22 octobre 2019

Michel Strogoff (1956) de Carmine Gallone

Michel StrogoffAlors que son autorité en Sibérie est menacée par le soulèvement des Tartares, le tsar charge Michel Strogoff d’aller porter une lettre à Irkoutsk à son frère le grand-duc. Il doit traverser toute une région sous le contrôle du rebelle Féofor Khan en se faisant passer pour un négociant en tissus accompagné de sa femme…
Grand film commercial des années cinquante, cette nouvelle adaptation du roman de Jules Verne est une production franco-italienne tourné en Yougoslavie. Reprenant les temps forts du roman, le scénario est conçu pour offrir un grand film d’aventures à un public large, y compris aux très jeunes. La mise en scène n’est pas particulièrement remarquable, l’ensemble est trop statique et c’est particulièrement net dans les quelques (courtes) scènes de batailles filmées en plans fixes, sans découpage, où les nombreux figurants ne miment qu’à peine le combat. En revanche, nous avons de belles chevauchées à admirer. Bien qu’un peu âgé pour le rôle, Curd Jürgens est plutôt crédible en Michel Strogoff. Cette adaptation par Carmine Gallone manque cruellement de souffle mais cela ne l’a pas empêché de connaitre un grand succès commercial en Europe.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Curd Jürgens, Geneviève Page, Jacques Dacqmine, Sylva Koscina, Gérard Buhr, Françoise Fabian
Voir la fiche du film et la filmographie de Carmine Gallone sur le site IMDB.

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Michel StrogoffValéry Inkijinoff et Curd Jürgens dans Michel Strogoff de Carmine Gallone.

Principales adaptations :
(les deux premières sont généralement considérées comme étant les meilleures)
Michel Strogoff de Victor Tourjansky (France, 1926) avec Ivan Mosjoukine (muet)
Michel Strogoff de Jacques de Baroncelli (France, 1935) avec Anton Walbrook (+ 1 version anglaise et 1 version allemande)
Michel Strogoff de Carmine Gallone (1956) avec Curd Jürgens
Le Triomphe de Michel Strogoff de Victor Tourjansky (France, 1961) avec Curd Jürgens
Michel Strogoff  de Eriprando Visconti (1970) avec John Philip Law

7 novembre 2018

Une femme douce (2017) de Sergey Loznitsa

Titre original : « Krotkaya »

Une femme douceUne femme envoie régulièrement des colis à son mari incarcéré pour un crime qu’il n’a pas commis. Un jour, le colis lui est retourné, sans aucune précision. Elle part en Sibérie à la recherche d’une explication…
Précisons d’emblée que le film Sergei Loznitsa n’est pas une adaptation de la nouvelle La Douce de Dostoïevski, sur laquelle le long métrage de 1969 Une femme douce de Robert Bresson était basé. Il s’agit d’un regard que le réalisateur ukrainien porte sur la Russie actuelle, avec une vision très kafkaïenne de l’administration, opaque et archaïque, et un portrait très noir de ses habitants. Ajoutez à cela l’omniprésence des réseaux parallèles mafieux et vous obtenez une image plutôt répulsive et même cauchemardesque de la société russe. Le réalisateur semble forcer le trait, certaines séquences sont presque hystériques, et il nous gratifie même d’une longue séquence onirique à la Fellini, sorte de résumé pour les nuls  qui paraît grotesque dans son didactisme. Le forme est étonnante : de longs (et même très longs) plans-séquences qui témoignent d’une grande maitrise de la mise en scène.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Vasilina Makovtseva, Liya Akhedzhakova, Valeriu Andriutã
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Une femme douce
Vasilina Makovtseva dans Une femme douce de Sergey Loznitsa.

Remarque :
* Une femme douce est pour Sergei Loznitsa une métaphore d’un pays où les gens « se font perpétuellement violer », y compris par eux-mêmes. « Ce pays est empreint de toutes formes de violences. D’un côté vous avez une totale hypocrisie, un énorme mensonge, une parfaite omerta… et de l’autre des choses absolument horribles qui continuent de se passer chaque jour. Pour moi, tout ça reste une énigme très inquiétante. Au lieu de vivre et de faire les choses de manière tranquille, gaie, sympathique, on doit à chaque étape de son existence emprunter une voie difficile, mensongère, parfois terrible. » (Extrait du dossier de presse)

5 août 2018

Dans les forêts de Sibérie (2016) de Safy Nebbou

Dans les forêts de SibériePour fuir la civilisation et découvrir d’autres modes de vie, le parisien Teddy vient s’installer dans une cabane isolée au bord du lac Baïkal, en plein cœur de la Sibérie. Le plus proche village est distant d’une centaine de kilomètres…
Dans les forêts de Sibérie est très librement adapté du livre de Sylvain Tesson, récit autobiographique de ses six mois passés dans un isolement presque total. Par rapport au livre, on perd toutes les réflexions personnelles et les méditations philosophiques qui en font la richesse. En revanche, probablement pour que le spectateur ne s’ennuie pas, Safy Nebbou a ajouté une histoire un fugitif russe qui se cache dans ces grands espaces inhospitaliers. Les images de l’immense lac gelé sont aussi belles que spectaculaires et la musique d’Ibrahim Maalouf ajoute à la beauté de l’ensemble. Hormis les deux acteurs principaux, les autres personnages sont pour beaucoup interprétés par des habitants de la région. Le film évoque quelque peu Into the wild de Sean Penn mais sans en avoir la portée. Le film est plaisant mais le livre de Sylvain Tesson est bien plus profond.
Elle: 3 étoiles
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Raphaël Personnaz, Evgeniy Sidikhin
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Dans les forets de Sibérie
Raphaël Personnaz dans Dans les forêts de Sibérie de Safy Nebbou.

5 août 2014

Dersou Ouzala (1975) de Akira Kurosawa

Titre original : « Dersu Uzala »

Dersou OuzalaEn 1902, le géographe militaire russe Vladimir Arseniev explore une région sauvage de la taïga sibérienne. Dans la forêt, il rencontre un vieux chasseur et lui propose de devenir son guide. L’homme s’appelle Dersu Uzala. Sa parfaite connaissance de la forêt va grandement aider l’explorateur et les deux hommes vont devenir amis… Après les échecs commerciaux de Barberousse et de Dodes’ka-den, Kurosawa s’était quelque peu retiré et il a fallu que les soviétiques lui propose cette adaptation pour qu’il retrouve l’envie. Dersou Ouzala décrit la rencontre entre deux hommes qu’à priori tout oppose. Citadin et scientifique, Arseniev reste toutefois très ouvert d’esprit et avide de connaissances face à l’instinctif Derzou, l’homme en communion avec la nature, qui la « sent », pour qui tous les animaux et même les objets sont des « gens ». Cette rencontre est à la fois un récit d’aventures, Dersou Ouzalaavec ses péripéties parfois assez intenses, et aussi une confrontation de deux conceptions de la place de l’homme dans la nature. La mise en scène de Kurosawa est d’un beau classicisme, sans précipitation, empreinte d’une certaine austérité (il serait plus exact de dire, sans ajout superfétatoire de lyrisme). Devant cette simplicité, on reste sous le charme.
Elle: 4 étoiles
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Yuriy Solomin, Maksim Munzuk
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Remarques :
Dersou Ouzala* Le film est une coproduction de la japonaise Daiei et de la soviétique Mosfilm.
* Explorateur, géographe et ethnographe, Vladimir Arseniev est un officier-topographe de l’Armée impériale russe qui a exploré la Sibérie orientale au tout début du XXe siècle. Il a écrit deux livres :
Dersu Uzala (1907)
A travers l’Oussouri (1921)
( La Taïga de l’Oussouri – Mes expéditions avec le chasseur golde Derzou pour la traduction française parue chez Payot en 1939)
* La vallée de l’Oussouri, qu’explore Arseniev, est située dans la partie la plus orientale de la Sibérie. Longue de 900 kms, la rivière Oussouri forme sur une partie de son cours la frontière entre la Chine et la Russie. Elle jette ensuite dans le fleuve Amour.
* Les Goldes (ou Hezhen) désignent les populations vivant aux bords des fleuves Amour, Soungari et Oussouri. Le terme Hezhen est le plus général, Golde désignant plus particulièrement ceux qui vivent dans la partie russe.
* Dersu Uzala avait déjà été porté à l’écran en 1961 par Agasi Babayan, réalisateur soviétique d’origine arménienne, version très peu connue.

21 juillet 2012

Les chemins de la liberté (2010) de Peter Weir

Titre original : « The way back »

Les chemins de la libertéEn 1941, un petit groupe de prisonniers s’évadent d’un goulag en Sibérie et parcourent des milliers de kilomètres à pied, traversant la Mongolie et la Chine pour parvenir jusqu’en Inde… Les chemins de la liberté est inspiré du roman « À marche forcée » de Slavomir Rawicz, publié en 1956. Pour raconter cet incroyable périple de 10 000 kilomètres, Peter Weir a opté pour un certain classicisme et une indéniable sobriété. Plus que les techniques de survie, ce sont les rapports humains qui l’ont intéressé, un groupe totalement disparate qui va se transformer sous nos yeux. La partie se déroulant le goulag paraît très authentique (Peter Weir s’est largement documenté auprès d’anciens détenus), cet univers assez terrifiant est, notons-le, très rarement montré au cinéma. Le film peut paraître manquer de scènes d’action (ou même de suspense puisque l’on connait l’issue dès le départ) et pourtant il sait nous captiver d’un bout à l’autre. En outre, Peter Weir réussit quelques très beaux plans de nature sauvage et désertique.
Elle: 3 étoiles
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Jim Sturgess, Ed Harris, Colin Farrell, Mark Strong, Saoirse Ronan, Gustaf Skarsgård
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Remarque :
Ne pas confondre ce film avec Le chemin de la liberté de Phillip Noyce (2002) sur le périple de trois jeunes filles échappées d’un centre d’éducation forcée en Australie.