un drame de la jalousie que Chabrol transpose à notre époque dans la haute bourgeoise lyonnaise (Richard Fleischer avait déjà adapté ce fait divers à l’écran en 1955, La fille sur la balançoire (The girl in the red velvet swing, un film qui avait eu à l’époque des problèmes avec la censure). L’ensemble n’est guère passionnant. On retrouve bien le milieu de prédilection de Chabrol, une bourgeoisie de type ‘panier de crabes’, mais les personnages semblent cette fois assez survolés. On se désintéresse, de ce fait, assez rapidement de l’intrigue. Un Chabrol en petite forme.
Note : 2 étoiles

Acteurs: Ludivine Sagnier, Benoît Magimel, François Berléand, Mathilda May
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16 octobre 2008

Irina Palm (2007) de Sam Garbarski

Irina PalmElle :
Ce film réaliste social, sur une femme qui va au bout de ses limites pour pouvoir sauver son petit-fils de la mort, est assez touchant. Sam Garbarski parvient à teinter son scénario de touches d’humour et de tendresse dans l’univers glauque et sulfureux des sex shops de Soho. Marianne Faithfull est méconnaissable ; elle porte entièrement le film avec une interprétation pudique et juste. On peut reprocher une certaine faiblesse au niveau du scénario qui manque d’étoffe et dont on pressent trop les évènements.
Note : 3 étoiles

Lui :
Cherchant désespérément de l’argent pour payer un ultime traitement à son petit-fils très malade, une veuve de 50 ans accepte de devenir « hôtesse » dans un club de Soho. Elle devient ainsi Irina Palm. Si cette idée de départ a un peu du mal à passer au début du film, le réalisateur polonais Sam Garbarski parvient à trouver le ton juste pour traiter cette histoire à la fois tragique et comique : il gomme tous les aspects un peu sordides de la situation pour dresser un beau portrait de femme particulièrement volontaire et aussi un peu naïve, admirablement interprétée par une Marianne Faithfull qui se retrouve ainsi pour la première fois à porter un film entier sur ses épaules. Irina Palm a tout d’abord un parfum de réalisme social et laisse ensuite de plus en plus de place à la comédie. L’ensemble est plutôt réussi.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Marianne Faithfull, Miki Manojlovic, Kevin Bishop, Siobhan Hewlett
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15 octobre 2008

Thomas Garner (1933) de William K. Howard

Titre original : « The power and the glory »

Thomas GarnerElle :
(pas vu)

Lui :
Thomas Garner est souvent cité comme le premier film à utiliser largement le flashback : le film débute par la cérémonie de funérailles d’un grand patron d’une compagnie de chemin fer dont on va ensuite nous raconter la vie. C’est exactement le type de construction que l’on retrouvera 8 ans plus tard dans Citizen Kane et Orson Welles a toujours cité Thomas Garner comme l’une de ses sources d’inspiration. En dehors de cette particularité, il faut bien reconnaître que le film manque de puissance dans son récit : l’accent est plus mis sur la vie sentimentale de cet homme parti du plus bas pour arriver au plus haut socialement alors que sa vie sentimentale est parti du plus haut pour finir au plus bas. Le portrait manque de profondeur et l’ensemble paraît assez anecdotique. Spencer Tracy, alors âgé de 33 ans, doit interpréter un personnage bien plus âgé que lui et il semble le faire sans grande conviction. Thomas Garner apparaît donc bien moins fort que le titre anglais ne le laisserait supposer (à noter que le film n’a aucun lien avec le roman homonyme de Graham Greene, La puissance et la gloire).
Note : 2 étoiles

Acteurs: Spencer Tracy, Colleen Moore, Ralph Morgan
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