15 novembre 2017

Les Aventures fantastiques du baron Münchhausen (1943) de Josef von Báky

Titre original : « Münchhausen »
Autres titres français : « Les Aventures du Baron de Muenchhausen », « Les Aventures du Baron Münchhausen », « Le Baron de Muenchhausen »

Le Baron de MuenchhausenUn descendant du baron de Münchhausen raconte à un jeune couple de ses amis les aventures tumultueuses de son illustre aïeul…
Les Aventures fantastiques du baron Münchhausen est un film allemand réalisé en pleine guerre à la demande de Goebbels pour le 25e anniversaire de la UFA. En dépit de ce lourd pedigree, cette superproduction ne présente étonnamment aucun caractère de propagande (ce qui valut à Fritz Hippler de perdre son poste de directeur des films du Reich et d’être envoyé sur le front). Le budget mis à disposition fut très important (1) et de nombreuses scènes restent impressionnantes aujourd’hui par leur ampleur. Le faste des multiples décors et des costumes, magnifiés par la couleur (Agfacolor), n’a rien à envier aux superproductions américaines de l’époque. Mais le plus étonnant reste le modernisme de l’ensemble par les techniques employées et les trucages. L’exagération des récits du baron est bien retranscrite et l’humour très présent. Il y aussi de belles trouvailles de scénario, des notes poétiques et même quelques scènes de nudité totale assez osées (qui furent toutefois coupées dans les versions commerciales). Les Aventures fantastiques du baron Münchhausen connurent un grand succès pendant et après la guerre. Le film a été magnifiquement restauré dans sa presque totalité en 2016 à partir de plusieurs sources.
Elle:
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Hans Albers, Käthe Haack, Brigitte Horney, Wilhelm Bendow, Ilse Werner
Voir la fiche du film et la filmographie de Josef von Báky sur le site IMDB.

Voir les livres sur le cinéma allemand

Remarques :
* Agfacolor est un procédé de film couleur mis au point par Agfa dans les années trente. Une douzaine de longs métrages allemands ont été tournés en Agfacolor entre 1940 et 1945. Münchhausen est le troisième. A la fin de la guerre, les Alliés ont mis la main sur les stocks (l’utilisation la plus célèbre est celle d’Eisenstein pour Ivan le Terrible). L’usine se retrouvant en Allemagne de l’Est fut renommé ORWO par les russes et le procédé, OrwoColor. De leur côté, les américains exploitèrent le procédé sous le nom Anscochrome, du nom de la filiale américaine d’Agfa, Ansco, pour un nombre de films très limité.
* Le réalisateur d’origine hongroise Josef von Báky ne produira que des films peu remarquables par la suite. On peut donc se demander s’il ne fut qu’un simple exécutant sur ce projet.

(1) Le budget aurait été de l’ordre de 6,5 millions de Reichsmarks, ce qui équivaut à 2,6 millions de dollars de la même époque, soit les ¾ du budget estimé d’Autant en emporte le vent (1939).

Münchhausen
Hans Albers et Brigitte Horney dans Le Baron de Muenchhausen de Josef von Báky.

Münchhausen
Brève mais très impressionnante scène tournée à Venise avec des gondoles de collection dans Le Baron de Muenchhausen de Josef von Báky.

Münchhausen
Hans Albers et Marianne Simson dans Le Baron de Muenchhausen de Josef von Báky.

Autres adaptations :
Les Aventures du baron de Münchausen de Georges Méliès (1911)
Les Aventures fantastiques du baron Münchhausen de l’allemand de Josef Von Baky (1943) réalisé pour les 25 ans de la UFA à la demande de Goebbels.
Le Baron de Crac de Karel Zeman (1962)
Les fabuleuses aventures du légendaire Baron de Munchausen de Jean Image (1979), dessin animé
Le Secret des Sélénites de Jean Image (1984), dessin animé.
Les Aventures du baron de Munchausen de Terry Gilliam (1988)

1 avril 2017

Les Aventures du baron de Munchausen (1988) de Terry Gilliam

Titre original : « The Adventures of Baron Munchausen »

Les aventures du baron de MunchausenDans une ville assiégée par les Turcs, une pièce de théâtre conte les aventures du fameux baron de Münchhausen sous l’œil du dirigeant très bureaucrate de la ville. Surgit alors un vieillard affirmant être le vrai baron de Münchhausen. Tous le prennent pour un fou. Seule Sally, fille du directeur de la troupe de théâtre, le prend au sérieux. Il lui raconte… Les Aventures du baron de Munchausen est un sujet qui semble fait pour Terry Gilliam. Ces récits invraisemblables, imaginées en premier par Rudolf Erich Raspe à la fin du XVIIIe siècle, permettent à l’ex-Monty Python de créer un délire narratif et visuel permanent comme il les affectionne. Le fond du propos est une fois de plus de mettre l’accent sur les aspects absurdes de notre société réputée policée et sur l’importance du rêve comme unique moyen d’évasion. Le tournage fut, lui aussi, délirant : éprouvant pour les acteurs, il va finir par coûter deux fois plus cher que prévu. Les décors sont multiples, la figuration importante et les effets nombreux et variés, rien ne semble arrêter Terry Gilliam. Le résultat est une belle fantasmagorie, avec de belles envolées lyriques, même si on peut trouver certaines scènes moins réussies (à mes yeux, l’épisode sur la Lune est le plus faible… malgré toutes ses références littéraires). A la suite d’un changement de direction à la tête du studio, Columbia sabota la sortie américaine et le film fut un échec commercial aux Etats-Unis. Terry Gilliam eut bien des difficultés à obtenir de gros budgets par la suite.
Elle:
Lui : 5 étoiles

Acteurs: John Neville, Eric Idle, Sarah Polley, Oliver Reed, Jonathan Pryce, Uma Thurman, Robin Williams
Voir la fiche du film et la filmographie de Terry Gilliam sur le site IMDB.

Voir les autres films de Terry Gilliam chroniqués sur ce blog…

Voir les livres sur Terry Gilliam

Les Aventures du baron de Munchausen

Les Aventures du baron de Munchausen
John Neville dans Les Aventures du baron de Munchausen de Terry Gilliam.

Les Aventures du baron de Munchausen
Botticelli n’est pas loin : Uma Thurman en Vénus dans Les Aventures du baron de Munchausen de Terry Gilliam.

Remarques :
* Le tournage eut lieu aux studios Cinecittà de Rome et aux studios Pinewood en Angleterre, les extérieurs étant tournés en Espagne.
* John Neville était alors surtout un acteur de théâtre.
* Les Aventures du baron de Munchausen est le premier rôle joué pour le cinéma par Uma Thurman. En revanche, ce n’est pas le premier pour Sarah Polley (8 ans), future réalisatrice.
* Sting fait une brève apparition en soldat ayant fait preuve de bravoure (Sting était alors voisin de Terry Gilliam et c’est ainsi que serait née l’idée).
* Terry Gilliam fait une brève apparition (le chanteur dans le poisson).
* La présence d’une annonce à la fin sur l’absence de lien avec le film de 1943 est juste une protection juridique : les ayant-droits de ce film prétendaient en effet que le film de Gilliam était un remake.

Autres adaptations :
Les Aventures du baron de Münchausen de Georges Méliès (1911)
Les Aventures fantastiques du baron Münchhausen de l’allemand de Josef Von Baky (1943) réalisé pour les 25 ans de la UFA à la demande de Goebbels.
Le Baron de Crac de Karel Zeman (1962)
Les fabuleuses aventures du légendaire Baron de Munchausen de Jean Image (1979), dessin animé
Le Secret des Sélénites de Jean Image (1984), dessin animé.
Les Aventures du baron de Munchausen de Terry Gilliam (1988)

23 novembre 2015

L’Esclave blanche (1939) de Marc Sorkin

L'esclave blancheJeune femme émancipée, Mireille vient d’épouser un diplomate turc et rentre avec lui dans son pays. Elle découvre alors les règles sociales et la place de la femme qui doit vivre soumise et cachée. Elle va tout faire pour les bousculer… L’Esclave blanche est presque l’unique réalisation de Marc Sorkin (1) qui fut précédemment, et depuis 1924, l’assistant de G.W. Pabst que l’on retrouve ici superviseur artistique. S’inscrivant dans la vogue de l’exotisme des années trente, l’histoire joue sur le choc des cultures mais reste très conventionnelle, très simple et sans subtilité, truffée de clichés. Viviane Romance est à la fois très belle et très crédible ; on ne peut hélas en dire autant de John Lodge, assez gauche dans son interprétation. Marcel Dalio, en sultan, force sans doute un peu trop le côté blasé de son personnage, semblant toujours à la limite de verser dans le comique, mais son interprétation finalement assez riche constitue l’aspect le plus réjouissant de l’ensemble. Les éclairages sont assez travaillés. Film assez rare, L’Esclave blanche est une curiosité.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Viviane Romance, John Lodge, Marcel Dalio, Sylvie, Mila Parély, Roger Blin, Saturnin Fabre
Voir la fiche du film et la filmographie de Marc Sorkin sur le site IMDB.

L'esclave blanche
John Lodge et Viviane Romance dans L’esclave blanche de Marc Sorkin
(non, la photo n’est pas à l’envers… le logo de la SNCF est ainsi dans le film)

(1) Il faut mentionner aussi Cette nuit-là (1933) qu’il a co-réalisé avec Pabst.